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Chez Clarabel
13 février 2008

Prélude à un amour brisé

Me sentant d'humeur démoniaque ces jours-ci, j'ai purement et simplement décidé de présenter un livre qui parle d'un amour brisé, et ce la veille de la fête des amoureux ! ... (Par contre, l'éditeur est plus compatissant car le livre ne sera disponible en librairie qu'à partir du 15 février.) Pas sympa, la Clarabel ?

Bref, à la base de cet album il y a le tableau d'Edgard Tytgat, Prologue d'un amour brisé. Peintre belge contemporain, Tytgat est connu pour son oeuvre naïve, inspirée du fauvisme, mais aussi pour ses illustrations en gravure. Prologue d'un amour brisé a été réalisé en 1928 et reste un mystère pour les connaisseurs, car personne ne sait ce qui lui a inspiré cette peinture au titre évocateur. On y voit une femme allongée sur une table, des infirmières et médecins s'affairant autour de sa jambe amputée. Assis sur un banc à l'extérieur de la maison, un homme soutient amoureusement sa tête par la fenêtre ouverte.

C'est cette peinture qui est à l'origine du déclic et a offert à l'auteur de ce Prélude à un amour brisé, que je présente aujourd'hui (sorry, no cover for today !) une fable sur l'amour et la liberté. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui se plaisent, s'aiment et se promènent bras dessus, bras dessous. L'homme la couve de mots d'amour, de déclarations enflammées, il suffoque, il l'adore... mais la femme étouffe. Progressivement elle s'aperçoit que tous deux n'ont plus les mêmes affinités, que les attentes prennent un chemin différent. Consciente et lucide, la femme décide de rompre. Parce que trop d'amour, aussi, ça étouffe.

Besoin d'air, besoin de liberté ? Cette histoire nous montre cet élan incroyable qui pousse toutes femmes à vouloir voler de ses propres ailes, à se couper de l'ascendance masculine. C'est un livre aussi qui laisse voir les vicissitudes de l'amour, et moi je dis que c'est très bien rendu, avec des illustrations / gravures à la fois fascinantes et inquiétantes (déjà vues dans Frisson de fille, par exemple, de la même Isabelle Vandenabeele). C'est audacieux, évocateur et bouleversant !

Voici un aperçu du texte, tout en poésie :

« Ensemble, ils pensaient à être ensemble.
Mais ensemble d'une autre façon.
Pas le simple fait d'être ensemble.
Encore plus ensemble, se dit l'homme.
Ensemble d'une autre façon, se dit la femme.
Leurs yeux se croisèrent fortuitement, ils se sourirent.
Mais aucun sourire n'est pareil à un autre.
(...)

Ils avaient déjà passé des heures et des heures ensemble.
L'homme et la femme.
L'un contre l'autre. Se donnant le bras.
Lui toujours d'accord avec elle.
Elle riant quand il racontait une blague.
Au diapason, leurs lèvres s'embrassaient,
aucune dispute pour les contrarier.
Un amour sans tache.
Un bonheur sans fin.
(...)

Une seule jambe, ça ne suffit pas, se dit la femme.
Pour aller là où l'on veut.
Elle frissonna, elle ne voulait pas d'un homme pour béquille.
Pas moi, pensa-t-elle
alors que l'homme ne pensait à rien.
(...)

Ils ne voyaient pas du tout les choses de la même façon.
Le prélude tirait à sa fin,
on raya la suite.

Et elle disparut.
Et il disparut.
Mais aucune disparition n'est pareille à une autre.
»

Prélude à un amour brisé, Texte de Geert de Kockere, Illustrations d'Isabelle Vandenabelle.

Traduit du néerlandais par Daniel Cunin.

Editions du Rouergue, Coll. Varia.  17.50 €

{ Aperçu de la couverture

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12 février 2008

A noter sur vos tablettes !

Ker_Violette

Venant de nulle part, Clara débarque un matin dans un port, en Bretagne. Elle recherche son cheval mais c'est Félix, un homme de mer qu'elle rencontre, puis Violette, une étrange vieille dame qui l'accueille dans sa maison d'hôtes.
L'indépendance de Clara, sa franchise, attirent les relations passionnées.
Libre, Clara sait exactement ce qu'elle veut. Pour autant, elle masque un passé difficile qui va lentement et sauvagement remonter à la surface. Sa quête emporte Félix, Violette et les nombreux personnages qui traversent son chemin.
Ker Violette, c'est l'histoire d'un bout de vie, avec son lot de rires, de surprises, d'emballements.
Ker Violette, c'est aussi l'histoire des mers qui pénètrent dans les terres, des chevaux et des bateaux qui scellent les cœurs à jamais.

