01/10/08

On s'y fera - Zoyâ Pirzâd

Nouvelle opération menée par le Livre de Poche, avec en proposition : On s'y fera, de Zoyâ Pirzâd (que j'avais déjà lu lors de sa sortie). Je vous encourage à saisir cette opportunité, car c'est l'occasion d'aller au-devant d'un auteur, d'un univers et ce serait dommage de passer à côté.

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L'histoire se passe en Iran. Nous suivons Arezou Sarem, 41 ans, divorcée et mère d'une fille de 19 ans, Ayeh. Elle est responsable d'une agence immobilière, qu'elle dirige avec son amie Shirine, laquelle va jouer l'entremetteuse en lui faisant rencontrer un client, lors d'une banale visite d'une maison. Zardjou est un homme sûr de lui, qui va réussir à décrocher une signature et un rendez-vous, au grand dam d'Arezou. Elle ne se sent pas prête pour vivre une histoire sentimentale, elle n'a pas follement envie de se changer les idées. Elle a déjà fort à faire entre sa fille, têtue et soupe au lait, et sa mère, qu'on surnomme la Princesse, bref elle se sent prise en sandwich par ces deux ogresses. Où pourrait-elle trouver de la place pour un homme ?

"On s'y fera" est un roman entier, au nom des femmes. On y découvre des destins croisés, des désirs d'émancipation et ce, malgré les liens de la famille qui étranglent et vous lient pieds et poings. La pression est tapie dans l'ombre, on admet une femme indépendante, qui travaille, divorcée, élevant seule sa fille, et finalement c'est au coeur du foyer qu'on ne pardonne pas cet anti-conformisme. On comprend alors combien il sera difficile pour Arezou de faire accepter l'intrusion de Zardjou dans ce schéma complexe.
A elle, donc, d'invoquer le génie de la lampe pour s'offrir une chance de prendre son avenir à bras le corps, et de réussir à braver celles qui font de sa vie une prison dorée. Car après tout, les rencontres aidant, Arezou s'aperçoit qu'elle n'est pas si mal lotie et que d'autres femmes sont dix fois plus infortunées qu'elle.
Le roman est moins doux et poétique que son recueil de nouvelles, Comme tous les après-midi, toutefois cela reste une lecture grisante, tendre et désespérante. Un léger souffle de révolution fait battre le coeur des femmes iraniennes et ce n'est que plaisir à entendre !

Livre de Poche, septembre 2008 - 316 pages - 6,50€  

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Les Âmes Vagabondes - Stephenie Meyer

 

Dans une société du futur, la planète Terre a été envahie par une entité difficile à représenter, imaginez une espèce de mille-pattes qui vient prendre possession de votre corps et devient votre Âme. La population humaine a été anéantie, remplacée par des mutants qui réclament paix et sérénité au sein de notre civilisation, jugée incapable (trop de vicissitudes, trop de guerre, etc). Votre apparence et votre mode de vie font illusion, calqués sur le modèle humain, or cela ne trompe personne, notamment les rebelles qui s'opposent à cette invasion perfide et criminelle.

Melanie Stryder, 20 ans, était un humain sauvage jusqu'à sa capture par les Traqueurs. Entre les mains d'un Soigneur, son corps devient l'hôte d'une âme exceptionnelle, qui a déjà voyagé dans plusieurs mondes et vécu moults vies. Elle se nomme Vagabonde. Son insertion est douloureuse, violente ; l'afflux des souvenirs bouleverse cette entité peu habituée aux émotions humaines. C'est tout nouveau pour elle, pas loin de la déstabiliser, et pourtant elle refuse de paraître faible en laissant son hôte la dominer.

Melanie n'est pas une jeune femme facile à endormir, son esprit est encore présent, sa personnalité vibrante. Elle se rebiffe et tente d'ériger des murs pour ne pas rendre facile l'accès à sa mémoire. C'est l'affrontement de deux battantes, l'une et l'autre perdent du terrain et Vagabonde reçoit en plein coeur l'image d'un homme, d'une beauté à couper le souffle. C'est Jared, le grand amour de Melanie.

