23/03/07

Mon épouse favorite (1940)

monepouse7Ellen Arden rentre chez elle, après 7 années d'absence. Elle était partie pour un reportage photographique au large du Pacifique où son bateau a fait naufrage, ne laissant aucun survivant. Ellen a donc été portée disparue, puis déclarée morte.
Son mari Nick a tenté de la retrouver, avant de refaire sa vie. Il a rencontré Bianca, une brune à la beauté un peu froide et glissante, avec qui il a décidé de se remarier !
Or, le même jour, Ellen revient au bercail. Apprenant que son époux convole en secondes noces, elle décide de le retrouver dans son hôtel et attend de lui qu'il informe sa jeune épouse que leur mariage est annulé !
Mais Nick est pataud, un gentleman brouillon, qui n'arrive pas à prendre le taureau par les cornes.
monepousefavorite1Et tout serait encore plus simple s'il n'avait pas appris par inadvertance que son épouse Ellen a passé ces 7 années sur une île déserte en compagnie d'un apollon sûr de son charme !

Bref, le couple Arden est confronté à une série de quiproquos qui alimente le scénario de manière cocasse et absolument charmante ! Après avoir déjà joué ensemble dans "Cette sacrée vérité" de Leo McCarey, Irene Dunne et Cary Grant se retrouvent, toujours sous la houlette du même réalisateur. Du moins, avant que celui-ci ne soit victime d'un accident de voiture et délègue la réalisation au jeune Garson Kanin, scénariste de son état. McCarey étant à la production, c'est lui qui conduit et conseille le jeune remplaçant, on y retrouve sans conteste sa patte : l'humour, l'élégance, le chic et la tendresse !
monepouse10Irene Dunne est divine, tour à tour insouciante et taquine, elle parvient à tenir tête à son charmeur d'époux, qu'elle prend pour un coeur d'artichaut, exprès pour l'agacer et le récupérer ! Car Cary Grant, encore dans les débuts de sa pétillante carrière, démontre qu'il est un "monstre" dans le domaine du héros romantique et comique, à la séduction puissante, au charisme qui crève l'écran, et dont les mimiques tirent les éclats de rire !
monepouse5Pour ma part, je crois qu'il faut saluer Gail Patrick qui interprète Bianca. Elle n'a pas un rôle sympathique, elle est très vite cataloguée comme la nouvelle femme encombrante et pincée, bien pâlotte en comparaison de l'étincelante Irene Dunne, d'ailleurs Bianca n'hésite pas à taxer son personnage d'Ellen de "chipie" !
Cette comédie aux moeurs légères est un régal, à voir, revoir etc. Le film a remporté un gros succès dans les salles américaines (l'Europe s'embourbait dans son conflit, nous sommes en 1940) et "Mon épouse favorite" a fait l'objet d'une tentative de "remake" en 1962 avec "Something's got to give", le dernier film (inachevé) de Marilyn Monroe, avec Dean Martin et Cyd Charisse.

Mon épouse favorite, film de Garson Kanin (1940) - avec Cary Grant, Irene Dunne, Randolph Scott, Gail Patrick. Titre vo : My favorite wife.

Posté par clarabel76 à 17:00:00 - - Commentaires [8] - Permalien [#]


Perla - Frédéric Brun

perlaFrédéric Brun est un fils qui a perdu sa mère, Perla, rescapée du camp d'Auschwitz, déportée en juillet 44. Elle est rentrée au pays, dévorée et marquée à jamais, pourtant elle a tenu son secret enfermé au plus profond de ses entrailles.
De ses mois de déportation, Perla n'en a jamais parlé. A son fils unique qui n'a pas su poser les bonnes questions à temps, elle a tenu ce visage ravagé par les souvenirs, la douleur et le sourire qu'on s'efforce de donner. Mais l'illusion était bel et bien morte.
Frédéric Brun se sent seul, triste et malheureux. En commençant ce récit, c'est pour lui "un livre de pensées". Ce n'est rien d'autre que ça : un constat frustrant de n'avoir rien su du passé de sa mère, une recherche désespérée à puiser ses sources dans tous les livres qui traitent de la Shoah, un espoir de voir grandir son fils Julien pour lui offrir le choix de vivre sa vie sans se retourner, et c'est l'amertume d'être face à deux Allemagne, "celle des camps et des barbelés contraste avec celle des plaines embrumées, des couchers de soleil orangés, des poètes idéalistes, Novalis, Hölderlin, qui ont attrapé l'âme du monde. Pourquoi suis-je si fasciné par ce pays écartelé entre le lied et la voix sèche, le raffinement et la barbarie ? Je m'étonne de vouloir trouver en lui ma littérature préférée et les traces d'un passé qui ont brisé Perla."
Ce texte est bouleversant, totalement sobre et écrit avec une sensibilité déchirante. Il y a malgré tout une lueur d'espoir derrière "ces pages de larmes", car "Une mère, en fait, cela ne meurt jamais". J'ai été profondément émue par ce livre, pas au point de verser des larmes, c'est un bel hommage d'un fils à la figure maternelle, un devoir de mémoire qui n'a pas su être accompli en remplissant tous les trous, mais c'est justement cette humilité qui rend "Perla" éloquent et essentiel. Lisez ce livre !    Stock, 110 pages.  Février 2007.

" Qu'y a-t-il donc encore à savoir ? Je me demande pourquoi j'ai tant besoin de plonger dans son histoire. J'ai l'impression, grâce à l'écriture, de reconstruire un pont entre elle et moi. Pourtant, qu'est-ce que je connais réellement d'elle ? Perla demeure pour moi un mystère. Elle ne m'a jamais vraiment connu non plus. Nous n'avons pas assez profité l'un de l'autre, il y a eu trop de barbelés entre nous. Je me rends au Mémorial de la Shoah, à quelques pas de la chambre de service où elle habitait. Je cherche son nom. Il est bien inscrit sur la pierre. Je trouve une Perla. Je me suis trompé de mur. Ce n'est pas elle. Il y en avait eu une autre ! Qu'est-elle devenue ? A-t-elle survécu ? J'ai le cœur qui bat plus vite. Combien de Perla sont gravées sur ce marbre ? "

Posté par clarabel76 à 07:05:00 - - Commentaires [8] - Permalien [#]