Karine Fougeray est née à Saint-Malo en 1963. Son premier recueil de nouvelles, Elle fait les galettes, c'est toute sa vie, est paru en 2005 aux Editions Delphine Montalant puis chez Pocket en 2007.

Parution le 28 février 2008 !

12 février 2008

Le Clan des Otori, tome 1 : Le Silence du Rossignol - Lian Hearn

otori_1    otori_1_poche

Un jeune garçon de 16 ans, qui vivait auprès des siens dans un village tranquille au coeur des montagnes, échappe de peu à un massacre orchestré par le redoutable sire Iida, chef du clan des Tohan. Il doit la vie sauve à un voyageur réfugié près des grottes, qui est en fait sire Shigeru du clan des Otori.
Tomasu devient alors Takeo, fils spirituel de Shigeru qui désire l'adopter, mais les guerres des clans faisant rage, l'homme doit faire preuve de patience et de prudence. De plus, Takeo possède des secrets qu'il semble lui-même ignorer, mais qui vont peu à peu s'éclairer sous l'enseignement de sire Kenji, un ami dévoué des Otori.
Le temps, aussi, va révéler au garçon la splendeur de Kaede, l'héritière des pays de l'Ouest, qui est retenue en otage chez un seigneur du clan des Tohan, et qui est promise en mariage à sire Shigeru, pour sceller un pacte de paix entre Otori et Tohan.
Il n'est point besoin d'en révéler davantage !

J'avais à peine ouvert le livre que déjà je réalisais avec stupeur que j'avais littéralement dévoré les 50 premières pages ! Ce livre a su d'emblée me captiver, m'envoûter et je n'ai plus su le lâcher avant d'en connaître l'issue.
J'ai été totalement emballée par cette épopée, plongée dans ce Japon médiéval, peuplé de traditions, de contes et de légendes, animé par des notions d'honneur souvent bafouées par la folie des hommes. Le destin du jeune Takeo connaît ici un revirement étonnant, qui n'a bien sûr pas fini de surprendre.
Aux amateurs de sagas romanesques, d'aventures héroïques et flamboyantes, aux histoires d'amour qui sentent le tragique et le sublime, bref, je ne peux que vous conseiller de lire sans attendre ce 1er Tome d'une longue suite ! ...

Le site Le Clan des Otori

Gallimard, 370 pages. Septembre 2003.

Traduit de l'anglais par Philippe Giraudon.

Un tome 5 vient effectivement de paraître : Le fil du destin . C'est le livre qui raconte l'histoire du Clan des Otori, au tout début. Celui qui s'achève là où commence Le silence du Rossignol ... 

11 février 2008

L'homme du lac - Arnaldur Indridason

homme_du_lacLe commissaire Erlendur est appelé sur une nouvelle enquête après la découverte d'un squelette au fond d'un lac vide. Le corps aurait été ficelé à une vieille radio émetteur, portant des caractères cyrilliques, datant des années 60. En corroborant les avis de disparition signalés à cette époque, Erlendur va entrer en contact avec une femme qui a fait les cent pas devant une crèmerie, attendant un homme qui n'est jamais revenu.

En même temps, et comme il est habituel chez Indridason, l'affaire interpelle le passé tragique d'étudiants islandais partis à Leipzig durant les années rouges. C'était une bande d'idéalistes, des radicaux de gauche qui ont perdu leurs belles illusions en découvrant les agissements du Parti (surveillance rapprochée, incitation à la délation, espionnage intempestif, contrôle des dissidents). Dans ce précieux témoignage, on s'intéressera davantage à l'histoire d'amour entre Tomas et Ilona, une jeune hongroise qui était violemment opposée au régime. Cette histoire, au coeur de l'enquête, pourrait peut-être être la clef de la boîte aux mystères.

