A l'ouest ~ Olivier Adam
Encore un coup de poing littéraire : ce roman d'Olivier Adam, "A l'ouest", nous entraîne dans un univers intergalactique tant on plonge chez cette famille désespérée, malheureuse et aux bras ballants. Les dés ont été joués, ils ont perdu la partie et ne souhaitent pas remonter la pente. Marie la mère, Antoine et Camille les enfants adolescents. Lui ne va plus à l'école, il boit, fume, vomit et passe ses journées à dormir, marcher sans but, et revoit la jeune vendeuse en boulangerie pour tenter de l'embarquer avec lui pour une escapade sans retour. Camille est murée dans un silence glaçant, elle est transparente, elle s'inquiète pour ceux qu'elle aime, pleure dans sa chambre et prie en silence. Leur mère a décidé de prendre le large aussi. Tous trois sont des désespérés de la vie, le désarroi leur colle à la peau, ils ne sont pas pathétiques, ils inspirent une compassion, une volonté de les aider et les comprendre. En vain. Tour à tour la vie les malmène et les chahute. On les sait condamnés à l'avance : largués, paumés et inconsolables.
Cette lecture peut paraître déprimante, sauf qu'elle est merveilleusement servie du style d'Olivier Adam : économie des mots, des sentiments, corps et coeur désabusés, désarroi palpable et la lassitude d'être, de vivre qui se répand telle une marée noire. Collante, visqueuse, assassine. "A l'ouest" est un roman assez dur, assez grave. Il en ressort une certaine poésie mais, avant tout, une mélancolie assez belle. Assez poignante. Une très belle lecture.
juin 2004