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Chez Clarabel
20 octobre 2007

Histoires de l'esclavage racontées à Marianne ~ Alain Foix

Chaque 10 mai est depuis 2 ans la date de commémoration de l'abolition de l'esclavage en 1848. Une loi, la loi Taubira, a reconnu l'esclavage comme crime contre l'humanité.
Pour expliquer cette tragédie aux enfants, l'écrivain Alain Foix a écrit un conte citoyen très imagé et accessible.

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Marianne, jeune députée de Franche-Comté, va s'échapper de l'hémicycle du Parlement pour découvrir les coulisses de l'Assemblée nationale avec une chambre secrète, parfumée d'odeurs sucrées. Là elle y découvre des bustes de toutes les couleurs, puis une voix la cloue sur place. Une Marianne noire la hèle, l'invite à s'approcher et tendre l'oreille pour apprendre toutes leurs histoires de l'esclavage. Ils sont tous là, Toussaint Louverture, Victor Schoelcher, Delgrès, Dessalines, Victor Hugues, Sonthonax, l'abbé Grégoire, la Vénus Hottentote, la mulâtresse Solitude... Ils nous parlent de leur combat, de leur chant d'espoir, de leur rêve brisé. Ce sont tour à tour des cris de détresse, de colère et d'espérance. Des actes héroïques, une abnégation totale et la foi inébranlable dans le mot Liberté.

Attention, toutefois, au fantôme de l'Île de Gorée ! Il gronde avec son fouet dans la chambre des bustes, menace les martyrs avec son Code Noir sous le bras. Et Marianne, spectatrice, écoute, apprend, retient et va à son tour accomplir un grand geste au nom de la Liberté.

ll y a beaucoup d'intelligence et de simplicité dans cette lecture sur ce qu'était l'esclavage et comment il a été aboli. Bien entendu il s'adresse aux enfants, aux jeunes lecteurs mais il n'est pas interdit aux plus  « grands » de s'y intéresser. Et souligner les grandes lignes : « Le racisme est une forme d'ignorance, un aveuglement qui peut frapper les gens les plus cultivés et les plus intelligents. Il vous empêche de voir les autres comme ils sont vraiment. On les maltraite comme s'ils étaient des objets, sans se soucier du mal qu'on leur fait. »

Le livre est accompagné d'un CD qui raconte l'histoire en la ponctuant de chants traditionnels créoles et de percussions.  « Une mise en scène très dynamique ponctuée par les questions de la petite fille qui permet de faire revivre cette douloureuse époque, sans haine ni sensiblerie. »

Histoires de l'esclavage, racontées à Mariannede Alain Foix - illustrations de Benjamin Bachelier.  A partir de 8 ans.

Editions Gallimard jeunesse, coll. Giboulées. 52 pages.  14.50 €

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19 octobre 2007

(Lecture du soir ... et de pet !)

patenplonJe viens de lire un livre ridicule ! ... Ah non ce n'est pas méchant de ma part, mais quand on découvre le propos de cette histoire, franchement on en sort avec un sourire niais collé sur la face, genre ... est-ce que j'ai bien tout compris ? ... parle-t-on là du prout légendaire ? !

De l'histoire de la flatulence, d'un géant nigaud et de quelques oies qui sont en réalité des chameaux, ainsi donc, nous y allons !

Patenplon est un géant et, ce matin, il a un appétit d'ogre. Pas de pitié pour les oies : il veut un déjeuner pantagruélique. Son appétit est grand, mais Patenplon ne sait être ni cruel, ni méchant. Et surtout, il n'est pas très intelligent. Quand une oie se fait passer pour un chameau, Patenplon se laisse gagner par le doute. Après tout, qu'est-ce qui prouve que les chameaux n'ont pas des ailes et des plumes ? Dépité, Patenplon libère les pauvres chameaux qu'il avait pris pour des oies et part à la recherche de quelque autre pitance. Affamé, il se résout à engloutir des nuages. C'est fameux, mais très indigeste : ça provoque chez Patenplon de grands pets en rafales. Et plus il pète, plus Patenplon rétrécie. Jusqu'à complètement disparaître... enfin, presque ! On ne le voit jamais, mais on l'entend parfois lâcher quelque pet tonitruant...

