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Chez Clarabel
9 février 2007

Ecrivain (en 10 leçons) - Philippe Ségur

ecrivain_en_10_leconsAprès une vocation manquée dans la carrière de super-héros, Phil décide, à 11 ans, de devenir écrivain, sous l'oeil admiratif de sa maman. Phil, lui, veut surtout épater Sylvie Guilbert, lui mettant sous le nez ses premiers écrits publiés dans un magazine, mais la demoiselle est pincée.
Le temps passant, Phil s'échine à écrire tous les jours, prenant en grippe le téléphone, élément parasite pour sa concentration. Il y croit absolument à son destin de génie littéraire.
Il a bien raison, son manuscrit sous le bras, il attend les réponses des plus illustres éditeurs. Quand viendra enfin la réponse salvatrice, l'épopée n'est pas terminée pour autant. La valse où se côtoient la presse, les salons du livre, la télévision, les prix littéraires, les lecteurs et le succès entame son pas de danse enivrant.

Phil Dechine, double littéraire de Philippe Ségur ? En toute franchise, on y pense, on suppose qu'il y a du vécu dans ce portrait, mais qu'importe le vrai du faux, il faut absolument admirer l'auto-dérision de l'auteur.
Disons-le sans emphase : on se marre comme des malades ! Phil Dechine est le type ordinaire qui croit en son potentiel, on n'en doute pas, lui non plus, ses rêves de gloire, ses délires sur fond de répliques cinématographiques, et son cynisme alimentent la fabrique à rire. C'est absolument irrésistible !
Il y a beaucoup d'humour, une manière éhontée de brosser le candidat écrivain bouffi de suffisance, les lauriers de la gloire étant la récompense immanquable. Dans ce livre, on découvre les revers sordides de l'édition, les 10 leçons de Philippe Ségur ne sont pas une farce, c'est à contre-emploi de l'éthique lisse et consensuelle de l'écrivain débutant, doué mais pataud.
"Si vous envisagez sérieusement d'écrire un livre, il faut que vous sachiez qu'ensuite, rien ne sera plus pareil. C'est très important d'en avoir conscience avant de commencer. Après, il sera trop tard pour regretter. Il sera trop tard pour vous plaindre. Votre destin sera scellé."
Sérieux, vous avez dit sérieux ?! Coups tordus attendus, causticité bien aimée, un livre à dévorer !

Buchet Chastel

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8 février 2007

Geneviève Brisac en romans

brisac_genevieveParce que Geneviève Brisac vient (enfin!) de publier son nouveau livre pour adultes (oui, c'est également un auteur pour la jeunesse et une éminente traductrice) : 52, ou la seconde vie (L'Olivier), il est temps de faire un peu le point sur cette plume et cet univers qui me touchent particulièrement.

Ma rencontre a eu lieu suite à la critique élogieuse de Flo sur Les soeurs Delicata, le charme commençait déjà à s'opérer, j'étais intriguée, attirée par cette atmosphère qui détonnait de mes lectures habituelles. Je le sentais, oui, je le savais : j'allais succomber.

Je ne vais pas parler en détails de sa vie, de sa bio, etc. Il existe le site de l'auteur pour en savoir plus.

Moi je m'intéresse à ses écrits. Ses romans, ses albums pour la jeunesse, ses essais, sa passion pour Virginia Woolf, sa culture anglo-saxonne, véritable mine pour découvrir des auteurs comme Flannery O'Connor, et son énergie à défendre l'étiquette de la littérature féminine.

Passons en revue ses romans :

