Que reste-t-il de nos amours ?
Une année se termine dans ma vie de grande lectrice, un petit bilan s'impose... qui consiste à regarder par-dessus son épaule, consulter les archives et se rappeler. C'est toujours surprenant à réaliser, et parfois ça vous ramène à d'autres moments dans votre vie personnelle (pour moi, un livre est toujours relié à quelque chose de concret)... bref c'est déconcertant. En gros, je n'aime pas les bilans - même s'ils sont parfois nécessaires. :/
Premier bilan, l'année 2008 a-t-elle été celle du manga ?
Oui !
Autre constat flagrant, l'année 2008 a été l'année de Twilight.
Stephenie Meyer est une vraie raconteuse d'histoires. Elle a su le prouver avec un roman d'un autre genre, Les Âmes Vagabondes. Moi je suis fan.
Ensuite, en 2008 j'ai aussi lu de plus en plus de livres pour la jeunesse. Je ne vais pas revenir sur la dépréciation faite (injustement) à l'égard de cette catégorie, c'est tout, déjà dit et bien dommage dans l'ensemble. Voici en vrac plusieurs titres qui ne comptent pas pour des prunes (selon mon goût) :
Ne t'inquiète pas pour moi - Alice Kuipers
I heart you You haunt me - L. Shroeder
Un monde sans rêves - Nicola Morgan
Comme des soeurs - E. Craft & S. Fain
Toi et moi à jamais - A. Brashares
Le passager de l'orage - Claire Gratias
Notre petite vie cernée de rêves - Barbara Wersba
Le premier qui pleure a perdu - Sherman Alexie
Quand elle sera reine - Rachel Hausfater
Cathy's book
L'amour en cage - M. Rippert
Mon amour kalachnikov - S. Deshors
Le chat assassin - Anne Fine
A ceci, vient s'ajouter des romans pour les plus grands :
Le dé d'Atanas - Hervé Picart
Rêve d'amour - Laurence Tardieu
Festin de miettes - M. Bramly
Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants - Xiaolu Guo
Le mystérieux docteur Fu Manchu - Sax Rohmer
Ker Violette - Karine Fougeray
A marée basse - Jim Lynch
North & South - Elizabeth Gaskell (+ la série BBC !!!)
Twist - D. Bertholon
La tête en friche - Marie Sabine Roger
Les déferlantes - Claudie Gallay
The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
Et pour la légèreté, l'accro du shopping de S. Kinsella, Meg Cabot (Une irrésistible envie de sucré), Tonie Behar et Cecelia Ahern (à découvrir plus longuement)... :))
Je range au placard cette année difficile. Pour l'instant, 2009 s'annonce tout aussi éreintante.
Concernant le blog, cette formidable histoire d'amour et de haine, je ne change rien... je suis mes envies, j'aime, je n'aime pas, je le dis ou je me tais. Depuis six mois, j'accuse une grande fatigue morale. Je m'accroche, car je sais que la lecture permet de me changer les idées. J'affiche donc en façade un sourire de circonstance, à côté ma petite vie est beaucoup plus chahutée. J'ai toujours choisi de ne déposer que des petits cailloux entre ces murs roses, la vie, la vraie, j'ai voulu la mettre de côté. Or, de plus en plus je m'aperçois que ça empiète. C'est difficile, parfois, à expliquer. Je voulais juste vous prévenir, je suis comme je suis, et en ce moment ce n'est pas ma faute si je suis la championne du yoyo.
Amis lecteurs, je ne vous souhaite rien.
Je ne prends aucune résolution, je colle juste les paroles de Berry sur mon front,
parce qu'elles me correspondent.
Prendre l'air, parler à quelqu'un,
Avoir l'air d'aller plutôt bien,
Déjeuner, y penser au moins,
Tenir, tenir, tenir debout et demain,
Décoller de mon traversin,
Faire une liste de trucs qui vont bien,
M'y tenir, essayer au moins,
Tenir, tenir, tenir debout et demain,
Prendre un thé, et puis prendre un bain,
Me coiffer, essayer au moins,
Balancer tous ces vieux machins,
Tenir, tenir, tenir debout et demain.
A très bientôt.
