Ainsi mentent les hommes - Kressmann Taylor

Quand j'ai commencé la lecture de ce livre de Kressmann Taylor, je m'attendais à de nouvelles illustrations de fourberie orchestrées par des enfants ou des jeunes adolescents, comme l'annonçait la quatrième de couverture. Un peu comme le recueil de Julie Orringer ("Comment respirer sous l'eau"). Mais finalement, non.

Dans la première nouvelle, par exemple, un jeune garçon est partagé entre le désir de plaire à son père, l'archétype du mâle qui trime toute la semaine pour élever un toit convenable pour sa famille, et celui de ne pas décevoir sa mère, douce, souriante, confiante et prophétesse sur les mystères de la nature, des poissons notamment. Dans la deuxième histoire, un gamin vit dans une ferme, dans un coin assez conservateur, ses parents sont des gens de la ville, diplômés de l'université, et pourtant ce garçon est le souffre-douleur de son professeur d'histoire, qui l'abreuve de sarcasmes au point de faire rugir une envie de meurtre et de violence.

La façon d'écrire chacune des histoires est limpide et sensible. Le portrait du couple Tevis (dans la 4ème nouvelle) est honnête et touche en plein coeur. A tout moment, on ressent beaucoup d'affection pour les protagonistes, trop souvent blessés par les affrontements, les "petites choses de la vie" (référence au personnage de  Stella Tennant dans "Mélancolie" dont l'histoire est douce, cruelle et ironique à la fois). Ces textes avaient été publiés dans les années 50, ceci pouvant certainement expliquer ce petit côté "charme désuet" dans sa peinture si parfaite de la société de l'époque. J'ai beaucoup aimé le portrait d'ouverture de l'épouse dans son potager sous l'oeil légèrement méprisant et agacé du mari, le "gouverneur du foyer" ! Aaaah, si cruel si pervers et pourtant si perspicace... Je n'ai qu'un mot à ajouter : lisez-le !

Le livre de poche

Comments

[Clarabel]

Je partage totalement cette opinion !
Je n'ai pas encore lu "Ainsi rêvent les femmes", pourtant ce livre n'attend que moi ! :)

[sylvie]

j'ai découvert kressman taylor avec "inconnu à cette adresse" qui est extrêmement fort. la correspondance de ces deux hommes est suivie avec grande finesse. le sujet est dramatique et le ton des lettres n'a cessé de m'étonner de même que le suspense qu'il induit.
J'ai très vite lu à la suite "ainsi mentent les hommes" et "ainsi rêvent les femmes". Ces deux recueils de nouvelles m'ont beaucoup plu. Les émotions des quotidiens les plus simples y sont décrites avec beaucoup de précisions et de sincérité . En même temps, nous est montrée la complexité des sentiments éprouvés par des êtres dans des situations somme toute assez banales.

[Clara]

Ouh la la ! Bonjour l'étiquette !! bouh.. :-(

Bon allez, je rigole, vous tous aussi (hein?..). En passant, je salue le passage de Benoît, dont j'ai visité la page (chouette!) et beaucoup rigolé à sa présentation. Je copie/colle : Un passionné, franchement schyzo, un brin parano mais d'humeur joyeuse.
Un doux mélange entouré d'une famille de compét' et de pôtes de concours.
Un privilégié en quelque sorte.

:-D .. Encore !!!

[Benoît]

J'avais adoré "Inconnu à cette adresse". Poignant.
Je vais me faire un paisir de dévorer celui-là.
Merci pour le conseil, pardon, l'ordre ! :-)

[Florinette]

Oui c'est prévu, quand je ne sais pas... mais j'avais beaucoup aimé ainsi rêvent les femmes alors je peux pas m'arrêter à ça !! il faut maintenant qu'ainsi mentent les hommes. :-O)