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Chez Clarabel
12 mars 2008

Il y a des livres qui, derrière leurs jolies

banniere_lectures_de_miss_C

Il y a des livres qui, derrière leurs jolies couvertures et leurs histoires tendres, cachent en fait des messages pour éveiller la conscience des jeunes lecteurs, pour leur rappeler que tous les enfants n'ont pas la chance d'être bien dans leur peau, en bonne santé, ou qu'il faut savoir préserver celle-ci et ne pas jouer avec.

Un peu de lecture, donc, ça ne fait de mal à personne...

marchand_de_glace_a_la_vanille

Un marchand de glace est victime d'un sort jeté par deux fées capricieuses : pour assouvir leur gourmandise, le vieil homme devra faire de la glace à la vanille sinon il mourra. Un jour, une toute petite fille chétive entre dans le magasin. Elle se lie d'amitié avec le marchand. Mais Olga ne doit pas manger de sucre, elle n'ose pas le dire à son ami Jiguzavey de peur qu'il ne puisse plus fabriquer de glace et finisse par mourir. Alors elle goûte un peu de glace, un peu chaque jour. Et puis, brusquement, Olga ne vient plus, Jiguzavey n'a plus de nouvelles avant d'apprendre qu'elle est hospitalisée et qu'une opération est nécessaire pour la sauver. Mais ses parents n'ont pas assez d'argent, et cette opération coûte très cher. (L'histoire finit bien !)

Un conte pas comme les autres, écrit par Kochka et illustré par Violaine Leroy. Lily en a parlé d'abord, et cela avait piqué notre curiosité. J'admets volontiers avoir été totalement surprise par ce texte, vraiment sensé et sensible, qui ne laisse pas indifférent. Il explique, entre autres, ce qu'est le diabète. Pas facile... Pourtant l'histoire est incroyablement belle, portée par l'amitié qui existe entre la petite fille et le marchand de glace, et qui se transformera en amour. Le vrai, le seul et unique.

Nathan poche, pour les 6-9 ans. 5,50 €

cerise_griotte

Cerise adore les romans, le chocolat et le gorgonzola, et déteste les griottes. Lorsqu'à la fourrière où travaille son père on recueille une petite chienne sharpei, Cerise la surnomme Griotte et elles deviennent inséparables. Cerise s'attache à ce chien car elle n'a pas d'amis. A l'école, les enfants chuchotent en parlant d'elle, ils se moquent de son physique. Le chien Griotte apparaît comme un rayon de soleil dans sa vie tristounette (elle vit seul avec son papa, depuis le décès de sa mère). Mais Griotte n'est pas encore à elle, il faut attendre un mois, délai légal, pour déclarer le chien abandonné et disponible à l'adoption. Et finalement, ce petit chien va vraiment lui apporter plus que de l'amitié ... un peu d'attention et le sourire retrouvé (et un coeur qui bat plus fort !!!).

Vous savez, ce livre est l'oeuvre de Benjamin Lacombe. Je crois avoir déjà tout dit en indiquant son nom !!! Ambiance (faussement) sombre, couleurs chaudes, personnages craquants, des situations douloureuses, jusqu'à la rédemption finale ! J'aime la petite Cerise, qui souffre de sa solitude, de se sentir différente des autres. J'aime qu'un chien puisse lui donner des ailes, lui apporter le soleil qui manquait dans son quotidien...

Seuil jeunesse, dès 3 ans. 14 €

Le blog de Benjamin Lacombe : http://benjaminlacombe.hautetfort.com/

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Élodie rêve de devenir danseuse. Chez elle tout le monde est gros, lourd, enrobé. S’agit-il d’une fatalité familiale ? Si oui, va-t-elle la couper de son rêve ? Leur ressemble-t-elle déjà ? Et puis être gros, c’est quoi au juste ? Pour réussir à atteindre son but, Elodie va commencer à manger de moins en moins. Au début, chouette elle devient mince ! Et puis, squelettique ... et personne ne s'en aperçoit. Jusqu'au clap de fin.

Le sujet avait de quoi me rebuter, mais Gawou a su me convaincre d'y aller doucement, mais sûrement. Merci à elle, je n'ai pas regretté. J'ai trouvé ce livre poignant, où seuls le noir et le rose se donnent la main pour accompagner la jeune héroïne dans son rêve insensé. La quête de la perfection est ici démontrée dans son absurdité (le paraître, la minceur, l'excès) et pointe donc le doigt sur le danger. L'histoire se termine bien, et Elodie va pouvoir retrouver le goût des bonnes choses, réussir sa vie, sans se priver.

MaxMilo jeunesse, à partir de 5 ans. 13,00 €

Texte de Sébastien Perez, illustrations de Justine Brax.