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Bon, ça vaut le coup d'oeil si l'histoire du pet de géant vous intéresse. La moralité de cette histoire est d'ailleurs apportée en fin de lecture, plutôt amusante !!!

Je pense aussi que c'est un livre très audacieux, par son histoire cocasse, et par les illustrations atypiques de Fabian Negrin : couleurs éclatantes, trait épais et enfantin ... l'idée est insolite jusqu'aux moindres détails ! Scrutez, cherchez, froncez les sourcils : vous en sortirez aussi ébahis que nous !

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Le géant Pantenplon - texte et illustrations de Fabian Negrin - Traduit de l'italien par Marc Voline.

Editions du Rouergue, coll. Varia. 32 pages.  15 €

19 octobre 2007

Du malheur d'être née dans une famille de sorcières

verteA onze ans, Verte découvre qu'elle est la fille d'une sorcière, et la petite-fille d'une sorcière. Impossible de passer entre les mailles du filet, elle aussi est une sorcière ! La sorcellerie est une transmission héréditaire, de mère en fille, et Verte doit absolument accepter son sort. Or, elle refuse. Catégoriquement. Peut-être, pour l'excuser, il faut reconnaître que Verte cumule les mauvais points. D'abord elle abhore son prénom qui est un peu trop décalé, marque de fabrique d'une mère trop originale et qui refuse de faire comme tout le monde, ensuite Verte craint de ressembler à cette mère qui dérange et ne cherche qu'à enquiquiner ses voisins, et enfin la jeune fille veut connaître son père, un certain Gérard porté disparu depuis la nuit des temps ! ... 

Bref, le petit monde de Verte n'est pas celui du pays des Merveilles. Toutefois, Verte est bien entourée, mis à part sa mère Ursule qui bloque et dont les systèmes court-circuitent en matière d'éducation et de pédagogie. C'est auprès de sa grand-mère Anastabotte qu'elle va s'initier à son métier de sorcière (car oui, c'est du travail !). « Pour devenir sorcière, il ne suffit pas d'avoir un don. Il faut se donner du mal. Là comme ailleurs, le vrai secret, c'est le travail. Les jeunes sorcières doivent apprendre, lire et relire sans fin les manuels et s'exercer sous la direction d'une ancienne. »

Et en marge de ses soucis familiaux, Verte va aussi avoir « un amoureux ». Soufi est beau, gentil, il joue au football et va devenir le meilleur ami et le confident de la jeune fille. (Entre-temps, il va servir de cobaye aux premières expériences de sorcellerie, mais chut ! )

Ramdam chez les sorcières ! « Verte » est un ouvrage délicieux, drôle, le portrait d'une famille pas comme les autres, même si les apparences sont trompeuses, où les relations générationnelles sont aussi importantes que touiller ses potions dans la cocotte-minute ou jeter un sort d'Ombre Bleue du fin fond de l'atelier de la grand-mère ! Cette idée de sorcières échappe aux clichés, et c'est de plus très bien écrit par Marie Desplechin qui dope là le moral le plus cotonneux !

Une seule contrainte, désormais : lire la suite, « Pome » ! !

Ecole des Loisirs, collection Neuf. 180 pages.  Illustration de couverture : Soledad Bravi.   7.50 €

Heureusement, le livre vient de paraître !

pomeCe roman est donc la suite de « Verte ». Il respire à nouveau la fraîcheur, l'humour et l'espièglerie. Il perd le bénéfice de la surprise et la nouveauté. C'est un peu du réchauffé qu'on nous sert, toutefois cela reste délicieux !
Verte vient de rencontrer une nouvelle amie, Pome, qui est également une sorcière. Sa mère Clorinda est revêche et bêcheuse, mais fanfaronne rien qu'à l'idée de savoir sa fille suivre l'enseignement de la grand-mère Anastabotte.
Dans ce livre, il y a plus d'éléments masculins, entre le père retrouvé et le grand-père gâteau. C'est une nouvelle communauté qui se forme, parmi laquelle on n'aime pas les mensonges, les omissions, la trahison. Jouer franc-jeu est le credo de Verte. Une nouvelle fois, elle va prouver qu'elle fait fi de la loi du silence des sorcières !
Verte va révolutionner le petit monde exclusivement féminin de la sorcellerie, et ces nouveaux tours de passe-passe promettent (qui sait ?) d'autres palpitantes aventures !
En finissant ce tome, on pressent qu'on abandonne Soufi un peu trop vite, qu'on espère des petites étincelles entre les deux grand-parents et puis ... où est donc passée Ursule, injustement en retrait dans ce livre ? !
Beaucoup de charme, de douceur, d'humour dans ce roman. J'aime infiniment la partie consacrée à Verte (chaque chapitre donne la voix à chaque personnage). J'ai apprécié les retrouvailles, mais je reste attachée au premier, « Verte », qui fut pour moi la vraie découverte !!!

