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Chez Clarabel
31 janvier 2010

lectures du mois #1

Je reprends cette habitude adoptée en 2009 pour dresser le bilan mois après mois de mes lectures.
Janvier 2010 a été un mois froid, glacial, marqué par la neige, le ciel gris, également un mois lourd de 31 jours, oui c'était long...
J'ai donc lu pour me consoler et j'ai aimé beaucoup de livres, parmi eux :

  • v0_masterla série de Carrie Jones qui ne brille pas pour ses qualités, j'avoue, mais qui a le don de m'offrir de belles heures de divertissement.
  • Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles ~ Gyles Brandreth (c'est sûr, j'en lirai d'autres !) [#]
  • La Maison du Maître ~ Martha Grimes  [#]
  • Mr Zero ~ Patricia Wentworth  [#]
  • Le temps de la vengeance ~ RN Morris  [#]
  • Vérité et feuilles de thé ~ Alexander McCall Smith  [#]
  • Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti ~ Judy Blundell  [#]
  • Joni et Vatanen ~ Anne Cortey & Janik Coat [#]  UN COUP DE COEUR !
  • The Dark Divine ~ Bree Despaine  [#]
  • Le reste est silence ~ Carla Guelfenbein [#]
  • Les âmes soeurs ~ Valérie Zenatti  [#]

Un mois teinté de romans policiers, de nouveautés, de romances adolescentes, de lectures en VO aussi, ... l'aventure continue !
A suivre.

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31 janvier 2010

Zara, Nick & moi

Spoiler alert ! Ce post déflore des infos importantes du tome 1, NEED (en français, Envoûtement), de la série de Carrie Jones. Vous êtes prévenus.

Après avoir maté la population pixie, comprenant son père et ses courtisans, dans une maison cadenassée par des barres d'acier, Zara et ses camarades croient à une paix temporaire avant de réaliser que d'autres vautours se précipitent à Bedford dans le Maine pour faire main basse sur le territoire du roi déchu. En tant que son héritière, Zara est de nouveau visée et harcelée par toutes sortes de prétendants, dont un certain Astley, un jeune souverain à la présomption très noble qui déconcerte notre héroïne. Peut-on lui faire confiance ? Non, un pixie n'a aucune parole. C'est une créature fourbe et cruelle. Il faut s'en méfier.

Mais Zara a un vrai sens de l'honneur et la soif de sauver le monde, des opprimés des pays du tiers-monde à son propre entourage - sa mère, sa grand-mère Betty, ses meilleurs amis, Issie et Devlyn, son petit copain Nick. C'est pour ce dernier que Zara s'inquiète, depuis que Astley l'a avertie qu'il courait un danger. Un autre roi vient de débarquer à Bedford, il n'aurait aucun scrupule pour assassiner et se nourrir du sang des humains. Astley s'est présenté comme étant différent du commun des pixies, il a besoin de Zara pour affirmer son pouvoir en faisant d'elle sa reine.

captivateA ce stade, l'intrigue du roman n'est pas follement sensationnelle. Paf ! un triangle amoureux dans l'air ? une autre confrontation entre les bons et les méchants, avec issue prévisible et même pas frétillante, comme dans le premier tome qui a eu le goût du pétard mouillé ? Et puis sont-ce des violons qui jouent leur mélopée en fond sonore ? Pitié pour la mièvrerie, le coup des Lovebirds are in the air, le flirt de Devlyn avec une autre demoiselle, alors qu'une Issie bavante et avec des étoiles dans les yeux se trémousse à ses côtés, non ce n'est pas possible ! Et puis, je m'interrogeais sur le style dans le livre traduit en français, était-ce si mauvais en anglais. Oui ! Oh oui ! ça fait même mal aux yeux. Dommage.