Le seul début de piste est l'existence d'une Ford Falcon noire, que conduisait l'homme disparu. Car le reste de l'enquête est plongé dans les oubliettes, le temps a passé, les témoins ont vieilli, l'inspecteur chargé du dossier a baclé ses conclusions. Mais qu'importe ! Erlendur n'est nullement pressé, il n'y a pas le feu au lac autrement dit ! On prend donc son temps, on interroge, on épluche les archives des ambassades, on réfléchit beaucoup. La méthode est précieuse et brillante, un peu nonchalante pour qui recherche de l'action intrépide. Mais conduite lente ne veut pas dire ennuyante !

Cette fois-ci, on se préoccupera de nouveau aux vies personnelles des équipiers et des proches d'Erlendur. Avec bonheur, ou non, chacun y verra son intérêt. Pour ma part, j'ai le sentiment d'avoir quitté trop tôt Bergthora, l'épouse de Sigurdur Oli, j'ai été enchantée par la nouvelle carrière d'Elinborg, surprise de croiser Sindri, mais pas mécontente de moins retrouver Eva Lind, qui m'ennuie. Bref, c'est le petit monde qu'Arnaldur Indridason a su créer, en quatre livres déjà. Et ce n'est pas prêt de se terminer, ni de me lasser !

Editions Métailié - 350 pages - 19 €

Traduit de l'islandais par Eric Boury

10 février 2008

Cécilia - Anna Bitton

ceciliaPourquoi ai-je lu ce livre ? Par curiosité, très franchement. Or, sur ce point, mon vilain défaut n'a pas du tout été rassasié. Je n'ai pas eu le sentiment d'en apprendre plus en parcourant les pages de ce livre. Je ne m'attendais pas non plus à une mine d'informations malsaines, des fonds de tiroir et des raclures de poubelle. Il ne faut pas pousser. Je crois tout bêtement faire partie de la masse populaire qui s'est posée des questions, qui a été intriguée par cette Cécilia et qui avait envie d'en savoir plus sur elle.

Le livre d'Anna Bitton, qui est journaliste, est une lecture banale, assez quelconque, pas très bien servie par l'écriture (une répétition fatiguante d'effets de style assez pompeux, qui se voulaient trop romanesques, selon moi). On n'y apprend pas grand-chose, de ces choses déjà dites et répétées de façon mesquine. Bref.

Ce que je retiens, c'est que Cécilia a été taxée d'être froide et hautaine, alors qu'elle a toujours souffert d'être grande (1m78, qu'elle a compensé en épousant des hommes plus petits) ; qu'elle n'a jamais été admise dans le sérail des Sarkozystes, et qu'elle a cherché à se venger en plaçant des amies, ou des proches, et en évinçant d'autres (elle a toujours eu une influence considérable sur son mari) ; et cette importance a aussi pesé dans la balance, car la Cécilia a fini par étouffer de trop d'amour, trop d'admiration, trop de considération. On comprend aussi que c'était une autre façon de verrouiller la belle, qui s'est vue refuser de se lancer dans la politique, par exemple. Alors, oui : trop, c'est trop. Elle est partie, pour l'amour d'un (autre) homme. Elle a crevé de jalousie, aussi, en découvrant son époux volage et aux bras d'une (autre) femme. Elle est donc revenue, puis repartie, et revenue encore une fois. Un vrai feuilleton !

On connaît la suite : Cécilia revient (ou fait semblant ?), elle aide son ambitieux mari à accéder au poste suprême, puis elle tire sa révérence pour de bon. « Je ne veux pas être là, je ne veux pas. » Allons donc... Je ne veux pas tirer sur l'ambulance, les passages révélés dans la presse en ont déjà fait de gorges chaudes. Cela suffit ! Pour ma part, je la trouve assez admirable, cette Cécilia. Claquer la porte de l'Elysée, fallait oser ! Et que diable cette manie de journaliste à vouloir faire d'elle une figure de roman, un pendant d'Emma Bovary !? Pff, c'est n'importe quoi !

Car finalement, c'est dans un rôle plus personnel que je l'apprécie, celui de la mère.  « Avant d'être une midinette, une femme fantasque ou une faiseuse de roi, Cécilia est une maman. C'est sa première vocation. La seule qui soit inconditionnelle. Quand ça ne va pas, Cécilia prend ses « poussins sous le bras », comme elle aime à dire, et elle s'en va. (...) Son clan à elle, c'est celui-là. Ses enfants.
(...)
Elle est maternelle, Cécilia. Elle ne s'en rend même pas compte. Elle n'a pas besoin de le faire exprès. Maternelle ne veut pas dire cajoleuse. Cécilia ne cajole pas, ce n'est pas dans son éducation, les cajoleries intempestives, mais elle veille, elle organise, elle commande, elle supervise. Elle protège. Sa présence seule est une protection.
»

Flammarion - coll. Flam - 175 pages.

