19/10/06

Des maisons, des mystères ~ Germaine Beaumont

Agnès de rien

Dernier roman qui boucle le thème "des maisons, des mystères", "Agnès de Rien" a été publié en 1943 dans le même genre angoissant et occulte. Agnès débarque dans le domaine de son mari, sertie d'une mission spéciale : récupérer de l'argent en faisant pitié par son aspect naturel (blonde, fragile, frêle, maladive). Francis est un artiste désargenté, fâché avec les siens, en envoyant Agnès, en fait abusée dans l'affaire, il souhaite récupérer une part de son héritage. Aux Fonds de Laume, chez les Chaligny, derrière son aspect "maison datant des calèches et des jupes à pouf" , l'atmosphère est glauque et séculaire. Agnès est violemment accueillie par Carlo, taciturne et grognon, son beau-frère marié à Alix, cordiale et bienveillante, mais en façade uniquement. Agnès n'est pas dupe des fausses mièvreries, des traits forcés pour soulager son séjour, tout en voilant le fond du problème (la querelle de Francis avec sa famille, le refus de Mme de Chaligny de recevoir Agnès, le caractère sombre de Carlo, etc.).
"Agnès de Rien" est différent des premiers romans qui composent ce livre, tout en offrant également un côté opaque, étouffant et gothique, d'où l'on reconnaît la forte fréquentation des romans anglais (Dickens est d'ailleurs cité dans l'histoire). Il y a forcément quelques secrets de famille, des cadavres dans le placard... Mais il y a surtout une forte description d'une aura autour de ce lieu isolé qui imprègne ses êtres. Encore une fois, une famille bourgeoise passe sous la loupe contre une jeune héroïne seule au monde, vulnérable et impressionnable. J'ai de nouveau beaucoup aimé, y trouvant toute une ambivalence captivante, des personnages intrigants et servis par des dialogues pointus. Agnès est le genre d'héroïne qu'auraient affectionné les sœurs Brontë !... C'est à souhaiter que d'autres romans de Germaine Beaumont seront à nouveau republiés, c'était véritablement une maîtresse dans le genre "policier poétique et brumeux". A découvrir.

Les Clefs

Ce roman publié en 1940 pour ouvrir le fameux cycle "des maisons, des mystères" est très honnêtement un exercice réussi haut la main par Germaine Beaumont dans un domaine assez nouveau pour l'époque, celui des romans à énigmes, mais sans meurtre, sans cadavre ni détective ou policier. Cela commence par la vente d'une maison qui appartient à la famille Clauvel depuis des générations. Une étrangère - Frédérique Marshall - arrive et l'achète rubis sur l'ongle. On spécule, on jase, on colporte.. ainsi va le vent dans les petites contrées où Frédérique espère y trouver une certaine paix. La famille Clauvel se pose aussi des questions, entre la vieille mère, veuve depuis dix ans, le fils Léon, marié à Célina, et la dernière fille, Agnès, perfide et aigrie dans l'âme. Mais chacun garde pour soi ses réflexions, entre eux tout n'est que persiflages et volonté de rabaisser le plus faible (comme la belle-sœur ou la jeune domestique, Marie).
C'est d'ailleurs la façon de glisser d'un caractère à l'autre qui m'a particulièrement plu : Germaine Beaumont fait ici montre de la grande influence sur son travail de la littérature anglaise qu'elle affectionnait (les sœurs Brontë, V. Woolf..). Elle crée ainsi un climat malsain et obscur, laissant deviner des secrets de famille et des passés mystérieux qui intriguent bien volontiers le lecteur ! Tout vient à point à qui sait attendre... Germaine Beaumont donne ainsi l'impression d'avoir brodé son roman avec dextérité, donnant libre cours à la jouissance d'épingler les vilenies des bourgeois (pingres, retors et sadiques) et la trop grande facilité aux colportages. J'ai beaucoup aimé, notamment les passages avec Agnès Clauvel, et j'avoue avoir plus apprécié l'ingénuité de la construction et de l'ambiance noire au détriment du dénouement ! De plus, en comparaison à La Harpe Irlandaise, la place de la maison dans Les Clefs prend un aspect moins focalisant, car ici la psychologie des personnages est primordiale et déterminante. Un roman grisant, malgré toute son opacité...