Malgré tout, j'ai littéralement dévoré ce roman ! J'ai rangé dans ma poche tout le côté qui n'allait pas, hop adjugé vendu, j'ai été happée par l'histoire qui n'a pas hésité à braver pas mal d'interdits en nous offrant des tours et détours inattendus ! L'auteur a osé, elle a eu le culot de faire du ménage, de serrer notre petit coeur de midinette, de mettre l'héroïne dans une situation difficile à assumer, d'oser plus, toujours plus. Han ? Oui, oui. J'aimais beaucoup Nick dans Need, mais dans Captivate il est différent, c'est un alpha, macho, amoureux et condescendant, donc bof. Il est aussi atteint du syndrôme du héros, à ses risques et périls. Astley gagne peu à peu du terrain, est-il sincère ou n'est-ce qu'un tricheur, aucune idée, mais c'est une personnalité troublante et donc attirante ! Zara également doit assumer ce qu'elle est à moitié, à savoir une pixie, même si elle rejette cette part d'elle farouchement. Ou simplement sous l'influence de son entourage, qui lui répète qu'être pixie c'est mal, moche, pervers et horrible. Quel avenir pour elle ?

Aïe, aïe, aïe ! J'étais persuadée qu'un troisième tome coulait de source, après cette fin et toutes ses questions laissées en suspens. Un coup d'oeil sur le Livejournal de Carrie Jones, et nada ! Nooooooooon !!!! Impossible de se contenter d'un Make me look like a queen ! Et basta ! Heureusement, sur son profil, Facemachin, elle lâche mollement une info de taille : It's a series about Zara and Nick and pixies. So, there should be a couple more books after Captivate.
OUF.

La série est pleine de défauts, mais cela reste un plaisir de lecture facile et simple. J'apprécie son humour, les personnages, l'intrigue qui se développe au fil des tomes, l'action lorsqu'elle daigne déployer ses ailes, et puis ses tentatives d'introduire une mythologie scandinave, des légendes sur les Changeformes, le folklore d'une petite ville américaine et tout le bataclan. 

Captivate ~ Carrie Jones
Published by Bloomsbury USA, 2010 - 275 pages.

the Dark Side challenge - 3   the_dark_side_challenge

challenge LIRE EN VO - 9 LireEnVo 

30 janvier 2010

Oscar, Gyles et moi

Je suis en train de lire Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles (Grands détectives, 10/18). Je me régale !  C'est après avoir terminé ma lecture du roman de Martha Grimes avec Henry James que j'ai eu cette envie. Il n'y a pas photo, je suis sensible aux ambiances et cette série me gâte !

Dans la maison, tout était de la meilleure qualité et tout, ou du moins presque tout, était d'une seule couleur : blanc. Dans le salon, les rideaux étaient blancs, les murs étaient blancs. Pareillement, tout était blanc dans la salle à manger, à l'exception d'un lustre couleur cerise. Il pendait au milieu de la pièce, juste au-dessus d'une statuette en terre cuite posée sur une nappe rouge en forme de losange, elle-même placée au milieu d'une table blanche. La composition était parfaite.

Cette description reflète le bon goût de l'appartement raffiné des Wilde, à Tite Street. C'est riche d'une précision qui ne paraît jamais ronflante ou pédante, comme partout dans le texte. Cela sent le travail appliqué et consciencieux, c'est bon comme un pain chaud, et même confondant, on croirait un Oscar Wilde plus vrai que nature, plus authentique que jamais. Il mange, boit, joue de son charme, fait montre d'intelligence et d'esprit, devient suspicieux, mystérieux et peut-être jaloux. C'est une personnalité fascinante, que Brandreth a merveilleusement cernée, sans tomber dans la complaisance ou la caricature.

Elle me prit par la main et, comme un camarade de jeu, me conduisit à travers la maison à la recherche d'Oscar. Nous le trouvâmes dans son fumoir de style mauresque, où rien n'était blanc sinon la mince volute de fumée qui s'élevait de sa cigarette. Il était étendu sur un divan, les yeux mi-clos. Il devait nous avoir entendus dès mon arrivée mais il n'avait pas bougé. Tandis que nous entrions dans la pièce, il leva sa cigarette d'un geste langoureux et, en l'observant, il la fit rouler entre son pouce et son index.
- Fumer une cigarette est l'exemple parfait d'un plaisir parfait, ne trouvez-vous pas ? C'est exquis tout en vous laissant sur votre faim.

