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Chez Clarabel
7 octobre 2006

Le dernier train - Maria Mercé Roca

dernier_trainUn couple fait le bilan de sa vie commune, d'abord la femme Teresa est assez agacée et lasse de l'inertie de son époux. Lui, Andreu, est davantage désespéré et paralysé de lui annoncer sa Grande Nouvelle. Car, en effet, le couple au cours de ses vingt-six ans de mariage n'a pas su accorder ses violons, n'a pas su se comprendre et a même loupé l'éducation de leur fille Clara, qui a préféré claqué la porte du foyer pour vivre sa propre vie. Le roman est décomposé en trois parties, dans lesquelles chacun se justifie, plaide sa cause, expose des faits. L'ambiance est teintée d'acrimonie, d'irritation et de fébrilité. A plusieurs occasions, sur des passages presque communs, le lecteur s'aperçoit que le couple n'était jamais en phase, tant sur le plan professionnel et émotionnel, même leur rupture (annoncée) prend un mauvais goût de bâclé et de dialogue de sourds. "On avait l'air d'un couple heureux" dit la femme, "tu me regardais, tendre et ému, plein de gratitude, de confiance envers moi, et tu me faisais de la peine". Lui répond : "entre toi et moi, il n'y a jamais eu de cri ni de disputes, on ne s'est jamais manqué de respect, on ne s'est pas rendu la vie impossible. C'est pour ça que les gens qui nous connaissent ne vont pas comprendre et diront que c'est inconcevable. On a plutôt formé un joli couple toutes ces années : toi plus sérieuse, moi plus distrait, mais toujours ensemble. Tu as toujours tiré ton épingle du jeu. Moi, je me suis souvent planté." - Et le couple n'en finit pas d'analyser leur parcours conjugal, franchement bancal et décalé. C'est un portrait plutôt réaliste et déchanté, la radiographie des couples de cinquantenaires, habitués l'un à l'autre, ennuyés et blasés, mais bon... Ce roman est tantôt cruel mais il est désespéremment actuel.

Métailié

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7 octobre 2006

Symptomatique - Danzy Senna

symptomatique"Avez-vous jamais vu la fin d'une histoire avant même qu'elle commence ?" - C'est la question que se pose la narratrice de "Symptomatique", roman âpre et semi-latent d'une violence liée à la solitude et l'amertume de la mixité. La jeune new-yorkaise fraîchement débarquée de sa Californie natale commence un stage dans un magazine, un peu contre les principes new-age de ses parents baba cool. Elle rencontre Andrew mais leur aventure capote, un peu abruptement. Prise de court, la jeune femme recherche un appartement et c'est une collègue de bureau, Greta Hicks, qui lui trouve la solution. Suite à cela, cette femme de 43 ans va soudainement empiéter doucement dans la vie de la jeune femme. Toutes deux ont en commun d'avoir un père noir et une mère blanche, Greta pense qu'elles constituent à elles deux "une race à part". Car insidieusement Greta s'impose dans la vie de sa jeune camarade, laquelle subit de plus en plus cette "amitié". Le sentiment d'étouffement prend le pas, succède l'égarement combiné à la solitude. Les pas de la narratrice mènent la danse, guident le lecteur dans un New-York plombé par le froid hivernal. C'est la sinistrose, une lente plongée dans des profondeurs abyssales. Et avec ça, il y a une prise de conscience de la haine raciale, de la couleur de peau qui délimite les affinités dans cette Amérique bien tranchée. Ce deuxième roman de la new-yorkaise Danzy Senna est, pour le tout, bien captivant et flippant !

Métailié

7 octobre 2006

La fille du Cannibale - Rosa Montero

fille_du_cannibaleL'histoire folle de Lucia commence dans un aéroport, à la veille d'un embarquement pour Vienne, afin d'y fêter la nouvelle année. Lucia et Ramon sont mariés depuis dix ans, la flamme est éteinte depuis un bail, et c'est d'un regard goguenard et agacé qu'elle suit son mari aller aux toilettes quelques minutes avant l'appel. Or, les minutes passent et Ramon ne revient pas. En clair : il a disparu ! Paniquée, proche de la démence, n'y comprenant plus rien, Lucia va apprendre que son époux a été kidnappé par un mouvement indépendant, qui réclame une forte somme d'argent en échange de sa libération. La police est impuissante, Lucia prend en charge d'aller sur le terrain pour débusquer la vérité, mettre la main sur Ramon et se sortir de ce cauchemar. Elle sera secondée par son voisin Felix Roble, un vieillard de 80 ans, ancien pistolero, anarchiste révolutionnaire et torero, et aussi par Adrian, jeune homme de 21 ans, paumé, mystérieux mais incroyablement séduisant. Lucia a le coeur qui s'emballe, la tête fiévreuse et les sens en alerte. En s'embarquant dans cette quête, cette femme de quarante ans n'imaginait pas qu'elle allait parcourir un long, douloureux et irréversible chemin.