Merci Lily pour l'envoi et le prêt de ce livre car je n'aurais jamais déboursé 16 € pour le lire ! Je ne regrette pas non plus, je crois qu'il s'agit là de ma première lecture d'un livre traitant d'un personnage public et (encore) existant ! ...
Et n'hésitez pas à cliquer pour lire le billet de Lily qui est exquis et hilarant !

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9 février 2008

(Trop sympa, la fille !)

CathuluAmanda, et Nath sont de vilaines filles avec leurs piqûres de tag ... Il est temps de sortir de son terrier, et donc de :

Mentionner six choses sans importance sur soi

Tadam !!!!!!

  1. on dit (ou pense) de moi que je ne vis que dans les livres, ce qui est faux ; en fait, je suis une malade de musique et il ne se passe pas un instant dans mon quotidien où un disque roule sur la platine, où le son de la radio murmure, bref ceci du lever du jour jusqu'à mon sommeil ! la musique remplit ma vie, comme quoi les apparences sont trompeuses ! ...

  2. je dors très peu, me couche très, très tard, mais j'avoue caler le matin pour me sortir du lit, je déteste le réveil forcé, mais j'apprécie de pouvoir profiter d'une journée dès potron-minet, j'ai aussi la fâcheuse manie de faire une sieste dans l'après-midi, je déteste ça, mais ce sont des habitudes héritées du lycée, je n'arrive pas à m'en défaire et c'est malgré moi si je m'écroule ! ...

  3. je n'aime pas du tout manger, j'ai déjà eu un speech à ce sujet, mais manger m'ennuie, j'apprécie les bonnes choses qui changent de l'ordinaire et j'aime aussi les petits plats simples, je n'aime pas cuisiner non plus mais je ne pratique pas le surgelé, ma religion me l'interdit ! ... 

  4. j'adore les friandises, mais alors je craque complètement et peut manger des paquets complets de haribo sans honte, après c'est sûr j'ai super mal au coeur et je crains pour mes dents, sachant que je déteste le dentiste, mais mes scrupules ne pèsent pas lourds dans la balance (et je recommence dès le lendemain !) ... 

  5. je suis affreusement indépendante, égoïste, orgueilleuse, lunatique et rancunière, on peut se méprendre sur mon tempérament mais en fait je suis un amour de fille (tiens, j'ai oublié de préciser que j'étais un peu prétentieuse ? !) ... Y'a pas plus loyale et fidèle en amitié que moi, quand je donne ma confiance c'est sacré, me trahir c'est subir ma colère et passer le reste de ses jours au fin fond des plaines de sibérie ... 

  6. je suis officiellement fâchée avec ma belle-famille depuis cinq mois, je m'en porte très bien malgré la pression, j'estime être dans mon droit, je me protège, en plus de ma petite fille, et fidèle à moi-même j'ai choisi d'aller de l'avant, de tourner la page, j'ai déjà dit que je ne pardonnais pas ... (c'est pour bien enfoncer le clou si d'aventure, ou par inconscience, l'un d'eux passait par ici !)   

Voilà donc 6 choses sans importance ! A qui le tour ???

Qui veut le bébé ? ! Des volontaires, ou j'en désigne 6 parmi vous !

I_WANT_YOU

9 février 2008

Les petites feuilles de février ! En poche ! #13

Plusieurs choses attirent mon attention parmi les nouvelles sorties de ce mois de février, notamment chez 10-18 et ses célèbres séries des Grands Détectives (au programme : du nouveau avec Claude Izner, Lee Jackson et Alexander Mc Call Smith). A noter aussi Train de nuit pour Lisbonne de Pascal Mercier (roman fort apprécié parmi les lecteurs) ; Garder la flamme de Jeanette Winterson (qui vient de m'enchanter avec son premier roman pour jeunes lecteurs L'Horloge du temps) et Le mystère de la chambre obscure de Guillaume Prévost (encore un auteur qui m'enthousiasme par le biais d'une série pour la jeunesse Le livre du temps !).