Direction artistique et mise en couleur par Benjamin Lacombe.

Le blog de Sébastien Perez : http://sebastienperez.hautetfort.com/

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(cliquez pour agrandir l'image)

Ce livre m'amène cependant à pousser mon ras-le-bol contre les messages de prévention pour la santé de nos enfants, les spots incessants qui préconisent cinq fruits et légumes par jour, ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé, évite de grignoter dans la journée, etc. Je ne sais pas vous, mais moi ça me gonfle. Ces messages prennent de plus en plus l'emprise sur le comportement de ma fille, qui n'est déjà pas bien grosse et ne mange pas beaucoup. J'ai très peur de ce qui me semble désormais un harcèlement, très peur du chemin qui se fait dans la tête des enfants, très soucieuse de me dire qu'ils vont regarder à deux fois avant de craquer pour un deuxième kinder, déguster une troisième crèpe, ne pas tremper un morceau de sucre dans le café, prendre un biscuit bn pour le goûter à l'école (c'est interdit !)... Qu'on fiche la paix aux enfants, qu'on éduque davantage les parents qui donnent du coca en mangeant, ou qui passent trop de temps dans les mcdo !

Alors, pour décomplexer un bon coup, rejoignez-moi chez Patricia dans sa Cuisine Rouge qui vous parle d'une chanson qui me tenait à coeur : Des frites, bordel !

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11 mars 2008

Ker Violette - Karine Fougeray

Ker_VioletteUne jeune femme de 36 ans arrive dans un village breton, elle recherche son cheval. Elle est très mince, a de gros seins, elle est blonde, avant de virer au jaune. Dans le premier bar venu, elle commande un kir-champagne et rencontre Félix, un pêcheur devenu artiste peintre. Elle tombe dans ses bras, ivre morte, et débarque chez Violette, une septuagénaire propriétaire d'une maison d'hôtes, les Albatros.

Clara doit absolument retrouver son cheval. Pour comprendre pourquoi, il faut faire le chemin en arrière et grandir dans un foyer où brillait l'amour, entre la radieuse de mère et le père qui s'absentait en mer. La naissance de Clara est venue. Clara comme une eau claire. Clara comme la clarté de son bonheur. Suivie par l'arrivée de Clarence.

Longtemps Clara a cru être libre, légère, butinant d'un point à l'autre, d'homme en homme, de trois petits tours et puis s'en vont. Tous ont craqué en la voyant : un sourire, un s'il te plaît, des yeux noirs qui scrutent le fond de l'autre. Mais Clara se sent morte à l'intérieur, alourdie par ses fantômes, pressée de rejoindre son cheval pour reprendre le cours de sa vie, pour revivre. Tout bonnement. Un cheval ?! pense-t-on. Alors je vous vois venir, mais non chassez de votre esprit les images de Robert Redford, le monsieur n'a pas sa place ici. Pas dans cette histoire qui se contruit comme un jeu de lego, petit bout par petit bout. Un peu compliquée l'histoire que tu cherches à nous vendre, rétorquez-vous. Ah mais non.

Que je vous dise... Ceci est un roman qui parle d'amour, mais vraiment un amour mirifique, hors du commun, qui dure depuis des lustres. C'est un feeling, une émotion pure et instantanée, un électrochoc, le genre qui file une décharge sitôt qu'on se frôle... C'est l'histoire d'une tristesse, d'un abandon, d'un deuil, d'un chagrin. C'est aussi un énorme silence, un poids qui dure et qui s'encroûte avec les années. C'est une rencontre éblouissante, deux âmes qui s'unissent, une communion, un déchirement. Dans ce livre, aussi, on respire l'air de la mer, on boit beaucoup de champagne, on sent l'eau de cologne de Guerlain, une odeur surannée de violette. La mer, encore, on la maudit, on l'admire, on court après, on s'y baigne nue. On la traite de tricheuse, de menteuse, de mante religieuse. Mais la mer n'est pas tout. La mer, ou la mère ?...

Je ne vous cache pas que Ker Violette offre un bonheur de lecture instantané. Première page ouverte, plouf ! c'est l'éponge. Les mots nous collent aux doigts, les lignes s'inscrivent sur notre peau, les personnages sortent du livre pour nous offrir une bolée de cidre et nous partons de suite dans leurs aventures. On s'attachera aussitôt à Clara, la jolie petite fille qui cherche son cheval ; on voudra se pendre au cou de Félix et on cherchera compulsivement dans le bottin si la pension de Violette existe pour de vrai ! ... Ce sont trois personnages jetés sur le tapis vert, les dés sont joués, à eux de tenir les paris.