Troublant, n'est-ce pas ?

Et puis c'est gourmand. Bavard. Absolument étourdissant.

Cet après-midi-là chez Simpson's, comme nous buvions et mangions, et buvions encore, nous demandant si nous nous autorisions à prendre un dessert et un feuilleté et du stilton (avec les vins assortis), il parla de maintes choses : de chaussures, de bateaux ou encore de cire à cacheter. S'il ne fut pas question de meurtre, sans doute évoqua-t-il la cuisson du chou (l'unique échec culinaire de Simpson's) et l'actualité des têtes couronnées (Oscar se passionnait pour la nouvelle de l'accession au trône d'Alexandre, l' "enfant-roi" de Serbie). Ce qui était remarquable avec la conversation d'Oscar, quelles que fussent les circonstances, c'était sa diversité et son imprédictibilité. Lors de ce repas se succédèrent à toute vitesse l'amour et la littérature, le rêve de William Morris d'une confédération d'Etats socialistes, l'opéra de Chabrier Le Roi malgré lui, son goût pour les marguerites, son horreur de Bayswater (et de la couleur magenta) et les treize étages du Tacoma Building à Chicago, le premier "gratte-ciel" du monde.

Cette lecture est pour moi une bonne surprise, car au-delà du classique attendu, c'est un roman policier qui se cache sous ce délire littéraire. Quel plaisir !

oscar_wilde_meurtre_chandellesL'histoire est racontée par Robert Sherard, arrière petit-fils du poète Wordsworth, et grand ami de l'écrivain. Il nous révèle un Oscar Wilde sous un autre jour, un Wilde fasciné par une oeuvre littéraire qui vient de paraître et qui fait grand bruit en 1889. Il s'agit d' Une étude en rouge d'Arthur Conan Doyle, le début d'une série à succès, on connaît l'histoire. D'après Sherard, Wilde se serait piqué d'imiter Sherlock Holmes pour prouver qu'il possédait en premier lieu le sens de l'observation et de la déduction, le célèbre apanage du détective. Holmes n'était qu'imitation et spéculation, voyez-vous.

Le roman s'ouvre alors qu'Oscar découvre le corps du jeune Billy Wood torturé et baignant dans son sang au centre d'un cercle de chandelles. Lorsqu'il décide de partager cette macabre découverte avec ses compagnons, Oscar tombe sur la chambre du 23, Crowley Street parfaitement vierge de tout crime.

L'histoire peut commencer.

 

Bon week-end à tous !

 

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles ~ Gyles Brandreth
10/18 Grands détectives (2008 Poche grand format) - 385 pages.
traduit de l'anglais (USA) par Jean-Baptiste Dupin

29 janvier 2010

La Maison du Maître ~ Martha Grimes

Presses de la Cité, 2010 - 345 pages - 20,50€
traduit de l'anglais (USA) par Dominique Wattwiller

