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Chez Clarabel
22 août 2008

Vacance au pays perdu - Philippe Ségur

Victime d'un malaise cardiaque, le narrateur - un graphiste hypocondriaque, végétarien et las de son job vendu au capitalisme - décide de faire un break et part en Albanie. Une semaine pour se ressourcer, en compagnie de son meilleur ami cricri,  notre homme a opté pour un ailleurs vierge des lois d'un système qui l'étrangle.

Foin de tourisme, de confort et du rang d'oignon ! Nos deux compagnons s'en vont au pays du raki et du byrek et ne sont pas au bout de leurs surprises. Agacés d'être entubés et de passer pour des touristes nigauds, cricri et notre narrateur s'enfoncent toujours plus loin vers des interdits qu'ils sont seuls à s'imposer. Pour pimenter ce périple atypique, l'envoi de SMS à la proche famille leur donne le sentiment de vêtir - pour un temps - l'habit du routard sans foi ni loi. La vérité sur le terrain est à mille lieux des propos alarmistes et pseudo aventuriers.

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Premier verdict : c'est très drôle ! Cette épopée dans un pays qu'on connaît mal, ou par ouï-dire, promet d'être un marasme qui vilipende tourisme de masse et société de consommation. Notre homme cherche à guérir son sentiment d'être un étranger dans la vie qu'il mène, il n'en sortira peut-être pas guidé ou mieux dirigé, mais il conservera la honte d'être lui-même - un nanti.

Dans la tradition picaresque, Ségur nous offre un roman désopilant, sous couvert de mettre à nu nos petites contradictions. On ricane beaucoup, on ne s'apitoie jamais et on apprend à mieux découvrir l'Albanie. Riche programme !

Vacance au pays perdu

Buchet Chastel, août 2008 - 240 pages - 18€

Feuilleter les premières pages

 

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21 août 2008

Un jour avant Pâques - Zoyâ Pirzâd

Ce roman se présente sous la forme d'un triptyque et met en scène le même homme - le narrateur, Edmond - à différentes époques de sa vie. Cela commence alors qu'il a douze ans et fait sa rentrée à l'école, qui se trouve en face de chez lui. Il s'est lié d'amitié avec Tahereh, sauf que ce n'est pas du goût de sa famille. Est-ce parce qu'elle est la fille du concierge ou parce qu'elle est musulmane ? La famille d'Edmond est d'origine arménienne, comme les 3/4 du voisinage, et a trouvé refuge dans cette petite ville de la côte iranienne. Quelques jours avant Pâques, le garçon va assister à une scène éprouvante, pleine de larmes et de cris, dans le bureau du directeur. Il est encore trop jeune pour comprendre, il en ressortira juste que ses liens avec Tahereh risquent d'être fort détachés...

La suite du roman nous offre un Edmond dans sa vie d'homme marié et père de famille. Un drame va ébranler le couple, qui rappelle - de façon muette - cette scène poignante alors qu'il n'était qu'un gamin solitaire et qui aimait inventer des jeux avec ses objets de collection. En fait, le sujet de ce livre concerne, en grande partie, les rapports tendus entre les différentes communautés - musulmane et arménienne. La grande Histoire est évoquée (un génocide arménien survenu en 1915 à Constantinople), qui ravive les plus fortes inimitiés - surtout de la part de l'ancienne génération, tandis que la nouvelle cherche la réconciliation - voir, l'union !

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Mais on trouve également les frictions inaltérables entre maris et femmes, qui s'achèvent dans un grand déménagement et un choix de vie contestable. Comme à son habitude, Zoyâ Pirzâd tisse des portraits de femmes étonnantes - de caractère, pour leur indépendance, par leur choix de vie. Sur trois générations, elles se communiquent une volonté d'affranchissement - et ce, bien malgré elles. Au centre, Edmond est le témoin passif et débonnaire de ces passes d'armes. Très souvent, on attendrait de lui qu'il tape du poing sur la table - notamment avec sa collègue, Danik, qui porte un lourd secret dont elle ne se décharge pas. Et ce qui me chagrine, surtout, c'est de perdre de vue Tahereh. Que devient-elle ? Pourquoi Edmond a-t-il effacé de sa vie son amie d'enfance ?