les_filles__brisacLes filles : "Nouk a décidé de planifier la guerre. Elles minutent, avec Cora, quelques escarmouches légères. Si aucune jeune fille ne peut rester, si toutes elles fuient, ou meurent, il n'y en aura plus. Donc être atroces. A tout instant, invivables." L'esprit retors de Geneviève Brisac se met en branle : pour son premier roman l'auteur impose déjà ses personnages fétiches, à jamais présents dans le reste de ses romans. Pour "Les filles", Nouk, Cora et le Bébé sont de jeunes enfants redoutables. Elles ne veulent plus de nourrice, c'est décidé. Lorsque Pauline débarque un matin, ses heures sont comptées. Avant elle, il y avait eu Maryse qui était cruelle, cinglante et violente. Elle est partie, on dit d'elle qu'elle est morte juste après... mais Pauline n'en saura pas plus. Déjà l'ambiance est assez glaçante, les filles sont trop intelligentes, elles pensent beaucoup, s'expriment peu ou ont des mots terribles. Ce sont des coeurs de béton armé, surtout Nouk. La jeune fille a décidé de créer une symbiose avec Cora comme un couple de jumelles. Et puis tout va se fissurer : une mort atroce dans un square, une séparation, un deuil et la maladie ... bref le roman ne se contente pas de lapider la nurse, l'histoire est morbide dans l'ensemble. Geneviève Brisac signe son premier livre d'une plume très sèche, par mots hâchés, le rythme général est saccadé, parfois l'on croit à des phrases coupées net. Point à la ligne. C'est aussi ironique, cruel, parfois drôle et moqueur. (1ère entrée en scène d'un des personnages fétiches de G. Brisac : Nouk !).

Madame Placard : Grosse déception. C'est une vague histoire de terrier où se sont nichées Martha et ses filles, Evangéline et Bérénice. C'est Evangéline la narratrice du récit (lequel est complètement décousu et dérangeant). Sa soeur ne marche pas, c'est elle qui s'en occupe à longueur de journée car elle dit de Martha que c'est une mauvaise mère. Le père est parti, comme beaucoup d'autres hommes, car dehors c'est la guerre et les hommes sont tous partis au front. Mais de ce départ du père, la famille n'a pas su se relever, la mère s'est effondrée, rejetée, bafouée. Evangéline a séjourné à l'hôpital, rancunière, haineuse et nourrissant un complexe sentiment d'amour et d'amertume pour sa soeur. Un jour, dans le terrier jonché de piles de photos, de linge à repasser et de crasse indéfinissable, débarque un couple ! Un homme, mystérieux, une femme, belle, prénommée Dora. Ils deviennent les nouveaux parents de Bérénice, aux yeux d'Evangéline, qui se terre dans la cave, avec les poules. C'est une étrange histoire pleine d'allégories où Geneviève Brisac explore son terrain familier des relations entre soeurs, avec la mère, le père, bref des relations familiales. Cela flirte avec l'amour, la haine, la mesquinerie ou la jalousie, c'est très alambiqué, teinté d'humour noir et ce livre, confus et à tendance mystique, me laisse bougrement perplexe !

petitePetite : Nouk a 13 ans et décide de ne plus manger. "Petite" c'est toute cette histoire d'une adolescente intelligente et douée qui cesse de s'alimenter du jour au lendemain, l'histoire d'une anorexie qui empoisonne une existence et une vie de famille. Geneviève Brisac parle à travers la petite Nouk qui confie ses états d'âme, ses victoires, ses résolutions et ses angoisses. C' est une histoire poignante, détaillée et finement construite. L'auteur prend un soin particulier à décrire la maladie et sa perversité, à souligner que Nouk n'est pas folle ni méchante, qu'elle ne fait pas exprès, qu'elle ne veut pas torturer sa famille, ni se rendre intéressante. C'est un mal qui ronge le corps et l'ossature de la jeune fille, mais pas seulement. "Petite" en révèle toute l'étendue ... C'est joliment écrit, finement exprimé, surtout à travers la voix de la jeune Nouk de treize ans. Il est juste (un peu) dommage de hâter la fin, notamment avec le passage des années, ce qui rend la fin du roman un peu hoquetante. (Un des romans les plus connus, réédité en 2005 dans la collection Medium de L'école des Loisirs.)

weekend_de_chasseWeek-end de chasse à la mère : Dans ce roman, on retrouve avec bonheur Nouk, une maman paumée, décalée et limite un peu folle, et son fils Eugenio, petit garçon exigent, ogre, lucide, intelligent et vorace. Tous deux vivent trop l'un sur l'autre, alimentent une relation étouffante que l'entourage juge anormal et mauvais pour la mère et l'enfant. Nouk passe son temps à écouter les exigences de son fils qui, la veille de Noël, ordonne à sa mère de leur organiser une fête "différente", non plus un tête-à-tête mère/fils qui le gonfle. Au programme : l'achat d'un vrai sapin de Noël, un réveillon au Bon Marché, la rencontre d'un type qui a de Tchekov le prénom d'Anton, l'enterrement saugrenu du canari Eve, des vacances en bord de mer en Bretagne, etc... Mais Eugenio n'est pas satisfait. Même les blagues potaches sur la reine Elisabeth le laissent de marbre, alors Nouk se pose des questions. Et si son amie Martha avait raison ?.. si l'eau était finalement trop grise et impossible à peindre ?.. Et qui disait cela : je marche des cailloux dans les poches ?..  Là, Geneviève Brisac prend véritablement plaisir à broder autour du sujet de la relation maternelle, la relation filiale, l'amour vautour, l'enfant roi, etc. C'est parfaitement jubilatoire, pour l'écrivain de l'avoir écrit, d'avoir exploser son délire, et donc pour le lecteur, de ricaner, de déchanter, etc.  (Prix Femina 1996)