Miss Charity - Marie Aude Murail
Ce roman est un refuge, 560 pages durant lesquelles une demoiselle prénommée Charity voit jour, grandit, se passionne pour les animaux et la botanique, grandit et s'isole dans son monde, où la peinture et les histoires sont ses principales sources d'intérêt. Nous sommes dans l'Angleterre victorienne, riche et prospère, crispée et hypocrite sur ses arrières. Charity Tiddler n'a pas d'autre choix que parfaire son éducation pour briller dans les hautes sphères de la société, elle fera cependant montre d'un tempérament exceptionnel (pour l'époque) en refusant de se plier aux règles établies et de se fondre dans le moule.
Ce roman est un bel hommage à la littérature, en s'inspirant de Beatrix Potter, Jane Austen, la comtesse de Ségur, Charlotte Brontë et George Sand, de même en citant Shakespeare que Charity apprend par coeur pour réciter à tue-tête, dès son plus jeune âge. C'est un roman épais, près de 600 pages, qui pourtant se lit avec plaisir et grande facilité, les illustrations de Philippe Dumas apportent un raffinement précieux, en pleine osmose avec l'aura de l'histoire. Cette peinture de l'époque est savoureuse, le portrait de Charity est attachant, très beau. Il soulève l'excentricité d'une demoiselle qui s'émancipe avant l'heure, et qui va accomplir de belles choses dans le domaine qui la touche, malgré la désapprobation générale, de même en s'affichant avec un garnement passionné de théâtre, qu'on considérait alors comme un voyou !
Marie-Aude Murail réussit à partager avec son lecteur son amour pour la lecture et sa reconnaissance pour cette littérature d'antan qui continue d'influencer les oeuvres romanesques de nos jours ! Ce serait merveilleux d'en trouver davantage.
(en savoir plus)
Ce roman est un refuge, dans lequel les 560 pages ne sont pas de trop pour nous couver, nous dorlotter, nous emporter. On ne se lasse pas une minute, on plonge, on adore et on décolle pour une autre dimension, on vit à l'heure victorienne dans cette Angleterre riche et prospère, un peu crispée et hypocrite sur ses arrières. C'est aussi l'histoire d'une jeune demoiselle, sensible et cultivée, intelligente et originale. Miss Charity Tiddler, née en 1870, est l'unique rejeton d'un couple guindé, qui appartient à la bonne société. C'est une enfant solitaire, elle aime trouver refuge au troisième étage de la demeure familiale, dans sa nursery où elle cache sa petite ménagerie. Car Charity s'entoure de petits animaux (des souris, des grenouilles, des lapins, des canards etc.) et passe son temps à les observer pour les dessiner, les peindre à l'aquarelle.
Son goût des sciences naturelles, ses longues promenades dans la campagne du Kent, ses discussions en aparté avec ses compagnons animaux et ses lectures de Shakespeare qu'elle apprend par coeur ne font pas d'elle une jeune lady appliquée. Et c'est justement parce que Charity Tiddler ne convient pas à l'image moulée et à l'archétype attendu qu'on s'attache à elle, en reconnaissant implicitement un parcours à la Beatrix Potter... Mais c'est de manière générale un hymne à la littérature, à travers Jane Austen, la comtesse de Ségur, Charlotte Brontë et George Sand, pour ne pas en nommer davantage, que cet épais ouvrage nous convie. C'est un véritable enchantement. Un remarquable travail de finesse, d'humour, de délicatesse. Et les illustrations de Philippe Dumas sont un atout inestimable dans cet ensemble raffiné.
J'ai tout bonnement adoré, c'est simple, je ne voulais plus en sortir. J'ai aimé les mille petits détails qui fourmillent à chaque page, la belle description de l'éducation anglaise, la volonté encore balbutiante de l'émancipation de Charity, son tempérament teinté de discrétion et de modestie, ses bonnes manières, sa gentillesse, son amitié pour sa gouvernante française et pour sa bonne, une écossaise à la chevelure rousse, Tabitha, qui raconte des histoires folles parce qu'elle-même est ravagée. Et Charity, à l'aube des manifestations d'indépendance pour la femme, apparaît davantage excentrique et incomprise. C'est une originale, certes, mais surtout elle est différente, rêveuse et douée. Elle chante faux, joue mal du piano, fuit la broderie mais elle se révèle dans le dessin et l'aquarelle. Elle comprend très vite une chose,
« Autant les fleurs et les champignons trouvaient facilement leur nom et leur définition au clair soleil de ma raison, autant les choses humaines se déposaient au fond de moi, toutes grises et indécises. »
Miss Charity ne se mêle pas aux sorties mondaines, noue des relations profondes avec des personnages jugés inconvenables, comme Kenneth Ashley, un ami d'enfance de ses cousins, un fils de fermier qui s'est lancé dans le théâtre. Quelle belle rencontre, d'ailleurs. Ce jeune homme est remarquable, effronté et coquin pour l'apparat, mais sa fantaisie est attirante ; et on ressent presque des petits papillons dans le ventre lorsqu'il fait son entrée et taquine la timide Charity.