Lucia va croiser de vilains truands, négocier une rançon bien mal acquise, jouer un rôle auprès de la police, prétendre être ce qu'elle n'est pas. Mais ses compagnons sont de fidèles acolytes qui vont la guider et l'aider à garder la tête hors de l'eau, que ce soit par la confession des souvenirs de Felix, autrement dit Fortuna, ou par la séduction dangereuse d'Adrian. Dans le fond, ce kidnapping va permettre à Lucia de se dévoiler la face, de fouiller sa mémoire pour sortir de l'enfance et des images de ses parents. « La fille du Cannibale » est un titre qui fait peur, mais le cannibale en question n'est qu'un acteur de second plan. Son anthropophagie est plus exactement une voracité autrement inquiétante : il dévore ses femmes d'un amour totalitaire, il les mange à petits feux, de sorte qu'elles lui sont acquises, dévouées, bafouées. Mais le Père-Cannibale est, au contraire, un homme différent du souvenir que Lucia a conservé. En voulant retrouver Ramon, Lucia va en fin de compte se trouver elle-même, dans le dédale de ses perditions, de sa crise de la quarantaine, dans le souci de ne plus plaire, de vieillir, de perdre la beauté, d'échapper au temps qui passe.

« La fille du Cannibale » est en somme un roman formidable, à la fois initiatique, policier, drôle et pertinent. Son personnage de Lucia Romero, écrivain de contes pour enfants, est un drôle de bout de femme, attachante et lucide, accrochée à des illusions, des faux-semblants. Son histoire est captivante, palpitante, parfois angoissante. L'auteur Rosa Montero est habile dans son intrigue, dans le portrait de ses personnages et dans la véracité de décrire l'époque cahotique de l'Espagne du 20ème siècle, et le monde taurin.

Métailié

7 octobre 2006

Le pays - Marie Darrieussecq

le_paysMarie a décidé de rentrer au pays, de quitter Paris avec Diego et leur fils Tiot pour retourner aux sources d'un pays qu'elle a quitté dans son enfance. Ce pays, c'est la république Yuoanguie, fraîchement indépendante, et dont la langue parlée est celle d'un dialecte particulier, que son fils adopte tout de suite, mais qu'elle est incapable de comprendre et d'assimiler. Par contre, pousse dans son ventre une petite Epiphanie qu'elle cerne sur le champ, qu'elle dorlotte aussitôt mais qui paralyse également son écriture. Marie est écrivain. Or son retour au pays a tari la source de son inspiration. Elle ouvre son cahier et contemple les pages blanches, c'est tout. Et le roman se poursuit dans cette impression cotonneuse, celle de flotter dans des univers parallèles, entre la narratrice et l'observation d'autres femmes, qui sont-elles ? Il y a un ensemble de personnages, entre les vivants et les morts, le frère disparu dans son enfance et le frère adopté qui est devenu fou, interné dans un centre, au loin. Il y a aussi la grand-mère, dont l'hologramme réveille des sensations enfouies chez Marie dans la Maison des Morts.

Contrairement aux apparences, ce roman de Marie Darrieussecq est limpide et fluide. L'écriture n'est pas empêtrée dans un embrouillamini d'exercices de style, ni plus dans un délire de fantômes. Ces derniers sont absents, "ils naissent de notre hantise, qui les allume et les éteint, oscillants, pauvres chandelles". En fait, "Le pays" est un roman qui a besoin de puiser aux sources (du langage, de la vie) pour renaître et se libérer des chaînes : "la langue était une contrainte à dépasser, comme le sol, comme l'histoire. Tant qu'il restait des mots, dans quelque langue que ce soit, on pourrait encore les assembler à neuf pour décrire le monde, et en repousser les limites". C'est comme la grossesse de Marie, elle plonge la jeune femme à retourner aux origines, car la naissance débloquera sa paralysie (d'apprendre la langue, d'écrire un roman). Ce roman est subtil et introverti, je l'ai trouvé tellement évident par rapport aux précédents romans de Marie Darrieussecq. C'était un beau plongeon vers la genèse et l'engendrement.