Ecole des Loisirs, collection Neuf - 152 pages.  Illustrations de couverture : Soledad Bravi.  8.50 €

Passons maintenant à une histoire de sorcières  plus « traditionnelles » ...

J'en profite pour glisser une autre suggestion de lecture, toujours dans le domaine « sorcière / sorcellerie », avec ce titre qui appartient à la collection Mouche, c'est-à-dire « Un livre pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls ». Mais pour avoir testé et approuvé, je conseille aussi la lecture orale. C'est un livre qui s'y adapte parfaitement !

cinq_sorcieresLe livre en question est donc  « Cinq sorcières » de Nathalie Kuperman.

Ce sont en fait cinq petites histoires mettant en scène des sorcières : Crapeluche se penche sur les berceaux pour souffler ses mauvais sorts, Crimini adore le ragoût d'enfants, Joukipic s'échappe d'un cauchemar, Rapapouille souhaite remporter le grand prix de laideur et Clochemine veut soigner sa fille avec des chansonnettes stupides.

L'ensemble est sympathique, amusant et plein d'entrain. Des petites touches d'humour, de la caricature facile et légère, des clins d'oeil et des clichés à la pelle ... l'enfant aura plaisir à retrouver ses repères dans ces histoires pas mauvaises, qui ne font jamais peur (et qui me révèlent un auteur à encourager !).

Ecole des Loisirs, collection Mouche. 77 pages. Illustrations de Jean Luc Englebert.  7.50 €

18 octobre 2007

(Lecture du soir ... et de jazz)

Oh my God ! Ce livre-là, mes aïeux, nous a prises par surprise, sans s'y attendre ... Toutes les deux plongées dans notre lecture, moi me demandant si la Miss n'allait pas décrocher dès la première page tournée tant le vocabulaire me semblait un peu loin de ses connaissances basiques, et elle, Miss C., nonchalante et rêveuse, avachie et m'écoutant d'une oreille, à peine tournant un oeil vers les magnifiques illustrations ...

Ah oui les illustrations ! Là déjà nous étions dans l'ambiance, déjà nous trouvions que c'était plus pas mal  « balancé » et que ça ressemblait presque à un film (dit la Miss), franchement de quoi prêter à s'évader ... en route pour l'Amérique des années 20, celle d'une grande ville avec ses clubs de jazz, son béton, ses tours immenses, et des pauvres types qui s'y précipitent dans l'espoir de réaliser leurs rêves.

Enfin nous n'en étions pas encore là. Mais l'histoire a commencé ainsi :

« La nuit, en ville, ne tombe jamais vraiment : les néons des enseignes, les phares des voitures, les réverbères et les fenêtres illuminées chassent l'obscurité dans les coins les plus reculés. Même en fermant les yeux, on ne peut voir de noir noir. Mais Toni Mannaro aime ça, les lumières de la nuit ; surtout après la pluie, lorsqu'elles se mirent dans les flaques et sur le pavé humide. Il y voit des étoiles, tombées à terre rien que pour lui, pour éclairer sa route et rendre sa solitude moins pesante. »

toni_mannaro

Toni Mannaro est arrivé en ville avec deux bagages et des centaines de rêves qu'il compte bien tous réaliser. Son rêve numéro un : devenir saxophoniste et pourquoi pas (rêve numéro deux) : faire partie du jazz band de Miss Maria Pig, la célèbre chanteuse de jazz. Toni a un souci : personne n'aime sa sale gueule, tout le monde le fout à la porte, on le fuit, il fait peur ... c'est l'horreur, le désespoir.  « Le spleen l'envahit et les notes qui sortent de son saxophone se font alors plus aiguës et plus vibrantes... »

