La noce d'Anna ~ Nathacha Appanah
Ce roman me parle d'un bout à l'autre, c'est tout moi ! Sonia, quarante-deux ans, marie sa fille Anna. Au cours de cette journée, Sonia va vivre de souvenirs autour de sa relation avec sa fille, comprenant la rencontre avec le père d'Anna, la vie en France, loin de son île natale qu'est l'Ile Maurice, son travail d'écrivain, mais surtout les antagonismes émergeant entre une maman fantasque et insouciante contre une fille plus rangée, studieuse et consciencieuse. Anna et Sonia sont deux opposées, elles ont grandi à deux et aujourd'hui le noyau s'ouvre pour un autre, un lendemain et un ailleurs qui donne le frisson.
Pourquoi j'ai tout personnellement aimé ce roman ? Car je me suis sentie toute concernée par ce portrait de maman, qui regarde sa fille et s'en souvient comme si c'était hier. Se rappelant l'enfant blonde et rieuse devenir plus modérée, Sonia se demande pourquoi sa fille finalement lui ressemble si peu. Il y a au fond d'elle une envie de bousculer son enfant, de vouloir la placer dans un autre cadre, plus semblable à ses idéaux. Se marier en rouge, les cheveux au vent, un hibiscus derrière l'oreille, les pieds nus.. pourquoi pas ? Mais Anna, elle, trouve ça "ridicule". Etre mère et le devenir, ce roman pose toutes les questions délicates. Etre fille, assumer sa propre identité, couper le cordon, c'est une autre problématique. "La noce d'Anna" m'a renvoyé un portrait de maman que je risque de d'être, de devenir... Ma fille n'a que cinq ans, moi à peine trente ans, et pourtant... J'étais dans la peau de Sonia, je me voyais aussi plongée dans cette noce, regardant ma fille poudrée de blanc, les lèvres rouge carmin, la trouvant belle mais si loin de moi... Je me suis plongée dans ce livre avec un vrai bonheur, j'ai purement et simplement aimé. Et l'auteur, Nathacha Appanah, m'a bluffée d'avoir dessiné une femme de quarante ans avec cette sérénité, cette maturité déconcertante car elle-même n'a que trente-deux ans ! La journée apporte à Sonia beaucoup de réponses à toutes ses questions, la berce à force d'introspection et de regards vers un passé libérateur. Je n'ai plus de mots pour évoquer mon enthousiasme, déjà fort éloquent avec Blue Bay Palace & Les Rochers de Poudre d'Or. Tout bonnement, j'ai adoré.
février 2006