Quatrième de couverture
Lorsque Rita, une jeune Norvégienne, débarque à New York en 1964, le rêve américain brille toujours aussi fort pour ceux qui viennent d'ailleurs. Et tout s'enchaîne si vite quand on a dix-huit ans. Elle rencontre Ove, un garçon silencieux. Ils passent des nuits ensemble à s'aimer sur le toit de leur immeuble, à Brooklyn. Mais durant cet été si chaud de l'année 1964, la roue de l'Histoire tourne vite. Ove est appelé par l'armée américaine pour aller se battre au Vietnam. Personne ne proteste contre cette guerre. Pas encore. Et Rita n'ose pas lui écrire ce secret dont elle est si fière. Bientôt, la guerre sera terminée, non ?
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Il y a trois éléments clefs dans ce livre, comme l'indique le titre : une héroïne de 18 ans, Rita, qui débarque à New York après une longue mission en mer à bord d'un navire de la United Fruit Company où elle était télégraphiste, en plein dans l'année 1964. A la même époque, la société américaine va vivre sa période la plus troublante avec les mouvements sociaux, le début des droits civils (le Black power, l'assassinat de Malcolm X, la persécussion raciale) et le désastre annoncé de la guerre au Vietnam.
En 1964, il fait très chaud, Rita traîne sur les toits d'un appartement de Brooklyn, elle est amoureuse et passe son temps en compagnie d'un groupe d'accordéonistes, de jeunes insconcients et des idéalistes. Mais la guerre les rattrape, les premiers appelés doivent partir sur le front et découvrir l'ampleur du bourbier. Rita elle-même va se mouiller à la conscience politique, en suivant de près ou de loin les courants émergents grâce à sa rencontre avec Winnie, une Afro-américaine à la beauté renversante. Et puis Rita va tomber enceinte, attendre un enfant dans ce chaos international, et apprendre abruptement que sa place n'est plus souhaitée en Amérique.
Le propos du roman est foncièrement brutal, et pourtant l'auteur norvégienne, Unni Nielsen, s'est contentée d'un tableau épuré où son écriture subit les mêmes cahots que ce que vivent les personnages. Elle-même parle d'une « langue plus jeune, plus rapide, plus impertinente par moments ». Personnellement je n'ai pas été totalement séduite par ce style, mais je trouve qu'il colle à merveille dans le récit et le message annoncé. Outre la naissance de la prise de conscience politique qu'aborde ce livre, il traite aussi d'une société en rupture, déracinée et déroutée par un manque de repères, et qui voit dans la musique un moyen de se raccrocher à la beauté du monde, à l'espoir d'une paix pour tous (citons pour exemple les Beatles, Hendrix, Bach et la chanson folk...).
C'est en quelque sorte un roman engagé contre toutes les guerres « qui n'en finissent par de finir » et qui sont « une maladie de l'âme » (dixit Martin Luther King), c'est aussi et avant toute chose un roman sur les années 60 et qui parle d'une certaine jeunesse tiraillée, porteuse de tant de révoltes et de rêves unifiés ! Difficile à lire, à destiner pour les lycéns qui étudient ce sujet dans leur programme d'histoire.
Editions du Rouergue - coll. doAdo monde - 252 pages. 11,50 €
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.