POL

7 octobre 2006

Rhésus - Héléna Marienské

rhesusDans un Manoir proche de Paris, à Vigny-sur-Seine, une bande du 3ème âge a décidé de prendre sa revanche et de monter une armée de résistance contre la société, le gouvernement et la République. Il y a, à son bord, Raphaëlle, une bourgeoise abandonnée par son tyran de fille, Céleste, un écrivain qui a longtemps abandonné sa plume contre les jeux vidéo et les films porno, et Hector, qui débarque dans son smoking blanc et ses millions gagnés au loto. Ils sont encore quelques-autres à constituer la bande du Manoir, mais ces trois personnages sont les plus importants. C'est à leur manière qu'on suit l'histoire, par leurs témoignages respectifs, et qui ne manquent jamais de piquant. La vision « des choses » prend page après page une tournure complètement différente, elle s'éclaire, s'illumine et provoque de grands éclats de rire, en plus d'une envie (mitigée) de faire la grimace.

Mais qu'arrive-t-il à ces pépés et mémés qui, brusquement, se redécouvrent des envies de sexe, pur et dur. Pas de l'amour, du sentiment, de la tendresse et une compagnie pour soulager les vieux jours, oh non ! Ces trublions lèvent les pattes, s'envoient en l'air et se moquent éperdument des gros titres dans les journaux. La France se gausse, le pays jase, les gens s'offusquent, mais le public en redemande. Car cette petite bande (bafouée, mal traitée, menacée et privée de nourriture) a un chef de fil hors du commun, il s'agit de Rhésus, un petit singe extraordinaire et qui réveille chez ce club du 3ème âge des envies de renouveau, de « recommencement ». C'est aussi lui qui aidera les résidents du Manoir à tenir les barricades, à faire front contre l'incursion de l'extérieur, pour des raisons déjà nommées plus haut.

Avec « Rhésus », Héléna Marienské parvient à bousculer les esprits frileux de la rentrée. Son premier roman est époustouflant, prometteur d'une franchise et d'un culot fédérateurs. Qu'on se régale dans cette histoire ! Car on en voit de toutes les couleurs, ça y va dare-dare dans la frénésie sexuelle,on ne fait pas dans la dentelle et on enlève ses gants de soie en évitant les discours mielleux et lisses sur les personnes âgées. On brise les carcans, les idées « pudibondes », ça vole en éclats ! Quel exploit : sur un sujet aussi casse-pipe, la pente était dangereusement glissante mais Héléna Marienské a su éviter les pièges et s'en tire avec dextérité. La fin apporte une note une peu moins truculente par rapport aux 3/4 du roman, et c'est juste un peu dommage mais cela n'enlève pas l'impression de jouissance ressentie depuis le début. Pour en prendre plein les mirettes, je vous conseille honnêtement d'ouvrir ce livre ! De plus, j'ai oublié de préciser que c'est très drôle !

POL

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6 octobre 2006

Avec ses moustaches - Thomas Paris

avec_ses_moustachesMarc et Jeanfrançois fêtent leurs retrouvailles dans un café. Ils se sont connus sur les bancs de l'université, Jeanfrançois (volonté absolue de sa mère de ne pas donner de prénom composé!) a séduit son camarade avec ses idées de jeune révolutionnaire, en lutte contre l'oppression de la société capitaliste. Quinze ans ont passé et les deux amis débordent à nouveau de projets contre les Morlocks, une souche d'opportunistes bien définie, les privilégiés, et qui horripile Jeanfrançois. Son chef de file, à ses yeux, est le pdg de Canal France : Hubert Lefur. Il faut l'anéantir, le kidnapper... lui raser sa moustache !

