En des lieux désolés - Kay Mitchell
A Malminster, la gente féminine court un grave danger depuis qu'une série de meurtres frappe la communauté, s'en prenant à des jeunes filles rentrant seules le soir. Trois filles ont été surprises, la quatrième est retrouvée in extremis sur le pas de sa porte. Il s'agit de la fille aînée de l'inspecteur chef Morrissey !
C'est donc le deuxième titre que je lis de Kay Mitchell et le deuxième dans l'ordre de publication, après "Un si joli village". On y retrouve John Morrissey et son équipier Neil Barrett sur les sentiers sordides de cette enquête criminelle, aux trousses d'un serial-killer qui semble jouer avec les nerfs de l'inspecteur.
En plus de son habileté à mener son histoire, Kay Mitchell parvient à instaurer une ambiance de plus en plus attachante grâce à ses personnages. Morrissey est un homme marié, accaparé par son boulot, qui s'en veut d'oublier l'anniversaire de mariage alors que son épouse s'y est appliquée depuis des mois. Et Barrett est un cavaleur, un intrépide prêt à boucler toutes ses affaires (criminelles et sentimentales) en un tour de main. Sans cesse taquiné par son supérieur, Barrett doit se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas exploser et s'appliquer dans son travail, surtout quand il essuie les foudres de son chef, excédé de ne pas être à la hauteur dans son propre foyer !
Bref, une enquête bien menée, un schéma classique, mais un suspect pas facile à appréhender (ni même à deviner pour le lecteur !), "En des lieux désolés" (référence au poème d'Eliott) est donc une lecture tout à fait indiquée pour se détendre et activer ses neurones au service de crimes exercés par un maniaque sexuel ! Jamais glauque ni morbide, ce policier est fort sympathique, et saupoudré avec un peu d'humour british !
A découvrir.
250 pages - Librairie des Champs-Elysées, coll. Labyrinthes. Traduit de l'anglais par Florence Vuarnesson. Titre vo: In stony places.
J'en profite pour tirer mon chapeau car les 4ème de couverture dans cette collection sont toujours très bien rédigées. Encore pour exemple : Pour un mannequin en quête de célébrité, figurer en page trois du Sun peut faire office de tremplin pour la gloire. N'est-ce pas sur cette célèbre planche que s'étale leur vérité... toute nue ? Mais les stars le savent bien, le vedettariat n'entraîne pas que des avantages. Gail Latimer, faisant fi des conseils de prudence de ses proches, a exposé ses charmes aux yeux de tous. C'est hélas à la seule vue du médecin légiste qu'elle dévoile son cou marbré de bleu. L'admirateur qui l'attendait dans le sous-bois près de son domicile a également étranglé deux autres jeunes femmes dont le plus grave défaut était sans doute une beauté... sans défauts.
Naissances - Collectif d'écrivains féminins (sous la houlette de René Frydman)
Ce sont huit voix de femmes qui s'expriment, des écrivains qui sont aussi des mamans. Elles nous offrent ce qui les caractérisent si bien : l'extravagance avec Marie Darrieussecq, le fou-rire avec Hélèna Villovitch, Agnès Desarthe, Geneviève Brisac et Catherine Cusset, un peu de sérieux avec Marie Desplechin et Camille Laurens, et une grande lucidité avec Michèle Fitoussi (qui, elle, parle davantage de la "deuxième naissance", quand l'enfant quitte le cocon familial).
Au-delà du thème, ce livre avait l'atout de me plaire car il réunissait 8 auteurs que j'affectionne sans exception. Quant au contenu, je me suis sentie tour à tour bouleversée et concernée. A leur façon ces 8 femmes ont su reproduire l'instant flippant, fantasmagorique, angoissant, extraordinaire et magique qu'est la naissance de son enfant.
Pour la plupart, elles racontent leur toute première expérience avec une verve décoiffante. Et c'est émouvant de se reconnaître dans ces histoires, qui renvoient à nos propres expériences.
Car s'il est désormais admis que l'enfantement, c'est beau et moche à la fois, ce recueil nous le rappelle à sa façon. C'est Camille Laurens qui l'exprime ainsi : "Je ne voudrais pas finir sans dire ceci : que la naissance n'est pas seulement ce moment hautement dramatique, ce cataclysme ponctuel, cette catastrophe au sens étymologique. C'est aussi et d'abord une expérience quotidienne et partagée, la présence d'un objet d'amour éternellement perdu et retrouvé, un bouleversement permanent fait de connaissance et d'énigme, de distance et de fusion, d'absence et d'effusion. Tous les jours, je regarde ma fille comme si elle venait de naître, et je n'en reviens pas. On ne revient pas de la naissance, on y reste, on y est toujours."
Magnifique !
Points - 180 pages.
C'est grâce à Laure si j'ai d'abord lu ce livre en Janvier 2006 édité chez L'Iconoclaste. Il est désormais disponible en format poche, je me le suis offert ! ... :o) Encore merci à L. pour la découverte !