14/03/07

La pochothèque : en poche ! #4

Voilà 3 titres parus récemment en poche :

heureux_evenementUn heureux événement, Eliette Abécassis : Ma première impression concernant cette histoire a été que j'ai trouvé la narratrice fort excessive ! Depuis le départ, quand elle souligne combien elle était jeune, belle, intelligente et indépendante, puis comment la maternité l'a transformée en un corps défraîchi, une femme aliénée, désespérée, une mère au foyer !!! Il y a une tendance prépondérante à mettre en balance l'avant et l'après, ce que la grossesse dans sa vie de femme a chamboulé, comme si elle lui tombait tel un cheveu dans la soupe. C'était parfois trop ! L'auteur a réuni chez sa narratrice tous les pendants cauchemardesques d'une femme enceinte, même lors de l'accouchement, et n'en parlons pas après !... Jusqu'à la vie de couple de cette Barbara qui est complètement renversée, autant dire que c'est un vrai calvaire du début à la fin !
DONC je tiens à rassurer les futures mamans qu'il y a, certes, du vrai dans cette histoire, mais qu'elle est également poussée à l'extravagance et à la caricature. Quand je regarde ma propre expérience, en la comparant à celle d'Un Heureux Evènenement, bien entendu je souris, je me retrouve ci et là, je me dis la pauvre, décidément elle a tout collectionné, mais aussi ... euh là, c'est un peu poussé le bouchon un peu trop loin. Enfin bref, je conseille de lire ce livre comme un divertissement et un regard très cocasse sur la maternité. C'est très léger à lire, finalement. Mais connaissant Eliette Abécassis, bien évidemment, l'auteur a une fichue tendance à tout intellectualiser, à trop analyser et à se regarder (un peu, trop) le nombril. Aussi, relax ! être mère c'est galère mais quel boulet formidable un enfant ! (Le livre de poche)

carnaval_monstresLe carnaval des monstres, Anne Sophie Brasme : La particularité de Marica est d'être laide, mais vraiment laide. Elle le sait, et pourtant elle s'imagine être jolie. Surtout quand elle suscite le désir d'un homme, comme Joachim. Mais là, c'est plus compliqué. Car avant de rencontrer le photographe, Marica est littéralement obsédée par le sexe et le désir des autres, essentiellement les jeunes hommes, étudiants de la Sorbonne ou joueurs de tennis. Sa cause est perdue, elle le sait. Aussi elle répond à l'annonce insolite de devenir modèle pour des photographies "à caractère atypique". Car Joachim s'intéresse au laid, au moche, aux monstruosités derrière les façades humaines. Il photographie, dessine, peint et écrit ! Joachim abhore Marica, du moins ce qu'elle représente. Et pourtant il la désire, c'est sans doute ce qui lui paraît détestable et honteux de sa part. Etre attiré par l'ignominie !

Je dois avouer n'avoir pas été complètement emballée. Par moments j'ai peiné, trouvé louche cette relation entre le photographe et son modèle. Les deux partis sont détestables, même si j'ai éprouvé quelque sympathie pour la Marica du début - cynique et faussement légère, consciente de sa difformité, mais revendiquant le même droit à l'amour que les autres ! Après tout, si Joachim couche avec elle, ça veut bien dire quelque chose ? Mais il semblerait que non. Les rapports entre eux deux deviennent lourds, pesants et poisseux. Chacun, finalement, a honte. D'être moche, de prétendre être différent, d'aimer l'hors-norme, d'être affamé d'un amour charnel, non plus sentimental... bref ça devient une spirale angoissante et délirante ! Et même un peu malsaine. Les desseins sont obscurs et inquiétants, déplacés aussi. Et autant l'homme que la femme sont pris dans cette aliénation ! Pour se consoler, disons qu'il y a de belles réflexions sur la perversité et ses rouages insensés, mais le texte est lourd.  (Le livre de poche)

deviances_pocheDéviances, Richard Montanari : Habile et réussi, le scénario tient en haleine, surtout grâce aux chapitres courts qui s'élèvent au nombre de 84 pour ce roman de 470 pages. Cadence soutenue, c'est foncièrement palpitant. L'histoire des meurtres des filles au rosaire est d'une mise en scène diabolique mais dirigée avec maestria par l'auteur de "Déviances". Un roman noir, un thriller de la veine des films les plus glauques où la ville de Philadelphie, livrée aux bandes, aux pervers et à la drogue, devient le parfait théâtre des plus sordides débauches. On comprend alors Kevin Byrne, le flic usé et qui écoute du blues le soir dans sa voiture, pour chasser ses vieux démons et retrouver les fameuses visions susceptibles de l'éclairer sur cette enquête. Sa jeune partenaire Jessica Balzano livre également son propre combat de femme de tête, récemment séparée de son mari elle élève seule sa petite fille et voit son boulot déborder sa vie personnelle... Le lecteur a tous les éléments en main : des crimes horribles, un tueur fou et récidiviste, la police à ses trousses, des enquêteurs perplexes et embringués dans d'autres "déviances", un décor où l'on sent les mauvaises odeurs et l'on rencontre les pires ordures... mais un roman prenant, qui prend aux tripes, agrippe le lecteur, pris dans l'engrenage, impossible de fermer l'oeil. Ce climat d'angoisse et d'incertitude est maintenu jusqu'au bout. Pas mal !  (Pocket thriller)