La Harpe irlandaise

Médiocre entrée en matière, un peu longue aussi, avec la confrontation des caractères très distincts des deux actrices de "La Harpe Irlandaise" : Laura et Flore sont cousines par alliance, l'une veuve, émotive et rondouillarde, l'autre célibataire, exigeante et austère. Elles arrivent en voiture passer l'été dans la demeure de campagne de Laura, lorsque survient une panne d'essence. En attendant la réparation, Laura décide de cueillir dans un pré un bouquet de trèfles incarnat quand elle aperçoit le "fantôme" de son défunt mari Edmond. Il lui faudra du temps pour comprendre qu'il s'agit là d'un premier signe d'une longue série pour résoudre une "injustice" passée. Au cours d'une balade, Laura va aussi faire la découverte d'une maison abandonnée, autrefois splendide, qui est à vendre à un prix faramineux, malgré son délabrement. Laura et Flore n'étant jamais d'accord, notamment sur cette maison, elles décident de s'éloigner et mener leurs vacances chacune à sa façon. De son côté, Laura sombre dans une fumeuse mélancolie dont seul le désir de "savoir", suivant son instinct, lui permettra de gagner en autonomie et épanouissement.
Basée sur le principe d'apparitions de fantômes et d'esprits frappeurs, l'histoire de "la harpe irlandaise" se dévoile comme une étonnante intrigue "policière" (mais sans policier ni cadavre) où l'ombre d'une maison abandonnée appelle vengeance et investigation. Publié en 1941, ce roman appartient au cycle "des maisons, des mystères" - deux sujets imbriqués selon Germaine Beaumont, passionnée. C'est un roman du début du siècle à travers sa mise en scène (les maisons d'été, la bonne société, les demoiselles de compagnie, des femmes seules, marquées par la vie, un rien excentriques...) mais rien n'est dépassé ni flétri. La façon d'introduire un sentiment de mystère, d'inquiétude et de doute est parfaitement maîtrisée par l'auteur, voir carrément ingénieuse. Roman indémodable, en somme ! Où l'on privilégie l'action lente, mais tracassante...

lu en mars 2006

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Etes-vous prêts à jouer ?

En surfant sur le site de Zulma, j'ai testé avec plaisir un jeu littéraire particulièrement ingénieux et original, et dont le résultat étonnera votre propre humilité : oui, il y a du génie en chacun de nous ! Oui, il y a en nous, bien au fond, du potentiel pour combiner un petit texte fort, fort sympathique (moi, j'ai trouvé). Et comme je suis enthousiaste, comme j'aime partager, je vous en parle ... telle une puce excitée.

Prêts à jouer ?..  Cliquez ici et lancez-vous sans retenue, lâchez la bride à votre imagination !.. Ainsi, pourrons-nous comparer nos exercices ?.. Je vous donne rendez-vous dimanche pour les comparer ! ... C'est ok ?.. prêts, partez !

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Quatuor X - Jean Baptiste Baronian

quatuor_xRubens est détective privé à Bruxelles, il a la cinquantaine d'années, ne se vante pas d'avoir une carrière exemplaire, loin de là, et même sa vie sentimentale est un semi-désastre. Sa dernière relation avec une certaine Judith remonte déjà aux calanques grecques ! L'histoire de Rubens commence avec la visite d'un type tiré à quatre épingles, mais au physique ingrat. Il s'appelle Frédéric Lemaître, il est producteur de films pornos et demande au détective de retrouver sa fille Charlotte. Cette dernière vivait en couple avec un dénommé Bogart, comme l'acteur. Or, en se rendant chez cet homme, Rubens a la désagréable découverte d'un appartement saccagé et d'un corps sans vie qui baigne dans son sang. L'affaire prend une sale tournure, Rubens s'en doute. Il parcourt la ville de fond en comble pour débusquer quelques pistes, lesquelles le conduisent sur un sentier pentu, dans le milieu du cinéma pornographique et de la musique de chambre. D'ailleurs, son ex-compagne Judith semble également mêlée à cette intrigue malséante. L'enquête de Rubens s'embrouille, l'homme a le sentiment de baigner dans un cauchemar surréaliste, impossible de démasquer qui sont les prétendus suspects, et qui mène la danse.

"Quatuor X" est un roman noir, un digne héritier des polars façon années 50. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'on croise des personnages au nom comme Bogart, "Jeanne" Mansfied, etc. L'ambiance est glauque, dirigée par un détective blasé et guère brillant. On se promène dans la ville de Bruxelles avec une impression de "quai des brumes". C'est un roman pour cela très réussi : il fait gris et frisquet, les troquets rassemblent une faune égarée et marginale... Puis, à propos de l'affaire, sa progression adopte très vite un rythme de thriller, avec une disparition mystérieuse, les meurtres qui pleuvent et le spectre du tueur en série qui pointe son nez. La police oeuvre et Rubens fait sa philosophie de comptoir, au bistro du coin. Un polar, un vrai. On y pénètre très vite, la cadence est soutenue, l'ambiance un peu glauque. Toutefois j'émets un tout petit bémol pour la fin, que j'espérais plus "rebondissante". Mais cela n'enlève en rien la très bonne impression de lecture éprouvée avec "Quatuor X" : jamais on ne s'ennuie, c'est un très bon roman !