Sincèrement, en fermant le livre, nous n'avions qu'une envie : écouter de la musique ! Oui, du jazz - pourquoi pas ? Et c'est dommage que ça manque, cette petite touche musicale, sous la forme concrète d'un cd, par exemple. Parce que l'envie est communicative. Même la Miss, du haut de ses 7 ans bien tassés, s'est exclamée qu'elle voulait de la musique, nom d'une pipe en bois ! C'est vous dire l'impression que vous file ce livre ! ... Vraiment une ambiance hors du temps, un voyage en arrière, une plongée en musique sur le milieu new-yorkais des années 20.

Dans cette magnifique histoire écrite par l'italienne Manuela Salvi, le vocabulaire est recherché, le style est pointu, très joli sous la langue, de quoi enchanter les jeunes enfants (dès 7 ans, à mon avis). L'ambiance par les illustrations de Maurizio A.C. Quarello est un atout majeur pour retranscrire l'aura, partager cette belle sensation de vie nocturne et urbaine d'une capitale culturelle où tout semble possible. C'est le portrait d'une époque, c'est le parcours initiatique d'un rêveur et/ou d'un ambitieux, avec un chemin pavé d'espoirs et de désillusions.  C'est aussi une histoire émouvante sur la différence.

En gros, c'est un livre purement génial !

Toni Mannaro (Jazz Band) dans "Ballade Nocture" - un récit de Manuela Salvi, illustré par Maurizio A.C. Quarello. Traduit de l'italien par Marc Voline. 

Editions du Rouergue, collection Varia.  Octobre 2007.  36 pages  -  15 €

18 octobre 2007

Sombres citrouilles - Malika Ferdjoukh

sombres_citrouilles« Sombres citrouilles » est le roman de Malika Ferdjoukh paru peu avant la série des Quatre Soeurs, et au début il me semblait retrouver quelques points de repères, quelques pistes pour lancer la tétrade et le succès qu'on lui connaît ...
Bref, « Sombres citrouilles » se passe la journée du 31 Octobre dans une grande et vieille maison bourgeoise, La Collinière, où la famille Coudrier célèbre l'anniversaire de Papigrand, le patriarche. C'est aussi le rendez-vous hebdomadaire au cimetière depuis le décès brutal du fils aîné, Dimitri, noyé en pleine mer. Un drame pour Mamigrand !
Mais l'histoire commence dans le potager quand les enfants découvrent le corps sans vie d'un homme qu'ils ne connaissent pas. Le soupçons grapillent les esprits, les spéculations les plus folles les gagnent car ils ont tous vu ou entendu un truc suspect pour accuser un membre de la famille !
Alors il faut que la journée se passe sans heurts, qu'on cache le cadavre et qu'on y revienne plus tard. Demain, par exemple. Mais c'est difficile de maintenir le secret, de ne pas éveiller les soupçons, de fureter et de chercher des indices pour connaître QUI est le coupable !
L'histoire est racontée tour à tour par les personnages principaux, en de brefs paragraphes, mais les enfants ont le plus souvent la parole : Hermes, 13 ans 1/2, les jumelles Violette et Annette, Colin-Six Ans, et Madeleine, 15 ans. L'aventure est vécue de manière assez fantaisiste, plutôt légère, aidée de cette plume toute fraîche de Malika Ferdjoukh. Malgré le drame, l'intrigue est bien tournée, quelques perches sont tendues mais le roman est formidablement bien maîtrisé.
Et puis, le clash, en fin de parcours, avec la découverte d'une lettre. D'un coup, d'un seul, l'ambiance devient horrible, sombre, abominable, complètement en décalage avec la lecture générale. Personnellement j'ai été destabilisée, un peu décontenancée et j'ai apprécié moyennement ce gong final.
Cependant, cela n'alterne pas mon bonheur de lecture et je conseille de lire ce livre sans hésiter !

