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Chez Clarabel
27 septembre 2007

Qui boude sa nourriture rend son derrière bien étonné (*)

Il y a des livres où des petits détails vous attirent (la couverture, le titre ou l'auteur) et cela vous pousse, sans aucune justification,  à tendre les bras vers ce produit à cause de ce pouvoir inexplicable !   « La fine fine femme » en est l'exemple.

la_fine_fine_femmeJ'ai voulu lire ce livre, parce que j'aimais son titre et sa couverture. Impossible de dire pourquoi. Je n'ai pas cherché à connaître l'histoire. Aussitôt reçu, ce livre est passé entre mes mains et a fait l'objet d'une scrupuleuse lecture. J'ai fouillé, roulé des yeux de haut en bas, et de droite à gauche, faisant une pause, soucieuse du détail, et parfois les sourcils froncés... L'histoire ne m'échappait pas, elle me semblait même surréaliste.

Mais de quoi ça parle, c'est vrai ? ... Commençons par le commencement !

Au petit matin, un veilleur de nuit rentre chez lui et trouve sur son chemin « une fine, fine femme », une tache sombre sur la route si légère qu’il la porte sans difficulté jusque chez lui. Il la couche dans son grand lit et sans oser la réveiller, dépose à son chevet de l’eau et de la nourriture. Les jours et les nuits passent et la femme jamais ne s’éveille, mais chaque matin, le veilleur de nuit retrouve les plats vides et chaque soir la femme occupe un peu plus de place dans le grand lit. Au même moment, dans la ville, les habitants s'inquiètent et grondent car plusieurs bêtes ont disparu, dévorées. Un vieil homme semble connaître l'origine de ce mal : il se souvient qu'enfant on lui parlait de la redoutable grise ogresse qui s'attaquait aux bêtes avant de s'en prendre aux enfants ! C'est sûr, la grise ogresse est de retour !

Notre veilleur de nuit ne pipe mot mais s'interroge. La légende coincide avec l'arrivée de cette « fine, fine femme » qui couche sous son toit. Pour en avoir le coeur net, il décide un soir de ne pas aller travailler et se cache près de sa protégée. Quand celle-ci se réveille et sort de son lit, elle offre au pauvre homme ébahi le spectacle effrayant de sa large corpulence, de son appétit vorace et de ses escapades nocturnes, à la recherche de toujours plus de nourriture.

La grise ogresse, c'est elle. Il faut prévenir les collègues et mettre en oeuvre une ruse pour renverser la vapeur et rendre l'ogresse une fine, fine femme.

Conte malicieux d'où s'échappe le mythe de l'ogre (ici, il s'agit donc d'une ogresse),  « La fine, fine femme » est une histoire pleine d'imagination et de poésie, un message de tolérance quand on découvre la façon dont les veilleurs de nuit vont  « affronter » l'Ennemie !

Au début, il y a un semblant de légèreté et de fragilité (la femme est si fine qu'une simple couverture de dentelle peut la couvrir) qui se dissipe progressivement. Cela passe par les repas gargantuesques, servis par les illustrations éclatantes et qui vont s'écraser jusqu'aux recoins du livre. La richesse du dessin montre clairement que la femme prend de l'ampleur, que l'abondance prend ses aises. Et que la menace s'apprête à exploser ?

Pas sûr. Parce que ce livre est subtil, étonnant ... Il touche, ou pas. Ce que j'ai trouvé séduisant, c'est la relation entre le veilleur de nuit et la fine, fine femme à travers la nourriture. J'ai beaucoup aimé la chaleur des illustrations, la rondeur et la boulimie. C'est généreux, offert au lecteur. Alors oui, j'ai été charmée ! ...

La fine, fine femme - Véronique Caylou (texte) & Zaü (illustrations).  Gallimard jeunesse  / Août 2007.

A partir de 5 ans.

(*) Proverbe breton (1996) - Lukian Kergoat

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Commentaires
C
* Gawou, je ne connaissais pas du tout cet illustrateur ! Ce fut la découverte pour moi et son style me charme ! :)
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C
Merci Boreale ! ! Bonne lecture à toi ! :)
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B
le sujet m'interesse vraiment ! <br /> et tu le présentes si bien !<br /> je crois que je vais craquer et y plonger le nez!
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G
Décidément, que de points communs entre nous, je crois qu'on en découvre un nouveau tous les jours!!<br /> <br /> Et comme Tamara, à première vue, l'album m'a fait penser à l'anorexie rien que par sa couverture ; et à la boulimie, après une première lecture rapide, car nuit après nuit, c'est un peu à un gavage auquel on assiste...<br /> <br /> Bon j'arrête parler maladies...!!<br /> <br /> Je suis d'accord avec toi Clarabel, les illustrations sont très chouettes, je n'aime pas tout ce qu'il fait mais Zaü a un style qui me plaît. Connais-tu "Première année sur la terre"? C'est chez Rue du monde, c'est très très beau, c'est l'album que je préfère de lui. (Raconte la première année sur terre d'un petit renard.) Dans cet album la palette de couleurs est vraiment très très très (etc.) belle ;)
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C
.. Gloups ! rassurée par l'ogresse ! ? ! <br /> Tamara, voyons ! Y'a des cauchemars de l'enfance qui ne remontent pas à la surface ? Hmmm ??? :)<br /> <br /> (Pour le sujet sur l'anorexie, c'est très délicat d'aborder cette maladie. Qu'on puisse l'exploiter via la mode, je suis sceptique - je ne connais pas cette fameuse photo - mais c'est important d'alerter, même si c'est très flou. C'est une maladie qu'on ne saisit pas, qu'on subit et je pense que c'est une terrible épreuve pour les proches et le malade... blabla.)<br /> <br /> Bon, ce livre n'a pas un tel dessein. C'est juste une approche de la séduction colorée et gourmande ! ... Etonnant, oui.
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Chez Clarabel
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