La Fin des Mystères - Scarlett Thomas
Ariel Manto découvre dans une bouquinerie un livre rare intitulé La fin des mystères du sombre auteur victorien, Thomas E. Lumas. Excitée, la jeune fille s'accapare cet ouvrage réputé maudit, tous ceux l'ayant lu ont soit disparu soit succombé à une mort terrible. Ceci expliquerait sans doute le départ énigmatique de Saul Burlem, son directeur de thèse, autre passionné par les travaux de Lumas, connaissant l'existence du livre rare mais n'en ayant jamais touché mot, sauf lors de leur toute première rencontre. A la lecture de La Fin des Mystères, Ariel parvient à comprendre ce que l'homme aurait pu chercher à dissimuler. L'histoire fait état d'une formule donnant accès à la Troposphère, un lieu étrange qu'on pénètre en rêve, qui vous entraîne au-delà de l'espace et du temps, dans une sorte de quatrième dimension. Mais Ariel a bravé l'interdit et se trouve poursuivie par deux types blonds, avec une allure d'agents de la CIA, qui veulent mettre la main sur le livre de Lumas en cherchant à s'immiscer dans sa tête !...
Un très beau livre, que voilà, par sa couverture, et par le résumé excitant de l'éditeur. Le livre traîne aussi la réputation de faire un malheur en Angleterre, abreuvé de louanges par des auteurs comme Jonathan Coe et Philip Pullman... Il faudrait être bien difficile pour ne pas risquer un oeil dans cette folle aventure ! Et pourtant, l'espoir fut peut-être trop fort car le résultat ne fut pas à la hauteur de mes attentes. J'ai été profondément déroutée par ce livre, mais alors baladée comme une misérable dans ses rouages ! C'est un roman érudit, captivant, fort mystérieux et admirablement écrit, je le clame haut et fort. Malheureusement toutes ces qualités deviendraient-elles aussi des défauts, au fur et à mesure qu'on progresse dans la lecture ? ... Plusieurs fois je n'ai pas tout compris ce que je lisais, d'autres fois je trouvais certains passages assez longs ou carrément glauques (je pense, notamment, aux scènes de sexe qui ne s'intégrent pas toujours dans le propos) et puis il y a des moments où j'étais totalement transcendée par ce que je lisais, enchantée, emballée, éblouie par la richesse de ce livre.
Impossible, donc, d'être totalement négative ou positive à son sujet. La Fin des Mystères est un roman très divertissant, qui ne repose pas les neurones mais cherche plutôt à les activer, c'est brillant sur plusieurs aspects. Pourtant cela n'enlève pas le sentiment d'incompréhension perçu au cours des 490 pages. C'est un livre étrange, qui vous parle de thèmes aussi divers que la foi, le langage, la pensée, la science-fiction, l'imagination, la mécanique quantique, la littérature et la philosophie. Oui, c'est un opus dense, passionnant, fertile et étourdissant, il mérite qu'on lui laisse une chance, tout en sachant qu'il peut autant charmer que décontenancer. Je crois bien que c'est un livre à ranger parmi les inclassables !
Anne Carrière - 488 pages - 23 €
Traduit de l'anglais par Marie de Prémonville