Mercredi, jour des enfants
Ouf, c'est in extremis que nous présentons ce livre du jour : La maison hantée de Jan Pienkowski.
Oui ! un livre pour faire peur !
Visez la Miss C. qui se planque derrière son livre !...
Je vous prive de quelques superbes grimaces de son répertoire, puisque j'ai un gardien du phare (à vrai dire, ma soeurette) qui s'oppose à toute surexposition de sa filleule sur le net, et face à ses arguments indiscutables j'ai signé son pacte (...).
Mais en fait, ce livre n'est pas un livre d'épouvante à faire dresser les cheveux sur la tête, c'est au contraire plutôt drôle à faire peur /ou / terrifiant à mourir de rire ! .. Il n'y a pas d'histoire véritable, juste une petite phrase en bas de page, à propos d'un narrateur qui parle à son docteur de ses soucis, mais au fait où êtes-vous docteur ???
Cet album est truffé de pop-ups astucieux, camouflés dans les moindres recoins, et qui modifient le cours de l'histoire en un glissement de languette. J'admets avoir eu quelques surprises, mes sourcils ont haussé d'un étage, et quelques rides au front se sont dessinées ... mais lire ce livre procure un effet bénéfique pour les zygomatiques, un stimulant puissant pour l'adrénaline. La maison hantée est par ailleurs une réédition, ce livre est un classique paru en 1979 ! C'est une belle (étonnante) découverte que Miss C. elle-même a dénichée au salon du livre, la pioche fut bonne ! A manipuler sans retenue : succès fou certifié !
La maison Hantée, par Jan Pienkowski - Editions Nathan
Trafic de haut vol - Kerry Greenwood
Honnêtement, c'est le 2ème tome de cette nouvelle série écrite par Kerry Greenwood et c'est toujours un régal ! Il faut absolument faire la rencontre de Phryne Fisher, l'héroïne de ces aventures qui se passent à Melbourne dans les années 20. Il y a une exubérance dans ce caractère, parfois qui pousse à quelques moues circonspectes, mais on pardonne l'abus d'excentricité, surtout quand Phryne joue à braver les lois d'apesanteur en défilant sur l'aile de son avion... Ok, l'histoire démarrait un peu en grandes pompes, mais j'ai vite oublié l'anecdote et savouré l'emménagement de Phryne au 221B L'Esplanade, St Kilda (adieu la suite du Windsor !) et les balades à toute berzingue au volant de l'Hispano-Suiza. Cette multitude de détails (aussi concernant les tenues vestimentaires de Phryne) permet aisément au lecteur de se faire son propre film, de mettre en images les affaires de la succulente Phryne Fisher. Qu'importe qu'on la juge légère, scandaleuse et touche-à-tout, le charme de l'anglaise émerveille et fait instinctivement mouche. Bien entendu, l'intrigue policière présente peu d'attrait face à ce poids de dentelles et fanfreluches (ici il est question d'un assassinat et d'un enlèvement d'enfant), mais on se laisse embarquer dans ce tourbillon. La séduction est immédiate, je suis éblouie ! Il existe 15 tomes parus en anglais à ce jour, vivement la suite en français !
10-18
- Le site de Phryne Fisher !
Cocaïne et tralala - Kerry Greenwood
La lecture de cette nouvelle série policière doit avant tout son succès prometteur pour le personnage vedette de Phryne Fisher, jeune mondaine anglaise qui a hérité tardivement d'une grosse fortune, jouissant ainsi d'une liberté sans égale pour assouvir ses désirs, ses caprices et ses délires. Car pour combler son ennui grandissant, où butiner dans la bonne société bourgeoise lui tire les plus vifs bâillements, Phryne se lance dans l'aventure rocambolesque d'être détective en herbe. Elle part à Melbourne pour aider un couple aux abois, qui s'inquiète pour leur fille mariée à un malotru (qu'on soupçonne d'empoisonner sa moitié). Là, ses péripéties continuent de la mener cahin-caha dans des eaux troubles, où les effluves de cocaïne flottent, et où quelques rencontres pernicieuses viennent pimenter la sauce (communistes exaltés, faiseurs d'anges sanguinaires, un éphèbe russe, et une jeune femme de chambre timorée...). En bref, cette série n'est pas parée des plus beaux et séduisants atours dont s'entoure le terme "policier", ici c'est beaucoup plus chatoyant, plus centré sur la figure stellaire de Phryne Fisher, et cela se passe à Melbourne dans les années 20 : le dépaysement est garanti, le plaisir de lecture assuré ! Pour qui ne sourcille point aux intrigues gentillettes, où le charme ravageur du personnage central rayonne du début à la fin, cette série est une aubaine !
10-18
- Le site de Phryne Fisher
Le musée de la sirène - Cypora Petitjean Cerf
En cette nouvelle rentrée pleine de livres, je tenais à mettre en lumière le 1er roman d'une jeune femme qui avait publié en 2005 une histoire époustouflante et enchanteresse. Elle vient d'écrire son 2ème roman : Le corps de Liane mais en attendant, quelques mots sur Le musée de la sirène :
C'est en gros l'histoire d'une fille qui vole une sirène dans l'aquarium d'un restaurant chinois, l'installe chez elle dans sa baignoire, lui donne à manger, la dorlotte, la materne, etc.. La sirène grandit, s'embellit, prend de la place et devient également exclusive et créative ! Sauf qu'entre la créature et la créatrice, il sera difficile de couper le cordon pour permettre à l'une ou l'autre de vivre enfin !.. Il y a donc d'un côté Anabelle, trente ans, peintre, célibataire, pétrifiée par une peur de l'extérieur quasi maladive. De l'autre, il y a cette sirène, qui ne rappelle en rien celle d'Andersen, c'est clair !
Lire "Le musée de la sirène" m'a vraiment apporté un réel bonheur, un enchantement tout étonné d'avoir entre les mains ce premier roman. Quelques maladresses, certes, ponctuent l'histoire mais j'en retiens une fraîcheur, une originalité qui manquent cruellement chez les jeunes auteurs de la rentrée (2005) ! A aucun moment ce roman ne part en sucettes, ou du moins Cypora Petitjean-Cerf a toujours su maîtriser son sujet et remettre son sujet sur les rails, mine de rien. Nulle excentricité, nulle métamorphose à la Kafka, ni crise existentielle à la Marie Darrieussecq (que j'apprécie). On pardonne tout à son auteur : son imagination séduit, touche, émeut. Sa sirène est folle, joyeuse, cruelle et capricieuse. Anabelle est actuelle, timide, mais butée. Bref, un petit monde, un univers qui se démarque... Enfin je l'espère pour ce petit livre qu'on lit trop vite ! J'ai envie qu'il se détache de ce flot de livres insignifiants, déjà lus, déjà rebattus, ailleurs...
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