La mécanique du monde - Bernard Foglino
Nicolas Angstrom est le King de la photocopieuse. Pas une machine ne lui résiste, son coup de molette est implacable : les bêtes courbent l'échine et redressent la barre. Et un dimanche, appelé d'urgence pour dépanner un client dans la panade, Nicolas cale. La photocopieuse Xenon fait sa forte tête et c'est au tour de l'homme d'abdiquer et reconnaître sa défaite. Pourquoi, comment ? A partir de cet instant, il s'enfonce dans un monde parallèle fait de rencontres atypiques, d'apparitions étranges et d'hallucinations flippantes. Acculé par son chef, Nicolas doit prendre un congé forcé de quinze jours. Tous ses repères se brouillent, notre roi de la frime entre... dans la Quatrième dimension !
Voui... je sais, c'est facile. En ce moment je suis totalement influencée par le programme de Rod Serling et j'ai tendance à flairer partout ce goût du fantastique, du bizarre et de l'imprévisible. Je veux trembler, m'étonner et être bouche bée. Bon, ce deuxième roman de Bernard Foglino n'a pas suffi pour remplir le contrat (je suis compliquée!) et je suis quelque peu fâchée : j'avais tellement aimé son premier titre, Le théâtre des rêves.
Déjà c'était une histoire qui annonçait la plongée dans le monde imaginaire, le délirium tremens associé à une bonne rasade de rire. C'était court, échevelé et vigoureux. J'en voulais encore ! Mais La mécanique du monde est plus complexe, d'abord ce roman veut s'inscrire dans la tendance : insurgeons-nous contre la déshumanisation de notre société, la mondialisation, l'individualisme etc. La cité de verre que traverse notre Tout-Puissant de la photocopieuse rappelle le quartier de la Défense, avec une pincée de bouche en coeur qui me déplaît.
Ceci étant dit, mettons-le aussitôt de côté... Parce que, en fait, l'histoire de Nicolas Angstrom frôle l'absurde, vraiment le grand-guignolesque. C'est éreintant. Et puis soudain, on découvre que tout ceci cache autre chose : un lourd passé, un secret de famille que le personnage veut occulter. La vie d'Angstrom est jonchée de morts, d'où sa passion pour la mécanique qui est fortement liée à ce désir de faire renaître et réveiller une mémoire trouée.
Derrière le n'importe quoi, se trouve ainsi une histoire qui traite avec sensibilité de la mémoire, de la mort et de l'identité. C'est assez tordu comme procédé, il faut s'accrocher mais une fois que les choses sont claires et établies, on se laisse surprendre... Etonnant !
Buchet Chastel, février 2008 - 250 pages - 18,90€