31/05/07

La messe anniversaire ~ Olivier Adam

Ils étaient six amis. Un samedi soir, ils organisent une petite fête dans l'appartement de Caroline. Musique, boissons, chips, jeux et rigolades. Quand tout à coup, le drame : Caroline, assise sur la rambarde du balcon, bascule en arrière et s'effondre sur le bitume. Sous les yeux de ses amis à jamais traumatisés par cette soirée.
Un an après, la famille organise une messe anniversaire pour le souvenir de Caroline. Ils ne sont plus que cinq désormais et depuis un an le groupe a éclaté. Plus jamais l'un ou l'autre n'a reparlé de Caroline et de ce samedi soir tragique. Car au fond d'eux, chacun s'en veut et porte une douleur irréparable. Aussi, l'un après l'autre, ils vont se confesser et confier ce qu'ils éprouvent au fond d'eux. En de brefs chapitres percutants, Titou, Sophie, Nico, Marilou et Alex vont évoquer leur amitié et leurs remords, la fameuse soirée, son avant et son après, ces sentiments indélébiles, l'impression de trahison, la tromperie, la volonté de culte absolu pour entretenir le souvenir, et cette sempiternelle culpabilité. Non personne n'y peut rien, Caroline est morte, elle avait quinze ans et cela fait un an déjà.
"La messe anniversaire" est un bouleversant petit roman, servi de la plume pertinente d'Olivier Adam. Une fois encore, l'auteur dépeint sans vergogne, sans pathos, les coeurs meurtris, les élans amoureux fauchés trop tôt et cette universelle lassitude des corps et des âmes. "La messe anniversaire" rend ce bouleversant hommage aux amitiés adolescentes et à leurs sentiments exacerbés. Empreint de pudeur, "La messe anniversaire" se lit vite et laisse une trace émouvante en mémoire.

mai 2004

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Pépites - Anne Laure Bondoux

pepitesBella Rossa a vingt ans, elle est sublime avec sa chevelure rousse, ses formes généreuses et sa poitrine opulente mais qui lui attire bien des ennuis. Elle s'occupe seule de la ferme familiale à Maussad-Vallée avec son père rendu paralytique suite à une chute de toit, et qui passe désormais son temps à ergoter et boire. La mère est partie quinze ans auparavant, en suivant une troupe de pélerins pour l'Ouest.
La vie de Bella Rossa va basculer avec l'arrivée de la guerre. En croisant des soldats en déroute, elle décide de charger son barda à bord d'une vieille carriole et s'en va chercher sa bonne fortune. Le chemin sera long, douloureux, criblé de plombs avec une pépite fichée dans le ventre... bref Bella Rossa doit se départir de la misère, des hommes, de la pauvreté et s'enfonce toujours plus vers l'Ouest, sur les traces des chercheurs d'or.
En route, le coeur de Bella Rossa a cogné pour un séduisant sergent, Jaroslaw Modrzejewski, pour qui ses sentiments sont si forts qu'ils vont se briser en découvrant la nature complexe du suborneur.

Mais c'est en lisant cette passionnante histoire qu'on en découvre plus sur cette palette très étendue où les émotions sont vives, bouleversantes et très fortes. Il y a une histoire d'amour au coeur de "Pépites", mais aussi un remarquable portrait de femme, sa conquête de la liberté, de la fortune et ses peines. Anne-Laure Bondoux offre un aperçu du Far-West dans sa splendide réalité : un univers cru, violent, réservé aux plus forts.
Le long périple de Bella Rossa est une visite de petites villes et de communautés inquiétantes, passablement rassurantes, derrière lesquelles des drames couvent. Mais la fascination n'en est que plus profonde. Dès les premières lignes lues, le lecteur est captivé par cette atmosphère. C'est rude, on ne fait pas dans la dentelle, aussi bien dans les dialogues ou dans la sexualité sous-jacente (mais jamais de scènes grivoises !). Pourtant c'est totalement dépaysant et justement envoûtant !

Je préconise un lectorat averti pour se plonger dans cette délicieuse littérature, et j'invite volontiers n'importe qui à balayer l'étiquette "jeunesse" pour pousser la curiosité. C'est foncièrement captivant, personnellement j'ai adoré et j'ai été complètement chamboulée par ce roman. On s'attache aux personnages, on savoure le style recherché d'Anne Laure Bondoux, bref on ne lève pas son nez de son livre de sitôt !
Et si les thèmes peuvent paraître choquants, troublants pour les confier aux adolescents, il faut savoir aussi que ce livre a le même ascendant qu'un Western à la télé ! ...

Bayard jeunesse, 350 pages. Septembre 2005. 350 pages - 11,90 euros. Illustration : Philippe Marcelé.

