27/01/07

Portrait d'une absente ~ Stéphane Jougla

Marie arrive dans l'appartement de Madeleine Evora pour le compte de son agence immobilière. Elle doit évaluer les lieux, pièce par pièce, malgré l'absence inexpliquée de la propriétaire. Et progressivement, Marie va se glisser dans la peau de cette femme, se fondre dans les lieux, passer une première nuit dans cet appartement vide, revêtir les habits de Madeleine, se parfumer, se coiffer, se maquiller comme cette femme... Imposture ou envie de changer de vie ? On hésite car lorsque Marie rencontre les amis de Madeleine, le couple d'Herbert et de Rita, ils vont eux-même la considérer en tant que Madeleine, jouant le jeu également ou ne faisant jamais montre d'être dupes. La comédie devient perplexe, accentuée par le retour de Théo, le compagnon de Madeleine, qui lui aussi fait mine d'aucune incrédulité. Alors, Marie est désormais Madeleine. Il y a juste Julien, le fiancé de Marie, qui téléphone et traite de folle la jeune femme. Il faut qu'elle rentre, qu'elle cesse ce jeu ridicule... Jusqu'où Marie / Madeleine va pousser l'imposture ? Y'a-t-il réellement substitution d'identité ? Qui est vraiment Marie, ou Madeleine ? Frise-t-on la folie ? Mais qui est réellement fou ? Marie, d'être une autre, ou Théo, Herbert et Rita, de la voir telle qu'elle est ?..

Dans "Portrait d'une absente", deuxième roman de Stéphane Jougla, il y a un étrange jeu de substitution, d'omission et de perversion qui se tisse au fil des pages. Le lecteur gagne en perplexité, fronce des sourcils et referme le roman avec effarement. C'est d'ailleurs assez ambivalent car l'héroïne semble lucide sur ce qu'elle fait, même si cette métamorphose gagne en puissance et fait grandir la jeune femme. Elle deviendra très vite prisonnière de son propre piège, déboussolée et perdant pied. "Portrait d'une absence" c'est donc tout l'art de la perplexité, de l'errance et d'un esprit fantôme qui semble flotter dans cet appartement. Irrévocablement.

lu en janvier 2005

Posté par clarabel76 à 13:13:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]


Rien que du bonheur - Laurie Colwin

rien_que_du_bonheurJetons-nous à l'eau, dans ce recueil qui comporte 8 nouvelles, la 1ère est drôle, la 2ème plutôt vague, la 3ème a fait l'objet d'un roman ("Une vie merveilleuse"), la 4ème est morbide, la 5ème invite à l'évasion, la 6ème est caustique, la 7ème fait quelques pas de danse et la dernière réclame tendresse et attention. Prudence ! Il faut se méfier de ce titre minable traduit de "Passion and affect", l'ensemble de ce dernier recueil de Laurie Colwin laisse un peu penser qu'on a raclé tous les fonds de tiroir de cet écrivain décédé. Le style de Laurie Colwin est fin et élégant, très intelligent. Il met en lumière la subtilité des sentiments des femmes, du couple et se moque avec tendresse et beaucoup d'humour des hommes et de leurs penchants paternalistes et professoraux. J'avoue apprécier davantage les romans de l'auteur, car son univers demande de s'installer dans la durée, pas simplement sur le pouce. Mais étant une inconditionnelle de cette grande dame, je lui voue une admiration sans bornes, et je pense que ceux et celles qui ont les mêmes prédispositions seront tout autant charmés !

  • (Lu sur Lire.fr)  Est-il bien raisonnable de s'empiffrer de gâteaux surgelés devant son petit écran quand on a une épouse très bio et anti-télé? Comment devient-on la femme la plus intelligente d'Amérique? La rue du Paradis est-elle l'endroit idéal pour se suicider? La phobie des ragondins est-elle une maladie incurable? Un secrétaire un peu trop stressé a-t-il le droit de faire des fautes de frappe pour se calmer les nerfs? A quoi ressemble une femme «aussi adaptable qu'un thermostat»? Les chansons de Rad McClosky sont-elles un bon remède contre l'ennui conjugal? Réponses dans les huit nouvelles de ce recueil insolite, doux-amer et souvent grinçant, de la New-Yorkaise Laurie Colwin, morte d'un accident cardiaque en 1992, à 48 ans.

Autrement

Posté par clarabel76 à 09:00:00 - - Commentaires [11] - Permalien [#]
Tags : , , ,