Dans ce roman que j'ai beaucoup aimé, il me manque pourtant de l'épaisseur, des pages en plus, des précisions, une fin qui n'en finit pas (oui, j'aurais apprécié). D'un autre côté, ce roman gagne en profondeur car il ne fait que survoler et évoquer par ellipses. La poésie est présente - indissociable de la plume de Zoyâ Pirzâd - et s'étale dans le folklore des fêtes pascales (les oeufs peints qu'on s'amuse à écraser dans la main, les pensées blanches ou jaunes, les pâtisseries à la fleur d’oranger) ou dans le secret des coccinelles, dans les effluves de la confiture de griottes. De quoi vous affamer, lisez donc ce livre !

Un jour avant Pâques

Zulma, août 2008 - 140 pages - 16,50€

Lire un extrait

 

20 août 2008

Les accommodements raisonnables - Jean Paul Dubois


Découvrez Andrew Bird's Bowl of Fire!

 

L'histoire s'ouvre sur un enterrement : Charles Stern, l'oncle voyou et riche comme Crésus, vient de rendre l'âme au volant d'une voiture de sports qu'il s'apprêtait à acheter. Son frère, Alexandre, n'est pas du tout affligé par cette perte, fâché depuis toujours avec ce personnage qui ne lui ressemblait en rien et qui avait eu l'outrecuidance de l'envoyer paître alors que les affaires familiales étaient au plus mal.

Bref, ça commence sur une cérémonie burlesque de crémation qui tombe en panne, un cercueil bloqué entre les flammes de l'enfer et les derniers paradis terrestres. Paul, le narrateur, raconte cette anecdote avec une pointe d'ironie et de constat navrant. Mais ce n'est pas un chapitre sur lequel on peut discuter avec le père, Alexandre a déjà repris le cours de sa petite vie toulousaine... Cependant, quelque chose cloche chez lui car les mois passant font de ce frère endeuillé un homme neuf et différent. Lui qui pestait contre les millions amassés sans vergogne par Charles ne fait pas la fine bouche en empochant l'héritage. Veuf, livré à lui-même, il tombe dans les bras de l'ancienne petite copine du mort, une dénommée John-Johnny, qu'il compte épouser au cours de l'été.

Paul tombe des nues. Exilé à Hollywood pour son job de scénariste, il suit de loin les péripéties paternelles avec un oeil circonspect. De même, il se fait du souci pour sa femme, Anna. Tombée en grave dépression, elle n'a plus goût à rien et a choisi d'entrer dans une maison de repos. Cette séparation ébranle son entourage, d'autant plus que le médecin préconise une coupure nette avec l'extérieur.

Dans sa maison qui empeste la volaille, Paul renâcle sur son scénario bidon et participe à des soirées mondaines où il croise la jet-set décatie (Nick Nolte ou Nicholson). L'homme est las de son boulot, il sent qu'il piétine et que le film ne se fera peut-être pas. Dans les studios de la Paramount, une rencontre inattendue va - l'espère-t-il - lui redonner le zeste de légèreté qui lui manque de plus en plus. Une certaine Selma Chantz lui apparaît comme le double de son épouse Anna, avant ses trente ans. Perdu dans l'illusion de cette rencontre, Paul ne sait pas ce qu'il veut mais il sent que cette fille l'attire et peut lui donner ce qu'il cherche.

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Dans la famille Stern, on parle des accommodements raisonnables comme on parle des compromis, des faux-semblants, du cache-misère pour petites et grandes désolations. Une année s'écoule, assez singulière et harassante, durant laquelle les uns après les autres vont fuir, "pareils à des animaux qui détalent devant un incendie".

"Mon père avait basculé le premier, Anna ensuite, et moi enfin. Nous étions partis chacun dans des directions lointaines ou opposées, aveuglés par diverses formes de nos vies. L'origine de cette étrange épidémie rôdait quelque part en nous-mêmes. Les accommodements raisonnables que nous avions tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l'abri d'un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous, derrière chaque porte, prêt à resurgir."

Dubois s'entoure de ses ingrédients familiers pour nous servir un plat goûteux, légèrement pimenté et relevé en sauce. En gros, c'est un roman plein d'humour grinçant, qui dénonce les travers de nos sociétés (française et américaine), la grosse machine hollywoodienne qui n'éblouit plus personne et ne nourrit pas forcément son homme. C'est aussi une saga familiale désopilante, des anti-héros par excellence qui se torturent et se tapent la tête contre le mur, presque par plaisir. On y trouve aussi les flèches cassantes et les piques qui visent la politique actuelle. Et surtout, l'amateur des écrits de Dubois savouera de cocher les thèmes récurrents, évoqués en clin d'oeil (les tondeuses, les voitures de collection, la pêche, le vélo, l'avion...).