Car cet Hubert Lefur, finalement modeste et bonasse, est pourvu de belles moustaches à l'ancienne, "qui se déployaient avec discipline sous son nez fort, décollaient dans un début de looping et se désintégraient pour éviter une collision fracassante". Sa marque de fabrique, sa signature. Et quoi de plus vengeur que de s'en emparer, couic, d'un coup de ciseaux ?! Ainsi s'en vont trois compères (un certain Erwan va s'allier à cette vendetta contre l'oppresseur) dans une aventure ubuesque. On les prendrait pour des hussards, et Thomas Paris lui-même se porte en héritier de cette fougue intempestive. Il manie la plume avec panache, il envoie dans les roses tout semblant de gravité et sérieux. Comme il a su le prouver dans son premier roman ("Pissenlits et petits oignons"), Thomas Paris passe le cap du deuxième roman avec brio. Il tord le cou aux amourettes, aux révolutionnaires, aux dirigeants, aux bourgeoises, aux amants, aux étudiants, aux lympathiques, etc... Mais par contre, il rend hommage à LA figure de la Chrétienne, "au seul sens du terme", c'est-à-dire la grand-mère (d'Erwan), qui mérite sa place dans ce roman, et dans tous les romans d'ailleurs. C'est là toute la fantaisie de l'écrivain, son hommage, son adoration. Pour vous convaincre d'ouvrir son roman, n'attendez plus de le lire !

Buchet Chastel

6 octobre 2006

La maison Tudaure - Caroline Sers

maison_tudaureL'adjudant Marty et son subordonné Maillet débarquent dans le café d'un village reclus. Dans la forêt, on vient de trouver trois sacs abandonnés et qui contiennent des corps de nouveaux-nés. L'affaire suscite un vif émoi, ressuscitant un spectre vieux de cinquante ans, quand des mystères similaires semblaient avoir frappé de plein fouet les habitants de ce coin perdu. A l'époque, impossible de découvrir le coupable, le village avait fait bloc et s'était enfermé dans son silence. Aujourd'hui, la police affronte à nouveau ces villageois, hâtivement décrits comme des sauvages dans la presse, mais l'adjudant Marty veut en découdre à tout prix, il fera cracher le morceau ou sinon rien.
Les personnages principaux sont tous mystérieux, il y a Claude, un garçon solitaire qui ne se rend plus à l'école, c'est le fils du vétérinaire Simon Vermillon. Celui-ci est marié à Camille, la fille du rempailleur, personnalité de haute estime dans la mémoire de tous ces gens. Ils sont tous murés dans leurs silences et leurs secrets : le cafetier, le boulanger, le grand-père Dupuis et les gamins... Certains ont été blessés d'avoir été montrés du doigt et jetés à la vindicte populaire, sans possibilité de se défendre. La nouvelle génération, elle, tient à porter le flambeau et veut se faire respecter. Mais quand la machine infernale s'emballe, c'est très difficile de chercher à maintenir les rênes.
La figure de "La Maison Tudaure" est la clef de toutes les énigmes. C'est une présence ombrageuse, une maison abandonnée et qu'on dit maudite, à l'image du village. C'est une maison que tous condamnent mais qu'ils refusent de céder.

A l'occasion de son deuxième roman, Caroline Sers a décidé d'employer le genre du roman noir et policier. En quelques touches incisives, elle crée une atmosphère opaque, impénétrable d'un petit village écarté avec ses habitants tout aussi intrigants. Derrière ce climat de suspicion générale, Caroline Sers a aussi souligné la délicate délation de la presse, impuissante à percer des remparts, et qui préfère frapper dans le tas plutôt que s'avouer vaincue. Parce qu'ils vivent à leur mode, ces villageois sont déconsidérés de toute condition humaine et étiquetés comme des primates incultes et non civilisés. C'est flippant. Peut-on leur reprocher, ensuite, de s'unir en se taisant, au risque d'attiser les flammes de défiance ? "La maison Tudaure" est un roman réussi, dans sa peinture des âmes humaines (tiens, cela se rapproche du livre de Philippe Claudel, "Les âmes grises") et dans son intrigue sombre et angoissante. Le fin de l'histoire, d'ailleurs, est plutôt cocasse et insoupçonnable !

Buchet Chastel

4 octobre 2006

Le théâtre des rêves - Bernard Foglino

theatre_des_revesL'histoire commence dans le Paris 9ème et va se terminer quelque part en Normandie, près de Sainte-Mère-Eglise. Elle se passe aussi depuis la rencontre avec un mage, un esprit africain et sera suivie d'un ancien commentateur sportif dans le lieu-dit sacré, le Théâtre des Rêves, un bistro d'aficionados de football, celui de l'âge d'or (tout ce qui s'est passé avant 1970). Baptiste Flamini, le narrateur, aide les collectionneurs à dénicher les perles rares. Il réunit les articles les plus saugrenus, mais une mission d'abord anodine va finalement le conduire à explorer des zones fort sombres, voir redoutables. Flamini devra fouiller plus loin qu'il ne le pensait. "Le théâtre des rêves" est le premier roman de Bernard Foglino et crée une bien agréable surprise : le ton général est enchanteur, il balance le lecteur dans des contrées fantaisistes. Le genre est à la fois policier, risque-tout et gouailleur. Le héros partage son quotidien entre un écrivain manchot et un travesti tordu. L'enquête est captivante, on y croise sur son chemin des personnages déconcertants; l'ensemble est tout bonnement jubilatoire. A tenter.

