Consigne du jour :  Ne pas se prendre au sérieux.

anticyclopedie

Bon, les jours passent et les commentaires fleurissent à droite et à gauche sur les blogs, parce que nous avons TOUS reçu le même mèl des auteurs de cette anticyclopédie et nous avons quasiment TOUS répondu à l'affirmative pour découvrir ce petit livre pas bien épais, tout de beige vêtu et orné d'une petite baleine porte-clefs. Pas de quoi casser des briques, mais heureusement le contenu est drôle ! Je me joins à ce concert de blablas positifs sur ce bouquin, avec une question qui me trotte de plus en plus...  « A qui ce livre va-t-il finalement s'adresser ? ! »

Non, je ne suis pas rabat-joie. Pour preuve, je vais vous offrir un florilège d'extraits pour mieux vous faire apprécier la causticité de l'ouvrage.

« De quoi parle l'Anticyclopédie ? C'est très simple : d'absolument tout. Depuis les dinosaures jusqu'à la Grande Muraille de Chine, en passant par l'Apocalypse et les essuie-glaces, chaque sujet est abordé en détail, dans un souci de rigueur scientifique qui force l'admiration. Certaines notices comportent même des données chiffrées et des pourcentages. Et comme l'éditeur n'a pas regardé à la dépense, plusieurs photographies sont légendées. »

Que de sérieux !  ... Lisons la suite :

« Pour mener à bien notre projet, nous nous sommes naturellement adressés aux meilleurs spécialistes de chaque domaine ; malheureusement, il nous a été impossible d'obtenir le moindre rendez-vous. Nous avons donc dû tout vérifer par nous-mêmes, du nombre de poils de l'oppossum jusqu'à la distance entre la Terre et Pluton. Cette tâche nous ayant pris de longues années, nous n'avons pas vu grandir nos enfants, ni même participé à leur conception.»

Je respire d'aise. Cet ouvrage n'a pas la prétention des grands mots et des grandes sciences, il affiche d'emblée une farouche envie de taquiner et de faire pouffer de rire.

Comprendra-t-on que nous avons là un fourre-tout d'absurdités et de notes burlesques sur des thématiques historiques, spirituelles, philosophiques, artistiques, scientifiques, etc. ?  A ceci près, que tout n'est que second degré, de A à Z. L'idée n'est sans doute pas nouvelle (on pense de suite aux Miscellanées de Mr. Schott) mais les auteurs ont de l'humour à revendre, un dynamisme sûr pour générer un buzz - efficace - sur le net. Alors je cautionne, même si ce n'est pas le genre de lecture que je préfère !   

« Chaque livre est une aventure, un pari, un défi. L'Anticyclopédie va-t-elle plutôt séduire l'élite intellectuelle parisienne ou, au contraire (comme nous l'espérons pour des raisons financières), racoler le grand public, grossier et inculte ? Sera-t-elle intronisée au panthéon des Lettres, ou bien transformée en litière à cochon ? Quant à nous, les auteurs, ferons-nous des orgies avec de superbes top-modèles suédoises, ou resterons-nous avec nos petites amies respectives ? »

Oups, nous n'en sommes pas là ! Mais  je gage que cette lecture pourra plaire au plus grand nombre. Parce qu'on y parle un peu de tout, jamais de façon loquace ni savante, et parce qu'on aborde des sujets assurés de remporter un petit succès. Parmi ceux-ci, les inéluctables années 1980 (ou le triomphe de la culture) !

« Les années 1980 ne pouvaient pas durer. Trop colorées, trop dérangeantes, indomptables. Mais personne ne les a oubliées, y compris ceux qui sont nés après. »

C'est tellement vrai ! La suite aussi me séduit, où on y parle des incontournables Goldorak, Pif Gadget et du Rubik's cube. Ce sont là plus que des symboles, c'est toute une époque ! Et quand je pensais que les auteurs avaient vraiment bien bûché leur sujet, paf ! je tombe sur le couac du bouquin et je ne peux m'empêcher de relever l'erreur notable.