L'Ecole des Loisirs, coll. Medium - 222 pages.   8.50 €

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17 octobre 2007

Aujourd'hui, on parle de fantôme et de loup !

petit_fantomeCette histoire se passe la nuit, et tout commence au fond d'une grande armoire où se trouve Petit Fantôme. Comme son nom l'indique, il est petit, tout blanc, il flotte (ou plane), habillé d'un pyjama, petite bouille ronde et grand regard bleu, c'est Petit Fantôme. Il attend l'heure pour lui de s'échapper de sa cachette, quand la lumière est partie et que le sommeil a soufflé sur tous les oreillers. Il est temps alors de se faufiler dans la maisonnée, de la hanter de sa petite silhouette fantomatique.

Et Petit Fantôme explore, gambade, farfouille et retourne, pioche dans les tiroirs à chaussettes, taquine et s'éparpille. Il joue, il s'amuse comme un fou, plonge dans la soupe ou prend le frais dans le frigo, il n'a de cesse d'enchaîner les bêtises. La nuit lui appartient, le noir le camoufle. Mais attention au chat !  ... L'animal ronronne, fait mine de roupiller mais l'oeil frise. Il pourrait bien, d'un coup de Miaaaoouu, faire disparaître Petit Fantôme.

Mais à quoi bon ? Un peu lâche et fainéant, le chat a bien plus peur de se retrouver seul, tout seul la nuit... qu'avec ce fantôme rikiki. Alors il fait comme si tout ça, bah, il n'en savait rien, ça n'existait pas et il s'endort !

Bonne nuit, les petits lecteurs !

Il est mignon, ce Petit Fantôme ! Dans son album, format moyen, tout noir et illustré par fines touches couleur arc-en-ciel, le plaisir de lecture vous attrape vite au tournant. Et qu'attendre de la paire Ramona Badescu (Pomelo) et Chiaki Miyamoto (Le petit monde de Miki), sinon enchanter et complaire le lectorat ? !!! L'aventure de Petit Fantôme, la nuit, quand la maison dort, est drôle, empreinte de poésie, servie par un texte sans tralala. Ce livre est une rencontre, entre la forte personnalité cocasse de Ramona et l'esprit plus évanescent de Chiaki - elles arrivent ainsi à donner une atmosphère à ce livre qui est absolument stupéfiante !

Verdict de Miss C. :  « le livre est tout noir mais le petit fantôme est très mignon, l'histoire aussi est très drôle ! »

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Petit fantôme - par Ramona Badescu - illustrations Chiaki Miyamoto - Gallimard jeunesse, coll. Giboulées . 40 pages / 12.00 €

pas_peur_du_loupJe ne vais pas décerner la palme de la plus attrayante couverture avec cet autre livre, mais il faut passer la frontière et se laisser séduire par cette histoire de loup. Personnellement j'ai plutôt savouré !!!

Dans notre bouillon, il y a un pépé Louis, des enfants insatisfaits, des contes à revoir et un loup professeur d'histoires à faire peur. Voilà le topo : pépé Louis est renvoyé car ses contes ne plaisent plus aux petits-enfants, il faut qu'il ailler toquer chez le loup pour obtenir une recette plus croustillante. Un marché est conclu, vite fait bien fait, et nos deux compères se penchent sur leur exercice. Ce qu'invente (???) le loup est si terrifiant que les oreilles furtives vont frétiller et donner l'alerte pour s'enfuir, loin, bien loin de ce loup ... à l'imagination (???) fort débridée ! Et même pépé Louis doit admettre que le loup commence à lui ficher une petite trouille non négligeable.

Mais ça marche plutôt pas mal auprès des enfants, et même carrément bien ! Les histoires du loup sont horribles, purement et simplement horribles. Pépé Louis s'endort du sommeil du juste, mais les petits restent tétanisés par cette histoire du soir ... pas tellement reposante ! Alors, à leur tour, ils vont concocter une histoire « noire » pour bien effrayer leur pépé Louis.

Oui, j'ai tout de suite été accrochée par l'histoire, embarquée par ce que l'auteur proposait, parce qu'au premier abord cela semble anodin et facétieux. Très vite, pris dans les filets de l'intrigue, on ne décroche plus et on tourne, on tourne et on tourne encore les pages pour connaître la suite ! Il y a de l'humour, oui, au programme. Et assez singulièrement, il y a du suspense, de l'attente, une curiosité mise à rude épreuve. C'est tellement efficace que je suis arrivée à la dernière page en étant déçue d'être à la fin. J'aurais bien aimé encore un peu de rebondissements et coups de théâtre !