Faut-il vous préciser ? Ker Violette sait aussi préserver ses secrets. Pour en savoir plus, lisez le livre !!!!

Editions Delphine Montalant - 250 pages - 18 €

Un gros, gros, gros merci à Karine !!! Merci pour cette nouvelle bouffée d'oxygène, après le goût des galettes, miam le champagne, une Clara plus vraie que nature, et des larmes, des rires, un coeur qui palpite plus fort sur certaines pages... C'était bon ! Et déjà, ils me manquent tous... ils me manquent aussi les pages 251, 252, 253, 254, 255, etc.

Et merci pour les graines de violettes !

11 mars 2008

#extrait

« Les premiers jours en Irlande, je n'ai fait que me nourrir des prairies aspirées par la mer. Je n'ai fait qu'enjamber les murets des champs liliputiens où fleurissent des pierres. Je n'ai fait qu'écouter la plainte des violons et des accordéons constellés d'éclats de bière brune. Je n'ai fait qu'observer les visages, les trognes tordues et ouvertes sur des dents décalées et jaunies. L'Irlande avait en elle une tristesse qui me bouleversait, une chaleur qui me consumait, une nature qui m'anéantissait. Je l'ai trouvée fière et humble. Triste et bravache. Claironnante de ses herbes grasses, déversant ses seaux d'eau sur la tête de ceux qui la vénéraient autant que sur les épaules de ceux qui manquaient d'amour pour elle. Je l'ai trouvée honnête. L'Irlande respirait fort de ses poumons gavés de gens aux vies pleines de trous. Et tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces vieux et tous ces jeunes qui comblaient leurs trous de chansons, de pleurs, de rires et d'alcools, qui riaient en chantant, qui chantaient en pleurant, qui buvaient en riant et vomissaient en pleurant. »

Echappée belle de Ker Violette, roman de Karine Fougeray (éd. delphine montalant)

10 mars 2008

A marée basse - Jim Lynch

A_maree_basse

Miles O'Malley, 13 ans, sort souvent de chez lui en secret pour explorer les eaux de la baie de Puget Sound, dans l'Etat de Washington. Une nuit, à marée basse, il découvre un calmar géant échoué dans la vase, puis, quelques jours plus tard, un ragfish en piteux état. Ces deux découvertes extraordinaires s'accompagnent d'autres phénomènes étranges, pour cette petite parcelle du globe, et pour un garçon assez banal, qui souffre de sa petite taille et qui dévore les livres parlant de biologie marine. C'est un fan absolu de l'auteur Rachel Carson. Il est aussi fou amoureux de son ancienne babysitter, Angie Stegner, la fille du Juge, qu'il souhaite conquérir grâce à ses histoires. Avec son meilleur ami Phelps, Miles va s'apprêter à connaître un été hors du commun.

Intriguée par ces trouvailles que pêchent l'adolescent, la presse vient quérir des informations et lui consacre plusieurs articles en première page. Mais Miles ne tire aucun orgueil de cette soudaine popularité, il a bien d'autres préoccupations : le divorce annoncé de ses parents, les chutes libres d'Angie, la santé fragile de Florence, une vieille médium qui perd un peu la boule... Et progressivement, Miles ne supporte plus d'être traité en Messie qui percevrait les choses, entendrait la mer lui parler, annoncerait d'autres faits surprenants à venir. Il aimerait reprendre le cours d'un été tranquille, comme avant, avec son mètre 47 et sa peau rougie par le soleil, ses parties de rire avec Phelps et leurs discussions pour comprendre ce qu'est l'amour, en pratique. Puis passer du bon temps en compagnie d'Angie, qui fume toutes sortes de drogues, et qui se déclare bipolaire. Et enfin aider Florence à ne pas finir ses jours dans une maison de retraite, la laisser en sursis dans son bungalow qui sent la mer et lui donner ses pilules...

J'ai bien du mal à exprimer combien ce roman a su me toucher et m'enchanter. D'abord ce fut une rencontre éblouie par cette magnifique couverture bleue, puis la promesse faite en moi-même que j'allais beaucoup aimer cette histoire, pourquoi ? Je ne sais pas, mais peut-être avais-je le pressentiment que Miles O'Malley était un garçon formidable, attachant et à qui il allait arriver une aventure qui sortait de l'ordinaire, donc cela allait forcément me plaire. Et ça marche ! L'histoire de Miles est captivante car elle est simple. Sa façon de parler de cet été et des événements autour ne s'encombre pas de longueurs, et même sa passion sur la vie marine coule de source sitôt les premiers mots sortant de sa bouche pour décrire qu'environ 80 % de la vie sur terre se trouve dans l'océan, et que la moitié de l'océan environ est si profonde que la lumière du soleil n'y pénètre jamais, il fait tout noir au fond depuis le commencement. Miles est un passionné, c'est aussi un garçon sensible et intelligent, bref il a un charisme dévastateur ! Il vous sera impossible de ne pas souhaiter faire sa connaissance, cet enfant a un don, en plus de savoir vous transmettre une émotion plus intime, vous communiquer un message de conscience écologique quand il déclare qu'il faut être attentif à l'océan.