C'est du bon Dubois, celui des jours placides, qui remplit les grandes lignes de son contrat. Cela se lit avec aisance, c'est dérisoire et pathétique à souhait, ce sont 260 pages d'un souffle romanesque qu'on n'aime lire que chez lui, et pas chez un autre ! (Parce que, dans le fond, c'est un tantinet déprimant...)   

 

Les accommodements raisonnables

Editions de l'Olivier, août 2008 - 260 pages - 21€

Ce que j'ai aimé (et pas aimé) chez Jean-Paul Dubois

19 août 2008

Les moustaches de Staline - François Cérésa

Tout a commencé à Cabourg, un 6 juin. Jean, le narrateur, croise Garance sur la promenade Marcel-Proust. C'est alors un bond de trente-cinq ans en arrière qu'il effectue, le ramenant du temps de son adolescence, lorsqu'il passait ses vacances au Home avec ses parents. Sur la plage, il s'était lié d'amitié avec Garance, aussi jolie qu'intrépide, la fille d'un couple glamour, Yvonne et Paul, propriétaires de la Colline, une splendide demeure où aimait se retrouver une faune excentrique.

Jean, qu'on surnomme le petit campeur, est fasciné par ce monde clinquant, où paradent la beauté, l'exubérance, l'intelligence et l'audace. Yvonne, en tête, est la figure stellaire de ce petit groupe. Elle a trente-trois ans lorsqu'il en a treize ans. Elle est blonde, façon Candice Bergen, porte un petit short rose sur la plage, bronze en tenue d'Eve et elle est amoureuse de deux hommes, son mari Paul et Tom l'aviateur. Jean aussi est amoureux mais il est trop pudique, trop intimidé par tant d'aisance.

Ses retrouvailles inopinées avec Garance sont l'occasion d'évoquer la crème des souvenirs, de faire revivre les soirées folles de la Colline, de suivre la silhouette élégante et sensuelle d'Yvonne, de ne pas comprendre ses épanchements sentimentaux. Car Yvonne Lannes-Perrodeau reste la reine de ce roman, de même qu'elle était la coqueluche de ce petit cercle fermé qui gravitait autour du manoir familial. Elle savait attiser les passions, faire tourner les têtes, rendre fou amoureux, elle séduisait et aimait être séduite, être le centre d'intérêt, c'était une mante religieuse. Jean et Garance ne tracent pas le même portrait d'Yvonne, quand l'un est subjugué, l'autre est jalouse et pleine de reproches. Le temps passant, Garance a décidé de régler ses comptes avec cette mère qui la vampirisait.

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Les moustaches de Staline est un roman plein de charme, qui baigne dans une ambiance que n'aurait pas boudé Fitzgerald, faisant aussi écho aux amours de Jules et Jim. C'est tour à tour la photographie d'une ville - Cabourg - vue et revisitée à travers les yeux d'un homme qui a gardé le souvenir ému de vacances mémorables, et c'est également la résurrection d'une époque, avec ses fantômes. Ce séduisant voyage dans le temps réveille des passions, il met aussi en exergue la frustration et la douleur. L'heure de la vengeance a peut-être sonné, en tout cas ce court roman dégaine une langueur et une sensualité indéniables. Et puis plane un petit vent de mystère, sur les motivations de Garance, son étrange jeu de séduction, et la portée de toutes ses réminiscences. Au final, le lecteur est ému, troublé, ébloui et déboussolé. La rencontre avec Yvonne, femme fatale devant l'Eternel, n'est pas sans risque...

Les moustaches de Staline

Fayard, 2008 - 258 pages - 16€

mise en vente : le 20 août 2008

 

18 août 2008

J'aime pas l'amour... ou trop, peut-être - Vanessa Caffin

Ce roman met en scène sept amis aux trajectoires amoureuses accidentées et qui ont pris coutume de trouver refuge chez Alice, une romancière à succès, célibataire proche de la trentaine.

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Petite présentation des personnages...

