Le roman n'est pas bien épais, seulement 100 pages, par contre il est lourd et violent. Mais ces sentiments sont latents, ils planent entre les lignes dans le quotidien de ce couple, de cette femme, de cette jeune mère. C'est très, très fort.
La narratrice, âgée de 23 ans, ingénieur en mathématiques, fait la rencontre du premier homme de sa vie, Sylvain, artiste et mélomane. L'amour aidant, ces deux-là vont vivre ensemble, se marier, faire des petits, etc. Le schéma classique. Cependant, l'étouffement fait son nid. La jeune femme est une crispée affective, jamais comblée ou épanouie, nullement soutenue, parmi ses proches ou au boulot, le combat est constant. Il faut qu'elle s'impose, qu'elle ose, mais c'est toujours plus fort qu'elle.
Sa grossesse, par exemple, ne tombe pas au bon moment pour sa carrière ni sa vie de couple. Pourtant, Sylvain et elle sont heureux et préparent l'événement avec impatience, mais sans exaltation. D'ailleurs, ce déni va totalement absorber la jeune maman, vite dépassée par son nourrisson, anéantie par l'impuissance, esseulée et incomprise, mise au pied du mur et abandonnée par son compagnon.
L'histoire ne raconte pas avec les mots crus ce qu'il va se passer, mais l'issue fatale est bel et bien là. Une réalité amère, sinistre et qui donne des frissons partout.
Pour ces raisons, oui le roman est violent, très fort et difficile. Pourtant l'auteur est parvenue à un compromis idéal : livrer les faits, un peu froidement, mais avec une lucidité sans égale, balançant sans cesse l'opinion du lecteur entre la compassion, la compréhension et le blâme. En sortant de cette lecture, à la fois courte mais percutante, il est impossible de juger car l'histoire reflète un peu plus l'immense solitude de la mère. Le sujet rappelle le sentiment d'exclusion et de vulnérabilité qu'exacerbe la maternité et tente de s'inscrire dans un début de tolérance.
A tenter !
Joëlle Losfeld - 100 pages - En librairie le 23 Août 2007.
** Rentrée Littéraire 2007 **
Le thème de la mère de famille qui ne s'épanouit pas dans sa vie a l'air d'être dans le vent chez les écrivains. Les "Desperate housewives" sont passées par là !
Même si ici, cela a l'air d'aller encore bien au-delà d'un désenchantement...
Bonne journée Clarabel !