A marée basse est un roman initiatique, doublé d'une grande profondeur poétique, qui se lit en toute simplicité et avec beaucoup de plaisir. On passe du rire aux larmes tout au long des 360 pages, et on en sort avec un sourire béat tellement la plénitude s'accroche aux mots de Jim Lynch. Ne loupez pas ce beau roman !

Editions des 2 Terres - 360 pages - 21,50 €

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch

Crédit bannière livre : éditions des 2 terres.

9 mars 2008

C'était samedi soir ... avec en prime, deux

C'était samedi soir ... avec en prime, deux Victoires ...

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9 mars 2008

Becoming Jane, ou comment (re)devenir fleur bleue

Becoming Jane isn't a conventional biopic. Instead, Julian Jarrold expands on events from Jane Austen's life that may have shaped her fiction. To his credit, he doesn't stray too far from the facts. Kéçako ? En gros, ce film sur Jane Austen n'est pas une biographie formelle, mais juste une histoire romancée adaptée d'après des faits existants, ou s'y approchant, ce film a davantage choisi de raconter ce qui aurait pu servir à influencer et nourrir les romans de Jane Austen.

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Nous sommes en 1795, notre délicieuse Jane a vingt ans et nourrit l'espoir insensé d'écrire et de vivre de sa plume. Elle a pourtant conscience du poids qui repose sur ses épaules, les attentes de sa famille pour concrétiser un mariage convenable, sachant que la famille Austen est pauvre comme Job, les garçons peuvent à peine caresser l'espoir de toucher une rente, ne parlons pas des filles ! ... C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier, et, si peu que l'on sache de son sentiment à cet égard, lorsqu'il arrive dans une nouvelle résidence, cette idée est si bien fixée dans l'esprit de ses voisins qu'ils le considèrent sur-le-champ comme la propriété légitime de l'une ou l'autre de leurs filles.  (1)  Au 18ème siècle, donc, les demoiselles ont pour vocation de s'appliquer dans l'art de la broderie, de la musique, de la poésie et de la danse. L'intelligence et l'esprit ne sont alors que des qualités accessoires pour les critères de choix. De la grâce, de la discipline et une santé rayonnante sont des valeurs assurant le succès sur le marché de la chasse aux maris.

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Jane Austen ne participe pas à cette foire, elle prend plaisir à se rendre aux bals, supporte le babillage incessant de sa mère qui la verrait au bras de Tom Wisley, neveu et seul héritier de Lady Gresham, mais refuse d'envisager un mariage sans amour. Et c'est vrai que jusqu'à présent, sa seule et véritable passion se trouve dans l'écriture de romans. Et puis arrive, dans cette campagne du Hampshire, un citadin bourré de préjugés, originaire d'Irlande et actuellement étudiant en droit à Londres, où il réside sous la coupelle d'un oncle richissime, juge à la Cour Suprême. Son nom : Tom Lefroy. Il a été envoyé chez des proches pour un séjour de courte durée, le temps qu'il mijote dans son jus. Le galopin manque de maturité, et son oncle le mène par le bout du nez en lui faisant miroiter de le coucher sur son testament. (Le garçon est lui aussi dépourvu de toute fortune !)

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Lefroy arrive dans cette société étriquée du Hampshire avec un profond sentiment d'ennui et d'agacement. La première rencontre avec Jane est placée sous le signe de l'irritation, Tom fait prendre conscience à la jeune fille que ses écrits manquent ... d'expérience personnelle. Un défi amusant est alors lancé, un pari muet et taquin, qui consiste à titiller la demoiselle en l'invitant, par exemple, à lire Tom Jones de Fielding (un roman passablement scandaleux, qui remet en cause la morale chrétienne, en faisant la satire de son époque). En fait, le film laisse entrevoir l'allusion sexuelle qui laisse sans voix Jane Austen (elle s'empressera de rédiger une lettre à sa soeur Cassandra pour décharger son trop-plein d'émotions). C'est un vrai capharnaüm dans sa tête, mais une chose se remarque, jamais elle n'a été aussi inspirée pour écrire ! L'histoire laisse ainsi entendre que Jane va prendre pour modèle sa rencontre avec Tom Lefroy pour commencer First Impressions, qui deviendra Pride & Prejudice.

