A Mélie, sans mélo - Barbara Constantine
C'est l'été. Mélie, soixante-douze ans, se fait une joie d'accueillir sa petite-fille Clara, dix ans. Elle n'a cure de ses résultats d'analyse et dévie la conversation téléphonique de son médecin, Gérard, sur le plaquage d'Odile, son épouse qui batifole dans les bras d'un bel Hidalgo. C'est Fanette, la fille de Mélie, qui rigole de cette déconfiture (on devine alors qu'elle fut le cinq-à-sept de Gérard) et ne tarde pas à mettre son grain de sel, mais d'une manière qu'on découvrira plus tard...
Deux mois s'annoncent, peut-être teintés d'ennui. Clara a fichu en l'air sa Playstation, la barbe. Et puis pas moyen d'utiliser la voiture, toujours en panne - Marcel, le garagiste en retraite, peste et rage contre l'entêtement de Mélie qui veut réparer cette vieille guimbarde au lieu d'acheter un nouveau véhicule. En attendant, pour tout déplacement, ce sera donc vélomoteur et bicyclette, de bon matin et sur les chemins escarpés. Très vite, Clara y prend goût, s'adonne à quelques rituels (le pipi dans les buissons). Qui a parlé d'ennui, déjà ? Ah oui, sa mère : en fait, Fanette déprime un peu. Elle a cru rencontrer un nouvel amoureux, mais cette liaison a pris l'eau. Comme c'est souvent le cas.
Du haut de ses dix ans, Clara écoute, fait sa philosophe ou sa conseillère des coeurs brisés, c'est une fillette étonnante. Elle-même a un chéri - Antoine, qui lui écrit de longues lettres et se languit chez ses grand-parents, où il s'ennuie comme un rat mort. Peut-être Mélie pourrait l'accueillir pour un temps ? C'est vrai que chez Mélie on se sent bien, c'est un refuge des âmes seules, des sentiments qu'on croyait fanés et qui reprennent de la couleur, c'est aussi chez Mélie qu'on sent son coeur rebattre à cent à l'heure. L'amour, toujours et encore...
Il n'y a pas de mélo chez Mélie, ni chez Barbara Constantine. Les lecteurs ayant apprécié son premier roman, Allumer le chat, vont retrouver strictement la même recette avec son deuxième livre. Par contre, ne croyez pas que ce soit du copier-coller non plus. On retrouve la verve savoureuse, la peinture truculente de destinées qui se mêlent et s'emmêlent pour notre plus grand plaisir, et cette passion de croquer des personnages attachants. On pourrait presque inventer le terme et parler de touche Constantine !
Certes, Allumer le chat avait bénéficié de l'effet de surprise. A Mélie, sans mélo est un roman qui nous étonne moins, mais il nous sert la même facétie, sans le côté pétillant qui nous faisait nous pourlécher dans le premier cas. Cela reste une lecture agréable, enjouée (presque une lecture d'été, d'ailleurs !) et qui pourrait booster tout moral en berne !
Calmann Lévy, août 2008 - 245 pages - 14,90€
entretien vidéo avec Michel Field, sur Bibliosurf
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une lecture par Barbara Constantine http://www.rentree-litteraire-2008.fr/_mp3/2.mp3
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la lecture du 1er chapitre http://www.rentree-litteraire-2008.fr/_pdf/2.pdf
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http://www.hachette.com/livre/barbara-constantine-a-melie-sans-melo-309310.html