La délégation norvégienne - Hugo Boris
Est-ce l'alcool en carafon, le cuir brun, le mobilier vieux chêne, le feu qui crépite dans la cheminée ? Ce climat anglais où l'on s'assassine en grignotant des scones et en buvant du thé ? Il lui semble que chaque chose est bien à sa place, que chaque personne autour de cette table est un peu trop racée pour être honnête. S'appelle-t-on Ethel Brakefield dans la vie ? Ou Ernst von Sydow ? Ou même Lucas Cranach ?
Un relais de chasse absent de tous les guides spécialisés. Cinq hommes, deux femmes, qui viennent des quatre coins de l'Europe et ne se connaissent pas. Sept chasseurs pris par la neige, qui doivent se défendre du froid, de la faim, de la paranoïa qui les guette. Prisonniers ? D'une île à la rigueur, mais d'une forêt ? Ils le sont pourtant, serrés par les arbres, piégés par la neige. L'un d'eux commence à douter : et s'ils n'étaient pas victimes du hasard, de la malchance ?
Au fil des pages, René Derain acquiert la conviction qu'il est condamné, qu'il va mourir. Non pas de froid, de fatigue, de gangrène ; il sera assassiné. Il sent, dans son dos, le souffle d'une intelligence. Il sait qu'ils sont devenus de vulgaires pantins. Et que le piège ne demande qu'à se refermer.
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Pour être étrange, ce roman est plus qu'étrange ! L'idée est sans doute d'avoir voulu créer un huit-clos dans une cabane de chasseurs nichée au coeur d'une forêt. Pas âme qui vive aux alentours, un froid polaire qui s'installe d'un coup et nos protagonistes vont de parties de chasse en papotages au coin du feu se glacer les sangs sans moufter ... si ce n'est l'un d'eux, René Derain, qui commence sérieusement à s'inquiéter et à suspecter qu'on cherche à lui faire la peau !
Sur le papier, l'idée paraît brillante, au moins étonnante. Mais la lecture est moins convaincante. Peut-être le récit est-il freiné par des passages trop longs, trop lourds et donc ennuyeux (les heures de chasse, par exemple). C'est bien d'avoir tricoté son filet pour piéger le lecteur et le forcer à lire jusqu'au bout pour connaître le fin mot, il n'empêche que la chute tombe comme un cheveu dans la soupe. Pas qu'elle arrive trop vite, loin de là ! Le trajet parcouru pour arriver là me semblait assez sinistre, pataud par endroits, j'avais suffisamment hâte de découvrir le dénouement de cette bizarre, très bizarre aventure ! Mais le concept imaginé par l'auteur pêche d'adhérer mon total enthousiasme. Belle idée, mais peut mieux faire ??? ...
A tenter, si la curiosité vous pique.
Editions Belfond - roman de 275 pages - 17,50 €