la_gloire_de_mon_frereJean-Luc Fernouilh, étudiant en école d'ingénierie, vient de publier son premier roman pour la jeunesse, « Les bilingues », qui connaît un succès retentissant. Son éditrice Brigitte se frotte les mains, applaudissant également les phrases éclatantes que Jean-Luc sert à la presse, genre « je voudrais être le Franck Ribery de la littérature ».
Mais derrière ce joli succès, il y a Hector, 12 ans, le frère de Jean-Luc Fernouilh. C'est en fait lui le véritable auteur des Bilingues, lui qui planifie l'opération marketing de grande envergure, lui qui opte pour l'option « coulisses » et qui orchestre les prochains textes du chouchou de la presse, en devenant "crasheur" pour la maison d'édition.
Dessous et travers du milieu ? ... Emmanuel Arnaud nous en donne un sacré aperçu, toujours avec un humour dévastateur. Il s'appuie sur sa propre expérience (en 2006, il publiait Les Trilingues) et propose aujourd'hui sa vision fantaisiste sur cette aventure rocambolesque. Pour mieux corser son histoire, il invente l'idée selon laquelle les adultes ne connaissent strictement rien à l'univers de la jeunesse, surtout dans l'édition. Et alors, doubles rôles et duperies sont attendus au tournant !
Un roman très drôle, cocasse et saugrenu !

Relire "Les trilingues" 

Ed. du Rouergue, 95 pages  / Septembre 2007.

trop_de_chance_couvC'est une fillette de dix ans qui s'estime chanceuse d'habiter près de la grande maison de Maurice Lepoivre. C'est le Maître de ses parents, celui qui les invite à faire un Travail sur eux. Tout le monde n'a pas la chance de franchir les grands murs qui entourent et protègent la maison, ceux qu'on nomme les gens ordinaires, par exemple, ne bénéficient pas de cette aubaine. Tant pis pour eux.
A l'école, la jeune fille n'a pas le droit de répéter ce qu'il se passe dans cette maison. « Les gens ordinaires, les autres, ils ne peuvent pas comprendre ce qu'on fait avec Maurice Lepoivre (...) Comme ils ne comprennent pas, ils ont peur, et ils prétendent que c'est une secte. »
Pendant tout le roman, le mot n'est jamais cité (sauf vers la fin) mais le lecteur devine très facilement de quoi il s'agit. Les allusions racontées par l'adolescente sont flippantes, parce qu'elles sont anodines. A sa façon, cela semble inoffensif, Maurice Lepoivre est un bonhomme sympathique et qui porte auprès des jeunes (filles) une attention particulière. Et à toutes les interrogations qu'elle pose, on lui dit juste qu'elle comprendra plus tard...
La jeune fille va commencer à porter un autre regard sur ce qui est normal et ordinaire, sur ce qui ne l'est pas, sur sa vie de plus en plus oppressante, entre les absences de ses parents, son poids (on lui reproche d'être trop grosse) et la crise d'adolescence de sa soeur aînée, etc.
Très bien écrit, le roman d'Hélène Vignal s'appuie sur des non-dits, plus pour forcer la réflexion et amener le jeune lecteur à poser lui-même les bonnes questions. L'histoire se termine en demi-teinte, encore une fois pour aider le lecteur à cogiter et mesurer toutes les pistes que la jeune narratrice lui tend. L'auteur s'est inspirée de son expérience personnelle et recrée avec beaucoup de force et d'émotion la souffrance d'une fillette et ses interrogations. Ce petit bouquin très intelligent pourra servir d'outil en classe pour sensibiliser le jeune public.

Ed. du Rouergue, 92 pages / Septembre 2007.