Clara nourrit une véritable obsession pour Lucas, qui est marié et n'a jamais eu la prétention de quitter sa femme. Rose et Alice veulent lui ôter ses oeillères pour revenir dans le royaume de la réalité, mais la demoiselle se révèle belliqueuse et cherche à torpiller les illusions de Lucas et Fred. Ce dernier, conseiller politique, est l'objet d'un chantage qui pourrait compromettre sa carrière (le jeune homme cherche à camoufler sa bisexualité). Lucas, ancien amant d'Alice qu'il a quittée car elle approchait la date butoire de "consommation" (vingt-huit ans), découvre avec stupeur que ses relations ont reposé, et reposent toujours, sur du faux-semblant.  Romain, grand collectionneur de conquêtes, fait de plus en plus la fine bouche quant à aimer une nouvelle femme, jusqu'à sa rencontre avec Rose, pétillante et spirituelle. Elle aime séduire et être séduite mais ne tolère pas qu'on ne la rappelle jamais ! Sam, avocat à la réputation assise, se désespère de ne pouvoir charmer le beau sexe, sous prétexte de son embonpoint. Arthur a aimé pendant vingt ans la même femme, qui vient pourtant de le quitter pour son ex.

Les portraits des personnages sont croqués au fur et à mesure, cela donne - à mon humble avis - une version papier du film de Marc Esposito, Le coeur des hommes (et des femmes !). Autant dire que je n'étais pas totalement emballée, au commencement de ma lecture ; je n'ai pas du tout aimé ce film, trop prétentieux et/ou faussement simple, ici cela me donnait la même impression de verbiage et discours un peu creux. Et puis, je ne sais pas comment ni pourquoi, j'ai fini par m'accrocher à tout ce petit monde, à suivre leurs histoires. Bien m'en a pris car la fin s'est révélée joliment surprenante !

On découvre, en gros, qu'Alice devient la chef d'orchestre d'une soirée mémorable où tous les secrets et mensonges vont être déballés. Un combat de citations s'engage, où il ressort qu'il est vraiment difficile de dire aux gens qu'on les aime quand on les aime vraiment (Tristan Bernard).

Je vous laisse découvrir ce premier roman, qui pêche par un style trop emprunté et alourdi de clichés, dommage. Toutefois, j'ai trouvé cette lecture agréable et assez scotchante, les ficelles de l'intrigue sont bien tenues, les personnalités se révélant peu à peu en un clash final assez jouissif.

J'aime pas l'amour... ou trop peut-être

Anne Carrière, 2008 - 239 pages - 18€

A également été lu et apprécié par Tamara

 

 

Mise en vente : 20 août 2008

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17 août 2008

^ Petit vent du désert ^

 

Vous ne connaissez pas (encore) le film des frères Poiraud : Atomik Circus ? Allons donc.

Ce film est un ovni dans l'univers du septième art. Son histoire est quasi impossible à raconter, ou pas assez mise en valeur tant les ressources sont cachées, ensuite il est inimaginable de ranger ce film dans une case. Atomik Circus ne correspond à aucun genre !

Comédie déjantée, science-fiction qui vire au gore, pastiche du 2001 odyssée de l'espace, road-movie, western... Bref, c'est pas gagné !

Le pitch : Skotlett City est toujours traumatisée par la catastrophique grande fête de la tarte à vache. James Bataille a d'ailleurs fini en prison et cette fois-ci il s'en échappe, bien décidé à retrouver Concia, sa fiancée qui veut devenir chanteuse de country. Mais malheureusement, tout ne se passe pas comme il l'aurait souhaité... Les éléments se déchaînent contre lui : des étoiles de mer en provenance d'un autre monde se collent sur les visages des gens, le futur impresario de Concia, Allan Chiasse, se transforme en monstre tentaculaire, sa bimbo, la sexy Kitty également, le Sam Paradiso bar est décimé. Cela paraît beaucoup pour ce petit village et pourtant ce n'est qu'un début...

J'avais pourtant lancé l'avertissement : on ne peut pas raconter ce film ! 

Le résultat, lui, est délirant. A mes yeux, c'est désopilant, balourd, maladroit, incontrôlable, agaçant et dé-jan-té ! La caméra bouge sans arrêt, on a plus d'une fois le sentiment - profond, très profond - d'assister à une série Z. Et malgré tout, ce film n'est pas une daube !

Pour commencer, il y a un réel esthétisme, derrière l'absurde, avec des images superbement léchées, donc très belles. Le cadre est celui d'un semblant de bayou, empesté de poussière ocre, de boue, de crasse. Non ce n'est pas abject ni déprimant. On est littéralement transporté dans cet ailleurs non-identifiable.

