Le narrateur est un homme qui s'ennuie. Il collectionne les conquêtes, trouve dans l'acte d'amour un trompe-l'oeil et voit filer le temps mollement, sans emballement. Sa rencontre avec la jolie italienne Stefania bouleverse sa léthargie, pimente son quotidien par des aller-retour entre Turin et Paris, bref il n'est pas follement amoureux de cette jeune femme mais il savoure le temps passé auprès d'elle. Quand la belle lui annonce être enceinte, c'est un coup de massue sur la tête. Jamais l'homme n'avait envisagé d'être père, et aussitôt il est saisi d'angoisses, de rejet et de réflexions mesquines envers cette grossesse subie.
Dans ce livre, Philippe Vilain exprime le point de vue masculin d'un couple qui attend un enfant. Souvent ce sujet est abordé d'après la femme, Faux-Père apporte un regard différent, moins versé dans le sentiment. Cet homme refuse l'enfant à naître mais n'arrive pas à l'exprimer ni à évoquer l'avortement. En face de lui, Stefania s'épanouit, inconsciente et aveugle, naïve aussi. C'est dans son Journal que l'homme fait part de ses doutes et nombreuses questions. Il n'est pas tendre, emploie des termes virulents ("Cet enfant que Stefania attendait, qu'elle avait décidé seule de se faire faire, ne me concernait pas. Pouvais-je considérer ce viol comme une preuve d'amour ?"). Bref, il est embarqué dans une espèce de mascarade, il joue un rôle - selon lui - mais ne sait pas jusqu'où tout ceci va le conduire.
Philippe Vilain est un auteur que j'apprécie beaucoup (Paris, l'après-midi ; L'été à Dresde). Il aborde avec Faux-Père tout ce qui oppose l'homme et la femme dans leur désir d'enfant. Le sujet est glissant, le type goujat et la fille assez cruche, mais le classicisme de la situation pourra opérer son attrait.
Grasset, septembre 2008 - 112 pages - 11,90€
L'été, le critique littéraire est plus que jamais à la peine. Pas moyen de s'abandonner aux délices de ses voisins de piscine ou de serviette de plage. Au lieu de se plonger comme tout le monde dans Millenium ou le dernier Fred Vargas, il doit se coltiner un des 681 romans ( ou 652, je ne sais plus ) de la rentrée littéraire. Cette année, j'ai décidé de faire l'impasse: je suis moi-même très occupée à écrire. J'ai donc demandé à ma toujours pétulante complice Anne Eveillard de me donner, en avant-première, son coup de cœur de la rentrée. Dans un Saint-Germain des Prés transformé en désert par la précoce transhumance de tout le petit monde parisien de l'écriture vers l'île de Ré, la Corse et le Lubéron, on se retrouve dans la cour au charme provincial de L'Hôtel de l'Abbaye. Anne est si enthousiaste que je me laisse tranquillement envoûter par le charme étrange et cruel du « Faux-Père » de Philippe Vilain. Vendu ! Quand je quitterai mon ordi pour ma chaise longue, si je ne lis qu'un roman, cet été, ce sera celui-là...
Mais comment fais-tu pour lire autant ? Ça doit être un sacré budget en sus ...
Bon dimanche !