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Chez Clarabel
20 juin 2008

Autant en emporte la femme - Erlend Loe

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Marianne est une jeune femme étonnante, pas casse-pieds mais délicieusement arrangeante, du genre à s'inscruster avec le sourire. L'amour qu'elle offre en retour, ou la promesse d'amour, est un pis aller vers une vie de couple que le narrateur accueille avec un air bêta. Bah oui, un jour Marianne déboule avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre. Ce sera sûrement bien, se dit le narrateur. Mais très vite, notre bon bougre va être dépassé et devenir le béni-oui-oui de sa dulcinée. Toutes les décisions lui échappent, lorsqu'il pointe le doigt sur la petite commode à la couleur suspecte, la demoiselle rebondit et propose de coordonner les murs de l'appartement avec la teinte de son meuble. Et pourquoi pas acheter le même, en plus gros ? !

Vous l'avez compris, l'histoire est gentille, absurde et rigolote. Elle raconte en 300 points la débandade pré-annoncée. "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine. Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux." Il faut suivre les soliloques de cet homme qui ne manque ni de flegme ni de cynisme, mais tout doux, tout lisse. C'est avec immensément de philosophie qu'il nous narre les situations grotesques de sa vie de couple, cela pourrait être banal (les jours coulent tranquillement, tout deux s'aiment ou se font la tronche, ils partent en voyage aussi...). C'est le cliché d'une histoire presque ordinaire, qui vous rappelle la difficulté de conjuguer au présent et au futur, et à la première personne du pluriel. Ouf, c'est diabolique et hilarant ! A cautionner en cas de blues.

Gaïa éditions, 2005 pour la traduction française / 10 - 18, mars 2008 - 237 pages.

traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.

A été apprécié par Cathulu

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19 juin 2008

Indésirable - Valerie Martin

Toby, étudiant américain âgé de vingt-et-un ans, fait rencontrer à sa mère (Chloé) sa nouvelle petite amie, Salomé, une réfugiée croate qui a grandi en Louisiane. Entre les deux femmes, le torchon brûle. D'instinct, Chloé ressent une vive inquiétude au contact de cette nouvelle prétendante, qui lui paraît trop mystérieuse, trop sûre d'elle et effrontée. Elle cherche à briser les prémices d'une liaison amoureuse, mais son fils la surprend en annonçant qu'il souhaite vivre avec Salomé. Cette dernière n'ignore pas combien Chloé ne la porte pas dans son coeur, semble-t-elle prendre un malin plaisir à la situation ?

Son entrée dans la famille Dale lance un pavé dans la mare. Chloé et son époux Brendan vivent dans une maison spacieuse, au coeur d'un paysage boisé et coupé du reste du monde. Seule l'intrusion d'un braconnier dans les environs perturbe notre couple bourgeois, installé dans son confort, allergique aux changements. Cet étranger qui tire des coups de feu répétés et l'arrivée de Salomé font prendre conscience de l'absence de tolérance dans la personnalité de Chloé. Le regard de son mari, aussi, indique la direction à prendre : c'est une mère trop excentrique, figée sur ses principes et qui couve trop son garçon. En tant que femme, Chloé a aussi pris le pli dangereux de se conforter dans sa popote, abritée dans son atelier (elle est illustratrice de livres pour enfants), avec ses chaussons au coin du poêle à bois. Cette fois-ci, c'est à travers les yeux de Salomé, pour sa première visite chez les Dale, qu'en tant que lecteur on éprouve cette mesquinerie.

Salomé est une personne imprévisible, difficile à cerner. L'auteur a choisi de nous la livrer à travers les points de vue des autres (son fiancé, sa future belle-mère et le mari de celle-ci). On apprend au fur et à mesure qu'elle porte un poids très lourd depuis son départ précipité de la Croatie, ravagée par la guerre, et la mort de sa mère. Salomé n'avait que neuf ans au moment des faits, bien vite on s'aperçoit que son passé semble bien chargé en non-dits. Le roman est coupé en deux parties, et j'avoue que la dernière offre une histoire totalement différente. On commence cette lecture comme une comédie bourgeoise, dans une banlieue aisée de New York, et on la termine à mille lieux de là, au coeur des ténèbres.

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Ce roman intitulé Indésirable porte une volonté de chatouiller le lecteur, d'épingler un système hypocrite (ce que cache la famille modèle américaine) et constitue un plaidoyer contre la guerre (Valérie Martin a écrit son dernier roman en temps de guerre, la guerre en Irak, à laquelle elle est fortement opposée. Elle a canalisé sa colère et sa déception envers le gouvernement américain dans un livre dérangeant et ambitieux. source : parutions.com) Plus que l'histoire, c'est par la force des personnages que le roman nous dérange. Chloé et Salomé, nos deux figures féminines, ont chacune un tempérament violent, déconcertant, l'une par sa protection étouffante et l'autre parce qu'elle catapulte des terreurs enfouies. Chloé est obsédée par le braconnier qui chasse sur ses terres, ce n'est qu'un prétexte qui révèle sa peur farouche pour l'étranger qui envahit son domaine (et l'inconnu a les traits de Salomé, forcément). Et ce n'est pas tout à fait un hasard d'apprendre que Brendan, historien et universitaire, bûche actuellement sur l'écriture d'un ouvrage pompeux qui traite des croisades et de Frederic 1er.

