Peau d'Âne
Trente ans après, je revois Peau d'Ane, non plus avec des yeux d'enfant ! Quel choc ! J'en avais un vague souvenir de couleurs vives, d'une belle princesse aux robes invraisemblables (couleur du temps, de la lune, du soleil), toutes plus ravissantes les unes que les autres, et puis les royaumes en bleu et en rouge, du pied à la tête, l'âne qui donne de l'or en faisant hi-han, l'hélicoptère qui intervient au cours de la cérémonie du mariage, la marraine la fée et cette peau d'âne ... hideuse ! Bref mon souvenir était parfait et je craignais d'entâcher cette idéologie en revoyant le coffret remasterisé pour célébrer le trentième anniversaire. D'abord, en fait, j'ai beaucoup ri ! Je ne pouvais pas m'en empêcher en voyant Jean Marais ! Que de ronds de jambes, de maniérismes exacerbés, de courbettes et de bouches en coeur ! C'est simplement risible ! Je le trouve moyennement crédible dans son rôle de Père, du roi bon, généreux et aimant, ça me choque qu'il veuille épouser sa propre fille ! Quelle indécence ! Une pointe d'humour que j'ai beaucoup de mal à ingurgiter, pardon. Par contre, j'ai toujours autant apprécié les décors, les costumes, l'ambiance du film. Cette très libre adaptation de Perrault est ravissante ! Enthousiasmante ! Catherine Deneuve est un peu falote, toutefois. Même si sa blondeur est étourdissante, son teint de lait parfait et sa fraîcheur incomparable, elle me semble si timide... Mais tous ces commentaires n'amenuisent en rien l'appréciation générale que j'ai & conserve du film ! Un grand classique ! Un film de trente ans sans aucune ride ! Les élans amoureux sont poussifs et forcément drôles ! Le prince "se meurt d'amour", par exemple, grand malheur dans le royaume !! Et cette marraine la fée, rouée, mutine et calculée... fantastique, je trouve ! Les compléments bonus sont eux aussi très riches, c'est un coffret très rentable & incontournable !
vu en février 2005
On remet ça !
Pour celles et ceux qui ont trouvé l'idée ludique et très agréable du jeu littéraire lancé sur le site de Zulma, voici une nouvelle formule un peu plus destinée pour le jeune public (mais il n'est pas interdit aux plus grands d'y jouer !) : Atelier d'Ecriture avec Luna Circus .
Ce jeu s'inspire de la récente parution du livre Luna Circus, tome 1 : Un cheval dans la nuit de Hubert Habraham (pseudo de Hubert Haddad, auteur du Nouveau Magasin d'Ecriture).
Amusez-vous bien, vos enfants & vous !
Café viennois - Michèle Halberstadt
Frieda convie sa fille Clara à la suivre dans son périple qui la ramène à Vienne, une ville qu'elle a quittée avec sa famille en 1938, pour échapper aux persécutions antisémites.
C'est pour Frieda un retour rempli d'émotions, de tourbillons pour cette femme dont la joie de vivre de cesse d'étonner la fille. Cette dernière, plus morose, laisse supposer qu'elle traverse une période sombre et mélancolique.
On le découvre sur le tard, après avoir deviné qu'un mal la rongeait, que ce voyage à Vienne allait également la bousculer et lui donner une autre conscience de son identité, de son appartenance à une société.
"Café viennois" est un roman composé de plusieurs morceaux d'histoire : celle de Frieda qui revient à Vienne, celle où Frieda se rappelle son départ précipité en 1938 et les années d'errance pour fuir les nazis, puis celle de Clara, minée et désespérée, qui effectuera seule une nouvelle escapade à Vienne sur les traces du film avec Orson Welles, "Le treizième homme".
Ce roman est une bonbonne à échos, tant de voix se lancent, racontent leurs anecdotes et se culbutent entre elles. La construction est impeccable et rigoureuse. De plus, Michèle Halberstadt a su demeurer très sobre et pudique, au-delà de l'étalage du faste un peu baroque de la capitale autrichienne. On perçoit très bien les failles des façades de rêve, c'est d'ailleurs une peinture de Vienne dessinée sans oeillères : "Vienne majestueuse, baroque, crépusculaire, mais aussi coquette, insouciante, frivole. Vienne indécise, influençable, provinciale, étriquée et mesquine. Vienne exaltée, romanesque, excessive et fatale". Vienne aux deux visages, étalée sans concessions de la part de cette femme non pas remplie de rancoeur ou d'amertume, mais réaliste et désabusée.
Le ton du roman a parfois tendance à frôler le laconisme avant de se ressaisir, et offre des chapitres sur les souvenirs d'une Frieda adolescente fort touchants et captivants. Il y a aussi un goût pour la cuisine viennoise, à travers son chocolat et sa pâtisserie à déguster chez Demel. Oui, on s'y croit, l'eau nous vient à la bouche !
Bref, ce roman est un beau moment de lecture, plutôt agréable, même s'il a tendance à s'éparpiller et emprunter plusieurs directions. J'en garde le souvenir d'avoir lu de très bons passages.
Albin Michel