voir_les_jardinsVoir les jardins de Babylone : On retrouve Nouk qui approche de la trentaine, elle est maman d'un bébé (Eugenio) et vit avec Berg. L'histoire de Nouk démarre lorsqu'elle apprend qu'elle fait partie de l'échantillon pour une enquête sur la vie sexuelle des Françaises. D'abord réticente, Nouk va progressivement se confier et raconter ses premières amours, souvent catastrophiques, avortées ou saugrenues. Car Nouk a fait Mai 68, adhéré aux groupes féministes, revendiqué des changements radicaux, manifesté, rédigé des tracts etc.. Insidueusement, ses idées sont tout aussi provocantes, anti-bourgeoises: ne jamais déclamer son amour, être dans le doute perpétuel de trouver le bon amoureux, ne pas se marier, tout se dire dans le couple etc. Car au fil de ses aveux, Nouk va introspectivement analyser ses sentiments, sa vie et son amour pour Berg et au fil des chapitres l'amertume va poindre... Portrait sans complaisance d'une jeune femme, de sa vie amoureuse, de ses loupés, ses manques et ses incertitudes. Car Nouk est compliquée comme sa vie : est-elle une bonne mère, son bébé est-il idiot, Berg est-il l'homme de sa vie. S'ajoutent ses questions sur son implication au sein de son groupe des Adélaïdes, ses amitiés, sa vie alentour, etc. Texte grinçant et sarcastique, à compléter avec "Week-end de chasse à la mère".

pour_qui_vousPour qui vous prenez-vous : Le monde de Geneviève Brisac n'est pas édulcoré, tout est souvent sinistre et railleur. Ses personnages s'appellent Max, Gerbert, Melissa Scholtès, Mélinée ou Madame Archer. Ce sont des êtres qui souffrent (en silence), qui frisent la folie ou le désespoir. Ils témoignent d'une société qui vote l'inconscience, téléphone par mobile, part skier près d'un pays en guerre ou part un week-end à la campagne. Au fil des pages, la narratrice, aidée par l'auteur très en verve, regarde le monde et nous ouvre les yeux. Avec elle, on sent la honte de la puérilité, le trouble de la mort et on regarde ces oiseaux noirs de malheurs : les corbeaux. ("C'est l'un des animaux les plus proches de l'être humain. ça les rend intelligents, névrosés, cruels, intéressants, tendres aussi.") Le livre de Geneviève Brisac est tout ça aussi : tendre, violent, intelligent et attachant. La lecture n'en laisse pas moins perplexe mais "Pour qui vous prenez-vous?" recèle un charme indicible, un peu poète et beaucoup désespéré. "Dans l'eau, je me suis mise à pleurer sans crier gare. Des litres de larmes dans des litres d'eau. Les larmes faisaient des trous dans la mousse, comme des puits creusés par des puces de sable, par des lombics. Des tunnels de larmes pour aller nulle part."  (Recueil de 11 textes.)

Les soeurs Delicata :  Les soeurs Délicata sont Paloma, Evangéline, Clotharia, Esther, Nouk, Judith et Mo. Sept petites filles qui vivent dans un appartement "qui ressemble à un boa". L'histoire commence le 20 décembre. Nouk, la narratrice, parle de ses soeurs, des anges qu'elles confectionnent, de sa grand-mère (l'extravagante Grand-Mère Oiseau qui vit dans sa chambre, "sa grotte", et en sort parfumée, maquillée, accoutrée avec exubérance). Rencontres mystérieuses, disparition des uns et des autres, arrivée fracassante de la grand-mère Tchaïka, une Villa blindée et nimbée de secrets ... Que se passe-t-il chez les Délicata? Entre hallucinations et croyances, l'histoire des "Soeurs Délicata" plonge le lecteur dans un mystérieux conte à consonnance mystique, à la croisée des Contes Gothiques de Karen Blixen et des contes d'Andersen. L'ambiance est inquiétante, intéressante, palpitante et un rien gothique, le tout sur un mystère qui grossit, dans un univers à la fois onirique et surréaliste.