En quatrième de couverture, les critiques y figurant font état de l'ambition de ce roman, "une oeuvre maîtresse provocante" dit The Times. Je me range à l'avis général qui trouve Indésirable décalé et politique ; c'est du poil à gratter pour intellos, on ne rigole pas, on constate, on frémit, on songe énormément... J'ai apprécié le début, avant de froncer des sourcils de plus en plus. L'orientation prise en cours de route par le livre est assez déboussolante.

Albin Michel, (mars ) 2008 pour la traduction française - 324 pages - 20 €

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier - titre vo : Trespass.

18 juin 2008

La prophétie des pierres - Flavia Bujor

Trois jeunes filles, Jade, Ambre et Opale, issues de milieux différents, découvrent le jour de leur quatorzième anniversaire qu'elles ont été adoptées. L'écho d'une ancienne prophétie les oblige à quitter leur famille pour accomplir leur mission dans un lointain Royaume. Chacune se voit alors remettre, pour seule arme, une pierre magique correspondant à son prénom. Bien que tout les oppose, elles devront apprendre à se faire mutuellement confiance pour échapper aux dangers qui les guettent.

Elles entament un long voyage jusqu'au pays appelé le Conte de Fées, où se cache Oonagh, l'oracle mystérieux qui deviendra leur guide. Leur quête les conduira à livrer bataille aux forces du mal. Ces troupes sont commandées par le Conseil des Douze, qui a établi une loi impitoyable sur la cité de Nathyrnn, en emprisonnant les récalcitrants. C'est une ville sombre et opprimée qui accueille les trois demoiselles, venues pêcher des renseignements auprès d'un libraire spécialisé en ouvrages anciens.

En chemin, elles rencontrent aussi un jeune noble âgé de seize ans, Adrien, qui avait souhaité connaître le monde au-delà du Conte de fées et s'est retrouvé emprisonné trois ans à Nathyrnn. En sa compagnie, elles vont organiser un soulèvement de la population, pour une évasion massive. C'est la magie des trois pierres réunies qui va créer cet élan...

La Prophétie qui les touche parle également d'un Elu à trouver, pour une association victorieuse contre les Forces de l'Obscurité. De plus, les trois filles sont menacées de l'intérieur car Opale est sous l'emprise d'une télépathie lancée par l'ennemi afin de créer la confusion dans son esprit.

 

L'entrée en matière dans ce roman est stupéfiante ! On plonge littéralement dans l'histoire, guidée par l'épopée à la fois mystérieuse et captivante des trois jeunes filles. On apprend à leur rythme à découvrir ce qui les attend, qui elles sont exactement. Jade, Ambre et Opale ont chacune un tempérament différent - la première est volcanique, la deuxième rêveuse et la troisième plus secrète. Les mondes qu'elles parcourent sont aussi inquiétants et auréolés d'une part d'attrait et de répulsion. Beaucoup de magie flotte autour, bref c'est entraînant !

C'est presque trop beau pour être vrai, mais très vite on s'aperçoit des défauts plus ou moins mineurs qui talonnent le récit. Ce sont des détails, des éclairs de génie qui frappent nos personnages (quand, soudainement, je me rends compte que je l'aime et n'aime que lui ou elle, blablabla), des faits assez aberrants et grotesques (la Mort s'est mise en grève !). Tout ceci reflète un gros manque de maturité, ou une part de maladresse (je pense, car l'auteur a écrit son histoire à l'âge de treize ans !). C'est aussi un premier roman, avec son lot de béquilles, toutefois cela reste un travail admirable et rempli de promesses.

La Prophétie des Pierres aurait nécessité que l'auteur creuse davantage la matière, tout est ici juste effleuré et c'est frustrant. Je pense notamment à la façon dont sont traités les rapports entre les hommes et les femmes, la passion ou les émotions palpitantes font défaut ! C'est juste propre, emballant, très bien imaginé mais cela manque de temps mort, de zones d'ombre et d'épaisseur pour acquérir cette sensation qui donne le vertige. Une prochaine fois, peut-être !

A tenter.

Editions Anne Carrière, 2002 - 400 pages - 19,80 €

Existe aussi aux Editions France Loisirs, coll. Fantasy (poche), 2004.

17 juin 2008

La Dame de ses pensées - Cécilia Dutter

Imaginez... Vous venez de vous lier d'amitié avec une jeune femme de votre âge, mère de deux enfants, rencontrée à la sortie des écoles. Un soir, vous faites rencontrer cette nouvelle amie à votre époux, lequel est votre aîné de vingt ans, avocat de renom, véritable esthète. Vous l'ignorez encore mais cet homme vient de tomber en pâmoison devant votre amie, prénommée Alice, et lui adresse des lettres enflammées où il décline sa passion grandissante, sa fascination certaine et les fantasmes qui gonflent au fait de songer à la Dame de ses pensées...

