Les beaux jours ~ Jean Christophe Millois
Les Beaux Jours est un roman à double voix entre père et fils. L'un est éleveur de chiens et chauffeur de car scolaire, l'autre est un adolescent en crise. A tour de rôle, ils prennent la parole pour commenter leur vie qui nous sonne presque insipide, glauque et misérable. Tous ont le mal de parler d'amour et de comprendre l'autre, ou alors trop tard... les gestes d'affection sont des claques pour masquer l'angoisse. Mais le père est lui aussi un fils qui se souvient de son enfance assez péniblement, il s'en veut de ne pas être un "bon fils" pour son père qui est désormais veuf. Quand le drame les frappe, tout ce monde sera hébété mais la parole ne découlera pas pour autant...
Franck, l'adolescent, vivote avec son loser de copain: ils fument, boivent, vadrouillent dans une vieille voiture pour draguer des filles. Au bord de l'échec scolaire, il se pose toutes ses questions qu'on a à l'âge de dix-sept ans. Ses parents ont divorcé, sa mère est une ombre et son père un mur. Il est l'héritier d'un tempérament impulsif mais pas mauvais.
Oui, les femmes sont de passage: entre la tante qui se soucie de tous ces garçons en oubliant presque de penser à elle, une mère transparente, une soeur solidaire mais distante, et la nouvelle fiancée du père...
Les Beaux Jours est un roman masculin, qui parle de la difficulté d'être un père et un fils. L'écriture est sobre et classique. Jean-Christophe signe un premier roman déroutant mais bougrement attachant.
mars 2004
Les poupées lisent aussi !
Lulu est une petite fille bien décidée. Pour la quarantième fois, elle demande à ses parents un chien, et pour la quarantième fois ils lui opposent un "non!" ferme et définitif. Par contre, ils décident de lui offrir un chien... en peluche. Un compromis qui n'est pas du tout du goût de la demoiselle ! De colère, elle envoie balader l'animal à l'autre bout de sa chambre.
Or, dans la nuit, une voix la réveille. Quel n'est pas son étonnement quand elle s'aperçoit qu'il s'agit de son Harry l'animal en peluche qui jappe pour de vrai. Non, Lulu n'y croit pas. Alors Harry décide de lui parler ! Encore plus improbable. Lulu conteste le fait qu'il prétend être un vrai chien, elle est sûre et certaine qu'il n'est qu'un animal en peluche. La preuve : Harry refuse les biscuits pour chien qu'elle lui propose (il préfère dévorer les petits pains ronds). Non, vraiment pas normal !
Vexé comme un pou, Harry décide de rentrer chez lui ... en France ! Ok, dit Lulu, je t'accompagne. (Non ?? - eh bien ouiii, je vous dis !). Lulu a beau dire, a beau faire, même à Paris elle n'a pas changé et son caractère de petite peste refait surface. Jusqu'à un coup de théâtre sous forme de klaxon retentissant et plongeon dans la Seine... là Lulu doit admettre qu'elle tient à son Harry et que c'est SON chien à elle et personne d'autre.
Mais les parents, eux, y voient-ils autre chose qu'une petite fille endormie avec dans les bras son jouet préféré ? S'ils savaient...
Honnêtement, ça ne vous rappelle rien ? Oui, un certain couple infernal déjà évoqué par Miss C. ...
Et c'est vrai que Lulu et son chien peluche Harry nous rappelle une histoire d'amitié envers et contre tout, en dépit du caractère insupportable et capricieux de l'une, du flegme de l'autre... Harry et Lulu est une histoire incroyablement drôle et très pertinente. Qu'importe que la petite fille soit un tantinet impossible, elle parvient aussi à nous toucher. Et puis, c'est son histoire aussi. Sa façon à elle de nous inviter dans son imaginaire, dans son rêve...
Mais l'enfant y croit complètement à ce chien qui parle, qui se comporte en gentleman, qui emmène sa jeune maîtresse jusqu'à Paris pour la convaincre qu'il est ce qu'il prétend être. Oui, petits et grands n'ont qu'à bien s'accrocher et faire une place à ce couple attendrissant, qui deviendra inséparable, après une suite d'aventures surprenantes et comiques.
L'histoire d'Arthur Yorinks est servie à merveille par les illustrations de Martin Matje. Encore un album coup de coeur de Miss C. Publié chez Gallimard jeunesse, 1999.