Vingt fragments d'une jeunesse vorace - Xiaolu Guo
Fenfang a dix-sept ans lorsqu'elle quitte sa campagne pour vivre à Pékin asseoir son ambition de vie moderne et devenir actrice. A la place, elle trouve déception et désoeuvrement. Elle ne décroche que des petits boulots, ou fait de la simple figuration, elle loge dans des appartements communautaires, elle est épiée par des voisins qui cohabitent avec des poules, et elle connaît sa première aventure amoureuse avec un type qui aime la sauce de soja et qui a un caractère de jaloux despotique et violent. La mélancolie gagne peu à peu Fenfang, qui a soif de réussite, et forte du soutien de quelques camarades, elle commence à écrire ses propres scripts.
C'est un portrait original sur la jeunesse chinoise qui, de nos jours, se heurte à affirmer son individualisme et son désir de fortune dans une société dressée à penser collectif. Fenfang ne fait pas exception à la règle, elle s'est échappée de sa campagne car elle ne voulait pas finir plouc, mais dans la mégalopole chinoise, elle découve aussi son lot de misères. C'est ainsi que la jeune femme appréhende la notion abstraite de la solitude, et plus le temps passe et plus elle va se sentir démoralisée et abattue. Pourtant le roman ne sombre pas dans la morosité, le spleen n'empiète pas sur la lecture, sans pour autant affirmer qu'il y règne une pleine allégresse.
Xiaolu Guo est brillante, son Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants avait été une révélation, un mélange d'humour et de réflexion sur la complexité culturelle et émotionnelle entre l'orient et l'occident. Ses Vingt fragments d'une jeunesse vorace laissent entrevoir une nouvelle génération pleine de contradictions, à l'image de Fenchang, intelligente et belle, mais qui comprend que son pays ne sait pas ce qu'est le romantisme alors qu'il revendique la communion d'esprit et le culte patriotique. C'est différent, mais intéressant. Et cette fois, la langue est moins tarabiscotée, c'est simple, limpide et évident.
Le mantra du jour : « Le café bien chaud, c'est comme un homme à 37°2. Ça vous donne le courage d'affronter la journée. »
Buchet Chastel, 2009 - 185 pages - 17€
traduit de l'anglais (Chine) par Karine Lalechère
L'assassinat - Christophe Dufossé
Me voici bien en peine, car j'ai été déçue par le roman de Christophe Dufossé. Je m'attendais à un semblant de thriller, un roman captivant, bourré de suspense... en fait j'ai eu droit à une fiction politique, un texte court et rapide, où j'ai senti grimper une réaction épidermique à cause du caractère principal. Le personnage du roman, un homme dont on ignore le nom, cela pourrait être monsieur-tout-le-monde donc, est un individu froid, obstiné. Déçu et dégoûté par l'homme qui été élu à la présidence, il a choisi de l'éliminer, au nom de tous les opprimés qui souffrent en silence et qui entendent les discours sans pouvoir lever le petit doigt. L'homme est convaincu de marquer l'Histoire par son geste, il s'identifie également à d'autres criminels comme Lee Harvey Oswald, et il se sent porter par l'assentiment (muet) de l'opinion publique (croit-il). Il est donc en visite au salon de l'agriculture, l'arrivée du président est annoncée pour seize heures tapantes, le compte à rebours a commencé (il est 15 heures, en début de roman). Le type a un colt dans sa poche, et là je me demande comment a-t-il pu entrer dans le salon, lors d'une journée classée à risques, sans avoir été inquiété par les vigiles ?
En fait, je suis plutôt déçue de moi-même parce que j'avais vraiment attendu ce roman avec impatience. Rendez-vous loupé, pour cette fois. Mais ce n'est que partie remise. Je vous conseille aussi de lire les romans de Christophe Dufossé comme L'Heure de la sortie (prix du premier roman 2002), Dévotion ou La Diffamation (celui que j'ai préféré !).
Ce fut un roman court, efficace mais agaçant.
Buchet Chastel, 2009 - 138 pages - 13€
C'est tout. Je ne me foule pas trop aujourd'hui, désolée. Sur ce, je retourne me plonger dans The Tudors.
Au revoir !