Poids léger ~ Olivier Adam
Progressivement je lis tous les livres d'Olivier Adam et je ne cesse d'être séduite et touchée par l'auteur et son style imparable. Sûr, ça fait mal, ça casse, ça blesse et c'est d'une infinie tristesse, d'un profond désarroi. Dans "Poids léger", Antoine, le narrateur, est un paumé de première classe : au bout du rouleau, à bout de nerfs, à fleur de peau, pour ne pas dire au bord de la dépression. Antoine vit dans un présent qui ne lui donne plus du tout le moral et l'abat de jour en jour. Lui se souvient avec douleur des jours heureux avec ses parents et sa soeur qu'il a adorée. Aujourd'hui, ses parents sont décédés, il doit d'ailleurs vider la maison du père avant la remise des clefs aux nouveaux propriétaires, il vivote auprès d'une société de pompes funèbres et broie du noir à enterrer des inconnus. Sa soeur s'éloigne de plus en plus. Lui se défoule à la boxe. Et la tension du roman va crescendo : on accompagne Antoine au plus profond de son désarroi, on assiste à sa débâcle et on aimerait qu'il s'en sorte, mais bon ...
C'est encore un très bon livre, que voilà. L'auteur m'enchante, livre après livre. Jamais déçue. Tout le temps bouleversée. J'apprécie toute la poigne que dégage son écriture, son coup de griffe et ses coups au coeur. Du bon boulot !
août 2004
Les bois dormants - Fabienne Juhel
Elle n'était encore qu'une enfant quand, lors d'une fête foraine, la petite s'est perdue, recueillie par un homme à la peau noire et "délivrée" à grands coups de fracas et cris retentissants par la police.
Ce qui a suivi, pour elle, c'est l'habitude de se perdre. De son plein gré. Or, trente ans plus tard, la narratrice apprend qu'elle est atteinte d'une tumeur au cerveur, qu'on lui donne six mois à vivre et qu'un coma profond sera son antichambre vers la mort.
Plongée dans ses "bois dormants", la jeune femme rêve et revit ses contes de petite fille. Autour d'elle, les infirmières lui lisent des histoires, Michel son compagnon lui apporte des fleurs, cachant aux enfants le drame de leur maman, censée "à la cueillette des mûres".
Ce livre n'est pas éprouvant, accablant de douleur et comprimé de larmes. Même si le sujet latent concerne la maladie, le roman demeure " sauf ". Car Fabienne Juhel, qui signe là son deuxième roman, a une astuce pour éviter le mélo : elle use et abuse des fables pour enfants, en décore son propos de manière parabolique, elle crée un monde onirique, mêle le réel aux songes.
C'est très joliment écrit.
Et puis, bien entendu l'histoire est touchante. Comment ne pas s'attendrir face à cette femme qui a fait de la perte une "imparfaite manie", un art calculé et requis avant d'être définitif ?
J'avais déjà lu son premier roman "La verticale de la lune" mais je n'avais pas été embarquée dans son univers. Cette fois, passant sur les premières pages stupéfiantes, j'ai été happée par cette jolie fantaisie, ce métissage de fantasmes et de réalités. Où on y découvre aussi une relecture des fables enfantines, une révision de nos cauchemars qui apparaissent soudain poétiques et séduisants.
A tenter !
Editions du Rouergue - 158 pages - En librairie le 17 Août 2007 -
** Rentrée Littéraire 2007 **