Posté par clarabel76 à 20:00:00 - - Commentaires [25] - Permalien [#]


Pas besoin d'avoir des enfants, même si ...

Même s'il m'est très agréable de partager une lecture avec mon enfant, je dois avouer qu'avec ce livre-ci je n'ai pas eu la patience d'attendre et je l'ai dévoré toute seule ! oui, dans mon coin !... Je suis comme ça, moi. Impatiente, égoïste, vilaine mère !... Pour ma défense, il faut savoir que je tenais à tout prix à feuilleter cet album d'Agnès Lacor & Lily Scratchy car j'avais déjà précédemment savouré (et adoré) l'histoire de Juliette de la Chevillette.

firmin_latoucheC'était attendu qu'il y aurait encore une fois un humour dévastateur dans ce livre : Firmin Latouche, un jeune homme très comme il faut. J'ai bien eu raison, c'est désopilant ! Ce travail fait en commun par la joyeuse paire de Agnès Lacor l'auteur & Lili Scratchy l'illustratrice est encore une fois une belle réussite. Imaginez un garçon absolument remarquable, bien sous tout rapport, distingué, aimable et professionnellement accompli, bref la coqueluche des demoiselles qui se pâment d'amour au doux nom de Firmin Latouche. Ce type a tout pour lui, semble soupirer d'ennui le jeune apprenti boulanger, Lucien. Mais son patron, Auguste Pain, proteste, du style "n'oublie pas que nous sommes les artisans du bonheur et ça n'est pas rien" !

Déjà, à cette phrase, j'étais conquise. Artisan du bonheur... c'est joli, non ?

Bref, continuons. Firmin est glorieux et fier de lui. Qui pourrait se douter que cet individu peaufine son style pour atteindre sans relâche la perfection ?! Après sa récente et fulgurante promotion, Firmin a d'ailleurs la ferme intention de ne pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'imagine bien prendre la place de son chef, Monsieur Jeanjean, le père de la délicieuse Marie.

La jeune fille va devenir un personnage-clef de cette histoire. Elle est l'amoureuse secrète de Lucien, trop timide pour lui avouer ses sentiments, car Marie est une tête-en-l'air qui ne pense qu'à créer de nouvelles saveurs pour son métier. Firmin aussi va entreprendre cette jeune fille, ne doutant plus qu'elle puisse servir ses savants calculs. Allez hop, un bouquet de lilas, une demande en mariage et ...  Le plan machiavélique est en route. Ne voyez-vous pas les cornes et la queue en fourche se glisser sur la silhouette de Firmin le perfide ?

Ce livre a le format d'une bande-dessinée, avec couverture souple et quelques 64 pages. Il faut accompagner son enfant (6-7 ans) dans le sens de la lecture, lui expliquer qu'on lit d'abord les légendes avant les petites bulles de dialogues. Une fois ce principe entendu, on peut se lancer dans la lecture de cette histoire. Préparez-vous aux gloussements de rire ! Miss C. (très bientôt 7 ans !) a aimé la figure des personnages, leurs douces rondeurs, leurs contours excentriques, leurs expressions singulières et leurs poses théâtrales. C'est du meilleur effet ! A cela, s'ajoute un scénario parfaitement crédible (un vil coquin, une blanche colombe, un amoureux éploré, des parents naïfs et un maître boulanger qui veille au grain...). On y raconte l'immonde tentative de roublardise d'un aigrefin ambitieux. C'est étonnant l'impact soulevé par cette aventure. Moi-même (30 ans, toutes mes dents) j'admets avoir marché dans la combine en m'interrogeant avec sourire sur la suite de cette affaire où s'emmêlent très vite les embroglios de l'amour ! Waouh ! tout ça pour un seul livre ! Je vous le dis : banco !     (Editions Thierry Magnier)

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Suivez le guide & bonne lecture !

Posté par clarabel76 à 07:00:00 - - Commentaires [19] - Permalien [#]