La petite cloche au son grêle - Paul Vacca
Attention, pépite ! Gros coup de coeur pour ce roman.
D'ailleurs, il est tellement incroyable que c'est presque lui faire injustice d'en parler, mes mots n'arriveront jamais à la cheville d'une telle histoire. Mais je vais essayer, par souci de vouloir partager mon amour pour ce roman. Et puis, comme il est écrit à un moment dans le livre : "Quel bonheur de partager un secret ! Maintenant, ils savent comme nous que ce livre est un grimoire empli d'heureux sortilèges."
L'histoire se passe dans un petit village du Nord de la France, au charme bucolique rafraîchissant et enchanteur. La Solène coule le long d'un sentier herbeux, à travers les sous-bois. Là, le jeune narrateur de 13 ans et sa mère Paola ont trouvé leur refuge et butinent l'air fleuri en laissant éclater leur bonheur. Il y a une vraie complicité entre eux, un amour grand comme le monde. Le père est témoin passif, mais pas totalement en retrait non plus. Il est le cafetier du village, il voue à son épouse une admiration sans bornes. En gros, tout le monde est beau, tout le monde est gentil et c'est la belle vie.
Non, bien sûr. La belle Paola est malade et doit se rendre à Paris pour des examens. Surtout ne pas inquiéter le garçon et prétendre qu'elle rend visite à une vieille tante. C'est juste une histoire de quelques jours... En attendant, notre jeune héros est amoureux d'une demoiselle qui le snobe. Avec son copain Mouche, il échafaude des plans tordus pour attirer son attention, mais le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. Et puis, il y a aussi la prof de français, la terrible Mlle Jeannin, qui vante les barbaries et autres solécismes dans lesquelles se noient ses rédactions avec un sadisme écoeurant, et ce, devant toute la classe !
C'en est trop pour la mère. C'est vrai que son fils n'aime pas les livres et risque mal de devenir un grand écrivain. Sauf qu'elle ignore que ce même fiston est plongé, tous les soirs, dans un pavé aux longues phrases sinueuses, qui éveillent en lui des sentiments nouveaux et vertigineux. En rentrant d'une promenade, le garçon a trouvé un livre abandonné, qui appartenait à une femme belle comme le jour, il s'en est emparé et le cache sous son oreiller. Il s'agit de Marcel Proust, Du côté de chez Swann. "Je ne sais pas encore à quel point ce livre va changer notre vie."
La suite est une valse étourdissante entre les éclats de rire, la tendresse, l'envie et le désespoir. C'est beau à en pleurer ! J'ai longtemps cru qu'on allait échapper au chagrin tant l'auteur s'ingéniait à faire basculer les passages tristes avec ceux plus joyeux. Bien entendu, j'ai versé ma petite larme. Pourtant je ne voudrais pas qu'on charge ce roman d'un pathos gluant et déplacé, c'est tout le contraire. C'est une histoire d'admiration, d'amour et de grandeur. On peut aussi y voir un hymne formidable au pouvoir des mots et de la lecture, à son bienfait fédérateur (tout un village se mobilise pour créer un spectacle). Ne passez pas votre chemin et dévorez ce livre... il est magnifique !
un grand merci à l'auteur de m'avoir fait partager ce plaisir de lecture ***
Philippe Rey, mars 2008 - 180 pages - 16€