Et voici parmi les nouveautés à paraître, celles que j'ai personnellement déjà lues :

en_ce_bas_mondeA découvrir, si ce n'est déjà fait : Victoria Lancelotta, nouvelliste américaine, auteur d'un premier roman "Loin" qui a su me conquérir, à travers son récit noir, amer et désabusé. Mais d'abord, V. Lancelotta avait créé la nouveauté avec son recueil de treize nouvelles - encore des histoires de femmes, d'adolescentes, ou des deux à la fois. Elles contiennent les mémoires, les soucis, les confessions des unes et des autres. Pas facile de grandir, pas facile d'aimer non plus. Souvent, durant l'adolescence, les premières expériences (sexuelles, pour la plupart) sont douloureuses et compliquées. Plus tard, elles deviennent tout aussi exigeantes et intransigeantes, laissant souvent leurs protagonistes à la dérive, seules, moroses et nostalgiques.
Dans ce bouillon, j'ai beaucoup aimé : "Dans l'ombre", "Les bars" (ou les prémices du fameux roman Loin), "La fête paroissiale", "L'arôme des épices", "Les maisons", "Une chic fille", "Autres rivages, autres flots" et "En ce bas monde" - autant dire, la quasi totalité ! D'ailleurs, en grande majorité, il s'agit de monologues qui nous donnent ce vrai sentiment de saisir les sentiments et l'aura des personnages. Cela donne un ton doux-amer, un tantinet narquois. J'apprécie beaucoup ! (10-18 / 7.30 €)

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corpus_christineUn homme séquestré par son épouse à la peau douce, mais devenue obèse, tandis qu'elle affame le mari incapable de se tenir debout..., vous n'y croyez pas ? Pourtant c'est l'idée foncièrement sadique qu'a imaginée Max Monnehay pour son 1er roman "Corpus Christine", fatalement inspiré d'une autre redoutable Kathy Bates, interprète d'Annie Wilkes, héroïne de Misery de Stephen King.
J'étais curieuse de lire ce livre, les critiques ne tarissaient pas d'éloges à son sujet lors de sa sortie en 2006, et c'est vrai que l'intrigue semblait attirante et effrayante à la fois. Bah, j'aurais préféré continuer sur cette lancée, vanter son mérite et ses promesses, mais non.
J'avoue m'être ennuyée, ne pas avoir accroché, avoir ressenti une fascination glaciale, c'est vrai, mais pas suffisante pour adhérer jusqu'au bout. Ou juste pour le souci de connaître la fin de ce calvaire.
L'auteur cultive un certain humour (noir, implacable et irréductible) doublé d'un cynisme en béton ("la calamité du siècle", comme l'écrit le personnage). Il y a un sincère détachement chez elle, un besoin de mettre le feu aux poudres et se frotter les mains devant le carnage. Un peu comme Amélie Nothomb, il faut l'admettre. Or, je ne suis pas non plus "fan" de cette dernière... Moralité : Ce genre d'univers ne me convient définitivement pas ! Désolée.  Prix du premier roman 2006, tout de même. (Le livre de poche / 5 €)

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perlaFrédéric Brun est un fils qui a perdu sa mère, Perla, rescapée du camp d'Auschwitz, déportée en juillet 44. Elle est rentrée au pays, dévorée et marquée à jamais, pourtant elle a tenu son secret enfermé au plus profond de ses entrailles.
De ses mois de déportation, Perla n'en a jamais parlé. A son fils unique qui n'a pas su poser les bonnes questions à temps, elle a tenu ce visage ravagé par les souvenirs, la douleur et le sourire qu'on s'efforce de donner. Mais l'illusion était bel et bien morte.
Frédéric Brun se sent seul, triste et malheureux. En commençant ce récit, c'est pour lui "un livre de pensées". Ce n'est rien d'autre que ça : un constat frustrant de n'avoir rien su du passé de sa mère, une recherche désespérée à puiser ses sources dans tous les livres qui traitent de la Shoah, un espoir de voir grandir son fils Julien pour lui offrir le choix de vivre sa vie sans se retourner, et c'est l'amertume d'être face à deux Allemagne, "celle des camps et des barbelés contraste avec celle des plaines embrumées, des couchers de soleil orangés, des poètes idéalistes, Novalis, Hölderlin, qui ont attrapé l'âme du monde. Pourquoi suis-je si fasciné par ce pays écartelé entre le lied et la voix sèche, le raffinement et la barbarie ? Je m'étonne de vouloir trouver en lui ma littérature préférée et les traces d'un passé qui ont brisé Perla."
Ce texte est bouleversant, totalement sobre et écrit avec une sensibilité déchirante. Il y a malgré tout une lueur d'espoir derrière "ces pages de larmes", car "Une mère, en fait, cela ne meurt jamais". J'ai été profondément émue par ce livre, pas au point de verser des larmes, c'est un bel hommage d'un fils à la figure maternelle, un devoir de mémoire qui n'a pas su être accompli en remplissant tous les trous, mais c'est justement cette humilité qui rend "Perla" éloquent et essentiel. Lisez ce livre !   (Le livre de poche / 4.50 €)