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Bon, inutile de s'attarder sur les si et les mais, je sais combien le film n'a pas fait l'unanimité chez les fans, je ne vais pas tomber dans ces versants, j'accorde que certains points peuvent être bien fâcheux pour attester la moralité de l'époque et le caractère de la jeune femme (trop d'exaltation, non ?...). Je ferme aussitôt la parenthèse, car j'ai vu ce film comme un jeu littéraire, ainsi le considère Emjy. Je suis 100% d'accord avec elle.

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Ce que je loue dans ce film, c'est son romantisme, sa soif d'émotions vibrantes, son scénario improbable, ses coups de théâtre, ses scènes sirupeuses, ses acteurs (aaaah ! ce James McAvoy !) et sa facilité à faire couler les larmes. J'ai aimé la fraîcheur de cette Jane Austen qu'incarne Anne Hathaway, sa beauté, sa grâce et sa tournure. J'ai fondu devant les regards fripons du Tom Lefroy, interprété par ledit James McAvoy, son sourire en coin, ses yeux qui ne voient que Jane, sa réplique "Jane, I'm yours", son hardiesse et son espièglerie. Ils forment tous les deux un couple frappé du sceau du sacrifice, et on comprend combien le mariage de convenance, le manque d'argent, à cette époque, pouvaient pousser à la folie ! (Du moins, moi j'ai cru devenir folle en voyant les conséquences !)

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Je n'entre pas dans la polémique, et j'apprécie simplement ce cinéma de divertissement, où frise l'idée d'une romance qui aurait pu inspirer la trame de Pride & Prejudice. Ni plus, ni moins. (Tom Lefroy, le vrai Mr Darcy ?) Dans cette optique, alors vous perdrez la tête et vous friserez l'hystérie face à certaines scènes déchirantes (surtout vers la fin !). Vous comprendrez comment la tragédie peut nourrir les plus grandes et belles histoires d'amour ! Finalement, ce film dénonce solennellement les travers de l'époque, la condition de la femme, le poids de la société, le rang à tenir, etc. puis vire carrément dans le mélodrame face auquel seul un coeur de pierre resterait de marbre. (Sortez les mouchoirs, mes ami(e)s !!!)

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Je sais bien qu'on ne détient pas là une oeuvre remarquable et vraisemblable sur la vie de Jane Austen et sa famille. Cela ne semblait pas non plus être le but recherché, mais à la façon d'un Shakespeare in love le réalisateur a voulu broder un scénario selon lequel la fiction aurait été la conséquence d'une expérience vécue par son auteur. Une simple digression, pas de quoi ruer dans les brancards ! ... Je pourrais émettre quelques tss-tss sur les dernières minutes du film, non mais vraiment c'est poussé loin le bouchon, mais étant donné que j'ai marché à fond dans cette histoire, je vais m'en tenir à mon sourire béat, à mes petites larmes sur la joue et à me dire que c'est drôlement gaga, mielleux et fondant pour mon coeur de midinette. Et j'aime ça ! (J'ai aimé, aussi, saisir au vol les clins d'oeil ramenant aux romans de Jane Austen, les scènes qu'on retrouvera ci et là ...)

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Pour les amateurs de vérité vraie, reportez-vous à la lecture de Jane Austen, passions discrètes de Claire Tomalin (Autrement). Il est vrai que le film de Jarrold chamboule l'idée de toute passion discrète chez Jane Austen !

(1) Le fameux incipit de Pride & Prejudice - traduction de V. Leconte et Ch. Pressoir

Credit photos : BBC.co.uk

Le compte-rendu d'Emjy

Becoming Jane, film de Julian Jarrold (Sortie US : Août 2007 ; Sortie France : Octobre 2007).

Distribution :

  • Jane Austen: Anne Hathaway

  • Tom Lefroy: James McAvoy

  • M. Austen: James Cromwell

  • Lady Gresham: Maggie Smith

  • Mme Austen: Julie Walters

  • le juge Langlois: Ian Richarson

  • Cassandra Austen: Anna Maxwell Martin

  • Henry Austen: Joe Anderson

  • 7 mars 2008

    Rouge abattoir - Gilda Piersanti

    rouge_abattoir_1Le quartier chic et paisible de Testaccio à Rome est de nouveau frappé par un crime horrible : le corps d'une jeune femme mutilée a été retrouvé dans son appartement. Il s'agit d'une troisième victime dans ce petit coin branché de Rome, la presse pense aussitôt à un serial-killer, mais le commissaire D'Innocenzo refuse cette hypothèse. Pour l'heure, il doit accepter l'arrivée d'une super flic, l'inspecteur principal Mariella De Luca, pour l'aider à boucler cette enquête qui met à cran les grosses têtes haut placées.