Et puis les acteurs jouent à fond le côté feu-follet, notamment Vanessa Paradis en Concia, un caractère candide, souriant et lumineux ! (Oui, voilà aussi pourquoi je me suis intéressée à ce film, aussi pourquoi je l'aime, mais pas seulement. Car je ne suis pas qu'une admiratrice aveugle et sans objection, je pourrais citer, en exemple, mon ennui pour le film de Serge Frydman, "Mon ange", que je trouve glauque et déprimant, malgré des scènes magnifiquement filmées. Voilà c'est ainsi, on ne peut pas tout aimer, même si on reste assez accro !)

Donc Vanessa Paradis interprète un rôle qui chante, et ça lui va à merveille. Dans Atomik Circus, elle est radieuse ! Elle entre dans la danse, devient une nana qui vit dans un bouge et rêve de se produire sur scène. Elle rencontre un type assez filou (Benoît Poelvoorde), ne se rend pas compte de sa malhonnêteté et boit ses paroles. La jeune fille vit sous la coupe d'un papa (Jean-Pierre Mariel) qui est un râleur fini, sauf que - on s'en doute - c'est un gros coeur d'or et un nounours prêt à tout pour protéger la prunelle de ses yeux. Elle est aussi l'amoureuse de James Bataille, un motard audacieux, un rebelle qui ne vit que pour sa belle. (Amateurs de romance, passez votre chemin, ce film n'en fait guère l'étalage !)   

Les frères Poiraud ont su réaliser un film particulièrement fantasque, très original (hélas boudé par le succès public). Pour qui aime l'esprit rock-n-roll et exubérant, la divine miss Paradis qui s'illustre sur une bande-son de haute couture (merci The Little Rabbits), les pastiches de comédies et autres brassages hautement culturels, bref ce film est pour vous !!!

 

 

 

The Little Rabbits Atomik Circus Tour 

https://www.youtube.com/watch?v=wIA91OMoMOI

16 août 2008

(déjà commandé!)

Le 15 Septembre !!!!

premier extrait :

En attendant, ayé je l'ai entre les mains...

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15 août 2008

(lectures de vacances - 4)

Venise, Shakespeare, une grand-mère et sa petite-fille, la même passion du théâtre, le goût de l'exubérance. Ce sont des arguments imparables pour m'intéresser à ce petit roman, qui bénéficie d'une réédition (ce livre a préalablement paru en 2003).
Elisa et sa grand-mère Eia se voient tous les jours, pour parler de peinture ou réciter du Shakespeare. Cela casse la solitude de la grand-mère, qui est fâchée avec sa fille, laquelle s'inquiète car elle juge sa mère un peu folle. Elisa ne veut pas que sa grand-mère retourne en hôpital psychiatrique, alors elle édulcore la réalité et tente de dresser un portrait d'une mamie gâteau pour la paix des ménages.
Un jour, au hasard d'une promenade, grand-mère Eia trouve un peigne de cheveux en écaille de tortue. Elle ne le sait pas encore, mais dans les jours qui vont suivre, d'étranges signes de métamorphose vont apparaître. Et c'est en tortue qu'elle se transforme, sous les yeux incrédules de sa petite-fille.
Elisa garde le secret, fait quelques recherches sur internet, découvre quelle race de tortue il s'agit (un spécimen très rare, qui vit à Aldabra, au large du Pacifique) et rencontre un collectionneur passionné, Max, qui va crever d'envie de rencontrer la fillette et sa tortue.

Ce roman est un puits d'imagination, un voyage entre le réel et l'imaginaire. J'ai eu un peu de mal à m'embarquer, me mettre dans l'idée qu'une grand-mère puisse se transformer en tortue... Après tout, pourquoi pas ? Marie Darrieussecq avait bien fait sensation avec son héroïne qui devenait une truie ! Bref, dans ce livre destiné pour la jeunesse, je crois que l'auteur s'est servie de cette parabole pour parler d'une fuite qui tromperait la mort. Comme le dit la grand-mère, "L'astuce, c'est de se transformer."
Ce voyage dans l'imaginaire reste une exploration tour à tour déconcertante, charmante, drôle et sympathique, mais les esprits frileux pourront reprocher cet excès d'invraisemblances et/ou d'inepties. La lecture invite à voyager, ne l'oublions pas... 