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joueuse_d_echecsUn jeu peut-il faire basculer la vie d’une femme ? Difficile de le croire.
Dans l’île de Naxos, les joueurs de trictrac sont légion, mais jamais aucune femme n’a approché les pions noirs et blancs. Quant à ceux d’un échiquier, n’y pensez même pas ! Cependant, pour Eleni, prise dans une vie sans aspérités et sans folie, le plus vieux jeu du monde sera le début d’une aventure qui la mènera jusqu’à l’émancipation.
Fort apprécié par les lecteurs, ce roman n'a toutefois pas su m'emballer outre-mesure. Je suis complètement restée en retrait, trouvant le début assez lent et truffé de passages plutôt longs, pour seulement 150 pages de lecture ! Et pour une non-passionnée de jeu d'échecs comme moi, ce livre n'a pas su m'éclairer davantage. Toutefois le portrait de cette femme est subtil, tour à tour comique et grinçant. Il faut aussi ajouter que l'auteur a écrit son texte en français, alors que Bertina Reichs est native d'Allemagne. Et je suis toujours admirative devant ces déclamations d'amour pour notre langue française ! (Le livre de poche, 5 €)

Sont inscrits aussi sur mes tablettes :

ainsi_revent_les_femmes  comment_se_dire_adieu  comment_va_la_douleur  neiges_bleues

8 février 2008

Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini - Katarina Mazetti

chaperon_rougeGrand retour de la jeune Linnea Nilsson !
Vous n'avez pas oublié cette lycéenne de 17 ans, totalement dans la moyenne des adolescents suédois, en matière de taille, de QI et de soucis ?! Elle est donc de retour, après le décès tragique de sa meilleure amie, Pia.
Impossible de tourner la page, entre nous, lecteurs passionnés. Il fallait connaître la suite, revenir vers elle et savoir comment elle continuait son bout de chemin.
A première vue, tout va bien. Ses rapports avec son beau-père s'améliorent, avec sa mère également, et elle a désormais deux nouvelles amies, Madeleine et Malin. Ce n'est certes pas l'osmose entre elles et Linnea, mais ça fait toujours un bien fou de ne plus se sentir seule.
Et puis au fur et à mesure qu'on s'approche, qu'on gratte la couche à la surface, on s'aperçoit que des détails peuvent encore gripper la belle mécanique.
Linnea a une soudaine prise de conscience du Sens de la Vie, et sa grand-mère, pensant lui donner les moyens pour acquérir Sa liberté, viendra lui refiler une grosse somme d'argent. Inconsciemment, les ennuis commencent là...
Les nouvelles copines vont aussi lui attirer quelques soucis. La machine fait couac, tout s'emballe... Incapable d'assumer ce flot d'embrouilles, Linnea va donc décider de prendre l'air et de s'envoler pour Los Angeles ! Mais gare en chemin au Grand Méchant Loup, aussi charmant, « frais, souple et bien proportionné » soit-il !

Cette suite est une réflexion très intéressante sur les crises des adolescentes, sur les conflits et l'incapacité d'assumer sa propre détresse, sur les caps à franchir (il y a le passage de la première fois, par exemple). C'est toujours très drôle et pertinent, accompagné par les traits d'ironie de la jeune narratrice, toujours saupoudré par ce délicieux mélange entre légèreté et gravité. Une sauce aigre-douce, donc. Pour l'instant, la recette demeure efficace, même si je trouve que ce livre-ci manque un peu de peps par instants. Mais rien de bien grave !
Il faut admettre, en passant, que l'histoire va connaître un revers de fortune assez hallucinant, sensé donner des ailes à notre adolescente et ouvrir nos petits yeux un peu collés d'égoïstes embourgeoisés (je ne vise personne, c'est juste en relation avec le texte !). Quelques chapitres vers la fin donnent une perspective nouvelle, angoissante mais hélas réelle et existante. De quoi bien réfléchir...
Sur ce, j'attends encore une suite ! (Vous aussi ?)