En bref, j'ai plus qu'aimé. Je me suis noyée avec bonheur dans ce roman-pavé de près de 600 pages. Impossible de l'abandonner. C'est en outre regrettable de tourner la dernière page et de lâcher la main de Miss Charity. Marie-Aude Murail a su brillamment nous enchaîner... encore, des lectures de la sorte !
Ecole des Loisirs, coll. Medium Grand Format - 2008 - 562 pages - 24,80€
Illustrations de Philippe Dumas
--) les avis de Marie , Alice et Emjy
Le secret de Noël - Anne Perry
Tradition oblige, Anne Perry nous offre pour les fêtes de noël son conte qui plante à merveille le décor : le village anglais, son ambiance tranquille et perdue de la surface du globe, une pause dans la vie trépidante, une palette intéressante de personnages ordinaires, coincés dans les carcans de l'époque victorienne, et ajoutez à tout ceci un cadavre au dessert ! Vous êtes servis.
Nous suivons ici le couple Corde - Dominic et son épouse Clarice - qui quittent avec plaisir Londres pour Cottisham, afin de remplacer le pasteur Wynter parti en vacances pour quelques semaines. C'est une aubaine pour ce jeune couple rompu à l'autorité de l'évêque et du rythme harassant de la capitale. Dominic et Clarice découvrent le calme de la campagne, font connaissance avec les villageois, hésitent, se questionnent... car des détails chiffonnent de plus en plus la vive épouse. Clarice est intriguée. Le pasteur Wynter était selon tous un homme bon, loyal, confiant. Il connaissait aussi les secrets de tout le monde, et peut-être ceci aurait pu exacerber quelques frustrations ou bouffées colériques. Car l'homme est retrouvé mort. Son départ a été mis en scène. Qui aurait pu commettre un tel crime ? Malgré les recommandations du médecin du village, Clarice va mener l'enquête, épaulée par son mari plus méfiant et circonspect. Le couple risque gros. Et le lecteur s'accroche au paletot de la jeune femme, qui est perspicace, pleine d'esprit et sujette à l'emportement. Nous la suivons dans les rues sans vie de ce village étouffé par la neige, nous sursautons au moindre crissement de pas, ou lorsqu'une silhouette surgit sans prévenir. Pas facile de deviner qui est le coupable, le mystère est tendu. Et les secrets des villageois se dévoilent un par un... de quoi frissonner de plaisir !
10-18 / Grands détectives - 2008, 188 pages. 10€
traduit de l'anglais par Pascale Haas
A tout jamais - Nicholas Sparks
Ohlala ! Cette couverture, ce titre, cet auteur américain prolifique... beaucoup de niaiserie droit à l'horizon, et je mords à l'hameçon. Mais pourquoi ? Il a fallu un film découvert et apprécié récemment pour que je m'intéresse à cet auteur américain, Nicholas Sparks. Le film en question est celui de Cassavetes, The Notebook, adapté du roman "Les pages de notre amour". J'ai été purement fascinée, j'ai adoré cette histoire d'amour et je me suis dit qu'une telle adaptation s'est nourrie d'une bonne intrigue, et donc que les livres de l'écrivain ne devaient pas être dénués d'intérêt... Alors j'ai choisi parmi son importante bibliographie ce titre - A tout jamais. De là à croire que j'avais bientôt entre les mains un nouveau Love Story... il n'y a qu'un pas que je ne saurais franchir. Toutefois il ne faut pas s'emballer !