  • Les publications pour la jeunesse concernent surtout la série Olga, une petite fille très intelligente et complètement attachante, qui ne manque pas de répartie et à qui il arrive de bien sympathiques aventures, pleines d'humour et de facétie !  (Plus de titres en jeunesse sur son site)

Alors, je suis désolée pour la longueur du billet ! ...

8 février 2007

Les doigts écorchés - Sylvie Robic

doigts_ecorchesFévrier 2003, le narrateur suit un ami dans une petite salle parisienne où va se produire pour la première fois un groupe anglais de Sheffield, les bien-nommés Hoggboy. Pour lui, pas de doute, c'est le choc, le retour du rock, du punk, du dandysme déclassé, la seule véritable signature british, celle qui le ramène vers son adolescence.
Avec un groupe de potes, notre narrateur et son frère ont vu apparaître vers la fin des années 70 la déferlante du punk, avec Clash, Sex Pistols, tous les anti-Bowie qui clamaient en boutade "No more heroes".
Première griffe, adhésion totale, nos jeunes français vont se fondre dans ce moule, décider de s'investir pour fonder leur groupe, les Daisy Cutter, et puis bing ! Un vrai clash surgit dans leur existence déjantée.

Contrairement à la 1ère partie du livre, entièrement consacrée aux souvenirs, à la mélancolie et au choc de la découverte, la 2ème moitié des "Doigts écorchés" est franchement réjouissante, exaltante, euphorisante. Nous sommes les deux pieds dans l'année 2003, on suit notre narrateur qui rencontre les Hoggboy, part sur leurs traces à Sheffield, et s'ensuit la belle aventure du rock et du régime bière-cigarettes à travers un portrait authentique et sincère de la fraîcheur du courant actuel. Ebouriffant, à mes yeux.
J'ai très honnêtement savouré la fin du livre, alors que ce n'était pas franchement gagné au départ (morose, ambivalent, narration à la 2ème personne du singulier qui laisse perplexe..). Bref, cette immersion anglaise est un plaisir pur, dur, très rock'n roll, avec la touche élégante en plus !

Naïve

7 février 2007

Mercredi, jour des enfants

Ceci est le livre emprunté à la bibliothèque de l'école :

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Chaque semaine, Miss C. m'étonne avec ses choix de livres, et celui-ci particulièrement, d'où notre goût de le présenter en ce Mercredi. Qu'est-ce qui t'a plu dans cet album ? - Eh bien, ça parle de pirates, avec des chats et une souris. Et ça semble rigolo ! (Tout bonnement !)

L'histoire débute ainsi "en l'an de grâce 1693, au large du Brésil, sombra "La Licorne", un lourd galion chargé d'or et d'esclaves. La tempête faisait rage et tous les occupants du navire furent portés disparus. Pourtant, un petit souriceau, fils d'esclave, survécut à la catastrophe..."  Cette petite souris va vivre là le début de passionnantes aventures, avec des rebondissements, de l'action et une morale intrépide pour louer le courageux petit héros.

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Personnellement, je tenais franchement à ne pas passer à côté de ce livre car j'ai été incroyablement surprise par son style et son écriture : ça fouette, ça dégaine, ça ne fait pas semblant. Nous avons là une histoire de pirates avec de réels pirates, qui font ripailles le midi et festin le soir, on use de ruses pirates pour approcher un navire ennemi en s'exclamant "Mort à ces pourceaux ! Haut les coeurs, forbans ! ". On honore son ravisseur de noms d'oiseaux, "Ha ! Maraud ! Tu préfères te noyer avec ton ruffian de capitaine ! Hé bien, crevez donc tous les deux ! ". Oui, je vous le donne en mille : c'est très fleuri ! :)  Mais rien de méchant, au contraire ! ces belles envolées sont cocasses et absolument hilarantes ! De quoi plaire aux filles et aux garçons (pour une fois, j'élargis notre champ de lecteurs !).

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Lecture dédiée à notre molosse, le Chien A.

