Retour en Islande ~ Olafur Johann Olafsson

retour_en_islandeDisa, d'orgine islandaise installée en Angleterre, dans le Somerset, tient un manoir résidentiel avec Anthony. Se sachant gravement malade et condamnée, elle décide d'entreprendre LE grand voyage de sa vie : celui qui la ramènera sur ses terres. Elle a rendez-vous avec quelqu'un, quelques vingt ans après. Mais au cours de ce voyage, Disa va d'abord ressasser les événements depuis son enfance à aujourd'hui, le parcours de son existence et de sa vie de femme. Pas toujours rose, teinté parfois de romance avec un juif allemand, Jakob, dont elle a perdu la trace pendant la guerre. Pourtant Disa n'est pas de celle qui se morfonde en tenant leur flacon de sels à la main, c'est une fonceuse, elle a un caractère fort et entier, qui pardonne difficilement en faisant fi d'absolution.
Ce livre se présente presque comme un journal intime : les chapitres sont courts, se suivent, ne se ressemblent pas. On passe de l'avant à l'après assez brillamment. Pour cela, l'auteur a bien su cerner son sujet. Par contre, je doute un peu qu'il ait bien réussi à délimiter son portrait de femme, que j'ai parfois trouvé un peu frigide, rigoureux et inflexible. Mais peut-être la tendance à pencher vers la mélancolie, et le passé sensible de Disa a involontairement influencé cette personnalité. Toutefois, malgré les coups durs, Disa ne s'est jamais épanchée au mélodrame et j'ai notamment apprécié cette fuite du sentimentalisme. Ce roman m'inspire des lectures comme celles de Kazuo Ishiguro, où poésie et finesse y sont des soeurs jumelles. Et l'introspection, un travail à part entière, mené délicatement, savamment et sûrement. Un petit régal, en somme.

Seuil, 20€

La Villa des Mystères

C'est l'histoire d'une génèse : aussi bien celle de "Frankenstein" mais surtout du moins connu et plus ténébreux "Le Vampire" de Polidori. Ce dernier est, dans ce roman de Federico Andahazi, encore jeune secrétaire de Byron, poète "maudit" et sulfureux, exilé d'Angleterre dans cette villa au bord du lac Léman. Entre ces quatre murs, se trouvent aussi réunis Mary et Percy Shelley, et Claire Clairmont, assez pâlotte et souffreteuse. Il faut dire que les événements se passant dans cette villa sont d'ordre orgiaque. Au point de davantage penser à une ambiance érotique, plus que de science-fiction (cf. édition poche) !

Bref, Polidori, présenté comme un personnage assez maladivement jaloux, complexé et haineux, va recevoir des lettres d'une certaine Annette Legrand qui lui propose un bien étrange contrat. Polidori, opportuniste et désespéré, va sauter sur l'occasion pour prouver à l'assemblée de ses hôtes (pour lui, arrogants) qu'il est tout autant capable de répondre au défi lancé par Byron - écrire une histoire "épouvantable".
La lecture de "La villa des mystères" est surprenante tant elle se "dévore". D'autre part, ce sens de "dévorer un livre" prend une signification "particulière" dans l'histoire. Purement fictive, mais palpitante, angoissante, ahurissante et exaltante. La conclusion du roman offre aussi un agréable et saisissant épilogue. Très bonne lecture, donc.

Jours de juin

Paul McLeod était marié à Maureen, ils ont eu trois fils : Fenno, Dennis et David. La vie, le mariage, la mort et le cycle continue avec les enfants. Les personnages du roman ont tous un long parcours à faire pour atteindre un but assez flou : « regarder la vie qui les attend, apprendre à vivre tout simplement ». C'est un peu ce message subliminal que tente de nous inculquer Julia Glass avec son roman ambitieux, dense et passionnant : 655 pages d'une histoire familiale, avec ses rencontres, ses départs et ses choix à définir pour construire sa vie, petit à petit. L'histoire est captivante et construite avec intelligence sous la forme d'un triptyque où se succèdent trois étés dans la vie des McLeod. « Jours de Juin » est une saga familiale avec ses rebondissements mais surtout avec une analyse pointue des états d'âme des personnages. Ils ont en commun d'avoir perdu leurs repères, de se sentir seuls mais de chercher à tromper la solitude. Ils voyagent ou font des enfants, ils viennent en aide aux plus défavorisés, ils paient leurs dettes... cela prend du temps, mais au final ils pourront se dire : « voilà, nous sommes arrivés - malgré les retards, les difficultés et les inquiétudes du trajet - enfin, ou pour le moment, nous sommes là où nous avons toujours voulu être ». C'est un roman subtil et épais dans lequel on plonge sans lever le nez. L'auteur est américaine, bizarre car le cachet du livre prêtait à penser qu'il était so british ! A conseiller vivement !