Ce roman réunit tous les ingrédients pour faire chavirer le lecteur, qui est d'ailleurs prévenu au début du roman : vous allez rire et pleurer. Pour ma part, je n'ai été concernée ni par l'un ni par l'autre. N'en concluez pas que j'ai été déçue, car l'histoire est efficace, très rapide et assez exaltante. Cela raconte une rencontre improbable, un garçon riche et soucieux du regard des autres (Landon Carter), une fille de pasteur, qui se promène avec sa bible et s'habille comme l'as de pique (Jamie Sullivan). Cette dernière dégage une humeur placide et confiante, elle semble se moquer des railleries de ses camarades au lycée. Elle est généreuse, atypique, elle agace Landon parce qu'elle est différente. Et puis, elle le choisit comme partenaire dans une pièce de théâtre. C'est important pour elle et son père, que le garçon de 17 ans a toujours eu en horreur. Pourquoi ferait-il plaisir à cette fille ? Et que vont penser ses copains ? Malgré tout, il accepte, s'embarque dans l'aventure, et il va l'inviter comme cavalière à la fête de l'école. De fil en aiguille, les deux jeunes gens passent de plus en plus de temps ensemble, apprennent à se connaître, disons surtout que Landon est surpris par la beauté insoupçonnée de Jamie. Il est séduit, s'amourache, malgré son interdiction. Jamie avait prévenu : "Promets-moi de ne pas tomber amoureux de moi."
Ce qui rend cette histoire poignante et percutante est, sans aucun doute, sa briéveté. En quelques 200 pages, le tableau est dressé. Quarante ans ont passé et Landon est à jamais marqué par ses 17 ans. Il nous raconte son histoire, qui est belle parce qu'elle est éphémère et tragique. C'est du pur mélo, prédisposé pour le grand écran (un film est d'ailleurs sorti en 2002 : Le temps d'un automne). Je n'ai toutefois pas réussi à être pleinement touchée par le récit. C'est très paradoxal car je n'ai pas décroché de ma lecture, que j'ai dévorée en quelques heures. Et ma foi, j'en suis là à me demander ce que j'ai à ce point apprécié pour ne pas m'en détacher... car j'ai été profondément agacée par l'influence judéo-chrétienne qui se glisse entre les lignes, jugeant finalement que ça devenait gnan-gnan à la longue. Ceci me laisse perplexe, parce que j'ai aimé ce petit bouquin (qui est très, très sentimental !). C'est peut-être ça...
Robert Laffont, 2000 / Pocket, 2002 - 214 pages - 5,90€
traduit de l'anglais (USA) par Christine Bouchareine
La vie est un arc-en-ciel - Cecelia Ahern
Je n'avais pas été prévenue que ce roman allait me ravir tout simplement, me rendre gaga avec un sourire niais, ou alors c'est le miracle de noël. Je ne sais pas, mais le résultat est là : j'ai dévoré cette histoire où l'on parle d'amour et d'ironie du sort, où l'on suit la correspondance de deux amis d'enfance. Car tout est raconté à partir de lettres, de messages, de mails. Et cela commence tôt, sur les bancs d'école. Rosie et Alex ont 7 ans, ils se filent en douce leurs petits mots, au nez et à la barbe de leur maîtresse. Ils se sont jurés de ne jamais se séparer, mais le garçon doit suivre sa famille et quitter Dublin pour Boston. Et les années passent, les promesses défilent, les rendez-vous manqués aussi... Les aléas de la vie mettent en péril leur amitié, Rosie et Alex restent soudés. Ils n'ont pas conscience que cet attachement entre eux a dépassé le stade amical, ou oui ils s'en doutent, chacun de leur côté, mais jamais au bon moment. Tout le temps, ils se loupent, ils hésitent aussi. Leurs proches ont depuis longtemps deviné qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, et pourtant leur histoire ne cesse de s'écrire d'après un scénario tordu. Ah, la vie ! Elle ne fait pas toujours des cadeaux. Rosie et Alex l'ont bien compris.
C'est délicieux, adorable, craquant, drôle, crispant et tout et tout. Je n'avais pas l'intention de lire ce roman, mais j'ai mis la main dessus en faisant un peu d'ordre dans mes piles monstrueuses de livres à lire. J'ai commencé à le feuilleter, juste par curiosité, et boing j'ai été accrochée aussitôt. Rosie Dunne, principalement, est une jeune femme extraordinaire, pleine d'esprit, sarcastique, orgueilleuse, butée et attachante. Son parcours est dessiné sous le signe de l'indépendance, des coups bas, de la sensibilité et d'une force exemplaire. C'est une héroïne exceptionnelle ! Le roman, ensuite, est très vite prenant car il est écrit avec vivacité, composé de messages qui s'échangent à la vitesse de l'éclair. C'est entraînant, un subtil assortiment de badinage, de cynisme, de larmes, de colère et j'en passe. J'ai juste, en tout petit reproche, trouvé que ça s'étirait un peu trop en longueur sur la fin, cependant j'ai beaucoup beaucoup aimé !