    Mariella est une jeune femme efficace, qui va aussitôt mettre le pied à l'étrier et entrer dans le vif du sujet. Elle fait la connaissance de Tecla Tittoni, une caissière de cinéma, et de son frère Alberto, qui est le projectionniste. Ce couple lui laisse une impression étrange, le garçon est un coureur de jupons, la fille est hautement détestée dans tout le village. De plus, ils semblent avoir tous deux connu les victimes de Testaccio. Alors, de manière peu orthodoxe, Mariella va procéder à une enquête sur le terrain, passant outre les règles d'usage, en s'invitant chez les Tittoni ou en appréhendant un autre individu louche lors de ses promenades nocturnes, et en solitaire.

    C'est un roman policier qui appartient à ce genre qui nous plonge dans une intrigue correcte et qui nous fait pénétrer dans l'intimité des personnages. Ici, nous apprenons à mieux connaître l'inspecteur Mariella De Luca et ses nouveaux collègues, surtout parce que Rouge Abattoir appartient à la série des Saisons Meurtrières (trois titres suivent) et que nous allons ainsi pouvoir suivre l'évolution de toute la clique. L'auteur Gilda Piersanti est italienne mais vit en France depuis vingt ans, c'est en français qu'elle a écrit son texte mais situe son action dans la Ville Eternelle. Cadre superbe et fascinant, Rome est ensevelie sous la neige et apporte cette atmosphère frileuse et angoissante, nécessaire à l'intrigue. Celle-ci, assez hasardeuse en cours de lecture, après un début fracassant, connaît un sursaut de rebondissements dans les derniers chapitres. Belle entrée en matière, pour une série qui s'avoue convaincante !

    Editions Le Passage, 2003 /

    rouge_abattoirPocket, 2008. - 277 pages.

    La série des Saisons Meurtrières comporte :

    • Rouge abattoir (2003)

    • Vert Palatino (2005)

    • Bleu Catacombes (2007)

    • Jaune Caravage (2008)

     

    6 mars 2008

    L'alchimiste assassiné - Fidelis Morgan

    alchimiste_assassinePerruque déplumée de guingois, visage barbouillé d'une épaisse couche de fards commençant à dégouliner, lady Anastasia Ashby de la Zouche, baronne Penge, comtesse de Clapham, est en prison pour dettes, et pas pour la première fois. Elle doit à son droguiste la peccadille de six shillings, et le misérable a eu la témérité de l'assigner en justice. Les temps ont changé depuis l'intronisation de Guillaume d'Orange, venu de Hollande instaurer la monarchie parlementaire ; la société anglaise est devenue de plus en plus obsédée par l'argent, le profit et la richesse, même Madame la comtesse, âgée de soixante ans, a dû se lancer sur le marché du travail pour survivre. Après une courte carrière dans l'écriture de tragédies héroïques, sous le nom de plume du Galant Ethéré, lady Ashby a ensuite choisi de se tourner vers le journalisme, glanant des bribes de cancans fielleux ou rédigeant des diatribes contre les charlatans, les dernières modes, les nouvelles pièces. Sa mauvaise fortune voulut que le jour où le recouvreur de dettes vint frapper à sa porte, la comtesse se trouvait entre deux contrats. Sa bourse était par conséquent des plus plates.

    Qu'elle n'est pas la surprise de lady Ashby de la Zouche, lorsque dans la prison de Fleet, elle tombe nez à nez avec une drôlesse prénommée Alphiew, son ancienne suivante qui disparut sans prévenir avec son argenterie et Monsieur le comte, bien des années auparavant ! Son sang ne fait qu'un tour, elle bondit sur l'ingrate et demande des comptes, mais Alphiew parvient à s'échapper de Fleet, récupérant le contrat en or promis à la comtesse par Monsieur Cue, responsable de presse. La jeune fille n'est pourtant pas mauvaise, puisqu'elle va parvenir à obtenir la libération de sa bienfaitrice, se disculper des accusations injustifées, proposer une collaboration contre le gîte et le couvert à Anglesey House, l'hôtel particulier de German Street, dans les quartiers chics. La façade est galante, or l'intérieur fait peine à voir. Seul Godfrey, l'ancien palefrenier, un misérable vieux coquin, est resté au service de la dame, même après que le cheval fut vendu, et qu'il n'y eut plus eu d'argent pour les payer !