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Roman épistolaire et doucement érotique, inutile de chipoter sur l'étiquette de ce livre qui se découvre avec grand plaisir. Court de 150 pages, léger par son contenu et joliment grivois, il renferme une correspondance qui fait naître le désir. Edouard apparaît fin lettré et use d'un langage précieux pour séduire sa belle, alors que celle-ci, railleuse, juge ces effets désuets et alourdis d'arabesques stylistiques d'un autre temps... La claque ! Il faut reconnaître que les premiers échanges ressemblent à une joute verbale. Alice refuse d'entrer dans la danse, trouve Edouard présomptueux, avec des intentions malhonnêtes. Mais celui-ci ne renonce pas facilement et par la force de son imagination il va amadouer la jeune femme. Et lorsqu'elle s'enflamme à la volupté des courriers d'Edouard, la fusion des imaginaires connaît son apothéose !

Joli, tendre et surprenant, ce roman est une invitation à rêver... La fin, totalement imprévisible, est aussi un regard nouveau sur l'entreprise (qu'on peut trouver culottée) d'Edouard.

Ramsay, 2008 - Coll. Papillons de nuit - 150 pages - 15€

Dans le même genre, vous apprécierez (ou avez apprécié) : La tentation d'Edouard, d'Elisa Brune (belfond, 2003) ;  L'admiratrice, d'Iselin C. Hermann (robert laffont, 2000)

16 juin 2008

^ C'était nous ^

Nana vient d'entrer au lycée où elle essaie de lier connaissance avec ses nouveaux camarades, c'est difficile mais elle s'accroche. Dès le premier jour, on lui parle du garçon le plus populaire, Yano, aussi irrésistible qu'insupportable. En le rencontrant, Nana reconnaît qu'il est craquant mais impossible à cerner. Mystérieux, ombrageux, séducteur et taquin, Yano collectionne les facettes. Nana, elle, s'émeut et s'attache à lui. Elle lui avoue ses sentiments, même après avoir eu connaissance de son passé douloureux.

En effet, Yano a été très amoureux d'une fille qui s'est tuée en voiture. Ce fantôme hante encore le garçon, et ça le paralyse pour une nouvelle relation. Yano s'avoue incapable de s'attacher à une autre, surtout qu'il a été profondément marqué par cette autre Nana - troublante coincidence ! - qui aurait trompé sa confiance. Yano, fragile et rancunier, est devenu un garçon renfermé, qui hésite à s'engager et réclame qu'on ne le trompe plus. Il n'a plus confiance en lui et entraîne Nana dans une histoire exigeante, car terriblement passionnelle.

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J'en suis à la fin du tome 3 et Yano presse sa chérie de franchir le cap des attouchements timides ! Le garçon a, selon sa réputation, un appétit qu'il faut nourrir sous peine qu'il aille picorer ailleurs ! Nana veut être prête, elle n'a aucun doute sur ce qu'elle ressent mais elle a peur. Et puis, il y a tous ces mystères sur l'autre Nana qui est morte, sa petite soeur Yamamoto qui est dans leur classe. On dit d'elle qu'elle est bizarre, elle ne parle à personne, elle voue une haine ancestrale à Yano, mais pourquoi ? On chuchote qu'elle est également responsable de l'accident de sa soeur, qu'elle a cherché à briser le couple et qu'elle s'était entichée de Yano au collège. Cela fait beaucoup de "on-dit-que" et notre pétillante Nana ne sait plus à quel saint se vouer.

Yano se comporte étrangement avec cette fille, il a pourtant juré de ne rien cacher à Nana mais le passé ne peut s'effacer. Je suis sûre qu'il y a d'autres cadavres dans le placard, ce qu'a expliqué le garçon est faux ou en partie déguisé. Le personnage de Takeuchi, l'autre copain de Yano, semble également jouer un rôle important dans la suite du scénario. C'est bien ça le "truc" avec cette nouvelle série, car j'ai l'impression de suivre un feuilleton-fleuve un peu sentimental (du genre soap opera) qui passerait tous les jours à la télé. Dit comme ça, on pourrait penser que je dénigre ce manga ! C'est bien évidemment tout le contraire !!!

C'était Nous a été récompensé du prix du meilleur shôjo 2005 (Shogakukan) et c'est tout vous dire les qualités qu'il possède ! Cette histoire se place en douceur, elle avance à tâtons et ce n'est pas pour déplaire le lecteur conquis et séduit d'avance par tous ces non-dits qui courent d'une page à l'autre. A la base, on pourrait penser qu'on a affaire à une bluette classique : la nouvelle élève (Nana) qui tombe éperdument amoureuse du type le plus mignon du lycée (Yano), lequel fait lambiner notre demoiselle pour pimenter les prémices amoureux... Voui, peut-être. Mais non.

J'ai trouvé qu'avec ce manga on abordait avec grande délicatesse et tendresse la façon de vivre une relation amoureuse. Chaque personnage semble jouer un rôle très important dans l'histoire, qui éclatera tôt ou tard. De même, il y a énormément de choses chuchotées et volontairement omises, des secrets bien trop gros (et trop lourds) qui forcément feront tomber les masques (j'ai hâte !). Yano est un caractère intéressant, camouflé dans ses épaisseurs qu'on souhaiterait éplucher comme un oignon - las, ça fait beaucoup pleurer aussi ! Cela montre combien est complexe cette histoire, qu'elle va grossir et s'enrichir pour notre (mon) petit bonheur.