Prix Ado des Bibliothèques pour Tous 2005     -     Prix du Roman Historique de la ville de Poitiers 2005

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Du fantastique, du diabolique et de l'émotion pure

les_chatsCe sont les vacances d'été. Sebasto passe son temps chez Da, son grand-père d'adoption. Il est surpris d'y trouver un chat noir aux yeux d'argent. Bientôt, des phénomènes inexpliqués apparaissent et Sebasto est surpris d'apercevoir deux, puis trois, puis quatre chats absolument identiques ! Sebasto et son grand-père découvrent alors la malédiction qui menace le monde.
Roman fantastique pour les plus jeunes ? Oui. Ce livre est accessible pour les 10-11 ans et réveille tous les instincts contre l'horreur. On frissonne, on tremble, on se questionne. On n'hésite d'ailleurs pas à le qualifier de roman diabolique. De plus, l'utilisation des chats comme essence à cette histoire donne un poids extraordinaire : ce sont des animaux domestiques, mais auréolés de mille et une légendes qui sont entretenues grâce à ce genre de littérature !
Par contre, c'est un peu léger pour un adulte, mais les enfants vont adorer ! Le scénario est habile, bien écrit, son ambiance est mystérieuse, même angoissante !
Autant d'ingrédients efficaces pour cette recette.
Récompensé par le prix Chronos de littérature de jeunesse en 1999 par les élèves de 6e-5e.

Les Chats, par Marie Hélène Delval - Bayard - 154 pages . Mai 2005.  5.80 euros.

marmite_du_diableJ'ai trouvé ce livre décevant, j'ai même peiné pour en venir à bout alors qu'il n'est pas bien épais ! (180 pages) L'histoire était sommairement intéressante : un homme découvre un grotte préhistorique mais il est accusé d'avoir fabriqué de toutes pièces les preuves et les peintures de ce lieu inconnu. Pour preuve, l'homme a refusé de donner les indications pour visiter le site. Ce François Wilthbert s'était d'ailleurs honoré passablement d'un gros scandale en saccagant bêtement un site classé plusieurs années auparavant. Défait du milieu, il avait oeuvré en cachette. L'affaire s'est un peu enterrée car Wilthbert est mort d'un cancer foudroyant, et aujourd'hui son fils Nicolas se sent désoeuvré. Il aimerait rendre justice à son père, trouver la trace de cette grotte, faire taire les mauvaises langues. Mais en découvrant les carnets de son père, Nicolas décèle une face sombre et déplaisante qui plonge le garçon dans une colère latente.
Pour vraiment se plonger dans le bain, c'est-à-dire approcher la mystérieuse "Marmite du Diable", il faut au lecteur la patience de parvenir jusqu'à la page 130 ! Avant cela, on assiste surtout à l'agonie d'un adolescent mal dans sa peau, agacé et énervé, rancunier et presque haineux. Dans ce bouillon de sentiments amers, lui vient aussi une pulsion irrépressible pour les jeunes filles et le sexe. Faire l'amour devient une lubie, une envie obsédante, un désir "sauvage" !
Cela m'a surprise ! C'est bien la première fois que je découvre dans un roman "pour la jeunesse" qu'on aborde aussi franchement le sujet de la sexualité chez les adolescents ! Sans quoi, ce roman m'a également inspiré de l'ennui car l'intrigue est traînante. Les quelques bons passages parviennent tout juste à sauver les meubles, le sujet de la spéléologie est précis, les thèmes sont abordés avec finesse, l'atmosphère est sombre et pesante. Autant d'atouts pour attirer les lecteurs désireux d'une lecture où le personnage central leur ressemble comme deux gouttes d'eau ! (A partir de 12-13 ans).

La Marmite du Diable par Olivier Silloray - Bayard - 180 pages. Mars 2006. 10,90 euros.

larmes_de_l_assassinA découvrir dès 13 ans, préconise l'éditeur. Mais je me questionne sur le jeune lecteur en question, plongé dans cette histoire sombre. Comment relever la tête sans éprouver la chape qui s'y abat progressivement ? Moi, je me suis sentie clouée à mon siège. C'est noir, très noir. Dans une maison du bout de la terre, les parents de Paolo Poloverdo sont égorgés par un criminel, Angel Allegria. Il épargne le garçon et vit un an à ses côtés, quand arrive un autre inconnu, Luis Secunda. Tous trois vont "former une famille" de bric et de broc, seuls, loins, écorchés. C'est franchement glauque. S'ajoute toute l'âpreté du décor chilien, un pays de nulle part. J'avais franchement un nuage noir au-dessus de ma tête !

Mais finalement, j'ai été assez surprise puis touchée par le tournant des événements. Il y a un sursaut d'action et d'émotion dans l'histoire, très prenante donc. La relation entre l'enfant et l'assassin soulève plusieurs perplexités, mais certaines leçons psychologiques expliquent ce phénomène entre le bourreau et sa victime (= le syndrome de Stockholm). Paolo Poloverdo est un garçon très attachant, qui inspire de la pitié, hélas. Je n'aime pas ce sentiment. Pourtant ce n'est pas péjoratif ni réducteur, dans "Les larmes de l'assassin" le sentiment d'amour et d'affection est exploité différement. Ce roman tranche dans l'habituelle littérature jeunesse que j'explore, d'ailleurs ce livre se destine à tout public. Je ne suis pas la seule à le remarquer, et c'est vrai. Par contre, tout jeune lecteur risque de s'y perdre. Aussi je le conseille pour un lecteur averti, et pourquoi pas pour les adultes ? A noter : le choix du nom d'Angel Allegria n'est pas anodin, ange + joie ne mènent pas à "un assassin". Est-ce déjà signe de miséricorde ? Un bon livre, en tout cas.

Les larmes de l'Assassin, par Anne Laure Bondoux - Bayard - 340 pages. Mai 2003. 10,90 euros.

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [12] - Permalien [#]
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