Albin Michel, 2005 / J'ai Lu, 2007
412 pages - 6,70€
traduit de l'anglais (Irlande) par Nicole Hibert
Ce soir, Miss C vous propose...
sur france 2, le divinidylle tour à 23h15
il s'agit du même docu-reportage-concert présent dans l'édition collector de la tournée magique de la divine Vanessa !!!
à regarder, parce que -M-, parce que Vanessa, parce que c'est bon comme ça...
"Il était donc incontournable de conserver une trace de la tournée, sa préparation, ses tours de chauffe, son incroyable énergie, sa magie et – surtout – les retrouvailles de Vanessa avec un public toujours prêt à vivre l’idylle avec une artiste trop rare pour eux."
(rocknfrance)
La Magie du bonheur - Kristin Hannah
Présentation de l'éditeur
A l'approche de Noël, Joy, récemment divorcée et brouillée avec sa sœur, n'a pas le cœur à la fête. Sur un coup de tête, elle s'envole pour une destination inconnue, décidée à tout oublier le temps des vacances. Mais son avion s'écrase au milieu d'une forêt très dense. Par miracle, Joy échappe à la mort. Elle a alors le choix entre prévenir les siens qu'elle est en vie et s'offrir quelques jours pour souffler. Sa rencontre avec Bobby, un petit garçon qui habite avec son père le chalet dans lequel elle a trouvé refuge, va changer son destin...
Ce roman est avant tout le portrait d'une femme brisée, récemment divorcée, trahie par l'homme qu'elle aimait et qui la trompait avec sa soeur cadette. Noël s'annonce avec un goût amer, et Joy choisit de partir et d'oublier. Or son vol se crashe, elle en sort sans trop de peine mais préfère s'éloigner. Couper les ponts avec sa vie. Disparaître. Ne plus exister. Elle s'enfonce dans la forêt, arrive près d'un lac où se tient une auberge isolée. Elle y rencontre un garçon de 8 ans, Bobby, et son père Daniel. Ce couple aux ailes brisées va inspirer des sentiments multiples chez Joy, elle est émue par la détresse de l'enfant, perplexe face au caractère ténébreux de l'homme à l'accent irlandais et enfin elle est transportée par la présence fantôme de la maman défunte. C'est une aura qui se dégage, un feu de paille. Et on devine beaucoup de choses, pensant même pouvoir déjà écrire la fin. Mais non. La seconde partie s'annonce imprévisible, elle remet les pendules à l'heure. Et le roman se finit, sur une touche de magie... oui, oui le titre trouve bel et bien sa signification. La magie du bonheur (Comfort & Joy) ressemble à un téléfilm de l'après-midi, c'est juste distrayant dans le fond et pour la forme. On pourrait très bien s'en passer, si ce n'est que l'esprit de noël est dans les airs, que le besoin de romance doublée d'une histoire gentille et honnête feront pencher la balance vers le "pourquoi pas?". C'est le roman de l'instant, du moment. De la saison, aussi.
Presses de la cité, 2008 - 226 pages - 18,90€
traduit de l'anglais (USA) par Francine Siety
L'âge d'ange - Anne Percin
On ne sait pas qui nous raconte cette histoire, fille ou garçon, enfant ou vieillard... quelle importance. « Longtemps, je n'ai pas su. J'étais un ange, peut-être. Un ange qui attend la chute. » C'est plus tard, en avançant dans le roman, qu'on apprend plus exactement qui tient la plume. Afin d'être totalement neutre, j'opte bien volontiers pour le masculin, sans y voir là quelconque indice.
Cette histoire est en fait racontée des années plus tard, par rapport aux événements rapportés. Le narrateur était au lycée, timide, influençable, quasi transparent. C'était un élève appliqué, qui aimait le grec, et s'enfermait à la bibliothèque pour feuilleter un album sur les amours des dieux et des héros. Un jour, ce manuel est emprunté par un autre. Aussitôt c'est le brouillard, un mélange de frustration, de colère, d'incompréhension, de curiosité. Notre ange doit savoir qui - à part lui - nourrit cette même passion pour les mythes grecs. Est-ce possible ? Le sentiment naissant d'être moins exclusif commence à fleurir.