Pour information, j'ai reçu les trois tomes de la série à Noël et ma soeur avait chipé mes bouquins par curiosité. C'est donc elle qui, d'abord, est tombée vraiment accro de ce manga ! Elle a lu la suite, trépigné d'apprendre la parution de chaque nouveau tome (d'ailleurs, c'est bien embêtant car la série semble prendre le dangereux chemin de la rallonge, grrr... un tome 12 doit sortir en octobre, et selon ma frangine, ce n'était pas prévu !!!!). Bref, j'ai commandé les tomes 4 à 11 et je voudrais qu'ils soient déjà entre mes mains, tant l'attente est frustrante (vont-ils croquer la pomme, hu hu hu).

Par contre, gros tollé de protestation contre l'éditeur français - Soleil Manga - car l'adaptation est franchement pitoyable, parfois c'est illisible (on se demande qui parle, par exemple). Le tome 1 est le pire - alors, accrochez-vous car la série vaut vraiment le coup !!!

C'était Nous, Yuuki Obata - Soleil Manga - 6,95€

Découvert aussi par Ori !

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16 juin 2008

Demain matin si tout va bien - Cécile Krug

Trente-cinq ans, jamais mariée, sans enfant et toujours célibataire, Garance plane sur son petit nuage depuis sa rencontre avec Edgar. Cela fait six mois qu'ils roucoulent sous le toit de son appartement douillet, c'est l'idylle parfaite. Enfin, c'est ce qu'elle répète à tous ses amis. En vérité, Garance pédale dans la semoule. Depuis son licenciement, elle passe ses journées à ne rien faire, elle a perdu confiance en elle et, du coup, elle s'imagine que son chéri la trompe. Pourquoi pas avec Aglaé, la pseudo meilleure amie un peu peste ? Trop belle pour être honnête. Et comble de l'horreur, c'est avec elle qu'Edgar s'envole à l'autre bout du monde pour une mission de deux mois ! C'est le drame. Garance se noie dans un bourbier sans fond, elle joue le tout pour le tout en harcelant son amoureux et refait des efforts pour sculpter sa silhouette. Elle veut reconquérir Edgar, elle ne voit que lui car c'est l'homme de sa vie.

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Je classe ce livre parmi les lectures thérapeutiques : il sera oublié à coup sûr dans six mois, mais en attendant le bienfait acquis sur l'instant est du petit lait ! J'ai bu les 290 pages avec bonheur, me suis surprise à rigoler comme une bossue sur plusieurs passages (au point d'expliquer à l'homme du foyer les raisons de mes éclats de rire). L'héroïne du roman, Garance, est une péronnelle insupportable, une plaie ambulante, comme elle se décrit. Elle est totalement immature, irresponsable, maladroite mais attachante. Ses crises de jalousie, et ce qui s'ensuit, frisent le ridicule et peuvent rapidement gaver le lecteur. Et pourtant, on ne décroche pas une seconde, ne saute aucune ligne car le tout est enrôbé d'un style très enlevé, avec des expressions délirantes et audacieuses. Cécile Krug a la plume agréable, c'est même carrément hilarant. Un livre recommandé pour recharger les batteries !

Anne Carrière, avril 2005 / J'ai Lu, mai 2006.

15 juin 2008

^ Le Sablier ^

An est de retour dans le village d'enfance de sa mère, à Shimane, petit coin perdu à des milliers de kilomètre de Tokyo. C'est sous le couvert de la honte et de l'amertume qu'elles viennent vivre sous le toit des grand-parents, la mère d'An a divorcé d'un homme criblé de dettes. Cela n'affecte pas la jeune adolescente, alors à peine âgée de onze, douze ans. Mais de suite, elle réalise l'atmosphère étouffante du village de Shimane, où tout se sait car tout le monde connaît tout le monde. Cependant, An parvient à se creuser un petit nid douillet grâce à ses nouveaux amis, Daigo, Fuji et sa jeune soeur Shiika. A l'aide de leur présence et leur amitié, An va surmonter la perte de sa mère, trop fragile et désespérée d'avoir loupé sa vie. Elle va apprendre à grandir, à quatorze ans c'est une adolescente qui se cherche, dans son corps et dans sa tête. Elle est tombée amoureuse de Daigo, qui a physiquement beaucoup changé. Leur attirance est flagrante, les rapprochements timides mais certains...