La_maison_du_ma_tre_de_Martha_GrimesJe suis en veine, en ce moment, avec mes lectures de romans policiers à la crème anglaise. Martha Grimes, qui est en fait américaine mais qui écrit comme une british et nous plante un décor dans la belle Albion sans le moindre souci, nous convie donc dans une nouvelle enquête du commissaire Richard Jury. J'ai déjà fait les présentations, Jury figure parmi les personnages que j'apprécie le plus et que j'aime suivre fidèlement, j'apprécie également toute la palette des personnages qui l'entourent, Melrose Plant pour commencer, les joyeux lurons de Long Piddleton, les voisins envahissants de Jury (Mrs Wasserman, Carole-Anne, le chien Stone), et les collègues de travail, Wiggins, le chat Cyril, Fiona la secrétaire, Racer son supérieur et Phyllis le médecin légiste. Du beau monde, croyez-moi. Ce sont des personnalités bien définies, des vies qui se dessinent au fil des parutions, on s'attache et on aime tout autant les suivre que connaître le dénouement de l'intrigue policière !
Cette fois, un jeune homme aisé, petit-fils d'un héros de la guerre, a été retrouvé assassiné dans une chambre d'hôtel huppé. Billy Maples n'avait pas d'ennemis, c'était un mécène qui contribuait à soutenir des jeunes artistes peintres, il avait aussi une vraie passion pour Henry James, au point d'avoir loué la maison de l'écrivain, Lamb House, à Rye. Jury n'est pas chargé de l'enquête, mais la police d'Islington compte vivement sur sa participation. Serait-ce le vif désir du commissaire Lu Aguilar, au charme volcanique et vénéneux ? C'est une femme directe et très séduisante. Elle a aussitôt envoûté notre Richard au coeur d'artichaut, leur relation ne manque pas de piquant ni de piment ! Mais cette fin, ah mes aïeux, est terrible, cruelle, injuste. C'est quoi, ce supplice ? Martha, tu es une petite chipie !
Dans l'intervalle, l'intrigue s'est bien déroulée, l'enquête policière est impeccable, vraiment bien enveloppée et développée, l'auteur nous donne les indices à la becquée, sans nous gaver, il faudra attendre les dernières pages pour connaître le dénouement.
Et comme souvent, dans les romans de Martha Grimes, l'intrigue est enrichie de références littéraires, cette fois il faut compter sur la présence de Henry James. Les passages où Melrose Plant arrive à Lamb House en tant que nouveau résident temporaire, sont hilarants et excellentissimes ! Melrose, seul et déboussolé dans le Sussex, se surprend à entrer en conversation intime avec l'écrivain, il relit la plupart des ouvrages du Maître, découvre qu'il a même taquiné la Muse du vampirisme, avant de succomber entre les mains des fantômes, probablement en train de hanter les lieux !
Non, ce n'est pas fantasmagorique, c'est tout simplement distrayant, et d'ailleurs Melrose Plant apportera sa propre contribution pour la résolution de l'enquête. Comme d'habitude !
Sur ce, je reste pantoise avec cette fin et je veux la suite !!!

 

28 janvier 2010

Fantômes d'hiver ~ Kate Mosse

JC Lattès, 2010 - 220 pages - 19€
traduit de l'anglais par Valérie Rosier

fantomes_dhiverCe dernier roman de Kate Mosse est tout bonnement très différent des précédents, Labyrinthe et Sépulcre. Ce n'est pas un roman policier dans le sens strict du terme, c'est une histoire empreinte de mystère, se passant quelques années après la première guerre, dans un village perdu dans le sud-ouest de la France. Nous suivons un jeune anglais, Freddie Watson, qui n'a jamais accepté la mort de son frère aîné, porté disparu pendant la guerre. Il s'est longtemps senti coupable d'être en vie, ses parents ne lui ont plus prêté le moindre intérêt depuis la terrible annonce et Freddie a plongé dans une grave dépression. Il débarque en France pour suivre les traces de George, son frère, pour comprendre et pour trouver des explications. A la place, il se perd dans les bois et arrive dans un village appelé Néans. Quel nom ! Serait-ce prémonitoire ? Freddie y rencontre un charmant couple d'aubergistes, se sent comme un coq en pâte et assiste à une fête locale où il fera la connaissance de Fabrissa. Auprès d'elle, Freddie confie ses tourments, il n'arrête plus de parler et il se sent déchargé d'un poids. Ce n'est plus le même homme, et c'est grâce à Fabrissa s'il a su faire ce grand pas en avant. A son tour, la jeune femme va lui confier son secret. Et là, l'histoire devient pesante, incroyable, mystique. On pénètre dans la quatrième dimension, si, si ! En tant que lecteur, je ne savais plus où se trouvaient les limites du vrai, du faux, du rêve, de la fantaisie, du fantasme, du vécu.
Ce n'est pas un roman bien épais, il pourrait même se lire très vite mais ce qu'on se prend dans la figure limite d'avoir un gros appétit et il est préférable de reposer le livre de temps en temps, pour souffler, pour réfléchir. Ce qui est paradoxal, car l'histoire est tellement nébuleuse qu'on souhaite connaître le fin mot de l'intrigue. Freddie n'est pas sorti indemne de son aventure, le lecteur non plus, et c'est auprès d'un libraire toulousain qu'il confie sa rencontre du troisième type. Ce sont des allusions trop fantastiques, je le sais, ce roman n'est pas du tout de la science-fiction, mais cela pourrait se rapprocher du roman gothique, sombre, mystérieux et froid.
Je ne suis pas sûre d'avoir follement aimé, mais j'ai été interloquée par cette rencontre.
Bizarre, très bizarre. De quoi filer des frissons dans le dos.