Et notre camarade rencontre alors Tadeusz, un étudiant d'origine polonaise, au physique d'apollon. On ne parle plus de coup de foudre, mais de choc... violent, qui fait trembler. Une forte connivence va se créer, tous deux deviennent inséparables. Mais en même temps leur relation cultive avec finesse l'androgynie. De quoi déroûter le lecteur.
Ce roman veut faire état de l'esprit de confusion qui traverse l'adolescence, l'identité flottante dans laquelle parfois on se berce, par pêché d'attention, d'ennui, de solitude, « cette période indéterminée où je ne savais pas qui j'étais ». Les deux héros du livre vivent une belle histoire d'amour et d'amitié, et seront malgré eux les pantins d'un drame orchestré par la bêtise humaine. Car les oppositions sont constantes, par les origines sociales notamment. L'ange a des parents très riches, habite un quartier calme et en sécurité, tandis que Tadeusz fréquente la banlieue, la pauvreté, l'immigration. La violence urbaine gronde, explose, « il n'y a pas de justice possible, dès lors qu'on accepte la misère. Et que les forts ne sont forts que parce qu'ils laissent les faibles s'entre-tuer. »
Ce roman n'est pas léger, contrairement à ce que j'ai pu lire dernièrement sur le thème de l'adolescence, mais ce n'est pas une lecture moribonde non plus. Le ton grave qu'adopte le narrateur reflète aussi cette sensation de perte, d'errance et d'impuissance. De la tristesse, non il n'en est pas question. On ne saute pas au plafond, après avoir tourné la dernière page, mais on sent une richesse nous gagner. On se fait la réflexion que la société est hypocrite, mesquine et bien mal-pensante. Et l'injustice règne de part en part...
Je ne sais pas comment dire, mais j'ai été touchée par ce roman. Ce n'est pas simple, mais c'est fort.
Ecole des Loisirs, coll. Medium - 2008 - 127 pages / 8€
L'adolescence, parlons-en... encore !
J'ai mis du temps avant de comprendre ce que représentait la couverture du roman Zarbi d'Hélène Vignal ! L'indice est révélé en bout de course, de façon impromptue, car j'ai regardé à deux fois ce truc que j'associais à de la nourriture asiatique. Mais peut-être suis-je la seule à qui la vue me joue des tours...
Passons, cela n'est pas important. Zarbi, lui, est un roman passionnant. C'est l'histoire d'une famille, le couple et ses deux enfants. Les parents se chamaillent souvent, n'ont pas trop de temps et sont dépassés par la crise d'adolescence de leur fils aîné, Landry. La situation est présentée et vécue par Dina, la cadette qui a dix ans. Elle pense comprendre, mais ne cerne pas toutes les subtilités, toutefois elle n'est pas idiote et n'est plus un bébé. Comme elle dit. Souvent son analyse vaut tous les discours des adultes réunis, car elle a l'oeil vif, un humour en béton et un tempérament de feu.
« Mon manteau sur le dos, debout devant eux, je mange mon pain aux raisins en les regardant. C'est étonnant comme on est tous devenus laids dans cette famille. Avant on était plutôt beaux et on rigolait bien, on faisait du pain perdu aux goûters et des câlins ou des séances de chatouilles assez souvent. Certains jours, on se piquait des fous rires tous les quatre en jouant au Uno ou à La bonne paye.