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Le retour du père d'An et sa proposition de l'accompagner à Tokyo vont chambouler ce petit théâtre campé dans ses habitudes. Etudier trois ans au lycée représente une opportunité, mais An n'est pas sûre de vouloir se séparer de Daigo. Au loin, Fuji l'ami fidèle et amoureux dans l'ombre est ravi de la proposition car il a réussi le concours d'entrée dans un prestigieux lycée pour gosses de riches à Tokyo. On devine qu'il avait choisi de s'éloigner géographiquement pour écarter son chagrin de voir An tous les jours, sans pouvoir lui déclarer son amour. Car au début, Fuji est le pilier de sécurité quand la jeune fille se sent seule et perdue à Tokyo, loin de son grand amour, etc. Et puis, en fin de tome 2, ça se complique... -vivement la suite!-

Série terminée en dix volumes, en cours de traduction, Le Sablier est une lecture passionnante et qui change du shôjo gentillet et bêta où l'héroïne a le coeur pris en étau pour les beaux yeux de deux garçons et joue la bécasse à ne pas savoir lequel choisir. Ici, le scénario est classique car une relation triangulaire est également au centre de l'intrigue. Toutefois, on s'intéresse beaucoup à l'évolution d'An, une jeune fille pétillante, qui éclot sous nos yeux. On la rencontre gamine, on la suit au fil des saisons et on nous dit tout de ses états d'âme. Car An est une adolescente d'aujourd'hui, qui aime, pleure, doute. On la voit radieuse, amoureuse et aussi déprimée. C'est un manga réaliste sur le portrait d'une demoiselle qui se façonne un univers et une personnalité au gré de ses envies, de ses rencontres. On la voit dans ses rapports avec sa famille, ses amis ou son petit ami. C'est à la fois très drôle, complètement gaga et nunuche, mais c'est aussi très grave, douloureux et cela vous met face aux situations de crise. Il y a des choix dans la vie qui peuvent beaucoup vous coûter, ce manga en est le joli exemple.

J'attends la suite des aventures avec grande impatience ! (Le tome 3 paraît début juillet ; le tome 4 en septembre !)

Le sablier, Hinako Ashihara - Kana - 6,25€

15 juin 2008

Les femmes préfèrent les monstres - Delphine Vallette

Enfant, Alicia a grandi dans l'ombre de son monstre de père, mannequin vedette, figure emblématique pour son regard de petite fille en quête d'images fortes et troublantes (la demoiselle va découvrir les films de Marc Dorcel qui vont alimenter son imaginaire).
Etudiante, elle tombe amoureuse de son professeur qui est vieux, laid et porte une barbe repoussante. Pourtant, elle se renverse de plaisir dans ses bras et tente de fuir cette attraction dérangeante dans un mariage poli, qui l'ennuiera très vite.
Dans les bras de son écrivain, le père de sa fille, Alicia va expérimenter les vertiges de l'interdit avant de connaître les profondeurs de l'abandon et de la perte de l'estime de soi. Une séparation douloureuse, une dépression latente, Alicia pense que l'amour et les hommes, pour elle, c'est fini. Elle se lance dans un boulot acharné, puis rencontre Vincent. Il a tout pour lui faire perdre raison, et pourtant c'est une relation sans issue : l'homme est marié, elle est prévenue.
En neuf chapitres et autant de portraits, la narratrice évoque sa vie d'amoureuse. La lecture est rapide, plaisante. Pourtant, j'ai peiné en fin de parcours à terminer le livre, tant je me suis décrochée de la jeune femme, ne la comprenant plus, la jugeant navrante et limite décevante. Une petite touche d'amertume, donc, en conclusion de lecture. Dommage.

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Melville / Editions Leo Scheer, 189 pages. 15€

Merci Cuné pour le prêt !

13 juin 2008

Une enfance qui porte un nom : Enid Blyton

Quand on m'évoque le nom de François Rivière, je pense aussitôt au spécialiste de la littérature anglaise (auteur de biographies d'Agatha Christie ou Patricia Highsmith) et au lecteur passionné, désormais ému de reconnaissance, pour la grande prêtresse de la littérature jeunesse qui a marqué notre enfance. J'ai nommé Enid Blyton. Enfant, ne vous est-il jamais arrivé de décortiquer ce nom ? Je me rappelle également que l'auteur signait tout d'abord E. Blyton, ce qui exacerbait les plus folles spéculations. Et pendant longtemps, je pesais le prénom d'Enid, une nouveauté pour moi (je n'étais pas bien vieille !), à tel point que je me faisais des films insensés sur la personne qui se cachait derrière !

Un vrai délice de remémorer de tels instants... François Rivière m'offre dans son livre "enid blyton & le club des cinq" le reflet d'un miroir. En chemin pour le domaine de Green Hedges, il nous fait remonter le temps, nous ramène à des étés énervés par l'iode et l'éclat du soleil. La première rencontre avec Enid Blyton a bien souvent le goût des vacances, des jeux de plage ou des flâneries à la campagne. Ce sont les témoins d'un temps révolu, d'une douce nostalgie qu'on peut aujourd'hui considérer mièvre et cucul la praline. Qu'importe.

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Présentation de l'éditeur
L'œuvre d'Enid Blyton, dont la partie la plus connue est la série du Club des cinq, passionne et enthousiasme les enfants, alors que le plus souvent elle indiffère les adultes. Il faut croire que François Rivière échappe à la règle puisque les livres, mais aussi le personnage d'Enid Blyton ont irradié son enfance et n'ont jamais quitté sa mémoire. Ses "affinités électives" avec cette littérature enfantine, François Rivière les raconte ici avec tendresse et humour tout en enquêtant sur la romancière. Peu à peu l'auteur découvre l'univers mystérieux et fascinant d'Enid Blyton, son écriture médiumnique, et les aléas de sa vie privée. Brillant, rapide, passionnel, ce livre n'est pas destiné aux jeunes lecteurs de la Bibliothèque Rose, mais à leurs aînés partis à la recherche de leur enfance perdue.