 

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27 janvier 2010

Mr. Zero ~ Patricia Wentworth

10/18 Grands Détectives, 2009 - 280 pages - 7,90€
traduit de l'anglais par Eric Moreau

Mr_Zero_de_Patricia_WentworthPrenez une ravissante idiote, Sylvia Colesborough, qui joue de l'argent en dépit de l'interdiction de son époux. Elle perd la somme de £500, s'en mord les doigts et s'acoquine avec un dénommé Mr. Zero qui est un odieux maître-chanteur. Forcée de dérober des documents importants, qui concernent la sécurité intérieure, notre tête de linotte n'a vraiment pas une once de jugeotte pour dire stop et avouer la vérité à son mari. A la place, elle court pleurnicher dans les bras de sa cousine, Gay Hardwicke, moins fortunée mais plus sensée qu'elle. Ceci dit, ce n'est pas bien compliqué de se révéler plus perspicace. Quelle idiote, cette Sylvia Colesborough ! Naïve, charmante, délicieuse et délicate, mais cruche et bête à manger du foin. Elle en devient une caricature exaspérante ! C'est une honte pour la gente féminine. Gay Hardwicke aussi est agacée par sa cousine, elle refuse de tremper un doigt dans ses affaires mais les événements vont se précipiter, et son ami, Algy Somers, va malgré lui devenir le suspect idéal.
C'est un fantastique jeu de quiproquos que nous offre ce roman, et c'est ce qui le rend attachant et captivant, car j'avais très vite deviné le coupable. L'intérêt a donc été ailleurs, mais ce fut tout aussi appréciable. J'ai purement savouré ce roman de Patricia Wentworth, c'est un bon cru de 1938, il n'est pas du tout poussiéreux, il est au contraire chic et raffiné. C'est dans cette catégorie de lecture qu'on peut trouver des phrases ampoulées qu'on détesterait ailleurs, mais qui ici prennent une élégance folle et séduisante.

Sylvia émit un profond soupir, se tamponna les yeux à l'aide d'un mouchoir mauve et ouvrit son sac de suède orné d'une initiale en diamants.
J'adore ! Il y a une foule de petits détails pour décrire cette bonne société anglaise, les dialogues sont divins, les personnages attachants, les toilettes vaporeuses. Les inspecteurs fournissent un travail minutieux qui consiste à beaucoup discuter, à cuisiner les témoins en buvant du thé, ce ne sont pas des hommes de terrain, l'enquête n'est pas franchement décoiffante mais ça fait aussi partie du charme de ce type de roman policier. C'est une lecture parfaitement délectable, qui permet de se poser, de savourer et de revoir ses classiques. C'est bon de renouer avec ses premières amours !!!

