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Chez Clarabel
7 octobre 2006

Le pays - Marie Darrieussecq

le_paysMarie a décidé de rentrer au pays, de quitter Paris avec Diego et leur fils Tiot pour retourner aux sources d'un pays qu'elle a quitté dans son enfance. Ce pays, c'est la république Yuoanguie, fraîchement indépendante, et dont la langue parlée est celle d'un dialecte particulier, que son fils adopte tout de suite, mais qu'elle est incapable de comprendre et d'assimiler. Par contre, pousse dans son ventre une petite Epiphanie qu'elle cerne sur le champ, qu'elle dorlotte aussitôt mais qui paralyse également son écriture. Marie est écrivain. Or son retour au pays a tari la source de son inspiration. Elle ouvre son cahier et contemple les pages blanches, c'est tout. Et le roman se poursuit dans cette impression cotonneuse, celle de flotter dans des univers parallèles, entre la narratrice et l'observation d'autres femmes, qui sont-elles ? Il y a un ensemble de personnages, entre les vivants et les morts, le frère disparu dans son enfance et le frère adopté qui est devenu fou, interné dans un centre, au loin. Il y a aussi la grand-mère, dont l'hologramme réveille des sensations enfouies chez Marie dans la Maison des Morts.

Contrairement aux apparences, ce roman de Marie Darrieussecq est limpide et fluide. L'écriture n'est pas empêtrée dans un embrouillamini d'exercices de style, ni plus dans un délire de fantômes. Ces derniers sont absents, "ils naissent de notre hantise, qui les allume et les éteint, oscillants, pauvres chandelles". En fait, "Le pays" est un roman qui a besoin de puiser aux sources (du langage, de la vie) pour renaître et se libérer des chaînes : "la langue était une contrainte à dépasser, comme le sol, comme l'histoire. Tant qu'il restait des mots, dans quelque langue que ce soit, on pourrait encore les assembler à neuf pour décrire le monde, et en repousser les limites". C'est comme la grossesse de Marie, elle plonge la jeune femme à retourner aux origines, car la naissance débloquera sa paralysie (d'apprendre la langue, d'écrire un roman). Ce roman est subtil et introverti, je l'ai trouvé tellement évident par rapport aux précédents romans de Marie Darrieussecq. C'était un beau plongeon vers la genèse et l'engendrement.

POL

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Commentaires
T
"Subtil".<br /> <br /> C'est le mot parfait pour définir "Le Pays".
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Chez Clarabel
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