Pour moi, Enid Blyton restera à jamais la maîtresse absolue de l'imaginaire et l'instigatrice de toutes les activités ludiques de notre esprit d'enfant. Les goûts de nos têtes brunes et blondes ont aujourd'hui changé et sont tournés vers d'autres démiurges (dans le genre, JK Rowling n'est pas mal du tout !) mais le jeune lecteur en nous se laissera facilement conquérir par cette madeleine de Proust ! ;o)

Enid Blyton & le Club des cinq, par François Rivière - Les Quatre chemins, 2004.

Ce livre est l'édition revue et augmentée d'un texte paru en 1982 aux éditions Ramsay sous le titre de : Souvenir d'Enid Blyton.

Naturellement, je me tourne ensuite vers le superbe album intelligemment pensé par le même François Rivière : Les héros de notre enfance.

Car avant de savoir lire, de nous plonger vers les petits romans signés E. Blyton, nous avons généralement pris goût à feuilleter des histoires où nous rencontrions (ou retrouvions, car ensuite c'est facile de s'accrocher à une série ! damned) des personnages comme Babar, Tintin, Mickey, Caroline, les Schtroumpfs, Sylvain et Sylvette... Impossible d'en louper un !

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Quatrième de couverture

Babar, Winnie l'Ourson, Mowgli, Mickey, Oui-Oui... Avant même de savoir lire, chaque enfant connaît le nom et les aventures de plusieurs héros. La plupart ont traversé les générations : Peter Pan, Tintin, Astérix, l'Alice de Lewis Caroll ou la Sophie de la Comtesse de Ségur. D'autres ont bercé l'enfance ou la jeunesse de nos grands-parents ou de nos parents comme Bibi Fricotin, Bécassine, Zig et Puce... Ils nous ont fait découvrir le plaisir de lire, de s'identifier à un personnage, de rire des mésaventures d'un cow-boy nommé Lucky Luke, de frissonner sur les traces d'une détective-lycéenne ou d'une bande de cinq adolescents intrépides... Tous ont imprimé dans nos imaginations des souvenirs indélébiles. Ce livre magnifiquement illustré propose de retrouver une trentaine de ces héros et surtout, de découvrir leur véritable histoire. Scénariste de bande dessinée, critique, essayiste et biographe, François Rivière est aussi l'auteur de plusieurs romans.

C'est un livre magnifique, enrichi d'illustrations qui proviennent parfois de la collection personnelle de F. Rivière ! Il est de plus truffé d'un texte fort pertinent, simple et aéré, qui ne nous accable pas. Généralement ce genre de lecture penche souvent vers la démonstration érudite et pompeuse, mais ici François Rivière fait tomber le costume. Il préfère la passion, la dévotion à l'étalage d'une culture sans bornes.

Chaque page accueillera un de vos soupirs d'exclamation, un mot ou une pensée. Les souvenirs reviennent au galop, Winnie l'Ourson par exemple. Il est au coeur d'un livre bourré d'humour de l'anglais AA Milne avant d'être éclipsé par la formule des productions Disney... Mais pour moi, il me rappelle les samedis soirs avec Jean Rochefort, trente minutes avant l'arrivée de Zorro, un autre héros !

Notre amie Enid Blyton n'est bien sûr pas absente de cet ouvrage, avec des personnages comme Oui-Oui. Je reconnais maintenant que c'est une lecture atrocement niaise, mais j'ai tout de même passé de sacrées heures au Pays des Jouets avec la famille Bouboule, Mademoiselle Ouistiti, Mirou, Zoum ou les lutins voleurs... Il est bon aussi de rappeler que les illustrations de la française Jeanne Hives ont très vite conquis l'illustre écrivain, dépassant même la renommée des originales signées par Harmsen Van der Beek !

Longtemps l'illustration des livres pour enfants a constitué un sacerdoce réservé aux artistes anglo-saxons, mais Pierre Probst a su chambouler ce monde bien ordonné. De son coup de pinceau, a surgi la silhouette d'une blondinette baptisée Caroline. Deuxième révolution en la matière, car les auteurs français ne mettaient en scène que des garçons ! Bref, Caroline, accompagnée de ses inséparables amis - l'ourson Bloum, la panthère Pitou et le lionceau Kid - va entraîner le jeune lecteur dans des aventures incroyables (on part en Inde ou à la mer, on retape une maison ou fait de l'auto-stop). Oui, j'étais plutôt fan...    

Quelques pages plus loin, vous tombez sur des planches des Schtroumpfs ! et là paf ! le sourire vous revient. J'en ai lu des albums de Peyo, appris à orthographier le nom des petits bonhommes bleus à mon instituteur de CE1 et me suis inventée un autre langage très schtroumpfissime ! J'avais même acheté le disque chanté par Dorothée. Gargamel, son chat Azraël, la salsepareille et les schtroumpfs noirs qui croquaient le bout de queue tout rond et transformaient le village entier en une communauté de petits monstres qui faisaient des bonds en bougonnant gnak gnak...