 

26 janvier 2010

Le baby-sitter ~ Jean-Philippe Blondel

le_baby_sitterJe n'avais pas très envie de parler du dernier roman de Jean-Philippe Blondel. Je l'ai lu, j'ai aimé. Je n'avais pas plus d'avis que ce qui a déjà été dit sur d'autres blogs, je pense. (J'ai zappé tous les messages avant de m'y plonger, de peur d'être influencée.) Alors, pour ceux qui ne connaîtraient pas, voici donc cette petite bafouille.
L'histoire est simplissime : Alex, étudiant sans le sou, devient baby-sitter et psychanalyste sur commande. C'est incroyable cette connivence qu'il crée avec chaque personne qu'il rencontre - la boulangère, le père dépressif, les enfants, la jolie Marion, sa propre mère, avec laquelle les rapports sont loin d'être conventionnels. Dans le fond, j'ai eu du mal à gober toute l'histoire, de croire que ce garçon sorti de nulle part allait pouvoir résoudre les problèmes d'inconnus, s'immiscer dans leur vie comme s'il y avait toujours appartenu, être l'oreille grande ouverte, l'âme compatissante, le donneur de bons conseils, forcément, alors que lui-même patauge dans sa propre existence, bon, bref. C'était assez hallucinant à croire. Et puis je n'ai pas su aimer le personnage d'Alex, même s'il a pour lui d'aimer The Last Shadow Puppets et lire des romans, j'ai trouvé qu'il était mou, trop gentil, passif et souvent à côté de la plaque. Son histoire de baby-sitting, disons-le, est tirée par les cheveux. Je ne reviens pas là-dessus, et je sais que c'est un roman, donc une histoire inventée, imaginée, folle, délirante, blablabla. Je sais, je sais, le baby-sitting sert à raconter une histoire - ce que l'auteur sait très bien faire - et donc à montrer un bout de vie avec des gens aux bras cassés qui vont s'entraider et se serrer les coudes. C'est tout à fait un roman dans la veine des Ensemble, c'est tout. Sauf que, dans ce registre, j'avais trouvé JP Blondel meilleur avec son livre,  Au rebond.
C'est un roman qui se veut, comme le souligne l'éditeur, extrêmement positif et sensible. Je suis d'accord. Ce roman caresse dans le sens du poil, cela fait du bien aussi dans une époque où on cherche absolument à exister (ou briller) à travers le cynisme.
Ce que j'attends de JP Blondel, maintenant, c'est une saison 2 de Juke-Box. S'il te plaît, s'il te plaît.

1er roman de l'auteur publié chez Buchet Chastel, 2010 - 304 pages - 19€

pour toi, Alex... ;o)

And it's solid as a rock rolling down a hill
The fact is that it probably will hit something
On the hazardous terrain

25 janvier 2010

Le temps de la vengeance - R.N. Morris

10/18 Grands Détectives, 2010 - 440 pages - 8,90€
traduit de l'anglais par Bernard Cucchi

temps_de_la_vengeanceCe deuxième titre de la série des Mystères de Saint-Pétersbourg confirme tout le bien que j'avais pensé du premier, L'âme détournée. Nous retrouvons le magistrat Porphiri Pétrovich, assisté pour la première fois de Pavel Pavlovich Virginsky, un personnage déjà croisé dans le précédent volume dans des circonstances plus ou moins houleuses. Tandis que la ville étouffe sous une chaleur insoutenable, le canal empeste et les mouches envahissent les bureaux, le magistrat est appelé sur une horrible affaire de double homicide. Une mère et son fils ont été empoisonnés avec des chocolats, la scène est particulièrement dégoûtante et la douleur infligée aux victimes ne nous est d'ailleurs pas épargnée. Le mari est logiquement suspecté, il s'agit d'un docteur Martin Meyer, un éminent expert en toxicologie. Inutile de s'emballer car l'affaire n'est pas encore pesée, le fait qu'un colonel ait été assassiné dans son appartemment puis un alcoolique tombe raide dans la rue vient relancer cette étrange affaire, qui baigne dans les scènes de carnage et qui révèle les pires vicissitudes de l'âme humaine.
Nous étions déjà vaccinés avec L'âme détournée, mais nous renouvellons l'expérience avec ce Temps de la vengeance. C'est sombre et poisseux, particulièrement peu amène pour décrire l'humanité dans ce qu'il y a de plus sordide et abject. Et pourtant l'histoire n'est jamais totalement glauque ou répugnante, en dépit de la description très poussée des crimes et des morts violentes. L'ambiance de cette série policière est tout simplement captivante, servie par des personnages  aux particularités bien définies - Porphiri est un détective débonnaire, qui prend le temps de réfléchir au lieu d'agir, son nouvel assistant Virginsky s'enflamme avec ses grandes théories révolutionnaires, vite calmées par son supérieur, lequel rappelle le devoir de réserve et de service au tsar. Le duo fonctionne plutôt bien, révélant certaines facettes d'humour et de légèreté chez Porphiri, ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur, car cela soulage la tension ressentie tout au long de la lecture. La plongée dans cette Russie du 19° siècle est âpre, le contraste entre les classes est vivement traité, les prémices de la révolution commencent donc à apparaître, mais ceci ne relègue jamais au second plan la trame principale, qui est bien évidemment l'intrigue policière, car tout est bien ficelé, inquiétant et seulement mis à jour dans les dernières pages !
En bref, cela reste une folie vengeresse parfaitement bluffante et brillante à découvrir.