Métailié

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Accidents - Laurie Colwin

accidentsElizabeth vient de perdre Sam, après cinq années de mariage qui reposait sur un accord muet de respect entre les deux parties. Sam était un casse-cou, habile à se brûler les ailes au plus vite. Elizabeth était plus modérée, un "tampon" entre Sam, sa famille et la vie. Après cette perte, Olly doit donc apprendre à vivre, seule et sans lui. Son histoire est en quelque sorte l'apprentissage du deuil, de la vie sans l'autre et aussi de comprendre le lien qui unissait leur couple. Quand son beau-frère Patrick lui réplique que cette mort finalement leur évite un divorce, Olly acquiesce. Au fond d'elle, des sentiments confus se bousculent : entre le chagrin, la colère et la rage de rester en vie. Il y a très honnêtement de jolis chapitres sur les différentes étapes que représente une vie après la mort. Olly, elle, décide de prendre le dessus, de quitter l'appartement de son couple pour s'installer à New-York, toujours épaulée par Patrick. Elle reprendra, timidement, goût à la musique, à la vie en société, à rencontrer de nouvelles personnes et se lancer dans une existence neuve et nouvelle.

"Accidents" de Laurie Colwin raconte donc ces moments de la vie qui font que justement celle-ci n'est jamais un long fleuve tranquille. La mort parfois échelonne son parcours. Les questions de fidélité après la mort se posent, surtout quand "la mémoire devient un fardeau", puis une ombre au tableau, un fantôme bienveillant... J'ai aimé le cheminement d'Elizabeth, jamais trempé dans le pathos. Son analyse de la vie sans l'autre et après cet autre est de toute finesse et grande subtilité. Comme une voix chuchotante, envoûtante aussi. Je n'ai pas décroché de ma lecture avant d'en connaître la fin, et d'ailleurs j'aurais souhaité qu'elle se termine encore plus loin !

Autrement

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Famille, tracas & Cie - Laurie Colwin

familles_tracasA quarante ans, Jane Louise est une jeune femme mariée à Teddy, homme secret et charmant, fils de divorcés et hanté par cette enfance bâclée. Jane Louise aussi n'est pas en reste concernant ses jeunes années, c'est pourquoi elle est bien décidée de s'épanouir dans le mariage. Or, très vite, des angoisses la gagnent, comme le poids de la famille, le sentiment de n'être pas celle qui convient pour Teddy, l'envie d'un enfant et son risque, et aussi son travail de graphiste dans une maison d'édition, son collègue Sven qui la harcèle, ou son amie Dita qui joue la carte de l'indifférence soudaine... En plus de l'amour infaillible de son mari, Jane Louise peut également compter sur sa meilleure amie Edie, autre spécimen en peine familiale !

Les romans de Laurie Colwin ont généralement des débuts bancals, à mon goût. Celui-ci ne déroge pas à la règle, quand j'éprouvais une certaine amertume sur l'orientation de "Famille, tracas & Cie". En fait, ce titre ne me plaît pas, il est trop hasardeux. En anglais, il s'intitulait "the big storm", terme beaucoup plus équivoque autour de l'implacation du mariage, de l'engagement, pour des jeunes gens fragilisés par leur passé. Et comme souvent chez L. Colwin, on s'embarque vers un ailleurs terriblement nostalgique (une Amérique des années fin70 - début 80, sur la côte bon chic bon genre du Massachussetts) et raffiné, distingué, comme l'écriture (les week-ends à la campagne, la veillée de Noël, le goût de chiner...). Car en fait dans ce roman, il ne se passe pas grand-chose au final, juste une belle histoire, "une vie merveilleuse", sans soubresauts, où juste un aperçu, vite avorté. Ce roman est bien lisse, un peu trop pour certains. Il est également totalement focalisé sur le personnage de Jane Louise, surtout vers la fin, au détriment de son mari Teddy. Mais dans l'ensemble, il y a de très pertinentes réflexions qui ont eu écho chez moi (la place de la belle-famille, la maternité, le travail, la tentation...) et pour résumer grosso-modo j'ai aimé, un peu et beaucoup. Pas mon favori, mais accro du style Colwin !