Maintenant si l'un d'entre nous rigole, les trois autres font bien attention de ne pas rire en même temps pour ne surtout pas avoir l'air complice. Il faut sans arrêt faire attention avec qui on est d'accord parce que ça peut dégénérer très vite. Landry peut m'accuser de collaborer avec les parents ; comme je peux perdre la confiance de mes parents si j'ai des secrets avec Landry : et si je dis à ma mère que mon père a attrapé Landry par les cheveux, mon père peut m'en vouloir et ma mère en vouloir à mon père ; ou si Landry rigole avec moi, les parents peuvent croire qu'il est d'accord avec la vie de famille, ce qui serait une catastrophe pour lui ; ou si je suis trop copine avec ma mère, elle va croire que je suis toujours d'accord avec elle, ce qui est faux, parce que je la trouve parfois assez nulle. Tout est donc très compliqué ; du coup, pour être sûr de ne pas faire d'erreurs, à la maison personne ne rigole avec personne et on évite de trop se regarder pour ne pas créer des malentendus. »
Pas facile d'avoir un ado à la maison, c'est ce que je pense après lecture. Mais il faut bien gérer la situation, malgré les prises de tête, les disputes, les conflits et le mur d'incompréhension qui monte toujours plus haut et de toutes parts. L'histoire a l'intelligence de ne pas s'embourber, d'adopter le ton juste et de ne pas oublier l'humour pour aborder ce cap difficile, et surtout le point de vue est délivré de la part d'une petite fille, qui elle-même se cherche, se pose des questions et grandit. Ce n'est pas facile non plus, mais Hélène Vignal sait trouver un équilibre. Elle montre la complexité, elle ne donne pas de solution miracle (ou disons que c'est facile car fictif). Son roman se termine bien, et c'est même un très bon moment à passer car cela frise plus souvent l'ironie que la déprime !
Zarbi, d'Hélène Vignal
Ed. du Rouergue, 2008 - 155 pages - 8,50€
Dans le même registe, je vous rappelle le roman d'Estelle Lépine, Demain l'année prochaine (Seuil jeunesse), qui raconte aussi la crise d'adolescence vue par la petite soeur dans une famille qui ressemble de plus en plus à un navire qui prend l'eau. A conseiller dès 10-11 ans.
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Petite bouffée de fraîcheur avec Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud (l'auteur du très hilarant Les trilingues). Je me tourne les pouces en reprenant la présentation de l'éditeur, parce qu'elle le vaut bien :
Vous êtes en vacances dans une tour de béton pourrie en Espagne. C'est la Toussaint. Vos parents hésitent entre une soirée paëlla et le match de foot à la télé. Vous vous ennuyez, comme vous vous ennuyez le reste de l'année au lycée avec votre copine, avec vos potes. Vous vivez une vie moyennement intéressante, une vie grise. Alors vous ouvrez un livre un peu par hasard. Ce livre, c'est Les Illuminations de Rimbaud. Soudain quelque chose vous arrive. Comme l'explosion d'une météorite, mais à l'intérieur. Un truc d'enfer. Une révélation. Vous regardez autour de vous. Rien n'a changé. Vous avez toujours le livre entre les mains. Brusquement, vous comprenez : la vraie vie est ailleurs.
Ne vous est-il jamais arrivé de tomber en extase par la faute d'un livre ou d'une lecture ? Moi, oui. Je connais cet air de zombie, ce sourire niais, le regard de quasi-fluorescence, cette petite bulle qui enfle, vous enveloppe et vous coupe du reste du monde. Alexandre a eu le choc avec Rimbaud, il en perd pied, sa petite amie, son ami Atonk qui le pousse à s'ouvrir, à faire du moderne (du slam, du rap...) car, selon lui, cet état extatique est mauvais. Pas sain. Invivable. Personne ne peut comprendre, sauf Alexandre. C'est une affaire personnelle, « c'est la seule chose qui vaille la peine qu'on vive pour ». Un tel cri d'amour littéraire, ça ne peut m'échapper. Et j'ai aimé, j'ai souri, j'ai pensé que c'était un vrai moteur pour dynamiser un moral en berne, pour motiver les mauvaises troupes, pour guider et pour tendre la main. C'est montrer aussi l'adolescence sous un autre jour, plus rêveur, plus passionné et la touche d'humour de la part d'Emmanuel Arnaud finit de boucler la boucle.
Une saison Rimbaud, d'Emmanuel Arnaud
Ed. du rouergue, 2008 - 109 pages - 7€
Petites bulles de bonheur
J'aime quand tout se remet en place dans ma vie, en douceur et avec efficacité. Peut-être l'année 2008 va enfin m'accorder un peu de répit pour les quelques jours qui restent ? Qui sait. Je l'espère de tout coeur. Mes soucis matériels se règlent, mes bleus à l'âme ont trouvé leur pansement et mes pannes de lecture sont maintenant écartées. Ou bien je vais franchement mieux, ou bien je ne tombe que sur des livres qui sont divins et me rendent un grand service !
I feel light, c'est sûr !!!