    La liberté étant une chose précieuse, la survie en est une autre. Lady Ashby et Alphiew comprennent que l'argent manque et acceptent avec empressement la proposition d'une femme mystérieuse, bien vêtue et élégante, portant capuche pour dissimuler son identité. Il s'agit en fait d'une dénommée Mme Wilson, qui soupçonne son époux, Beau, de lui être infidèle. Elle embauche la comtesse et sa suivante pour espionner les faits et gestes du mari présumé volage. Malheur ! cette mission, finalement pas si anodine, plonge nos deux donzelles dans un fichu pétrin ! Lady Ashby est prise sur le fait : la cheville foulée d'être tombée sur le corps de Beau Wilson, le bustier et les gants dégoulinants du sang de la victime ! Accusée de meurtre, la comtesse est arrêtée et envoyée en prison. Alphiew se sauve mais n'abandonne pas sa maîtresse, pour elle l'enquête doit continuer !

    Quelle aventure truculente ! Fidelis Morgan a lancé une série fort sympathique, surtout portée par son duo de personnages atypiques et attachants, Lady Ashby de la Zouche et Alphiew. L'une est fantasque et un peu folle, l'autre n'a pas de culture mais percute en moins de deux, bref elles n'en perdent pas une miette dans ce Londres puant et mystérieux, à courir à toute berzingue, dans les ruelles sombres et dans le quartier d'Alsatia, où vivent tous les criminels à l'abri des poursuites de la loi, se rendent chez les apothicaires, et rusent auprès d'Isaac Newton en personne pour chercher le moindre indice et démasquer le coupable. Ce sont deux tornades, perruques de traviole, le teint un peu défraîchi, mais fortes en culot, pétillantes et toujours pleines d'allant. Elles nous entraînent dans une foisonnante et palpitante pochade libertine, qui fait revivre toute la trivialité londonienne du XVIIème siècle.

    Labyrinthes, 460 pages. Traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu.

    A aussi été lu par Chimère

    • Existe aussi :  Les reines rivales (Labyrinthes, 2007)

    5 mars 2008

    Jane Austen et le révérend - Stephanie Barron

    jane_austen_et_reverendQuittant Bath pour la ville de Lyme, la famille Austen est victime en chemin d'un accident qui blesse gravement Cassandra, la soeur de Jane. Cette dernière s'arme de courage et se rend vers la propriété la plus proche, High Down Grange, réputée pour être peu hospitalière. Et effectivement, le propriétaire des lieux, Geoffrey Sidmouth est rustique, bourru, agacé par cette arrivée à l'improviste. Il consent toutefois à venir en aide à Jane et sa famille et les héberge quelques jours chez lui. L'activité dans cette maison est intriguante, et éveille quelques interrogations chez Jane. Il y a d'abord la cousine du gentilhomme, Séraphine LeFèvre, une beauté éthérée un brin mystérieuse, qui est originaire de France. Assez effacée, elle sort peu de la maison ou se promène la nuit avec une lanterne de forme curieuse et vêtue d'une pèlerine rouge.

    Le contact avec Sidmouth ne s'est pas fait sans mal, mais Jane a su lui tenir tête et peut-être cela a-t-il influencé dans l'attitude du gentleman pour les jours suivants. Galant et guindé, il adopte un port assez froid, tout en se montrant très prévenant auprès de Jane et sa famille. C'est lui qui débauche le médecin, Mr Dagliesh, pour soigner Cassandra, lui qui conduira les Austen chez Mr Crawford sur son site de fouilles, et pourtant le ton badin semble faux dans le coeur de Jane (qui ne peut s'empêcher de palpiter un peu plus fort). Elle se méfie de l'homme, donnant foi aux ragots qui courent à son sujet. On murmure un tas de choses à Lyme, sur un prétendu Révérend et sa clique, sur la demoiselle Séraphine et sur des activités illégales livrées la nuit sur la plage. Jane a aussi fait la connaissance du capitaine Fielding, qui lui confie instantanément ses soupçons sur Sidmouth qu'il juge être le Révérend, un pilier de la contrebande entre la France et l'Angleterre.

    Fielding, qui se dit à la solde des Douanes, voudrait démasquer ce brigand et remporter ainsi la bataille sourde qui gronde entre Sidmouth et lui, dans laquelle Séraphine joue un rôle important. Aucun des concernés n'est prêt à dévoiler le fond du problème, au nom de l'Honneur, mais Jane est bien décidée à mener jusqu'au bout sa petite enquête toute personnelle. Il lui est impossible de réfléchir autrement, incapable de terminer son manuscrit en cours (Les Watsons). Alors la jeune femme use de son sens de la répartie, de sa capacité de jugement et de sa perspicacité toute féminine pour écouter, questionner, sonder, allant même jouer les héroïnes à la Mrs Ann Radcliffe en errant le soir sur le Cobb ou dans une caverne isolée sur la plage...