John Cerise,

par Alan Mets

L'école des loisirs

7 février 2007

Chéri, divorçons !

Inclure ce "Let's make it legal" dans la collection Marilyn, c'est tirer parti de la notoriété de l'actrice pour tenter de vendre un film où finalement Marilyn n'apparaît qu'à peine une dizaine de minutes au total !

Grande désillusion ! Marilyn n'a qu'un très modeste second rôle: Joyce Mannering, une jeune mannequin débutante, chaperonnée par le personnage central, Hugh Halsworth (MacDonald Carey). Hugh, pourtant marié à Miriam (Claudette Colbert) depuis vingt ans, a été conduit au divorce par celle-ci. La coincidence veut qu'elle retrouve son amour de jeunesse, Victor MacFarland (Zachary Scott), et qu'elle se laisse à nouveau séduire par lui, au grand dam de son ex-époux, de plus en plus jaloux et aidé par leur fille Barbara pour ramener Miriam à la raison.

Une comédie légère, en noir & blanc, sortie en 1951 autour d'un trio cocasse, avec quiproquos sentimentaux et rebondissements attendus. De très loin, un non-indispensable pour les accros de Marilyn ! Elle y tient un rôle dans l'ombre, elle est certes ravissante, jeune & tout fraîche. Pas si aguicheuse que la jaquette du Dvd le prétend ! Un absolument commercial, complètement trompeur !
A voir toutefois pour l'exquise Claudette Colbert.

vu en février 2005

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6 février 2007

Mardi soir, en attendant...

Allez hop, la lecture est un tremplin obligatoire chaque soir avant le passage du marchand de sable. Oui mais voilà, c'est toujours plus évident sur le papier qu'en réalité. Ma Miss C. a longtemps été coutumière de la crise du dodo, c'est-à-dire qu'elle n'était jamais pressée pour fermer ses yeux, qu'il fallait un cérémonial de trois heures pour en venir à bout, que les fâcheries et les réprimandes n'avaient aucun effet ... De quoi jeter l'éponge ! C'est désormais un mauvais souvenir, aujourd'hui soyons fiers et soulagés, la Miss C. , sitôt la tête sur l'oreiller, après l'histoire, le bisou et le câlin, plonge bel et bien dans les bras de Morphée !

C'est donc avec un plaisir jubilatoire, en mémoire des heures déplorables, que nous ouvrons ce livre merveilleux :

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Un matin, la petite fille surprend la discussion de ses parents. Maman est fatiguée. Cette nuit, je n'ai pas pu trouver le sommeil. L'enfant s'étonne, s'inquiète et décide de venir au secours de sa maman. C'est décidé, elle va partir à la recherche du sommeil pour l'apporter dans la chambre de maman, ça la soulagera !  Hélas, ce soir-là, le sommeil n'est pas venu. La petite fille s'interroge, elle a bien tout préparé pour son arrivée, mais rien de rien !?! Il faut donc chercher de fond en combles, dans toute la maison... Il faut trouver le sommeil !

C'est une histoire courte, écrite par Christine Féret-Fleury (auteur du terrifiant L'évier , histoire fascinante et effrayante, pour adultes !), issue de la collection Les albums du Père Castor. Ce livre est tout indiqué pour accompagner votre enfant dans son sommeil, c'est d'abord

m e r v e i l l e u s e m e n t

illustré, le talent de Mayalen Goust invite à la douceur, à la tendresse et convie au rêve. C'est très beau, absolument adorable : cette petite fille interprète mal une expression d'adulte et se retrouve à parcourir sa maison pour "trouver le sommeil", et ceci dans le but exquis de venir en aide à sa Maman !!! (J'ai des étoiles pleins les yeux !) Pourtant, c'est ma Miss C. elle-même qui a trouvé que la fillette était une ... fée !

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Autre détail : La couverture, couverte d'un flot d'étoiles vernies, est à elle seule déjà annonciatrice de songes floconneux. Sur ce, bonne nuit ma Princesse !