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Milana, 14 ans, s'est longtemps considérée heureuse et fière d'être indépendante et de pouvoir se débrouiller seule comme une grande. Toutefois, une semaine de vacances va tout bousculer car elle s'aperçoit soudain du bonheur procuré d'être cajolée, dorlottée, couvée... comme un poussin. Alors elle se questionne, non sa mère n'est pas une mère poule, elle a pour discours qu'il faut être prêt pour la guerre de la vie, drôle d'idée quand on a 14 ans et pas le sentiment d'avoir connu de galère, juste faire son lit, vider le lave-vaisselle, prendre ses rendez-vous chez le médecin. Être blindée pour le reste à venir n'est finalement pas si confortable, et Milana choisit d'entrer en grève et de retourner en enfance. Mais sa meilleure amie lui rappelle qu'elle fait fausse route : être poussin ne signifie pas régresser et virer paresseuse. C'est compliqué de grandir !
Milana invente alors un terme tout nouveau tout beau, et qui correspond à sa démarche : elle plonge directement dans l'adultance. En numéro 1 de sa liste, elle inscrit de partir visiter les soixante-seize châteaux au Luxembourg. C'est plus qu'une initiation qui l'attend, c'est la rencontre avec elle-même, et d'autres surprises au tournant ! Toutefois, Milana pourra l'affirmer tout de go : « je comprends alors que je serai toujours là pour moi », c'est une certitude. Ce roman sur la quête d'identité peut être lu comme la remise en question d'une adolescente en pleine crise, mais c'est terriblement plus drôle, facétieux et intelligent. On oublie d'être agacée, on s'amuse davantage et on goûte avec bonheur au style virevoltant d'Audren. C'est farci de petites phrases qui font mouche, on s'en gave sans hésiter. Un régal.
« Ma mère ne me protège pas. Elle m'élève. Elle m'aide à bien grandir. C'est le propre des mères, n'est-ce pas ? »
Puisque nous sommes toi, Audren
Ecole des loisirs, coll. Medium - 164 pages - 9€
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« Allongé dans le pré encore tout vibrant au soleil du jeune printemps, Paul regarde la cime du peuplier et les nuages, édredons frangés d'or, qui traversent un ciel d'un bleu à croire en ses rêves. »
Apprendre à grandir, apprendre à accepter de laisser partir ce qu'on aime, apprendre tout court, toujours... L'amour en cage est ce petit roman qui vous dit tout, avec justesse, poésie, délicatesse et tendresse. Paul a onze ans, c'est un garçon de la terre, il vit à la ferme et il est fier de la tradition familiale. Au collège, pourtant, il comprend qu'être paysan passe pour une insulte. Il se renferme, puis se lie d'amitié avec Aïssatou qui arrive de Guinée. Elle est différente des autres, sa voix, son sourire, sa peau et ses baisers au goût de gingembre... C'est doux et velouté, comme un duvet d'oiseau.
Un jour, dans les champs, il trouve une petite pie qu'il décide d'apprivoiser. Mais plus le temps passe et plus Faranah manifeste le désir de voler toujours plus loin. Est-ce une preuve d'amour de retenir ce à quoi on tient, parce qu'on a peur, parce qu'on ne veut pas souffrir, parce qu'on prétend aimer, donc protéger ? Mais empêcher, ça n'est pas de l'amour. « Tu la perdras encore plus si tu l'empêches d'être libre... » C'est un avertissement, un signal qu'il ne faut pas mélanger l'amour et la liberté. Aimer, c'est aider. C'est pousser. C'est faire quitter le nid. C'est donner des ailes. L'amour ne se met pas en cage.
Voici l'exemple concret qu'un roman peut simplement, en 90 pages, raconter une histoire capable de déclencher un grand impact émotionnel. Absolument magnifique.
« Dès ta naissance, je savais que tu partirais, toutes les mères le savent. Elles l'acceptent, elles s'y préparent, c'est dans l'ordre des choses que les enfants ouvrent leurs ailes... »
L'amour en cage, Maryvonne Rippert
Seuil jeunesse, coll. Chapitre - 90 pages - 7,50€
A partir de 10 ans.
Illustration couverture : Olivier Tallec
Lend me yours wings and teach me how to fly.
Show me when it rains, the place you go to hide.
And the curtains draw again and bow - another day ends.
The leaves applaud the wind.