    jane_austen_et_le_reverend_2Que dire sur ce roman d'une Austenite convaincue, passionnée au point d'imprégner son récit du style de son idole (sans parvenir à l'égaler, on s'en doute), mais travaillant avec soin ce souci du détail, de la formule et du contexte avec un aplomb remarquable ?! Stephanie Barron est réellement parvenue à faire illusion, surtout durant les premiers chapitres de son histoire. Elle dépeint une Jane Austen vive, intelligente, pointilleuse et sensible au charme d'un gentleman inquiétant et fort séduisant par toute cette part de mystère qui l'entoure ! Je me dois de reconnaître avoir beaucoup pensé que c'était tout de même drôlement romanesque, dans le fond. Le gentleman arrogant, réputé mauvais bougre, suspecté d'être le fameux contrebandier qui sévit sur la côte, et qui fait battre le coeur de notre demoiselle... l'action où se mêlent le goût du sel marin, les tempêtes, la chasse entre les troupes des Dragons et les bandits en pleine nuit, et une héroïne au coeur de l'intrigue, cheveux au vent, et une séduction qui connaît son acmé !... Il ne faut surtout pas se méprendre, ce genre de roman n'est pas un pastiche de l'oeuvre de Jane Austen. L'écrivain est ici utilisé en tant que personnage principal, et Stephanie Barron a beaucoup respecté la personnalité de la dame, bien cadré le décor, beaucoup lu les biographies et a su baliser son sujet. C'est un zéro faute sur cet aspect, et personnellement j'ai beaucoup apprécié cette part d'imagination. On ne pourra reprocher à Mrs Barron d'avoir spolié Jane Austen, ni d'avoir fait affront au personnage. Et il me semble, alors, que lire les enquêtes de Jane Austen par Stephanie Barron n'est qu'une simple invitation au divertissement littéraire et historique, dans une ambiance élégante et racée, avec une enquête pas extraordinaire, mais tout à fait potable (saluons que le couperet ne tombe qu'au dernier chapitre, et pas un soupçon avant !). Pour toutes ces raisons, j'ai été séduite et je suis prête à poursuivre cette belle lancée.

    A signaler, cependant, que ce tome n'est pas le premier de la série, il s'agit en fait de Jane Austen à Scargrave Manor, paru étrangement l'année d'après en France. L'auteur y fait quelques allusions dans ce livre, et c'est bien dommage ce léger couac. Il faut donc considérer, à ce jour, l'ordre de publication en France des oeuvres de Stephanie Barron, comme suit :

    1. Jane Austen à Scargrave Manor  (1998)

    2. Jane Austen et le révérend   (1997)

    3. Jane Austen et l'Arlequin  (2000)

    4. Jane Austen à Canterbury  (2001)

    5. Jane Austen et la sorcière du Derbyshire  (2003)

    6. Jane Austen et le prisonnier de Wool House  (2006)

    7. Jane Austen et les fantômes de Netley  (2007)

    8. Jane Austen et l'héritage du comte  (2008)

    * Les dates de publication correspondent aux sorties françaises.

    Labyrinthes - 400 pages - Traduit de l'anglais par Corinne Bourbeillon.

    Le site de l'auteur : http://www.stephaniebarron.com

    4 mars 2008

    Les portes du sommeil - Fabrice Bourland

    portes_du_sommeilDeux ans après Le Fantôme de Baker Street, Andrew Singleton se rend à Paris pour résoudre le mystère qui plane autour du suicide - présumé - de Gérard de Nerval. Il est finalement débauché par le commissaire Fourier de la Sûreté Nationale pour démêler deux affaires étrangement semblables : le marquis de Brindillac et le poète Pierre Ducros ont tous deux été emportés dans leur sommeil et retrouvés avec un masque d'effroi sur le visage.

    Andrew Singleton lui-même est assailli de rêves bizarres : une jeune femme blonde vient régulièrement lui intimer la prudence sur l'enquête à tenir. Alerté, son comparse James Trelawney débarque pour l'accompagner dans son voyage à bord de l'Orient-Express, à destination de Vienne, afin d'y déceler le mystère des Portes du sommeil évoquées lors d'une réunion de la Société Métapsychique à Paris.

    Ambiance délicieusement désuète dans ce roman aux aspects nébuleux, où l'on croise André Breton à la terrasse du Café de la place Blanche, mais aussi le spectre de Gérard de Nerval au sommet de la tour Saint-Jacques.

    C'est prenant, très bien écrit et riche en documentation. On se promène dans le Paris des Années Folles avec une béatitude placardée sur la mine. Je suis nostalgique de cette période et j'aime tellement l'ambiance de cette série, policière en apparence, car la mise en abyme est carrément prodigieuse. C'est une fantastique découverte, si ce n'est pas déjà fait !

    10-18, coll. Grands Détectives, 250 pages.

    A lire : interview de Fabrice Bourland

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