C'est l'histoire d'un roman où Louis, le personnage central, décide de tuer sa mère pour récupérer l'héritage. Puis, il décide d'accomplir le même acte de "bon débarras" pour les parents de ses amis. Hop, ni vu ni connu. Il adopte là la Solution Esquimau : "il tue les parents comme les Esquimaux abandonnent leurs vieux sur un morceau de banquise, parce que c'est naturel, écologique, bien plus humain et beaucoup plus économique que de prolonger leur interminable corvée dans des mouroirs sinistres". C'est également l'histoire de l'auteur de ce roman, un certain Pierre (le mensonge n'est pas loin...). Il est réfugié dans une maison sur la côte normande, reçoit la visite d'une petite amie, d'une adolescente fugueuse, de voisins privés de télévision, et d'un meilleur ami qui est passé à l'acte. Comme Louis !
"La Solution Esquimau" est paru pour la première fois en 1966 aux éditions Fleuve Noir. C'est une excellente idée de la part de Zulma de remettre à l'honneur ce titre franchement hilarant, décapant, immoral et sombre. Humour noir garanti, c'est vrai. Les épisodes entre Louis et son auteur s'adressent quelques messages en écho, mais leur point commun au final est cette désolation permanente : deux paumés, deux déchets célibataires, vie sociale égale zéro. Le roman piétine, l'écrivain tente de puiser l'inspiration dans l'expérience sinistre de son meilleur ami, mais l'entreprise salvatrice de ce dernier inquiète son campagnon. "Je ne suis pas un héro d'un de tes bouquins", lui dit-il. Comment se sortir de ce guépier ?.. Comment rattraper le Louis du roman dans le roman ? La Solution n'est pas si évidente. A ceci, s'ajoute l'impression de flou, de confusion permanente, où fiction et création s'emmêlent les filets. Parfaitement déconcertant, donc forcément intéressant, le roman de Pascal Garnier mérite une révision en toute innocence, le sourire au coin des lèvres...
Zulma