Autrement

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Frank et Billy - Laurie Colwin

Frank_et_BillyRoman absolument minimaliste qui traite d'une liaison adultérine de manière feutrée: point de broderies sur les acrobaties sexuelles ou les entourloupes aux conjoints respectifs. "Frank et Billy" sont deux êtres que tout opposait, qu'une rencontre impromptue a ébloui le parcours réciproque. Ils entament une relation comme un film français, beaucoup de dialogue, d'humour et d'amour sincère. Chacun va pourtant porter différement le poids de ce secret : coupable ou inconscient, le couple va être conduit à la déroute et fatalement se séparer.
Absolument intimiste, absolument délicieux, ce roman de Laurie Colwin est une pépite. A lire dans le confort douillet d'une bonne couette, par exemple.

Autrement

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Drôles d'oiseaux - Laurie Colwin

drole_d_oiseauxPréalablement publiées dans des journaux ou magazines dans les années 70, certaines nouvelles de Laurie Colwin ont refait surface, suite au succès phénoménal de "Une vie merveilleuse". On (re)découvrait une auteur, hélas disparue prématurément en 1992. Donc "Drôles d'oiseaux" est un impertinent cocktail d'hommes et de femmes trop réfléchis, trop insouciants, trop exigeants. Ils veulent l'amour, un mari, une existence stable et puis rencontrent un élément nouveau, entretiennent parfois une histoire adultérine, s'en mordent les doigts ou s'exilent en Ecosse... En bref, tous ces hommes et femmes sont terriblement actuels ! Avec un style vif, l'auteur dessinait ses semblables sans ambages et sans tricherie.

"Drôles d'oiseaux" est un recueil composé de huit histoires, dites d'amour. Je préfère cette appelation au lieu de "nouvelles" car les huit histoires sont davantage des "romans courts". Laurie Colwin parle de choses très ordinaires, et l'une des grandes richesses de ce livre vient de la personnalité des héros et héroïnes. Les filles sont souvent des étudiantes brillantes et spirituelles, le théâtre de leurs premières fois se passant sur le campus de l'université. Les hommes sont pour la plupart assez effacés, compliqués, niais et nul doute qu'ils puissent être aisément roulés dans la farine ! Sauf lorsqu'ils se réveillent et se montrent de redoutables prédateurs !.. Certaines histoires sont très attachantes, comme "La vie en lunettes roses", "Une retraite en Ecosse" ou "La Grosse Prune". Des histoires de sentiments, d'addiction, de fugue ou d'oppression, c'est très souvent cynique, parfois morbide, glauque ou déconcertant ("Le bourgeon noir" par exemple). Mais au-delà de toute tentative d'analyse, il y a forcément une grande intelligence derrière ces "Drôles d'oiseaux" ! L'écriture de Laurie Colwin est douée, et sa perspicacité fait mouche, malgré certains paragraphes un peu extravagants.

Autrement

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Une vie merveilleuse - Laurie Colwin

Une_vie_merveilleuseGuido est amoureux d'Holly;  son cousin Vincent aime Misty. Chacun se marie, habite un joli appartement, vit dans le meilleur des mondes... Car en fin de compte, le but de tous dans la vie est de trouver sa moitié et d'être heureux jusqu'à la fin de ses jours !? Tout à fait normal, donc, que ces quatre là ont également ce leitmotiv d'entretenir la flamme, de s'engager et d'avoir la vie rêvée des anges. Pas facile, on le sait, de cultiver son jardin dans l'harmonie éternelle. Il y a les petits couacs de la vie courante, des sentiments ennuyeux et ennuyants, comme la jalousie, le sentiment de n'être pas à la hauteur, la maternité, etc.

En fait, la plupart des anicroches de ces deux couples sonnent un peu d'ordre puéril, très souvent. Cela prête à sourire, mais pourtant cette Vie Merveilleuse contée par Laurie Colwin m'embarque et tend à espèrer que l'existence peut être si simple, l'Amour si élémentaire et enfantin. J'ai beaucoup aimé ce petit monde, les personnages croqués avec intelligence, les jeunes femmes (Holly et Misty) sont spirituelles, têtues, lunatiques et boudeuses. Vincent et Guido sont parfois de pauvres nigauds qui ne comprennent rien à la sacro sainte psychologie féminine.. Quelle douce illusion, quel confortable cocon. "Une vie merveilleuse" parvient à exprimer les sentiments compliqués de l'amour, comme la peur de s'engager, de s'affranchir, de se livrer en toute transparence, de devenir vulnérable, de communiquer et préserver son indépendance. L'ensemble peut paraître niais pour certains, peu crédible, mais je pense qu'il faut surtout ouvrir les bras au bien-être qu'offre ce roman : un réconfort et l'illusion d'y croire, le temps de le lire !

Autrement

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