Buchel Chastel

4 octobre 2006

Prenez soin du chien - JM Erre

prenez_soin_du_chienDans la rue de la Doulce-Belette, deux immeubles se toisent dans toute leur splendeur et décadence, avec à leur bord des locataires triés sur le volet par un propriétaire commun mais mystérieux. Seul l'agent immobilier, Monsieur Naudet, sert d'intermédiaire pour les visites, les réglements de compte et les réunions d'urgence. Car effectivement, dans ces deux immeubles, des drames en série vont surgir. Cela a commencé par un crime atroce, celui d'une locataire, mademoiselle Chiclet, assassinée chez elle par un pervers. Max Corneloup, auteur de romans-feuilletons, emménage dans l'appartement et prend très vite en grippe son voisin d'en face, Eugène Fluche, qu'il soupçonne d'épier tous ses faits et gestes. De l'autre côté, Eugène surprend également cet individu collé à ses fenêtres et qui passe son temps à l'espionner. Une guerre muette s'engage, les deux hommes consignent le tout dans leurs journaux intimes. Puis, le mystère du chien de madame Brichon retentit. Le fidèle Hector a disparu, sa maîtresse (et voisine de Max Corneloup) est convaincue qu'il a été zigouillé. La dame devient dingue. Roulement de tambours, d'autres délits vont survenir, des vengeances sourdes, basses et aveugles, jusqu'au gong final à paraître dans le "Paris Massacre" très prochainement...

Si cela n'a pas suffit pour vous convaincre de vous "jeter" sur ce livre, je ne saurai vous engager plus. Ce premier roman a la verve des franchouillards, des histoires impertinentes et amusantes qui manquent cruellement chez les auteurs débutants. Le roman est un doux mélange d'histoire policière, de moeurs de voisinage et d'une comédie de théâtre de bouvard. C'est franchement drôle ! JM Erre est ingénieux, non sérieux, intéressant et, pour tout cela, il mérite qu'on l'encourage et s'intéresse à cette galéjade mémorable ! Jusqu'au bout, on s'étonne et bravo l'artiste !

Buchet Chastel

3 octobre 2006

Celui d'en face - Gabrielle Ciam

celui_d_en_faceJe suis une femme seule, j'ai quarante ans, je vis confortablement dans un appartement au coeur de Paris. Et j'en ai fini avec le sexe, pour de bon. C'est la parole de la narratrice, qui s'adresse à un homme, inconnu du lecteur. Elle lui raconte son expérience excitante d'avoir flirté avec son voisin d'en face, cet inconnu qui a introduit son intimité, sans jamais se dévoiler. Un jour, elle est apparue nue dans le salon et elle a bien senti qu'on l'observait, en face. Troublée, elle a eu le besoin de "se donner" à cet anonyme qui a su émoustiller son désir. Elle croyait en avoir fini, c'est tout autre chose qui commence : l'apprentissage du désir, les sens en éveil, l'attente du regard, le besoin de se livrer à l'inconnu. Il est "celui d'en face", celui qui compte pour elle, "ce que je voulais, c'est qu'il me regarde, qu'il pose les yeux sur moi, de loin, à l'affût, et qu'il me voie m'offrir".

Le jeu qu'elle joue est celui du chat et de la souris. Un homme et une femme se guettent, s'épient et se contemplent. Les préliminaires ont été absous, il y a une volonté explicite dans l'art d'être désiré, c'est cru dans les gestes, mais élégant dans les paroles. Car Gabrielle Ciam a renoué avec l'érotisme, comme dans son premier roman "Le train de 5h50", où il était question aussi d'observation et de fantasmes fous. "Celui d'en face" n'est pas obscène, et la narratrice parvient à attiser sa flamme par sa confession à son interlocuteur inconnu. La fin est charmante, on attend quelle suite l'affaire a donnée !... Ce 3ème roman de Gabrielle Ciam est capiteux, impudique, affriolant... enfin bref, ce sont les femmes qui en parlent le mieux ! Lisez-le !

Arléa

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