 

23 janvier 2010

Ce que j'ai vu et pourquoi j'ai menti ~ Judy Blundell

Gallimard jeunesse, 2010 - 288 pages - 12,00€
traduit par Cécile Dutheil de la Rochère

Être adulte, était-ce ça ? S'obliger à faire ce qu'on n'avait aucune envie de faire, avec un simple haussement d'épaules ?

ce_que_jai_vuNew York, 1947. Evie vit dans le Queens avec sa mère et Joe. Lorsque ce dernier reçoit un coup de fil insistant, il décide de partir en vacances en Floride. A Palm Beach, ville fantôme où seul un petit hôtel minable est ouvert, les Spooner vont lier connaissance avec un autre couple, les Grayson, et un ancien soldat qui a connu Joe en Europe, Peter Coleridge. Evie tombe immédiatement amoureuse de lui, elle a quinze ans, elle est naïve et a toujours vécu dans un cocon, elle voue une vraie fascination pour sa mère, Bev, qui est belle comme Lana Turner. A côté, Evie se sent comme le vilain petit canard, quelconque, transparent jusqu'à ce que Peter l'aborde, l'invite à danser, lui sourit, propose de la balader dans sa voiture et l'embrasse.

Les semaines passent sous un soleil accablant. Les Spooner n'en peuvent plus mais sont comme électrisés par l'ambiance. Ils repoussent leur départ, Evie s'en moque car elle ne veut pas se séparer de Peter. Et pourtant, le tableau des vacances cache aussi des zones de turbulence - les Grayson joueraient un double jeu, Joe est de plus en plus nerveux, Bev s'embellit sous le soleil et s'absente chaque jour pour apprendre le golf, Peter est terriblement beau, séduisant, charmeur mais c'est une bombe à retardement.

Sous ce climat lourd et pesant, la tension monte, donne du suspense au récit, lequel va très mal se terminer, mais le lecteur s'en rend compte tout seul, au fur et à mesure que l'histoire avance, l'amertume gagne du terrain, les masques tombent, certaines révélations apparaissent, les confiances se perdent, et au milieu Evie se prend la plus grande claque de sa vie. Son passage à l'âge adulte résonnera comme une lente tombée du haut d'un ravin, tant elle comprendra qu'autour d'elle il n'y a que duperie, mensonge et trahison. C'est ahurissant, et le décor de l'après-guerre apporte aussi son lot en dramaturgie et autres horreurs à dévoiler, c'est franchement flippant et hallucinant. La voix d'Evie devient encore plus poignante et magnifique, on partage longtemps cette dualité qui naît en elle, en même temps que la tragédie va fragiliser son petit monde.