L'âme est chavirée par ce souvenir, par le flot de sensations qui monte en elle, dans le corps de Melanie. Cette fusion met en péril la mission de Vagabonde - chargée de fouiller les pensées de son hôte pour les rapporter à son Traqueur. Totalement ébranlée dans ses certitudes, mais émue et poussée par la curiosité, Vagabonde accepte de suivre les conseils de Melanie qui veut la guider dans le désert, à la recherche de Jared et de Jamie, son jeune frère.

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J'avais plusieurs craintes avant d'ouvrir ce livre, 1°) c'est un nouveau roman de Stephenie Meyer - 2°) allait-elle être capable de se renouveller après le succès de sa série Twilight - 3°) elle s'attaque au genre de la science-fiction qui n'est pas ma tasse de thé... Finalement, aucune appréhension à avoir car c'est une réussite sur toute la ligne. Stephenie Meyer prouve qu'elle est une remarquable romancière, qui sait proposer un autre univers, même s'il est toujours ancré dans la thématique de l'amour, la fascination, la sensualité etc.

Un carton plein, assurément. Après une lente et complexe introduction (50 à 80 pages), l'histoire se met en branle, racontée à la première personne, un atout majeur, car cela apporte une introspection plus palpable et attendrissante. L'étrange paradoxe, aussi, est de ressentir ce récit par deux personnes coincées dans le même corps. Si la narratrice principale reste Vagabonde, le personnage qui incarne l'hôte - Melanie - n'est pas ténu. Sa présence est encore forte et prégnante, assez pugnace.

Bref, j'ai adoré ! On oublie très vite qu'on lit un bouquin de science-fiction, on dépasse les théories selon lesquelles l'humanité a flanché, à force de concourir dans la médiocrité et les petitesses (l'homme apparaît vil, tricheur, fourbe et tortionnaire !). On se rend compte qu'on tient entre les mains une histoire d'amour véritable, d'un romantisme à toutes épreuves !

Une relation triangulaire se profile, mais avec beaucoup d'intensité et de complications. On s'en doute. C'est une configuration unique, conflictuelle (deux femmes, coincées dans un même corps, s'opposent pour atteindre le coeur d'un homme) et ce dernier est lui-même déchiré, partagé par ce qu'il ressent. Rien n'est simple !

J'ai beaucoup apprécié les personnages, qui ont été bien étudiés et décrits. La communauté des rebelles, réfugiée dans des cavernes souterraines, a su recréer un cycle de la vie primitif, indispensable à leur survie. Je n'ai pas eu le sentiment d'un espace clos et étouffant, au contraire j'ai trouvé que cela accentuait l'atmosphère d'angoisse et le sursis qui plane au-dessus de leurs têtes. Vagabonde est le pion central, mais tous les caractères jouent un rôle crucial et qui s'imbriquent les uns avec les autres. Non, je ne vous parlerai pas de Jared, l'élu de ces dames, le beau ténébreux par puissance... Mais c'est appréciable de se mettre sous la dent une palette de personnages bien croqués !

En règle générale, cette lecture force à se remettre en question, tout le temps. Elle nous renvoie à nos choix et nos prises de positions, à nos sacrifices et nos abnégations. Stephenie Meyer mérite de prendre du galon, parce que ce roman est remarquable. L'intrigue est singulièrement excitante, totalement imprévisible et captivante, l'action dense, palpitante et dramatique, du genre à vous couper le sifflet. Est-il nécessaire de préciser combien j'ai été envoûtée ? !

Editions JC Lattès, octobre 2008 - 617 pages - 20,50€
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Dominique Defert
titre v.o : The Host

Le site : http://www.stepheniemeyer.com/thehost.html (en anglais)

Virginie (des Chroniques de Chrestomanci) l'a lu en anglais

Posté par clarabel76 à 07:30:00 - - Commentaires [78] - Permalien [#]
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