Gaia, 203 pages. Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss. 16 €

Illustration : Jenny (l'auteur de Pink Diary !).

7 février 2008

L'Horloge du Temps - Jeanette Winterson

horloge_du_tempsLondres, en 2009. Silver Rivière, 11 ans, suit sa tante Mme Jetandor, désormais sa tutrice légale, chez un antiquaire, grand collectionneur d'horloges, qui tient boutique, appelée Tempus Fugit, dans la capitale. Cet homme se nomme Abel Abysses et c'est une vieille connaissance de la famille Rivière. Abysses recherche un objet rare et précieux, le Garde-Temps, et espère cuisiner la petite fille pendant son séjour à Londres, avec toute la complicité de la sotte Mme Jetandor.
Il y a quatre ans, les parents de Silver et sa petite soeur ont pris le train pour rejoindre Abysses et lui présenter cette horloge, mais la famille a brutalement disparu, emportée par une Tornade Temporelle.
Qu'est-ce donc ? Le gouvernement s'alarme, les scientifiques n'ont aucune réponse. Brutalement, le Temps s'emballe et fait un arrêt sur lui-même, parfois les personnes plongent dans le passé, parfois dans le futur, mais il est impossible d'en revenir.
Il y a une personne capable d'apporter des solutions : Régalia Mason, de la société Quanta qui s'occupe d'acheter le temps pour le revendre aux plus offrants. Mais collaborer avec cette femme redoutablement belle, potentiellement dangereuse, ressemble à s'y méprendre à pactiser avec le Diable !
De son côté, Silver ignore véritablement où se trouve l'horloge convoitée par Abel Abysses ET Régalia Mason. Mais elle comprend très vite qu'il faut fuir ces deux-là et se réfugier auprès du peuple des Divergents, des habitants sous Terre, où Silver vient de rencontrer un nouvel ami, Gabriel, qui a pour fidèle compagnon un Mammouth du nom de Goliath.

L'aventure commence dans le manoir familial, Château-Chevêtre, étrange demeure qui tombe un peu en ruines, mais qui semble vivante et pleine de trésors cachés. Puis l'histoire nous emporte à Londres, dans une boutique extraordinaire, mais habité par un antiquaire faussement débonnaire. Et puis brusquement, c'est la découverte de nouveaux décors, de possibilités infimes et innombrables, d'ouvertures à une imagination complètement folle. C'est passionnant, étourdissant presque. Mais il faut s'accrocher aux détails, car ça tourbillonne dans tous les coins.
C'est un réel divertissement, un pur bonheur d'évasion et c'est très richement décrit, soigneusement paré, avec une ingénieuse solution pour la fin, qui a d'ailleurs failli me duper ! A noter, aussi, que la jeune héroïne, Silver Rivière est la digne héritière de ses ancêtres les pirates, et doit son prénom en clin d'oeil à Long John Silver de L'Île au Trésor.
Un roman qui ne finit pas de nous surprendre !

Albin Michel jeunesse - coll. Wiz - 360 pages.  15 €

Traduit de l'anglais par Hélène Collon. Titre vo : Tanglewreck.  Couverture : David Wyatt.

A aussi été lu par Mélanie (Book in !)

6 février 2008

On voit la vie en jaune (aujourd'hui) !

