« à quoi ça sert de courir ? je ne suis pas pressée, moi »
de Karin Serres
illustrations d'Anne-Charlotte Gautier
Rouergue, coll. Zig Zag, 2009
90 pages - 6€
« Quand je me réveille, il fait encore nuit. On est en hiver. Qu'est-ce qui me réveille tous les matins, comme ça ? Un bruit ? J'ai trop chaud ou trop froid ? Une fois réveillée, je ne me rendors jamais. Alors je reste cinq minutes sous ma couette pour finir mon rêve, puis j'enfile un pull et je vais dans la cuisine me faire du thé. Assise dans le noir, j'écoute les chevaux de l'eau chaude galoper dans la bouilloire. Je verse l'eau sur un sachet, j'emporte la tasse fumante dans le bureau de ma mère et je dessine en attendant le petit déjeuner. »
Joli coup de coeur pour ce petit roman, admirablement écrit, d'une plume sensible et délicate. C'est l'histoire d'une fillette, Rose, qui se trouve les cuisses trop enrobées. Elle passe son temps à rêver et réfléchir, sur la vie qui est pleine de mystères. Tous les matins, elle écoute le pas de course de sa voisine, la fille aux cheveux rouges, Chloé, et elle se demande pourquoi elle court. Son papa pompier aussi fait son footing tous les matins, et un garçon de la classe, Kevin, le crâneur, s'entraîne pour devenir un pro de la compèt'. Mais quel plaisir à courir ? Sur le chemin de l'école, Rose laisse son imagination vagabonder, parfois elle croise le chien de personne, avec qui elle communique par télépathie. C'est une rêveuse, une contemplatrice... elle a une imagination débordante (elle rêve de crocodiles qui deviennent des loup-garous la nuit tombée), elle dessine beaucoup, elle est plutôt atypique, et attachante, bref elle est vraiment mignonne, cette petite fille !
Découvrir son monde intérieur, tout en réflexion et en rêveries, est un vrai bonheur. Et les illustrations d'Anne-Charlotte Gautier sont délicieuses. Je recommande vivement !
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d'Agnès de Lestrade
illustrations de Charlotte des Ligneris
Rouergue, coll. Zig Zag, 2009
112 pages - 6,50€
Parfois la vie, c'est lourd comme un camion de deux tonnes, ou léger comme le vol d'un hérisson. Le papa d'Eugénie vient de perdre son travail, il est au chômage. Au début il est plutôt content d'avoir du temps libre et il bricole à la maison. Un jour, il rentre de l'anpe déprimé et usé. Il a cinquante ans, il se sent trop vieux. Alors il ne fait plus rien, il ne se lave plus, il traîne devant la télévision, il ne prépare plus à manger. Il a même laissé tomber la cabane en bois qu'il construisait dans le noyer, pour sa fille. Eugénie se sent triste, impuissante et honteuse, à l'école elle n'ose pas en parler à ses amis. C'est alors que sa maîtresse leur fait part d'un concours, autour d'un objet volant. Ce serait bien si un parent pouvait les aider... Tiens, serait-ce l'occasion idéale pour permettre à son papa de remettre le pied à l'étrier, et de lui redonner des ailes. Pourquoi pas ?
« Nous, les enfants, on ne comprend pas tout. Mais on sent très bien ce qu'il y a à l'intérieur des gens. On est comme de grosses éponges qui absorbent ce qui ne se voit pas. Moi, j'ai tout de suite senti que papa essayait juste de ne pas se noyer. »
Un texte sensible, qui colle au climat actuel. Vu par le regard de la petite fille, ce portrait de papa au chômage est émouvant et juste. On voit le papa confiant, puis dégringoler et enfin reprendre goût à la vie. Ce n'est pas une histoire morose pour autant, car on partage les sentiments de l'enfant qui veut se battre. Eugénie se trouve à l'école comme dans une bulle, ça lui permet de souffler un peu, à la maison le silence est pesant, les repas sont avalés sans goût... A la fin, c'est un message d'espoir et de bonheur qui en ressort. Tant mieux.
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