C'est un roman à lire d'une traite, écrit dans un style proche des films noirs d'après-guerre, classique et envoûtant, aussi amer qu'un chocolat. Une atmosphère à laquelle j'ai été très sensible.

22 janvier 2010

Far from You ~ Lisa Schroeder

far_from_youFirst Simon Pulse paperback edition January 2010
355 pages

Mom got cancer

Cancer sucks.

She died.

Dad remarried.

The end.

Malgré l'impression donnée par ces quelques lignes, non ce livre n'est pas du tout déprimant ! On suit l'histoire d'Alice qui vit très mal la mort de sa mère, qui ne parvient pas à faire son deuil et qui ne supporte pas le nouveau bonheur de son père avec l'arrivée du bébé. Entre Victoria, la belle-mère, et elle, c'est le silence radio. Aucune connivence. Pas un mot, pas un geste. Respect total, même si chez Ali cela se manifeste plus intérieurement, par une envie de hurler, de claquer la porte, de fuir, d'écrire des chansons tristes, de se plaindre, de se sentir seule et incomprise. Ali trouve refuge auprès de sa meilleure amie Claire, de son petit copain Blaze, de sa musique et son culte à l'église tous les dimanches. Elle croit aux anges, car elle pense que sa mère veille ainsi sur elle.

Pendant les fêtes de Thanksgiving, toute la famille se rend chez les parents de Victoria. L'ambiance n'est pas très joyeuse, Ali fait la tête et son père doit rentrer plus tôt pour son travail, Victoria, le bébé et elle vont donc rentrer toutes seules en voiture. C'est alors qu'une tempête de neige les surprend et les coince en pleine campagne. 

L'histoire est toute simple, mais très belle, écrite en vers, comme le précédent livre de Lisa Schroeder, I heart you, You haunt me, et une nouvelle fois l'émotion est au rendez-vous, insaisissable et pourtant palpable. J'aime beaucoup le principe d'écriture en vers, c'est comme dire en peu de mots l'essentiel, cela touche instinctivement et l'impact devient donc plus fort.

Memories
fall
like
snowflakes
upon
my dreams.

Me and Mom,
a piece of art,
a promise,
a hug.

Me and Dad,
a thousand tears,
a bouquet,
a loss.

Me and Blaze,
an autumn day,
a walk,
a kiss.

Me and Claire,
a flowing skirt,
a song,
a fight.

Je me souviens avoir lu son premier livre avec cette sensation de frissons sur tout le corps, l'histoire était tellement bouleversante en plus ! Ce deuxième livre ne renferme pas la même intensité émotionnelle, c'est dilué autrement mais c'est aussi très touchant. Alice est une jeune fille qui souffre du mal de mère, elle est en pleine crise, c'est un sujet difficile et douloureux, pourtant le personnage n'est jamais imbuvable. C'est toute la délicatesse de l'auteur - dessiner des caractères sensibles et authentiques, envers lesquels on ressent beaucoup d'amour, de compassion ou d'admiration. On tombe amoureux de tous les personnages, on les aime d'amour, c'est tout !

Toute la partie où Alice est bloquée dans la voiture, à cause de la neige, est un moment où j'ai été surprise, un peu tenue par le suspense, même si je ne croyais pas trop à une fin malheureuse, et aussi intriguée par ces passages qui flirtent avec le fantastique, l'apparition de l'ange, entre rêve ou réalité, fantasme ou délire, c'est un léger flottement dans le livre et ce n'est pas ce qui m'a le plus noué l'estomac, j'avoue, pourtant c'est une partie essentielle, qui permettra à Victoria et Alice de mieux se comprendre, d'abord, et ensuite qui permettra à Alice de dire un dernier au revoir à sa maman. Bon, c'est vrai qu'il y a eu un moment ou un autre où j'avais un sourire béat et un tout petit peu la gorge nouée. (Non ! je n'ai pas pleuré.)

Une dernière mention spéciale pour Blaze, sexy boy, he rocks so bad !
Big. Sigh.

challenge Lire en VO - 8

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Chez Clarabel
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