tirez_sur_l_ambulanceColin Thibert a osé faire drôle avec ce qui n'est pas censé l'être ! Personne ne comprend ? Je m'explique, alors.
Au cours des 10 textes de ce livre, il va choisir des thèmes à faire frémir et mettre en scène des personnages assez pathétiques dans des situations tout aussi sordides et réussir à extirper des sourires, et même des éclats de rire. Un comble ?
Peut-être bien, mais cela serait mentir !
Je n'ai jamais cessé d'être étonnée et franchement déboussolée, mais j'ai adoré ça ! Dans Sardanapale, par exemple. C'est un couple très bourgeois, très clinquant, qui sort son argent pour avoir une belle maison, partir en cure et s'acheter un chat à 400 €. Ce chat au pedigree exceptionnel pose toutefois problème pour les vacances à la neige, et naturellement le couple se tourne vers la voisine, une petite vieille malade. Mme Benoît viendra plusieurs fois par jour soigner la bête, on peut lui faire confiance. Mais la surprise, en rentrant, sera elle aussi à la hauteur de leurs grands airs !
Absolument horrible et démoniaque !
Une autre histoire nous emmène en Birmanie, avec un couple très bobo, passionné de voyages à travers des contrées exotiques, de plus en plus folles et excitantes. Le couple est pourtant prévenu des 'risques', mais qui a cure des ruses de la faune locale ? Au diable tout cela !
Pas de quoi se retourner, mais sûr et certain de s'en mordre les doigts !
Tout est très elliptique, mais il ne faut pas gâcher la chute. Toutes les histoires sont extrêmement bien cousues, elles épinglent en passant les dérives de la société actuelle qui consomme trop vite et très mal, mais l'auteur ne se gausse pas de donner des leçons. Au contraire, il rit de tout facilement, en prenant à témoin le lecteur. Une belle prise d'otage ! En plus de tirer sur l'ambulance, Colin Thibert s'en prend - sans honte - aux ados, aux vieux, aux riches, aux chats. Il plante le clou, ça ne fait pas mal et ça chatouille.
Le rire, lui, sera jaune et un peu grinçant.
Bien, bien, bien...

En moins de 30 mots : Recueil d'une dizaine de nouvelles toujours drôles, souvent cyniques, mais jamais de mauvais goût, dans la tradition de la littérature de genre et de l'humour noir.

Tirez sur l'ambulance ! de Colin Thibert - 190 pages - 9.50 €

des_petits_riensAvec le livre de Régine Detambel, ma première impression a été d'applaudir cette limpidité dans l'écriture, ce qui donne immédiatement cette sensation de flotter et de glisser sur une vague, de ne jamais rencontrer d'aspérités !
C'est tout simplement un vrai plaisir, pour le lecteur.
Ensuite, le contenu est aussi un très grand moment de lecture, car pas un instant on ne s'ennuie au cours des 12 textes de ce recueil. Peut-être l'ouverture laisse échapper un petit goût amer, celui du citron jaune, glissé dans un cocktail pour libérer la rancoeur d'une femme désabusée en amour. Mais bien vite, j'ai trouvé l'humour, la grâce, les clins d'oeil et la douce ironie qui sont les retombées afférentes à ce genre d'exercice.
Le drôle, on le croise dans l'histoire de cette adolescente qui suit son petit ami pour une escapade à Paris, contre l'avis de ses parents. Elle pense déjà à leurs angoisses, car pour elle cette virée est une fugue. Et puis, c'est la catastrophe quand son chéri arrive - en retard - avec un pantalon qui casse tout le mythe.
La gravité, on la trouve dans une vérité plus douloureuse, celle qui s'ouvre à un garçon, à force de chercher et de connaître qui était son grand-père, décédé dix ans plus tôt, d'une mort violente, rapporte-t-on dans la famille. Mais personne ne s'ouvre à lui, ne répond à ses questions. Peut-être, parfois, la vérité n'est pas bonne à entendre ...
La bêtise humaine est abordée dans un portrait xénophobe, un père complètement opposé au campement de manouches près de chez lui, sa fille est plutôt fascinée par le garçon qui joue de la guitare sur les marches de sa roulotte. Le choc de deux cultures, une rencontre viendra après quelques nuages de cendres.
C'est tout aussi beau et poétique dans l'ennui d'une lycéenne, dans sa classe, attendant désespérément un signe, un SMS de son petit copain. Et les lentes et belles descriptions de son agonie donnent lieu à de superbes pages, mélancoliques et vraiment lyriques !
Cela peut paraître solennel, à découvrir ainsi, sauf que c'est véritablement des petites perles mises bout à bout. Ce sont des instants fragiles, fugaces, des éclats de vie. J'ai trouvé que l'ensemble était super agréable à lire, très reposant, distrayant, offrant une belle leçon de style, avec des histoires très parlantes, à la fois fortes et amusantes.
Bien joli tout ça !

En moins de 35 mots : Ces petits riens, ce sont de petits moments qui passent comme une ombre, mais qui parfois changent la vie, des moments d'héroïsme ou de lâcheté qui filent sans laisser de trace, la plupart du temps...

Des petits riens au goût de citron, de Régine Detambel - 170 pages - 9.50 €

Tirez sur l'ambulance ! avait été lu par Gawou (la libraire) 

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