Aldabra : La tortue qui aimait Shakespeare - Silvana Gandolfi

Seuil, coll. Chapitre - 158 pages - 9,50€

A partir de 10 ans.

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Demain l'année prochaine :

Ce livre me rappelle la cruelle difficulté de plonger dans une histoire qui ne s'adresse pas à vous, mais il faut faire comme si, et pourtant là non, je ne peux pas.
Je n'ai plus l'âge, je ne supporte plus les crises des adolescentes hystériques, qui se réveillent en petites femmes parce qu'elles viennent de passer leurs premières vacances en colo avec les copines et les copains.
On assiste aux scènes du genre "je bois du café comme une grande", "je dors des heures pour tromper l'ennui", "ma vie n'est qu'une somme d'injustices", et patati et patata.
C'est par le regard de sa jeune soeur, Mélanie, que se dessine le portrait de cette adolescente insupportable. Léna se rebelle, en fait baver à ses parents, lesquels ont aussi de gros soucis (plus de boulot pour le père, et trop de travail pour la mère). Il faut gérer toutes les situations, mais Mélanie ne nous donne pas l'impression que c'est chose faite.
Se sentant un peu transparente, coincée entre son aînée trop bruyante et le petit dernier qu'il faut occuper, surveiller, câliner, Mélanie cherche à exister. Elle n'est plus une petite fille - son corps lui donne les premiers signes - et la vie à la maison ne lui accorde pas le droit de lever le doigt, de montrer qu'elle existe. Son rôle, c'est d'être la plus discrète possible. Ecoute, vois, tais-toi.
A conseiller à toutes les adolescentes concernées par ce problème, à savoir : où se trouve ma place !?
On évoque les problèmes familiaux, les soucis d'argent, le sentiment de ne pas exister, les émois amoureux, les angoisses face à la puberté, la rentrée scolaire qui s'annonce... Un panel de sujets assez large est donc abordé, qui concerne aisément le lectorat visé (dès 11 ans).

(Je ne suis pas mécontente d'avoir franchi ce cap, par contre je crains de devoir remettre le couvert, pour ma fille, tôt ou tard... Malheur !)

Demain l'année prochaine - Estelle Lépine

Seuil jeunesse, coll. Chapitre - 122 pages - 7,50€

A partir de 11 ans.

Moi qui ne vais pas au bout
Des choses,
Un jour j'irai au bout
Du monde
Pour voir si là-bas
Toutes les causes valent qu'on s'y penche
Et qu'on y tombe

14 août 2008

Ce qu'ils savent - Charlie Price

Une pom-pom girl est portée disparue depuis deux semaines. L'inspecteur Gates est sur les dents, fouillant le moindre détail pour obtenir l'ombre d'une piste. Il isole d'éventuels suspects, dont monsieur Robert Barry Crompton, un schizophrène qui souffre de pertes de mémoire. Pas loin, on suit un flic de la brigade des moeurs, mis en congé forcé pour son comportement agressif (violent, alcoolique et menteur). Autre suspect sur la liste ?

Bref, l'histoire s'annonce comme un drame policier, où l'ambiance noire nous prend de suite à la gorge. L'enquête est placée, avec la ronde des interrogatoires, des spéculations et ça fonctionne plutôt bien. Amateurs d'intrigues bien ficelées, votre repas est servi à bonne température !

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Ce qui donne un plus à ce roman, c'est la personnalité particulièrement troublante du jeune Murray. Garçon solitaire, malheureux comme les pierres parce que sa mère n'est qu'une misérable qui s'entiche de pauvres types, Murray aime passer son temps libre dans le cimetière. Un jour il a découvert qu'il entendait des voix et qu'il avait le don de parler avec les morts. C'est son secret, qu'il cache pour ne pas être traité de fou, et perdre ainsi la possibilité de traîner dans ce lieu morbide.
A force de s'y réfugier, il fait la connaissance de Pearl Janochek, la fille du gardien. Elle aussi est une âme seule, sauf qu'elle est bien vivante. A sa façon, elle lui propose une amitié... qui peut chambouler le fragile équilibre sur lequel se reposait Murray.

Pourquoi le garçon entre en piste ? Dans son cimetière, à converser avec "ses amis", il entend une voix nouvelle. Cela ressemble à des plaintes, une voix faible et geignarde d'une jeune fille. S'agirait-il de cette Nikki, la lycéenne disparue ?

