La fille du rang derrière - Françoise Dorner
Nina est mariée à Roger et mène une petite vie étriquée qui perd son goût du bonheur au fil des jours qui passent. Enfin, c'est plus vicieux car c'est Nina qui se tourmente du silence de son homme, de son rythme acharné à travailler pour leur kiosque à journaux et vient l'instant critique où Nina pense que l'étincelle s'est éteinte, faute à la lassitude, aux habitudes, au temps qui fâche. C'est en se plaçant dans des situations cocasses et coquines que Nina va avoir l'opportunité de comparer la passion de son couple à ce qu'il est possible d'éveiller, ou de raviver !
Bref, elle va décider de suivre son mari au cinéma et de prétendre être une autre femme. Et l'étonnement ne manque pas car Roger va se laisser étourdir par cette étrangère ! Nina va vivre un calvaire effroyable car cette "fille du rang derrière" lui offre sur un plateau un mari tout neuf qu'elle redécouvre et aime à la folie, mais inversement elle se sent blessée et inquiète d'avoir un mari capable de perdre les sens pour une inconnue !
Alors l'histoire n'en finit pas de nous surprendre, à suivre cette Nina désoeuvrée et touchante dans sa quête de l'amour. Françoise Dorner ne donne jamais à son héroïne matière à s'épancher, bien au contraire ! C'est tonique, excitant et inattendu. Le sujet est plus dense qu'en apparence et, sincèrement, c'est tout à la fois : grave et léger, mélancolique et drôle. Très sensible, comme le prouve aussi son deuxième roman "La douceur assassine". Mais le roman a cependant manqué d'un léger plus pour remporter totalement mon adhésion.
125 pages. Paru chez Albin Michel en mars 2004. Format Le livre de Poche, en Août 2006. Prix Goncourt du premier roman 2004.
Mon âge - Camille Pouzol
Pourquoi j'ai tenu ce livre entre mes mains ?
A cause de ceci : ... Même si en même temps, je peux toujours tempérer ma joie en considérant que je n'en ai plus vingt non plus. Mais qui compte ? J'aime bien me poser exactement les mêmes questions qu'avant, sur le mode d'emploi des gars, la taille des jupes, les heures de sommeil ou l'intérêt d'avoir bon caractère. J'aime bien n'avoir rien senti ou beaucoup ressenti, contente que ce soit passé, puisque sincèrement je ne me referais pas le bac, l'appareil dentaire, le concert de U2 dans la fosse ou la toute première déclaration d'impôts. Nostalgie. J'ai connu un temps où Internet n'existait pas, ni les portables, ni la Star Academy, pour moi, les Twix resteront des Raiders. Contente que ce ne soit pas fini aussi, tout ce qui ne te tue pas te rend, disons, plus en vie. 30 ans. (Présentation de l'éditeur)
Car dans cet infime extrait, je me suis totalement reconnue ! Avoir 30 ans, bientôt ou passés, c'est un tel cap dans son existence qu'il est bon de s'y pencher en feuilletant ce dictionnaire léger et touchant qu'a écrit Camille Pouzol.
Camille est journaliste à Elle, elle rédige des rubriques comiques et ironiques, et son ton dans "Mon âge" est dans cette vague. C'est du blabla de fille, qui donne le sentiment d'avoir une discussion entre copines, parce que ce que raconte Camille Pouzol a, dans l'ensemble, eu un large écho en moi !
J'appartiens à cette génération, j'ai les mêmes avis sur le couple, sur l'amour, l'anniversaire ou Jane Austen, Scarlett O'Hara et Belle du Seigneur. Un vrai melting-pot ! L'avantage aussi, en plus d'être drôle et distrayant, c'est que ce livre ne se prend pas au sérieux. Cela se lit à petites doses ou à grandes goulées (qu'importe l'envie, pourvu qu'on ait l'ivresse !), et on en sort rasséréné, conforté d'appartenir à un clan, à la joyeuse bande des 3-0.
Point nostalgique, mais vivifiant, éclatant, pointilleux et désopilant !
J'ai Lu - 216 pages. Avec illustrations de C. Zig.
J'en profite pour glisser le commentaire d'un livre lu depuis quelques temps déjà ...
Ce roman est déroutant, tant par son histoire que par l'impression qu'il laisse sur le lecteur. Satine est une manucure virtuose qui travaille chez Franca. Pour elle, son travail s'apparente à un Art qu'il faut sans cesse peaufiner, ne jamais ménager ses efforts. Et pourtant, Satine commence à sentir une menace autour d'elle : sa patronne, ses collègues et mêmes ses clients ont tous l'air de se liguer contre elle. Un complot s'ourdit, mais Satine n'est pas dupe. Elle scrute, épie, intercepte les conversations et se prépare à la riposte. Mais qu'entend-elle au fond ? Des voix qui ne lui parlent qu'à elle ? Des idées qu'elle seule échafaude ?
"Satine" est un roman étrange, qui bascule dans le délire d'une paranoïaque patentée. C'est l'histoire d'une névrose, à la fois sombre et déconcertante. En fait, ce roman m'a fait ni chaud ni froid, pourtant j'ai été désorientée plus d'une fois. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé, mais je n'ai pas adhéré complètement. L'angoisse qui colle à la peau de Satine est effrayante mais la mécanique de sa peur est admirablement démontrée.
Satine, par Bénédicte Puppinck. 245 pages. Publié chez Fayard en mars 2006. Format poche chez J'ai Lu.