IMGP3192

Je ne trouve pas le sommeil,

par Christine Féret Fleury & Mayalen Goust

Flammarion

6 février 2007

Le treizième conte - Diane Setterfield

 

treizieme_conteMargaret Lea n'aime pas les auteurs contemporains, elle ne lit que des auteurs morts, grandit dans une librairie de livres anciens auprès de son père, grand collectionneur de pièces rares.
Un jour, Margaret reçoit la lettre de Vida Winter, auteur de best-sellers, pour entreprendre l'écriture de sa biographie.
Pourquoi elle, pourquoi Margaret ? Elle n'a pas de goût pour les contes étranges et surréalistes qu'écrit Vida Winter. Avant toute chose, elle décide donc d'ouvrir un recueil très rare, "Le treizième conte", dans lequel Margaret découvre avec effarement qu'elle est subjuguée par l'univers de Vida Winter, et devine qu'un secret est renfermé dans ce livre !
Margaret choisit de partir dans le Yorkshire pour rencontrer Vida Winter. Cette dernière vit à l'écart du monde, dans une grande propriété isolée, où Margaret s'installe, aborde avec circonspection la grande romancière et commence à prendre des notes.
C'est dans cette maison à l'aura inquiétant que Margaret va ressentir le vertige des souvenirs, le poids du passé, la portée de sa naissance. Elle écoute avec intérêt les confidences de Vida Winter, se méfie de ses affabulations dont l'écrivain s'est rendue célèbre.
Margaret veut la vérité, toute la vérité. Confiez-moi la vôtre, l'engage Vida Winter, mais la jeune femme se ferme, non impossible de se résoudre, et pourtant "tout le monde a une histoire"...

Et c'est ainsi qu'on embarque dans ce roman puissant, dense, lourd de 400 pages, dans lequel on retrouve avec délice toute cette ambiance décalée des romans du 19ème siècle.
On pense très fort aux soeurs Brontë, dont "Jane Eyre" est moults fois évoqué, et où l'échappée belle de Margaret sur les landes entre la pluie et le vent rappelle sans équivoque les héroïnes des Hauts de Hurlevent.
On revoit aussi Daphné du Maurier et son célèbre "Rebecca" pour l'esprit austère et les présences de fantômes.
L'écriture scrupuleuse et passionnée de Diane Setterfield nous baigne dans un autre temps, au coeur du domaine d'Angelfied, théâtre de drames, de mystères et de folie. Et il faut aussi souligner le portrait remarquable de Vida Winter :

"Elle ressemblait à une reine, une sorcière ou une déesse des temps anciens. Sa silhouette raide émergeait, majestueuse, au milieu d'une profusion de pourpre cardinale et de coussins rouges. Drapés autour de ses épaules, les plis turquoise et vert qui habillaient son corps n'assouplissaient en rien sa rigidité. Ses cheveux cuivrés étaient coiffés en une savante composition de rouleaux, de boucles et de torsades autour d'un visage poudré, aussi quadrillé qu'un plan de ville, dont la blancheur faisait ressortir les lèvres hardiment soulignées d'un rouge écarlate. Sur ses genoux, ses mains n'étaient qu'un agrégat de rubis, d'émeraudes et de jointures blanches et osseuses; seuls ses ongles, dépourvus de vernis, coupés très court et carré, détonnaient. Ce qui me désarçonna le plus, ce furent ses lunettes." ...

Pour connaître la suite, je vous engage à découvrir vite fait ce roman captivant, envoûtant, dans la grande et pure tradition des romans anglais du 19ème ! A savourer.

Plon

5 février 2007

Encore - Anna Rozen

encore"J'avais prévu de ne plus parler de cette boîte, je croyais en avoir fini avec cette époque, et puis j'entends Joy inside my tears et tout revient." Et la narratrice s'emballe, le coeur exalté, pleine du souvenir et des émotions lâchées par cette chanson de Stevie Wonder. Hymne à la vie, hymne à l'amour, ce petit texte écrit par Anna Rozen est un défouloir, l'ôde à la jeunesse vibrante, un cri d'amour aussi.

La chanson de Stevie Wonder a une première fin qui survient à trois minutes, et puis trois autres bonnes minutes dodues s'enchaînent, "ça n'est plus du rab, c'est carrément une énorme prime, un bis, de la gourmandise. Stevie Wonder s'étire, et moi avec. Il ne veut pas que ça s'arrête, moi non plus." Parce que, dans le fond, écouter en boucle cette chanson n'est pas un acte anodin pour la jeune femme. Cela la berce, la ramène à ses errances, à ses balades nocturnes, à son besoin de sexe, à se dire que c'est triste, et beau, et joyeux ! C'est un rapport avec le corps de l'autre, par la danse, par l'amour aussi.