Ce qu'ils savent reste avant tout un très bon thriller, avec un soupçon de fantastique. Ce qu'on appréciera ensuite c'est la force des personnages et le suspense très bien tenu. Ce roman dégage aussi une ambiance sombre, limite oppressante, et cela procure un léger sentiment de malaise, tout à fait surmontable !

Editions Thierry Magnier, 2008 pour la traduction française - 276 pages - 11€

traduit de l'anglais (USA) par Pierre Charras

A également été lu et apprécié par Gawou

C'était toujours l'impasse. L'impasse... jusqu'à ce que Pearl prenne les choses en main. Murray et elle s'étaient disputés. Il n'avait pas réussi à la faire changer d'avis. C'était une bien étrange manière de fêter la nouvelle année !
- Alors, tu comptes la laisser là ? le défia Pearl. Si c'était moi, est-ce que j'aimerais rester là-bas à pleurer et à pourrir pour la simple raison que tu as trop peur pour me secourir ?
Elle semblait prête à le frapper. Murray ne savait que répondre. Si c'était pour elle, pour Pearl, peut-être creuserait-il. Mais peut-être pas.
- Je vais le faire moi-même !
Les yeux de Pearl lançaient des flammes :
- Je serai discrète !
Ami des morts.
Pearl quitta l'atelier en claquant la porte si fort que toutes les lumières vacillèrent.
Murray se doutait de ce qu'elle allait faire. "Elle va prendre une pelle."
- Attends, je vais t'aider, dit-il, mais il n'y avait plus personne pour l'entendre.
Il sortit à sa suite.

 

13 août 2008

Seul sur la mer immense - Michael Morpurgo

Couleur pacifique pour un livre finalement pas si paisible que cela...

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Arthur Hobhouse, cinq ans en 1947, fait partie d'un groupe d'orphelins qui quitte l'Angleterre pour l'Australie. Il se lie d'amitié avec Marty, un garçon plus costaud et sûr de lui, qui lui servira d'appui secourable au Ranch Cooper. Sous couvert d'un programme religieux, le propriétaire emploie les enfants à des tâches difficiles et n'hésite pas à les fouetter pour punir leur insubordination. Pour s'échapper de cet enfer, Arthur conserve précieusement le souvenir de sa soeur Kitty grâce à une petite clef porte-bonheur. Il espère un jour revivre avec elle, mais le temps passe et leurs retrouvailles ne seront plus qu'un lointain espoir. Dans la deuxième partie du roman, c'est la fille d'Arthur Hobhouse, Allie, qui prend la parole et raconte son périple en mer qu'elle effectuera, seule, à bord de son voilier. Sa mission est d'atteindre l'Angleterre pour retrouver la fameuse Kitty.

Deux styles s'opposent dans ce livre : résolument plus moderne et dynamique pour la fin, contrairement au début plus tristounet. En fait, je trouve que le manuscrit d'Arthur Hobhouse rappelle quelque part la tradition orale, et je vois bien cette partie récitée à voix haute. Pour le reste, on ne peut guère espérer une note enlevée tant le propos de l'histoire frise le désespoir. Arthur raconte son parcours semé d'embûches, avec en toile de fond la guerre et ses ravages (un thème cher à Morpurgo), la séparation et la solitude. Toutefois, Arthur est un garçon remarquable, car jamais il ne baisse les bras ni ne perd espoir d'un lendemain meilleur (il a probablement été nourri au Candide de Voltaire ! ;o) ). 

Le contenu fait aussi état d'une vérité historique peu entendue : durant deux décennies, le gouvernement anglais a envoyé des enfants britanniques, on pensait qu'il était plus pratique de rassembler "les gens qui posaient des problèmes" (orphelins, enfants non désirés, délinquants) et de les transporter dans les colonies (le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie).

Sans conteste, Michael Morpurgo est un grand écrivain, il nous offre un récit émouvant et plein de lyrisme mais je n'ai pas autant aimé ce livre qu'Au pays de mes histoires, que je recommande plus fortement.

Gallimard jeunesse, 2008 pour la traduction française - 295 pages - 14,90€

traduit de l'anglais par Diane Ménard.

A été lu et aimé par Mélanie (Book in!) , Vanessa (Eliabar)

L'interview de l'auteur

 

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