La pelouse de camomille - Mary Wesley
Comme chaque été, les cinq neveux de Richard et d'Helena se retrouvent en Cornouailles. C'est le temps des jeux, de l'insouciance, le goût de toutes les audaces, au bord de la falaise ou sur la pelouse de camomille, sans autre souci que les tourments de l'amour qui vous rongent une jeunesse.
La petite Sophy donnerait sa vie pour Oliver qui, lui, est fou de Calypso, si belle et si lointaine. Elle a toujours juré d'épouser un homme riche sans amour, elle jettera son dévolu sur Hector, politicien ayant le double de son âge. Car pour mieux pimenter cette belle saga familiale, il faut d'office préciser que l'action se passe durant l'été 1939. La guerre va être déclarée et amène un couple de réfugiés juifs, Max et Monika, chez le pasteur du coin. C'est un éminent pianiste, un brin cavaleur et beau parleur. Il va faire chavirer le coeur d'Helena, pourtant mariée mais ennuyée par sa vie recluse auprès de Richard, son second mari unijambiste. Elle partira à Londres, sans crainte des bombardements, vivre une passion tumultueuse auprès de son musicien juif.
C'est bien ce qui est également très surprenant dans ce roman où la trame ne chôme pas, sans cesse rebondissante et étonnante. Ce n'est pas parce que c'est la guerre que nos personnages vont s'endormir sur leurs lauriers, bien au contraire ! "Nous avons tous vécu intensément. Nous avons fait des choses que nous n'aurions jamais faites autrement. Ce fut une période très heureuse. (...) Tout était exacerbé, surtout l'amour."
Effectivement les passions sont ravageuses !
Ce roman n'est pas une bluette sentimentale. Il fourmille plutôt de vivacité, d'esprit, de dialogues mordants, de personnages flamboyants et uniques en leur genre. Mais ils sont à contre-courant de l'image idyllique des êtres parfaits, car ils sont tous fragiles, odieux, égoïstes et héroïques à leurs heures. Et ce, en dépit des circonstances ! Qu'importe les liens du mariage, l'âge, l'enfant à naître, les bombardements ou la guerre, tout simplement !
L'anglaise Mary Wesley nous offre ainsi une lecture passionnante, qui s'inscrit idéalement pour vos vacances (et pas forcément !). En presque 400 pages, jamais la cadence ne s'essouffle. On ne stagne pas durant l'été 1939, le scénario évolue, voyage dans le temps et nous conduit même sans nous y attendre cinquante ans plus tard ! Je crois aussi que le succès de ce livre repose sur le style fringant et truffé de badinage que nous propose l'auteur. J'ai passé des heures de lecture absolument délicieuses ! Je vous conseille vivement de vous y plonger également !
Ce livre a été publié en français chez Flammarion en 1991, puis en format poche "J'ai Lu". Il est disponible en occasion !
375 pages - Flammarion / J'ai Lu .
Gachucha avait lu et aimé un autre roman de Mary Wesley "Sucré, salé, poivré" - Aria m'avait gentiment envoyé ce roman, je compte donc le lire prochainement !
Le crime du corbeau ~ Mary London
"Le crime du corbeau" rappelle les bonnes vieilles intrigues policières imaginées par Agatha Christie : tout semble y coller à merveille. Le personnage central, Sir Malcolm Ivory, aristocrate débonnaire et perspicace, très carré dans son raisonnement et ses principes... Autour une enquête menée sans tambour ni trompette avec une flopée de suspects qui jamais n'exultent d'être la cible d'investigations plus ou moins poussées. On s'y croirait : le bon vieux temps de Miss Marple ou d'Hercule Poirot ... Mary London, aujourd'hui sexagénaire, semble avoir mis entre parenthèses l'évolution criminelle et ses acteurs plus ou moins crapuleux. L'auteur préfère nous plonger dans un univers aseptisé, aux côtés de l'aristocrate enquêteur, elle s'intéresse au milieu de la Haute Société. Dans "Le crime du corbeau", le très sélect Club des Scriveners (auteurs et bibliophiles réunis) est visé par un mystérieux Vengeur qui envoie des lettres à chacun des membres en les accablant tour à tour. Sir Malcolm Ivory décide de mener une enquête discrète car il soupçonne l'un des membres d'être le fameux Corbeau. Aussi pendant les 3/4 du texte, on suit l'homme dans sa scrupuleuse (mais légère) investigation. Pas une goutte de sang, pas d'affrontement, jamais de menaces corporelles ou verbales, "Le crime du corbeau" se veut résolument soft. Et à la sauce Agatha Christie, on réunit l'assemblée des suspects pour désigner le réel coupable en fin de roman.
Autant dire que Mary London souhaite renouveller avec un genre d'un autre temps, sans prendre de risques. Pas de surprise au tournant, on reprend les mêmes ingrédients et on signe. Un poil trop basique, presque décevant.
juillet 2004