Je vous mets au défi de lire ce livre et de voir défiler le flot de vos souvenirs avec toutes les anecdotes s'y rapportant !

Les héros de notre enfance, par François Rivière - Editions du Chêne / Hachette, 2007.

 

12 juin 2008

Je lis, je bâille, je végète et j'attends...

Hello les lecteurs !

Je déserte un peu le blog (et par là, la blogosphère) ces derniers temps. Pourtant je ne chôme pas côté lecture. Il faudrait que je vous en cause quelques mots, il y a du bon, du moins bon... mais rien de transcendant. En ce moment je plane, je fais la dilettante. Je ne sais pas si je suis frappée du sceau du Malheur (peine à m'emballer) ou si j'ai simplement une envie de batifoler ailleurs, de butiner d'autres pollens.

J'effectue depuis une ou deux semaines un gros ménage dans mes livres et je me sens tiraillée. J'ai tant de livres à lire, j'en suis folle de joie mais je sens aussi une énorme frustration me gagner. Aurais-je assez de temps, un jour, pour TOUT lire ?! C'est flippant. Alors le truc veut que je croque des bouts dans plusieurs livres, moi qui d'ordinaire suis incapable de lire plusieurs livres à la fois ! Je veux ci ou ça, j'ai une fringale de lectures comme si le temps allait cesser de compter pour moi, demain !

Elle est toquée, la Clarabel.

Et puis, il y a cette attente vicieuse qui reste chevillée au corps. Quand vous venez de connaître une lecture-phénomène qui a su vous vampiriser jour et nuit, pendant dix jours d'affilée (voir, plus !), vous savez que vous êtes en droit d'attendre encore une fois ce renversement !!! C'est légitime ! La preuve, ça existe !

Alors peut-être je me désespère en cachette de connaître d'autres perles de lecture. Les jolis moments existent, ouf ! Mais ils ne valent pas les coups d'avalanche. Et puis, c'est quoi cette manie de débuter un livre, de bien aimer et finalement de caler à mi-parcours parce que ça ne vous intéresse plus ?

Non, je ne suis pas maudite. Non, je ne lis pas trop ou n'ai pas trop lu. Non, ceci n'est pas le revers de médaille, ni un coup de bambou. C'est juste un cri de guerre ! Aaaaaah. Et je ne suis pas bêtement obsédée (je sais reconnaître les cas de démence, là je vous rassure, ma passion twilight revêt désormais les couleurs d'une passion sympathique et réconfortante, j'aime la dorlotter mais je ne suis pas enfermée dans un mauvais trip ! ;o)).

Bientôt les vacances ! Il me semble qu'elles seront requinquantes, entre flâneries, bouquinages et bronzing gentillet...

La grosse lassitude qui me gagne ne m'empêche pas de vous parler de quelques lectures... ^ __ ^

J'ai donc eu entre les mains le livre de Thierry Cohen, J'aurais préféré vivre. Il vient de sortir en poche et connaît un gros succès parmi les meilleures ventes des sites en ligne. Ah bon, me suis-je dit. J'avais reçu ce livre un an auparavant mais je n'avais pas dépassé les premières pages. Peut-être ai-je loupé quelque chose... Mouaip. Non, pas franchement.

C'est l'histoire d'un garçon de vingt ans, Jérémy, qui décide de mettre fin à ses jours car Victoria, l'amour de sa vie, ne l'aime pas en retour. Il se suicide donc un 8 mai 2001... et se réveille le 8 mai 2002, dans les bras de Victoria. Que s'est-il passé ? L'invraisemblable ne s'arrête pas là, car deux ans défilent et Jérémy est de nouveau spectateur de sa vie. Un phénomène surnaturel a pris possession de son existence : il n'est plus maître de son destin, il se réveille de temps à autre pour constater qu'un autre que lui vit sa propre vie mais la saccage avec superbe ! Absolument déroûtant. J'ai lu ce roman d'une traite car cela s'y prête très bien, pourtant la fin n'est pas du tout satisfaisante. Un peu comme un roman policier, le livre de T. Cohen renferme une intrigue atypique, doublée d'une histoire de couple et d'amour très contemporaine. Mais un petit boulon a grippé la belle mécanique, et quelque part ça coince... Il y a toutefois une certaine prouesse dans cette histoire, car elle nous fait tourner les pages tant notre curiosité a été piquée ! A voir, donc.

Ces derniers temps, j'ai également lu pas mal de bandes dessinées (ou des mangas). Cela a l'avantage de se lire très rapidement, d'être distrayant et anti prise de tête !

Au programme, j'ai eu ce tome 1 de la Madone de Pellini.

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François Rivière a imaginé que le romancier américain Henry James, définitivement fixé en Angleterre vers la fin du XIXe siècle, avait renoncé à la publication d’un long récit à caractère fantastique inspiré par des événements lui étant arrivés – récit dont il est l’un des personnages.