Histoire séduisante, étourdissante, qui fait rire (beaucoup) et frissonner (un peu). Et finalement les illustrations, plutôt originales, se fondent totalement dans l'ambiance du texte. Encore une belle lecture que voilà !

Verdict de Miss C. :  ... elle est restée bouche cousue tout au long de la lecture !!!

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Pas peur du loup, par Anne Cortey - illustrations Vincent Bourgeau - 32 pages.  Gallimard jeunesse, coll. Giboulées.  11.50 €

16 octobre 2007

Ma femme est une sorcière (le film)

16 octobre 2007

Ma femme est une sorcière - Thorne Smith

Ma_femme_est_une_sorciereDans la petite ville de Warburton, dans l'état de New York, T. Wallace Wooly Jr. est un homme respecté, pour sa richesse et sa loyauté envers sa défunte épouse. Un soir, après un rendez-vous avec Betty Jackson, sa blonde secrétaire aux longues jambes, Wooly est le témoin inopportun du violent incendie de l'hôtel Monroe. L'homme, dans toute sa fascination pour le feu, se précipite sur les lieux et découvre une jeune femme prise aux pièges des flammes. N'écoutant que son courage, il porte secours à cette donzelle à la peau si fraîche et dénudée !
Un scandale ! Les journaux colportent aussitôt la nouvelle. M. Wooly n'est pas un homme de la bagatelle, il faudrait que cela se sache. Justement il a un entretien avec cette Mlle Jennifer Broome, rescapée du sinistre. Ses employés le mettent en garde, mais lorsque l'apparition opère, c'est déjà trop tard ! « Mais lorsqu'une femme a une couronne somptueuse de cheveux brillants et sombres, lorsqu'elle a des yeux en amande, à demi fermés, des iris d'un jaune clair et lumineux luisant dans l'ombre de la chambre, lorsqu'elle a une bouche incurvée en un sourire bref, semblable à celui d'un chat, cruel et passionné, de petites dents blanches se montrant en un sourire de joie sans mélange, une main, aussi blanche que neige, se tendant avec impatience... »
Las ! notre homme est ensorcelé ! Pris sous le charme de cette redoutable séductrice, Wooly va accepter de l'épouser sur le champ. Cette annonce plonge l'entourage en émoi, mais les noces se déroulent sans tambour ni trompettes. Jennifer Broome devient la nouvelle Mrs Wooly, et aussitôt son désir d'exclusivité va s'étendre de façon étourdissante. Un par un, elle écarte les opportuns, les présences encombrantes, tourne la tête des récalcitrants, renvoie dans leurs chaumières les résistants.
Les carottes sont cuites !
Mais M. Wooly commence à s'étonner du comportement de son épouse. D'abord il se surprend à ressentir une contradiction dans ses sentiments, un mélange d'agacement et d'attirance incontrôlable. Puis il découvre Jennifer, en pleine nuit, escalader la bignone avant de rentrer se coucher aux aurores. Quelle étrange jeune femme ! Et si elle n'était finalement pas ce qu'elle prétendait ?
Démasquant le pot aux roses, Wooly va mettre les pieds dans le plat mais ne sera pas, pour autant, débarrasser de sa sorcière de femme ! Cette dernière, déchaînée, va lui jeter un sort qui conduira notre bonhomme à finir « rond comme une queue de pelle » !

Sordide - pensez-vous ? Un peu hélas, oui. Autant le début du roman était savant, pétillant, subtil et délicieusement ironique, autant la fin du récit vire complètement burlesque et lourde comme c'est pas permis ! Décédé prématurément, l'écrivain Thorne Smith n'a pas pu terminer son roman et c'est un autre auteur, Norman Matson, qui a bouclé le manuscrit. Pourrait-on expliquer le déséquilibre de la lecture par ce fait ?
Quoi qu'il en soit, le roman a été adapté à l'écran par René Clair (avec un scénario largement remodelé), puis a fait l'objet d'inspiration de pièces de théâtre et d'un film (Bell, Book and Candle - devenu L'Adorable voisine au cinéma - avec James Stewart et Kim Novak).
La lecture de ce livre vaut le coup d'oeil pour la peinture des personnages, entre un Wooly carrément niais et crétin, une Betty Jackson assez cruche et la féline Jennifer, qui provoque chaos et désordre pour attirer le stupide Wooly dans les flammes de l'Enfer ! Le roman a de belles choses à raconter, peut-être est-ce un tantinet désuet par endroits, mais il n'empêche qu'il remet les pendules à l'heure face aux récentes adaptations cinématographiques (cf. le déplorable Bewitched !).