« (...) un monument funéraire a été érigé en souvenir de Maya l'abeille, morte d'avoir mangé trop de colza transgénique. Le criquet Willy, son ancien amant, vient tous les jours y déposer une fleur. Mais il ne bondit plus comme avant. Maudits rhumatismes... »

MayaGrossière erreur, chers auteurs ! D'abord le criquet s'appelait Flip car Willy était aussi une abeille (entre nous, c'était LE meilleur ami de Maya, mais aussi une petite chose timorée et paresseuse, tandis que Flip, dandy agaçant, était le narrateur de l'histoire qui roulait des mécaniques.) Alors, elle a vécu les amours de son choix - avec un criquet, pourquoi pas ? - mais qu'on n'usurpe pas l'identité de ce cher Willy !!! C'était une abeille, pardi !   

Je vous avoue que j'ai bien du mal à passer l'éponge, une telle erreur fait de l'ombre au tableau ! ... Cela faisait partie d'un chapitre original, un texte intitulé Retour en enfance (imaginez Kirikou, devenu industriel de la potasse, qui a bâti une maison de retraite pour personnages de la télé, de la bédé et du cinéma !). Bon, je suis chatouilleuse mais en vrai je m'en moque. L'ensemble est un joyeux bazar qui force le lecteur à prendre TOUT au second degré. Résultat : c'est léger, pince-sans-rire, ironique et goguenard. Cela ne vole pas haut, du moins il y a toujours un passage pour vous émoustiller et vous rappeler que ci*, ou pour interpeller sur cela**. L'ensemble est vif, et plus long impliquerait plus lourd (je trouve).   

(*La vie des Arts nous met en garde sur le danger de surproduction et annonce fièrement quelques 71 430 tonnes de statues et 95 198 hectares de tableaux (bientôt la Terre sera trop petite pour contenir toutes les oeuvres d'art, et il faudra s'exiler sur une autre planète !). Un drame qui fera croître la production de poèmes de 176 %. ) 

((** « La mondialisation, tout le monde en profite, depuis les multinationales jusqu'aux multimilliardaires. Sans elle, nous en serions encore à l'âge de pierre, voire au socialisme. Ecoutons plutôt M. Ben Smith, le PDG de Global Toys : « Nous ne sommes pas des criminels, au contraire ! Dans les pays riches, beaucoup de gens sont au chômage, à cause de la mondialisation, et grâce à nous ils peuvent acheter des produits bon marché ! »  (...)  Immorale, la mondialisation ? Passer quinze heures par jour dans une usine de jouets au lieu de s'ennuyer à l'école : le rêve pour  beaucoup d'enfants occidentaux, la réalité pour les enfants chinois ou indiens ! Pourtant, les altermondialistes restent sceptiques. M. Smith a un argument imparable : « Qui peut fabriquer un jouet pour enfants mieux qu'un autre enfant ? » ))

Vous trouvez ça culotté ? Les auteurs ont l'outrecuidance d'assumer leurs faits d'armes, je pense. Cette anticyclopédie n'est pas prout-prout, tout est dans un esprit bon-enfant. Armez-vous de recul pour prendre tout à la rigolade, cela fait passer une bonne heure sans se prendre la tête. Et de nos jours, c'est déjà bien !!!

Anticyclopédie Universelle est signée par Emmanuel Vincenot & Emmanuel Prelle, éditée chez Mille et Une Nuits pour le prix de 15 € tout ronds.

A été croqué par FashionGachucha  ;  Laurence  et  Tamara  et aussi Emeraude  !   A qui le tour ??? :))

Et j'en profite pour glisser cette vidéo parce que je parlais des années 80, c'était toute mon enfance, marquée par un monsieur qui vient de nous quitter. Non ce n'était pas un grand monsieur de la chanson française, mais j'étais haute comme trois pommes et moi j'aimais swinguer sur ses chansons à deux balles. Et puis il faisait partie de la bande de Dorothée, Chantal Goyal et les autres joyeux lurons ... ben, voilà !