Loin, chez personne - Valérie Sigward
C'est le 3ème livre que je lis de Valérie Sigward et j'ai le sentiment que c'est de mieux en mieux. Car j'ai tout bonnement trouvé celui-ci excellent, complètement fascinant.
C'est l'histoire de deux soeurs, Julia et la narratrice, qui décident de prendre la route pour rencontrer leur père qui a quitté le foyer familial il y a vingt ans. Elles veulent aujourd'hui lui sonner les cloches, le forcer à s'expliquer sur son départ et son silence.
Les deux enfants de Julia sont aussi de l'aventure, Wilfrid 7 ans et Jeffrey qui est autiste.
Le voyage promet d'être long, ennuyeux, pense la narratrice, persuadée que l'heure de la vérité n'est plus bonne à annoncer, que c'est une cause perdue d'avance.
Or, cette expédition va se révéler plus riche, particulièrement rebondissante et très drôle, avec quelques anecdotes pittoresques, dont le passage à l'Hôtel du Canal, où le gérant va leur filer quelques doux conseils pour la suite de leurs aventures...
Quand les deux soeurs vont être au pied du mur, elles vont éclater de rire avec des cerises sur les oreilles. Vont-elles trouver le culot de se présenter chez leur père ? Quelle sera sa réaction ? Vingt années vont-elles s'effacer d'un coup, en un claquement de doigts, ou sous la menace d'un pistolet ?
Oui, cela soulève quelques sourcils d'étonnement.
Ce roman se lit d'une traite, tant les pérégrinations des deux soeurs sont touchantes et bourrées d'humour.
A l'inverse de ses précédents romans, plus sombres et sérieux, ce dernier est une bouffée d'air frais, un vrai relâchement et ça fait drôlement du bien à lire ! Bien plus qu'une quête vers le père, "Loin, chez personne" traite d'une fabuleuse relation entre soeurs, d'une cellule familiale à se créer, "nous sommes tout ce que nous avons, tout ce qui nous reste". Car l'histoire n'est jamais mélodramatique, elle préconise un vrai élan, un besoin de s'embrasser et de s'assurer qu'on peut compter sur son escargot. On y croit beaucoup, on s'attache aux personnages, bref lisez-le !
Julliard
L'ennemi de la chance - Frank Darcel
C'est stupéfiant comment le lecteur se laisse facilement prendre dans les fils de cette histoire, même si au départ il est loin de s'imaginer un tel engouement ! Il faut dire que le roman ne manque pas de surprises.
Cela commence dans un orphelinat au Portugal. Vasco fête ses 10 ans et apprend qu'il doit partir rejoindre le Dr Sousa Machado qui avait subvenu à tous ses besoins depuis son arrivée. Il intègre cette nouvelle famille en guise de cadeau d'anniversaire pour la fille du docteur. Peu de temps après, on découvre un Vasco aux abois, enragé et avec des envies sanguinaires, décidé d'en découdre avec son protecteur.
Point.
Impossible d'en savoir plus. Nous passons au narrateur, photographe installé à Lisbonne depuis deux ans, débarqué de Bruxelles. Ce type vivote et boit plus qu'il ne travaille, il accepte cependant un marché louche : prendre des clichés d'un mannequin sur les lieux d'un tout récent crash d'avion. L'affaire va prendre une tournure plus dramatique qu'il n'était prévu. Un autre individu est sur les lieux, épie l'équipe et prend en photo le narrateur, avant de se sauver et d'abandonner son appareil coûteux sur place. Notre jeune homme va décider de le rendre à son propriétaire et fait la rencontre de la sublime Ada, qui est certes très belle mais énigmatique.
Troublé, séduit, amoureux, le photographe va malheureusement être mêlé à une inquiétante histoire d'homicide. Le Dr Sausa Machado va refaire surface, sans laisser douter au narrateur qu'il a été l'instigateur d'un drame familial par le passé.
Absolument envoûtante, cette sombre histoire de cache-cache, où on y trouve l'amour, les mensonges, le meurtre et la folie, prend singulièrement une orientation angoissante et nébuleuse. Le personnage central, ce photographe, est un peu poussif et naïf, il boit forcément trop et ses pensées se voilent. Toutefois, en décidant de mettre le pas dans cette machination sordide, il devient ainsi un "ennemi de la chance", autrement dit : il prend son destin en main. L'histoire dégage une réelle matière entraînante et passionnante, le lecteur est sincèrement captivé d'entrée de jeu. Cependant je regrette juste quelques tombées de rideau un peu discutables. La solution de certaines intrigues peut parfois paraître tordue et désappointante.
La ville de Lisbonne prend aussi une grande place dans ce roman.
Flammarion
[Edit du 13 Février : ce billet semblait noyé dans la masse de mon blabla sur moi, moi, moi depuis dimanche, donc je le remets en lumière... ]