Terre des Brumes - 230 pages -  Traduit de l'anglais par Anne-Sylvie Romassel.

Et puisque c'est bientôt la fête des sorcières, autant s'en donner à coeur joie ! ! !  ;o)

Un p'tit extrait, pour la route : 

«  - Jennifer est une vraie dame, adorable, cultivée. Elle sera une bonne mère pour toi.
- Oui, papa, dit Sara.
- Bien sûr, elle est très différente, dit Wooly.
- C'est vrai, dit Sara.
Ils ralentirent le pas pour qu'elle puisse regarder une dernière fois la grande et vieille maison sous les ormes.
- Tu fais des progrès en algèbre ? demande M. Wooly.
- Oui, oui, dit-elle. Je veux dire, pas du tout. Es-tu heureux, papa ?
- Hein ? Quelle idée de me poser une question comme ça ? Si je suis heureux ? Le jour de mon mariage ? Je suis gai comme un pinson.
- Vraiment ?
C'en était trop.
- Vraiment ? Diable, fillette, comment veux-tu que je sache si le pinson est vraiment gai ? Je n'en ai jamais vu, et je n'ai jamais eu l'occasion de lui poser la question. Toute cette histoire de pinson qui siffle nuit et jour, en proie à je ne sais quelle éternelle gaieté n'est peut-être qu'un mythe. Mais un mythe, ajouta M. Wooly assez follement, vaut peut-être une messe. Ha, ha !
- Je ne t'ai jamais vu comme ça, dit tristement Sara.
- Tu ne m'as jamais vu le jour de mon mariage, fillette, rétorqua M. Wooly.
- Ne me donne pas du fillette à tout bout de champ comme si nous étions dans un roman de Dickens, ou de je ne sais qui.
- Eh bien, Mlle Wooly, il est pourtant bien vrai, n'est-ce pas, que c'est la première fois que vous me voyez le jour de mon mariage ? Vous n'étiez sûrement pas invitée la première fois. Quant aux pinsons, j'allais justement dire que « l'amour se gausse du mythe du gai pinson ». Ha, ha !
- Oh pauvre papa, dit Sara. Tu es à bout de nerfs.
- Ha, ha, dit M. Wooly.
- On dirait que tu es ensorcelé.
- Et pourquoi pas, Sara ? N'est-elle pas ensorcelante ? »

15 octobre 2007

Sans te dire adieu - Maryam Sachs

sans_te_dire_adieuRoxane est l'épouse comblée de Kamran, qu'elle a connu très jeune à 12 ans. Sûre de son choix, amoureuse éperdue, la jeune femme s'est mariée en croyant très fort à son rêve de princesse. Les premières années furent idylliques, et encore maintenant Roxane est profondément attachée à son mari, seulement elle se demande si les feux de la passion n'ont pas commencé à filer dans les airs.
En fait, si elle se pose ces questions, c'est aussi parce qu'elle vient de perdre pied en croisant le regard bleu d'un jeune homme, un soir à la brasserie Lipp, qu'elle n'a pas hésité à le suivre dans la rue où elle fut le témoin de son accident. Roxane a hélé un taxi, chargé le jeune homme inconscient et s'est rendue à l'hôpital avant de disparaître.
Le souvenir de l'inconnu est tenace, met en péril ses convictions. N'en pouvant plus, Roxane va chercher à le revoir.
L'histoire, au début, se présente comme un portrait de femme attachant - Roxane vient d'Iran où elle a vécu ses premières années avant de connaître l'exil, entre la Californie, Londres et Paris. Son mariage avec Kamran, un ami de la famille, s'est inscrit dans une continuité, une tradition consentie et qui correspondait aux rêves de la jeune femme (et de sa famille). Pendant les premières pages, sincèrement, le roman s'accroche à tracer la psychologie de cette femme avec une jolie clairvoyance, beaucoup de sensibilité aussi.
Et puis, en cours de route, j'ai de moins en moins apprécié la direction que prenait l'histoire. Roxane, en bute avec ses désirs et son coup de foudre, devient un vrai casse-tête, un tourbillon de questions et d'atermoiements. Personnellement, je me suis lassée.
Dommage pour ce premier roman qui avait des atouts généreux, servi par une belle plume, mais qui pêche par manque d'action à force de trop d'introspections ! A voir.

