Dix heures et demi du soir en été ~ Marguerite Duras
Ce petit roman de Marguerite Duras, auteur fameusement reconnue pour des oeuvres comme "L'amant", "Le marin de Gibraltar" ou "Un barrage contre le Pacifique", s'est scotché à mes mains de manière invraisemblable ! J'ai plongé littéralement dans le récit, étrange, envoûtant et amer. L'auteur semble écrire comme un homme : des phrases sèches, une tonalité mitraillée et une implacabilité du style, des mots, des personnages et de leurs aventures. A cela même qu'elle a le génie d'écrire sans façon un désabusement féroce, une lassitude des corps et des sentiments, un amour qui s'en va, la beauté du corps qui s'évapore, le temps qui passe sur le couple terrassé ... Cet oeil met à nu les âmes des personnages de "Dix heures et demie du soir en été" : un couple, Pierre et Maria, sont sur la route des vacances, avec leur fille Judith et une jeune femme, Claire, belle et amicale. D'elle, on pressent qu'elle est l'élément qui fait vaciller le couple Pierre-Maria qui s'éloigne et se perd. Maria se perd dans l'alcool, Pierre dans la désillusion de son amour perdu. Et Maria observe ces deux amants qui se guettent, se cherchent et, probablement, consumeront leurs amours à Madrid. Car c'est en Espagne que se déroule cette histoire, d'abord dans un village où un crime passionnel vient d'être commis. Un certain Rodrigo Paestra vient d'assassiner sa jeune épouse et son amant. Depuis l'homme se cache et la police est à ses trousses. Dans ce village envahi par les touristes déroûtés par l'orage qui s'abat sur la région, chacun se réfugie dans l'hôtel pris d'assaut par cette masse, où l'on dort à même le sol, dans les couloirs. Mais pendant cette nuit, Maria ne dort pas : elle aperçoit l'ombre de Rodrigo Paestra sur les toits, elle l'appelle et l'emmène hors du village ... Et ainsi le roman se profile : sur les routes de vacances, un couple, un enfant, une femme et un criminel recherché. L'on se noie dans les verres de manzanilla, on s'effleure sur les balcons, on se dit qu'on s'aime en pleurant, et l'on perd la vie dans les champs de blé. Beau et étrange roman, publié en 1960, où les acteurs acceptent avec tristesse et lassitude la défaite - de la beauté, de l'amour, de la vie et de la raison. Insaisissable presque, mais incontournable aussi.
lu en octobre 2004
Camelot - Fabrice Colin
Tout d'abord, je tiens à adresser un très GRAND merci à Lily pour la découverte de ce livre (découvrez son billet ici !!!) et pour avoir eu la gentillesse de me l'envoyer !
Un roman tour à tour mystérieux et prenant, qui s'inspire de la légende du roi Arthur, de Camelot et des chevaliers de la Table Ronde... j'ai dit banco.
Mais il est aussi question du Grand Meaulnes, des disparus de Saint Agil ou même du Cercle des poètes disparus comme autres sources d'inspiration.
L'histoire concerne quatre amis qui vont partir à la quête du Graal pour aider un certain Arthur de Beaufort, qui réunit à lui seul les qualités de charme, de séduction et de mystère.
De réunions secrètes en courses folles dans la forêt, dans un manoir où sont cachés des trésors historiques, entre trahison et loyauté, les quatre camarades vont découvrir le vrai sens du « Graal ».
Une quête absolue ? Pas tout à fait ! Il y a une précipitation de faits importants, graves, inquiétants et qui entraînent le lecteur dans cette succession de chapitres courts (idéal pour bâtir un rythme effréné !) et à la suite desquels on se trouve tout aussi échevelé !
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère austère de ce pensionnat, les personnages aux visages doubles, les cachotteries, l'angoisse qui fait battre le coeur plus fort. L'empreinte des légendes arthuriennes est également forte et apporte du crédit à l'histoire, créant cette sensation d'être entre songe et réalité.
Un roman haletant et une lecture tout à fait réjouissante. Sauf la fin, un peu décevante... pour ma part.
Mot de l'éditeur
Institut Saint James de B… Nathan a 17 ans. Il doit passer l’été à préparer son diplôme de fin d’étude, dans cet établissement prestigieux réservé à quelques privilégiés. Avec Éric, David et Mathis, ils forment un groupe d’amis fidèles, solidaires. Un soir, arrive un nouvel élève : Arthur. Sortant d’une longue limousine blanche, accueilli comme un prince par le directeur de l’établissement, il exerce immédiatement une fascination troublante sur les autres. L’un après l’autre, les trois amis de Nathan succombent à l’étrange pouvoir de séduction d’Arthur, ils disparaissent des nuits entières, sans que Nathan ne puisse rien savoir de leurs escapades nocturnes. Ils changent, lui échappent. Nathan décide de parler à Arthur, qui lui propose, s’il le souhaite, de devenir à son tour un chevalier de la Table ronde…
extrait :
« Camelot !
Le nom résonne encore tel un sésame. Camelot, la forteresse, les murailles blanches vertigineuses, Camelot la cité éternelle et le fracas des armes, les cavalcades lourdes, la plainte d'un cor doré au-dessus de l'océan vert !
Camelot était cela, et plus encore. Camelot était notre royaume. Camelot était cette cave secrète, sous la remise au coeur des bois (...). Camelot était cette cave, mais Camelot pouvait être n'importe quelle cave, n'importe quelle mansarde, une clairière même, une simple pièce oubliée, car ce qui faisait Camelot n'était pas un lieu : c'était l'esprit, c'était la foi, les chevaliers, c'était nous cinq, ad vitam aeternam. »
Seuil (jeunesse) - 200 pages - 9.50 € - A partir de 13 ans.