Ma tante est épatante ~ Gladys Marciano
Illustrations de Thomas Gosselin
Les vacances aidant, nous lisons beaucoup de romans pour la jeunesse... et au soleil, s'il vous plaît. Sans dépenser un copec, vous voyageons aussi beaucoup, nous traversons les frontières, nous sommes ainsi allées à Londres, en Ecosse, quelque part dans des royaumes inconnus, peuplés de magie et de créatures fantastiques. C'est sûr que ça ne remplace pas l'expérience sur le terrain (snif snif), mais on se console comme on peut. Et puis on sait qu'on se vengera très bientôt, et on se rattrapera dignement !!! Gnak gnak gnak. Y'a pas de raison. En attendant, cette fois-ci nous partons en Espagne, à Barcelone !
Clara passe quelques jours avec sa tante Zarie à Barcelone. La découverte de la ville ne manque pas d'étonner la fillette, entre les chambres avec la vista tant désirée, maître mot dans ce dédale touristique, ou les immeubles en forme de vague, la Sagrada Familia qui est une église pas terminée, belle, très belle avec des tours comme des immenses bougies qui seraient en train de fondre, le métro qui débouche sur la plage... A Barcelone, on goûte aux tapas, on se promène sur les Ramblas et on peut s'acheter une magnifique robe rouge avec de gros pois noirs, des volants et une traîne, comme les danseuses espagnoles.
Tante Zarie a aussi l'âme nostalgique, car Barcelone lui rappelle son amour perdu, Paco, qui était son mari espagnol. Entre eux, ce fut le coup de foudre et dès le début de leur rencontre, Zarie lui a dit : « Si tu m'aimes, ne me parle plus qu'en espagnol » et il m'a dit : « D'accord, mi querida, mi amor. » Et leur histoire d'amour a été comme une histoire au cinéma, sans les sous-titres (dixit la tante épatante).
Tante Zarie est aussi la meilleure pour expliquer ce qu'est la mort, pour ne plus en avoir peur et pour chasser les cauchemars, grâce à une petite cuillère avec du sucre à l'intérieur. « Les cauchemars sont amers, et ils sont attirés par ce qui est sucré. La nuit ils se colleront à ta cuillère, et pris comme une mouche sur du miel, ils ne pourront plus t'attaquer. »
Ce roman apprend à cultiver le bonheur, à saisir l'instant et à chasser les pensées tristes. L'histoire s'ouvre d'ailleurs sur la meilleure façon de bien préparer sa valise ! Ou comment emporter sa maison et les êtres qu'on aime le plus à l'autre bout de la planète.
J'ai bien aimé ce texte, qui propose un joyeux voyage à Barcelone, mais j'ai aussi trouvé qu'il était un peu fourre-tout. On évoque l'amour, la mort et les cauchemars en plus de présenter la cité espagnole, son architecture, sa culture, et son historique. C'est un roman à cent à l'heure. La figure de la tante épatante est admirablement brossée, d'ailleurs ma fille lance de grands appels pour que ses tantes chéries lui paient un voyage à Barcelone !
A bon entendeur...
Rouergue, coll. ZigZag, 2009 - 112 pages - 6,50€
le blog de thomas gosselin: http://rocambolebijou.over-blog.com/
Jamais le temps ! ~ Christiane Legris-Desportes
Virginie, dix ans, voudrait que ses parents soient moins esclaves de leur boulot pour passer plus de temps avec elle. Elle prépare en douce quelques plans pour les avoir rien que pour elle, en écrivant une lettre de démission ou en sabotant le travail d'ébénisterie de sa mère. A défaut de remporter la palme d'or de l'intelligence, Virginie espère au moins attirer leur attention.
Chou blanc.
L'ambiance à la maison devient de plus en plus électrique. Son père vit sur 100.000 volts, il est odieux et insupportable. Virginie ne soupçonne pas qu'il rencontre de gros soucis dans son entreprise. De son côté, après une nouvelle rentrée scolaire, des affinités plus ou moins sélectives avec ses camarades, la demoiselle prépare un concours de bande dessinée. Elle adore ça, même si ses parents lui refusent le droit de prendre des cours de dessin et l'inscrivent en danse pour son maintien corporel.
Et ce qu'elle avait tant souhaité finit par arriver, son père passe désormais tout son temps à la maison ! Il est même devenu trop collant. Virginie regrette presque l'époque où ses parents n'étaient que des ombres de passage ! Elle comprend enfin que s'investir dans quelque chose qui nous plaît demande énormément de temps, ce qui ne signifie pas pour autant qu'on oublie ou qu'on n'aime plus ceux qui vivent auprès de nous. Il faut du temps pour soi, du temps pour les autres, bref un juste équilibre, et la famille va parvenir à le trouver. Je ne dis pas comment !
Sur le thème des parents trop occupés, ce petit roman se lit agréablement. La jeune narratrice de dix ans est mignonne, elle pose des questions intéressantes pour son âge, peut-être un peu trop pertinentes, je trouve. C'est toujours le souci d'avoir un roman qui donne la parole à un enfant, il faut être sensé sans pour autant tomber dans le bêtifiant.
Comment fait-on pour devenir importante, se demande Virginie. Elle pense qu'il faudrait sortir du rang pour intéresser son père et sa mère, alors qu'elle se trouve juste normale, "tristement normale".
C'est une réflexion à la fois drôle et touchante d'une fillette qui réclame un peu d'attention, il n'y a pas de morale dans tout ça, c'est simplement un constat sans prétention sur le temps qui file trop vite entre nos doigts.
Jolie découverte d'une petite maison d'édition. Le ton est humoristique, avec des illustrations sympathiques.
Illustrations de Sylviane Lausdat.
Les 2 Encres, collection Encre juniors, 2007 - 80 pages - 9,50€