L’histoire débute à Londres, en 1891. La jeune Nora De Wing rejoint un institut d’études psychiques afin de satisfaire son goût pour l’indicible, et parfaire ses dons de médium. Mais lors de sa première réunion spirite, sa vie bascule. Possédée par l’esprit d’une autre femme, qui va s’exprimer à travers elle, elle s’évanouit. À son réveil, elle ne sera plus jamais la même… Ses rencontres avec un jeune peintre italien Guibilati et l’écrivain Henry James la mèneront sur les traces d’une mystérieuse toile : le portrait d’une Madone du peintre florentin Giovanni Pellini.

J'ai trouvé le dessin de Federici assez surprenant, entre naturalisme et fantasmagorie. Il focalise essentiellement notre intérêt sur les regards des personnages, tour à tour déments, menaçants, apeurés ou égarés. Le scénario est assez bien ficelé, la présentation du personnage de Nora et la situation étrange dans laquelle elle plonge sont bien amenées. (On croise des personnalités qui éveillent quelques frissons, mais est-ce à cause du coup de crayon du dessinateur ? Si oui, c'est bien mouché !) La présence de François Rivière compte énormément dans mon choix de lecture ! On peut aussi lire cette bd comme un bel hommage à Henry James !... A suivre.

(En parlant de François Rivière, je reviendrai prochainement avec un billet sur ce monsieur et son ôde pour Enid Blyton, grande prêtresse de nos lectures pour-quand-nous-étions-jeunes ! En plus d'un formidable album qui fait son poids et qui parle des héros de notre enfance... tout un programme !)

Passons à une lecture coup de poing ! Un album pas tendre, qui ne fait pas dans la dentelle, c'est Lucille de Ludovic Debeurme.

Dans cette histoire, on fait la connaissance de deux adolescents mal dans leur peau, il y a Lucille qui maltraite son corps et Arthur qui ne cesse de compter pour se rassurer. La première vit seule avec sa mère et souffre de cet enfermement, elle se sent laide et soumet son corps à un régime drastique, qui tourne à l'anorexie. Trop écoeurée, Lucille refuse de remplir son corps - de nourriture, ou autres. Arthur est l'aîné d'une famille de pêcheurs. Le père boit et devient hargneux. Un jour, à bord du chalutier, un drame arrive sous les yeux de l'adolescent et cela va jeter un blâme sur la fatrie. La rencontre de ces deux âmes perdues équivaut à deux morceaux de puzzle mis bout à bout ; avec leurs chagrins respectifs, Lucille et Arthur comprennent qu'ils se ressemblent et décident de partir en Italie.

Ce gros roman graphique est un monument éloquent, avec un sens figuratif assez pointu, qui ne laisse pas indifférent. Parfois, l'histoire peut déranger et choquer (actions crues, discours sans ambages) mais il en ressort une volonté de bousculer le lecteur, de brusquer derrière la fausse simplicité du style, très fluide. La lecture des 500 pages est surprenante de rapidité, toutefois il se dégage un gros sentiment de déprime qu'on souhaite à tout prix dépasser ! J'ai beaucoup aimé, malgré tout. J'attends la suite qui doit prochainement paraître, mais quand ?

Aïda, à la croisée des chemins de l'italienne Vanna Vinci est un album étonnant, j'avais eu un sursaut de réticence au moment de sa sortie et c'est finalement par le plus grand des hasards qu'il m'a été permis de le découvrir ! J'en suis fort heureuse !

Fraîchement séparée de son petit ami, Aïda quitte la ville de Bologne pour s'installer à Trieste dans la maison de ses grand-parents décédés. La jeune fille s'est remodelée un look, sort avec sa cousine dans des bistros branchés mais elle traîne un spleen qui lui colle à la peau. Un soir, seule dans la demeure familiale, elle a une vision surnaturelle : son grand-père revêt son paletot et sort pour aller au bistro du coin ! Le sang d'Aïda ne fait qu'un tour, elle le suit et lui adresse la parole. Sidérée, elle se rend compte qu'elle a le sixième sens, celui de communiquer avec les morts.
Ainsi, elle cohabite avec des fantômes (ses grand-parents) et fait connaissance d'un type au look spectral, costume noir et peau blanche. Il suit la jeune fille à la trace et se présente sous le prénom de Nino. Qui est-il ? Son identité semble très liée à l'histoire de la famille, et aujourd'hui Aïda est seule capable d'expliquer à cet amnésique une effroyable erreur du passé, comprendre un piège et combler les trous de l'héritage.
Cela paraît compliqué à lire, mais en fait le fil de l'intrigue se déroule tout seul. Dans un décor exclusivement noir et blanc, même essentiellement obscur, le scénario s'écoule sur un tempo nonchalant, presque monotone et lancinant (ceux qui n'ont pas aimé diront que c'est ennuyant !). Pour ma part, j'ai été transportée par cette atmosphère assez hypnotique, dans ce théâtre de Trieste superbe, aux pas d'une enquête des origines à la fois simple et traumatisante.
La fin est conduite aussi sereinement et l'héroïne renoue sans effort dans une vie plus réelle, plus "mortelle".
Belle découverte pour moi.

Hop ! je vous ai fait cadeau de petits cailloux assez lourds, il est temps que je retourne plonger mon nez dans mes cartons où j'espère sincèrement m'y perdre ! A de prochaines aventures... livresques, avé les lecteurs !  

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