09/11/06

Marilyn dernières séances - Michel Schneider

marilyn_5En janvier 1960, Marilyn entre pour la première fois dans le cabinet du Dr Ralph Greenson, c'est son quatrième analyste, l'actrice est dans un état psychique et physique délabré... La relation qui va s'établir entre Marilyn et Greenson va prendre un tour ambigu, complexe et trouble... une étrange relation de dépendance mutuelle, une liaison amoureuse sans sexe, une addiction réciproque... "Greenson et Marilyn étaient attachés par l'amour et la mort, mais ils n'avaient pas fait l'amour. Il leur restait à faire la mort. Ensemble ou chacun pour soi.". Greenson a été la dernière personne à l'avoir vue vivante et la première à l'avoir trouvée morte. Pourra-t-on jamais expliquer les événements étranges de la nuit du 4 au 5 août 1962, où Marilyn Monroe a trouvé la mort ? Non, jamais. Et d'ailleurs le livre de Michel Schneider n'est pas un énième ouvrage pour découvrir qui a tué Marilyn, mais pourquoi est-elle morte.

Le livre de Schneider, aussi bizarre que cela puisse paraître, est en fait un roman. Les personnages et les faits sont réels, les propos reproduits avec la plus stricte exactitude, et pourtant Schneider a pris le parti d'en faire "un roman". Belle idée, l'auteur a décidé d'écrire un roman sur la blonde et le psychanalyste, sur les trente mois de leurs rapports, et sur les fameuses dernières séances de Marilyn, avec play / rewind sur les cassettes enregistrées...

"Au fil du temps, l'espace qui séparait Greenson et Marilyn ne s'était pas comblé, mais il s'était en quelque sorte inversé. Ils avaient échangé leurs idéaux et chacun avait pris le symptôme de l'autre. L'analyste s'était laissé prendre dans une fascination croissante pour les films et pour sa propre image. Il évitait les patients et les colloques et passait son temps dans les couloirs de la 20th Century Fox. Marilyn parlait plus, et quand elle avait un interlocuteur à qui se fier, elle trouvait ses mots. Les images lui faisaient peur."

Schneider a su me réconcilier avec l'image de Marilyn, entre les livres où on accuse trop et ceux où on ne dit pas assez, j'avoue m'être perdue dans des tonnes de considérations... bien souvent superflues. Le livre de Michel Schneider rend l'image d'un être mi-ange, mi-démon vis-à-vis de laquelle je ne suis pas fâchée. Il y a une grande intelligencmarilyn_dernieres_seancese dans le portrait dessiné des névroses de Marilyn et une grande objectivité dans la psychanalyse. Marilyn y croyait, fervente admiratrice de l'école freudienne, et pourtant Marilyn appartenait au monde de pacotilles qu'était Hollywood. Elle n'était pas la seule à être victime de ces deux systèmes parasités, on le découvre en lisant ce livre... C'est un "roman" riche, palpitant et lucide. Sans concessions, la réalité crue et sincère, oui il y a beaucoup d'honnêteté dans cette "Marilyn" et j'ai apprécié ce tableau, avec sa tendresse, sa voix, ses amitiés, ses amours et ses colères, ses trahisons et ses bêtises, ses courses vers le sexe, son besoin d'images... Il y a tout ça, en vrac : 530 pages de lecture lumineuse sur un sujet opaque et épineux.

Grasset

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Perturbations - Gisèle Fournier

perturbationsUne étrangère, Louise R., est installée depuis l'hiver dans une maison aux larges du village, dans un coin retiré, où rares sont ceux qui s'y aventurent par hasard. Un jour, Louise R. est portée disparue. Et aussitôt toutes les spéculations les plus folles courent à son sujet. Dans un fouillis narratif, plusieurs personnages interviennent : Matthieu, épieur obsessionnel, son épouse Constance, jalouse, silencieuse et malheureuse, forcément, mais aussi le facteur, le cafetier, le propriétaire de la maison, etc. Tous s'y mettent, tous commentent à leur tour, car tous ont épié, suspecté, mitonné leurs petites versions personnelles mais personne ne dit rien. Et donc l'ambiance au village devient lourde, intense et vicieuse.
Gisèle Fournier a beaucoup de talent pour préserver les secrets, faire planer les doutes et traduire les tourments de chacun en quelques pages. Ce condensé de rumeurs illustre ces sales atmosphères de villages reculés aux mentalités étriquées. Suite à un banal fait divers, les esprits s'échauffent et "Perturbations" en raconte tous les rouages sournoisement et efficacement.

Folio

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Virginia - Jens Christian Grondahl

virginiaDurant quelques jours d'un été lointain, pendant la guerre, le narrateur âgé d'à peine 14 ans passe des vacances dans une grande maison au bord de la mer chez son oncle et sa tante. Un jour débarque de Copenhague une jeune fille de seize ans, belle, souriante et mystérieuse. Le garçon est fasciné mais intimidé. En cet été 43, des avions survolent le pays pour bombarder la capitale. Un matin, les villageois annoncent qu'un avion anglais s'est écrasé dans les parages. Il n'y aucune trace du pilote. Il y a cependant la jeune adolescente qui a vu et qui sait quelque chose. Le garçon en est malade... Et Grondahl nous embarque dans son roman teinté de mélancolie, chargé d'introspection, nourri par les souvenirs d'un amour blessé, d'un pincement au coeur qui ne guérit jamais. C'est également le portrait délicat d'une jeune femme, auréolée de silence et de mystère. Le roman est court, mais blindé en émotions qui se dilatent dans vos neurones à long terme...

Folio

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Froidure - Kate Moses

froidureBiographie romancée de Sylvia Plath, l'histoire de ce roman se passe en décembre 1962, quand Sylvia emménage seule avec ses deux jeunes enfants au 23 Fitzroy Road (ancien domicile du poète Yeats) à Londres. Sylvia est seule, abandonnée par son mari, Ted Hughes, parti rejoindre sa maîtresse, Assia Wevill.

Ce livre retraduit cette époque sinistre, entrecoupée des réminiscences d'une vie plus heureuse. Sylvia s'échine à écrire et mener à bien son projet d'un nouveau recueil de poèmes, à paraître sous le nom de « Ariel ». Kate Moses fait état du désarroi de son personnage avec un réalisme glaçant.

Car « Froidure » prodigue un sentiment de rigueur et d'austérité, un désespoir qui colle à la peau et préfigure la tragédie annoncée. Cette lecture déclenche de vives émotions, dont la rage, la révolte et la pitié. Franchement pas gai au final, mais intéressant pour qui a apprécié l'auteur de La cloche de détresse.

Folio, traduit par Anouk Neuhoff

Posté par clarabel76 à 11:18:00 - - Commentaires [15] - Permalien [#]
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