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Chez Clarabel
31 mars 2007

L'Ancre des rêves - Gaelle Nohant

Il y a d'abord ce petit extrait de "Possession" d'A.S. Byatt qui indique : "Dans notre partie de la Bretagne - la Cornouaille, l'Armorique - persiste la vieille croyance celte celon laquelle la mort est simplement un pas - un passage - entre deux stades de l'existence humaine." Puis il suffit d'ouvrir la porte et inutile de préciser que le lecteur se sent aussitôt happé dans l'univers que va créer la jeune Gaelle Nohant ...

ancre_des_revesSon roman est une invitation précieuse et irréelle dans un monde peuplé d'enfants, de cauchemars, de fantômes, de morts. Cela se passe chez les Guérindel, Enogat et Ewan ont quatre fils qui grandissent avec l'interdiction formelle de s'approcher de la mer. Dans ce pays de pêcheurs, il n'est pas facile de faire accepter cette "différence". Les enfants ne disent mot, ils consentent.
Ce sont des bons garnements, mais ils ont leurs mystères. Chaque nuit, ils se réveillent en hurlant, pris au piège de leurs rêves, qui sont autant de cauchemars contre lesquels leur mère Enogat ne peut combattre.
Mais les enfants n'expriment pas ce qui les terrorise à ce point. Pourquoi Benoît suit cette femme avec son enfant dans les bras, s'approcher de la mer, bercer sa petite, et mettre des cailloux dans ses poches ? Et pourquoi Lunaire se voit-il embarqué sur un navire, accueilli par un beau diable aux cheveux roux, au rire mauvais, lui pointant du doigt une chose effroyable planquée dans la cale ? Même Guinoux s'effondre, en classe de dessin, à la vue d'un tableau représentant des chevaux, avec du rouge, beaucoup trop de rouge...
Les garçons Guérindel sont murés dans leurs nuits peuplées de ces cauchemars qui leur signifient quelque chose, certainement. Mais ils se taisent, même entre eux ils ne parlent pas, ils se regardent comme des chiens fous, un peu sauvages, et poursuivent leur bonhomme de chemin.
C'est Lunaire qui va conduire le lecteur dans un tunnel où les lumières de la vérité éclairent bien au loin la sortie. La traversée est rude, esquintante, sujette à des sueurs froides, mais guidée par la rencontre d'êtres exceptionnels, comme cette nonagénaire, Ardélia, ou le bienheureux Ebenezer (en hommage à Dickens...).
Il fait bon se caler dans un fauteuil au coin de la cheminée, dans un salon qui sent bon le gâteau, où l'on peut boire un verre de cidre et dévorer des pommes de terre écrasées au beurre avec un goût de noisette... Puis écouter les confidences de cette femme remarquable, un peu énervée au début, puis brûlante d'émotions et de blessures intimes.
C'est peut-être en fouillant le passé qu'on pourra sortir les enfants Guérindel de leurs cauchemars épouvantables. Qui sait ?

Alors, "L'ancre des rêves" serait-il un roman d'un autre temps ? un roman bercé de légendes, de mythes, de croyances celtes et de subconscient lié au sommeil ? ... Oui, un peu tout ça. C'est avant tout une ambiance, un monde merveilleux inventé par l'auteur, avec tout le raffinement et l'érudition qu'on lui connaît (cf. son Café Littéraire).
Cette lecture est une pause dans le quotidien grouillant d'agitations, c'est une plongée vers les abîmes, une nature impénétrable, et qui agit sur le lecteur tel un pouvoir d'envoûtement, tout comme les enfants qui glissent dans leur sommeil, lequel exerce "une attirance vampirique".
Oui, les images fantastiques sont présentes, elles apportent des pistes de lecture, ouvrent les vannes pour savourer un débit différent de ce qu'on imaginait... Estourbissant, captivant, saisissant (et même insaisissable !), accrochez-vous à cette "Ancre des rêves" ! Car de plus, c'est beau. Tout simplement. Les étoiles, la mer, les fées, les esprits enchanteurs, la branche du noyer qui cogne contre la fenêtre... vous hésitez encore ?
Un dernier hommage : "Ardélia avait été la fée mystérieuse qui vous enseigne les points faibles du loup, les ruses tactiques pour traverser la forêt et en ressortir plus fort".
Gaelle Nohant est une contemplative, une rêveuse. Et le lecteur est tout acquis à sa cause !

(La superbe illustration du livre est signée de Letizia Goffi.)

Robert Laffont - 380 pages  (Mars 2007)  - A découvrir sur le site de l'éditeur le 1er chapitre .

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Commentaires
H
je m'envais!!!!!!!!!!!!!!!!!
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C
Tu vas plonger dans un univers vraiment merveilleux ! ... Je te souhaite d'être autant enchantée que je l'ai été !
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B
Merci. Je suis une inconditionnelle du genre fantastique et en lisant ta critique qui parle de légendes celtes, je ne peux que l'apprécier.
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C
Un peu inclassable, à mon goût.<br /> Mais avec des passages "fantastiques" (sens strict du terme !).<br /> Bon choix de lecture, de toute façon !!! :D
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B
Oups, j'ai oublié. Dans quel genre le classerais-tu ?
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Chez Clarabel
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