Cette collection publiée par Naïve est honnêtement un régal. Je continue d'explorer leur catalogue, à lire ces textes bourrés de saveur, où se mêlent le goût de la musique à la magie des mots. Encore !

Naïve

5 février 2007

Les promis ~ Eun-Ja Kang

Eun-Ja Kang, l'auteur, est d'origine coréenne mais réside en France depuis douze ans, avec un doctorat en littérature française en poche ! Du coup, elle écrit en français et "Les promis" est déjà son deuxième roman. Au début, ça ressemble à un conte où Yuki et Takahito sont tous deux promis selon le souhait de leurs pères respectifs, histoire de sceller une amitié vieille de quinze ans. Promis au mariage avant même de naître ! Mais les deux enfants, en grandissant, vont révéler des différences que les voeux sacrés des parents n'avaient pas envisagées. Takahito est un garçon au caractère obtus et exclusif, Yuki réclame davantage de liberté et d'insouciance. Le temps passant, les deux jeunes gens vont fêter leurs fiançailles, savourer l'amour naissant, Takahito s'engage deux ans dans la marine et Yuki va intégrer les associations étudiantes de son université. Car au même moment, dans les années 20, le Japon voit sa société bouleversée : tournant le dos aux valeurs nippones, accueillant les commerces internationaux, avant de les bouder suite au crash boursier de 29 et s'enfermer vers un militarisme inquiétant pour la famille de Yuki... Les deux promis, finalement, vont prendre des chemins séparés.
Sans trop vouloir dévoiler de l'intrigue, que la quatrième de couverture dénonce beaucoup à mon avis, la lecture du roman d'Eun-Ja Kang est assez palpitante. Conte ou frasque romanesque, "Les promis" oscille entre les deux. C'est une histoire finalement palpitante, mais trop emplis de clichés romanesques à mon goût. Certains passages m'ont paru trop mielleux, c'est juste un peu dommage. L'ensemble aurait pu être davantage captivant si l'auteur avait brodé autour de la culture nippone faite de pudeur, de sobriété et de respect des traditions et qui s'ouvre à l'occident en 1920. Elle préfère mettre l'accent sur le caractère trop romanesque de la jeune Yuki, belle, intelligente et passionnée. Par contre, elle a su dépeindre magnifiquement l'alliance entre les promis, les travers, les failles, les émotions naissantes et les trahisons. Donc, un roman avec des hauts et des bas, pas mauvais, agréable et qui ravira les lecteurs avides de belles sensations romanesques - un terme que je répète beaucoup, mais il demeure l'impression générale après coup.

lu en février 2005

5 février 2007

Des louves - Fabienne Jacob

des_louvesAdèle est une jeune femme fascinée par le corps de Simon, son amant. Tous les deux se parlent peu, regardent la télévision puis filent dans la chambre.
Ensuite, Adèle rentre chez elle auprès de son mari et de son enfant.
Adèle a une vingtaine, une trentaine d'années. Elle a un don qui lui permet de voir le corps des gens, de cerner leurs mystères, de fouiller leurs entrailles.
C'est étrange.
Elle se rappelle notamment son enfance auprès de Sylvain, dans une cour de la grand-mère, où elle passait tous les étés, à crever de chaud sous le soleil de plomb, dans un petit village près de la frontière allemande. Son amitié avec Monica a débuté à partir de là, dans un sentiment de fascination et d'intrigue pour cette délurée qui jetait ses trognons en pleine nature, faisant fi des adultes qui rouspétaient.

"Des louves" est un livre troublant, inquiétant, auquel on peine à saisir la portée. Mais on se sent étrangement attiré par l'écriture de Fabienne Jacob, un embrouillamini de syntaxe éclatée, une volonté farouche d'être brute, animale, sans chichis. C'est honnêtement envoûtant, et cela touchera davantage les lecteurs qui avaient déjà été conquis par le 1er livre de Fabienne Jacob ("Les après-midi, ça ne devrait pas exister").
"Des louves" a un goût de terre, de sang et de mystères intérieurs. L'exploration des corps par le don d'Adèle nous laisse entrapercevoir la couleur de la maternité, de l'avortement, de la vieillesse et de la virginité. C'est cru, c'est sec, primitif et instinctif. Particulièrement inclassable, ce livre gage à son auteur un avenir littéraire tout aussi singulier et prodigieux.

Buchet Chastel

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