Le Passage - 167 pages - Octobre 2007.  14 €

Extrait : J'aime les livres. Tant qu'ils sont là, rangés par ordre alphabétique sur les rayonnages de la librairie, épars sur la table basse de notre salon, empilés à même le sol de notre chambre, tant que j'en ai au moins un sous la main, je me sens en sécurité. Les livres me parlent et je leur réponds. J'entretiens avec eux un rapport quasi charnel. Je leur dois mes larmes, ma gaieté, ma tendresse, ma sensualité. Je me promène entre les mots chaque fois que l'envie m'en prend, avec la certitude qu'au bout de la page, du chapitre, de la ballade ou du quatrain, le plaisir m'emportera loin, très loin. Je prends des mots, engrange du savoir avec l'application d'une écolière. J'extrais une phrase ou une expression, que je consigne sur l'un de ces petits carnets de poche - les One year of white pages, ou bien les célèbres Moleskine d'Ernest Hemingway - que nous vendons aussi, à la librairie. Oui, j'aime les livres et tout ce qui tourne autour d'eux. "Tu devrais écrire, écrire pour de vrai", me disait souvent mon mari quand il me voyait griffonner ainsi. Ecrire ? Non, je préfère lire les mots des autres, c'est moins dangereux.

14 octobre 2007

Clair de femme ~ Romain Gary

 

Résultat de recherche d'images pour "clair de femme""Clair de femme" est une bouleversante histoire d'amour au sens très large. C'est la rencontre entre Michel et Lydia, tous deux blessés et saouls de malheur. Lui car sa femme se meurt et l'a prié de s'en aller rencontrer une autre femme ; elle, Lydia, la quarantaine et les cheveux blancs, coupable de ne plus aimer l'homme qui a tué leur petite fille dans un accident de voiture. Ces deux êtres en perdition, écorchés et malheureux, vont se heurter sur un trottoir, faire l'amour cette première nuit, se parler et errer dans les rues de Paris pour se consoler. Leur rencontre va alléger leurs chagrins, pensent-ils... Le roman se passe en une nuit : le temps pour la femme aimée de mourir, le temps pour Michel et Lydia de parler amour et couple. « Nous avions besoin d'oubli, tous les deux, de gîte d'étape, avant d'aller porter plus loin nos bagages de néant ». Toutefois, Michel est un bâtisseur de cathédrales et son attente du couple est trop faramineuse pour l'ultra-sensible Lydia qui prend peur de cette promesse d'édifice. Michel doit partir vers d'autres terres pour oublier sa femme trop adorée et cette dernière nuit va s'écouler tristement, vainement. Ode à l'amour, à la vie de couple, à la pérennité de cet amour ?... "Clair de femme" est un bouleversant hommage d'un homme pour la femme de sa vie, la célébration passionnée de la « patrie du couple» ; « d'une bienheureuse absence d'originalité, parce que le bonheur n'a rien à inventer ». Étourdissant d'actualité pour un texte publié en 1977, ce roman s'inscrit dans la coulée d'une écriture claire et aérée, il révèle l'angoisse du déclin que pressentait l'auteur lui-même - il s'est finalement donné la mort en 1980.  « Il y a dans ce roman la dérision et le nihilisme qui guettent notre foi humaine et nos certitudes sous le regard amusé de la mort, écrivait Gary. Les dieux païens nous guettent installés sur l'Olympe de nos tripes. Notre vie n'est peut-être que le divertissement de quelqu'un. Tout se passe comme si la vie était un music-hall, un cirque où un suprême senôr Galba [pitoyable pitre alcoolique, dresseur et montreur de chiens]...s'amuserait à nos dépens ». Nullement sinistre, "Clair de femme" se révèle époustouflant !

lu en octobre 2004

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