09/03/09

Chocolat amer - Laura Esquivel

Roman-feuilleton où l'on trouvera des recettes, des histoires d'amour et des remèdes de bonne femme.

51rBTnBB8bL__SS500_Au Mexique, dans une ferme située en plein désert, vit une femme, Mama Elena, avec ses trois filles. La benjamine, Tita, est tombée amoureuse de Pedro, mais sa mère rompt les fiançailles, sous prétexte d'une tradition familiale qui veut que la plus jeune fille doit se sacrifier pour veiller sur sa mère jusqu'à sa mort. A la place, Mama Elena donne la main de sa deuxième fille, Rosaura. Pedro accepte de se marier, ce qui brise le coeur de Tita. Le jour des noces, elle apprend qu'il a agi ainsi pour rester proche de sa bien-aimée, car c'est elle, Tita, qu'il aime et nulle autre.
Mama Elena n'est pas dupe de cette passion entre les deux amants maudits, et fait tout pour les éloigner. Tita est confinée en cuisine, non pas contre son gré, car la jeune fille a hérité d'un vrai talent, transmis par sa vieille nourrice indienne, Nacha. Elle sent les aliments, leur communique ses émotions, aussi n'est-il pas surprenant de voir Pedro succomber à ses plats et être ensorcelé par cette magie culinaire. « Tita s'insinuait dans le corps de Pedro, voluptueuse, aromatique, chaude, sensuelle. » Les plans de Mama Elena, tyrannique et sans coeur, sont déjoués mais sa colère est décuplée.

Par ce biais, le roman offre un festival de couleurs, d'odeurs, de sensations. Les recettes de cuisine y sont très importantes, totalement fondues dans l'histoire. L'intrigue pourrait paraître sentimentale - l'histoire d'un amour impossible, et également une chronique familiale, sur fond de guerre civile. Ou disons qu'elle est enlevée, chatoyante et pleine de rebondissements. En clair, j'ai adoré ! Le dernier chapitre crée un vraie surprise, qui aurait pu gâcher mon plaisir. En fait, et pour mieux comprendre, ce roman est empreint d'un réalisme magique, ce qui le rend parfois exubérant, détaché du réel et mille fois exaltant (ou exalté).

Au final, un seul adjectif se dégage pour qualifier ce roman : savoureux !

Folio, 2009 - 246 pages - 6,50€
Traduit du l'espagnol (Mexique) par Eduardo Jimenez et Jacques Rémy-Zéphir. Traduction révisée.
Préalablement édité par Robert Laffont, en 1991.

 

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coeur_cousuJ'en profite pour rappeler la sortie en poche du roman de Carole Martinez, Le Coeur Cousu.
Un roman farouche et flamboyant, qui raconte une fresque familiale dans l'Espagne des années 30. Au centre, Soledad raconte l'histoire de sa mère, Frasquita, qui a hérité des dons de guérisseuse de sa propre mère. Chacun de ses six enfants possède lui aussi un don surnaturel. Le destin va les entraîner dans des aventures qui les conduiront, après une traversée d'Espagne, jusqu'au Maroc.
J'en parlais longuement ici.

Folio, 2009 - 440 pages - 8,10€ 

 


Chasseur noir - Michel Honaker

chasseur_noirA New York, dans une casse automobile, un journaliste surprend un étrange rendez-vous entre des individus qui pratiquent de la magie noire. Le lendemain, Craig Haskell est retrouvé mort au volant de son véhicule. Les inspecteurs Trevor Meredith et Bob Single sont sur l'enquête, laquelle les conduit au 1 Montague Street où réside Ebezener Graymes, un professeur de démonologie et traditions anciennes à l'université de Columbia. Ce poste est en fait une couverture, car l'homme en macfarlane et au chapeau à large bord, aussi inquiétant par son look que par ses connaissances intellectuelles, est un Chasseur Noir. Il est en ville pour reprendre le rôle de régulateur, celui qui fait le ménage et la loi parmi les forces occultes.
Car c'est bien de sorcellerie, de magie noire et de démons dont il est question ! Des meurtres sont commis de façon anormalement rapprochée, le maire Mike Donaldson a été frappé d'un mal soudain, son épouse accuse le trop célèbre Philozoar Reles de l'avoir envoûté pour une affaire de gros sous.
Plus qu'un simple roman noir, fascinant et fantastique, c'est aussi une enquête criminelle, bien ficelée, où les combats contre les Blêmes, pauvres créatures démoniaques, rivalisent avec les courses à perdre haleine dans une circulation bouchée. « New York est une ville dangereuse. Seul le diable y danse, et il a de grands pieds... »
Je ne sais pas si d'autres livres sont prévus à la suite de celui-ci, personnellement je l'espère car le personnage d'Ebenezer Graymes est singulier, superbement fascinant. L'ambiance occulte mériterait d'être encore plus poussée, plus triturée pour offrir un roman encore plus épais, plus étourdissant, où les méninges des policiers font communion avec la dangereuse lame de l'épée du Chasseur Noir pour faire la loi dans cette cité où la sorcellerie hante le monde quotidien, sans que personne s'en aperçoive.
Très excitant !

Flammarion, coll. Tribal - 250 pages - 8€ 

Posté par clarabel76 à 10:30:00 - - Commentaires [18] - Permalien [#]
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