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Chez Clarabel
30 avril 2009

Traques ~ Frédérique Clémençon

« je devenais une jungle d'histoires que moi seule connaissais, une jungle rétive et imperméable à leurs tourments tapageurs, je devenais une île »

traques

« Car les mots, dans notre maison, ceux qu'on disait entre nous mais aussi ceux qui cavalaient comme de beaux diables dans notre cerveau sans jamais quitter leur prison, avaient dressé autour de nous un mur plus haut que les plus hautes falaises au bord desquelles grand-père et moi nous promenions pour fuir le bruit, le fracas, les tempêtes, jusqu'à ce qu'il renonce pour de bon à la lumière de jour, à la rumeur sans fin de leurs chagrins, mots et mains distribuant de drôles de caresses qui laissaient sur ma joue, mon visage tout entier, des souvenirs sales, des images sans joie. »

Sans joie, effectivement. Ce texte qui laisse se croiser quatre portraits d'hommes et de femmes aux vies tourmentées est dénué d'artifices. Il est totalement sobre, retenu, pudique et plat. Pas ennuyeux, juste indéchiffrable et déroutant. A tour de rôle, Elisabeth, Jeanne, Anatole et Vincent parlent de leur vie, c'est d'un triste à pleurer (mais on ne pleure pas !), c'est plutôt sombre et usé.

Que ce soit Elisabeth, vieille femme de quatre-vingt ans qui croupit dans une maison de retraite, ou Vincent, son fils, cadre dans une entreprise où il est sans cesse scruté, repris, surveillé, houspillé, la vision est d'un pessimisme profond. Jeanne, elle, se confie à Anatole, qui a fui son pays pour longtemps errer dans des marais, avec d'autres compagnons d'infortune qu'il a perdus à force d'épreuves rudes et épuisantes. Donc, Jeanne a quitté son foyer où cohabitaient la grand-mère, la mère et Claire, la soeur. C'était celle-ci qui ambitionnait de tout plaquer, mais c'est finalement Jeanne qui est partie. Elle a tourné le dos à cette vie de chagrins, peuplée de fantômes (des morts, partout !). La maison se trouve près d'une falaise qui s'écroule au fil du temps, les disparitions surviennent à tour de bras.

Bref, ce sont des bouts de vie qui s'envoient et se renvoient comme des balles de tennis, elles résonnent dans le vide, leur écho nous glace le sang. J'étais pressée de sortir de cette ambiance, un peu trop sinistrée à mon goût. Mais l'écriture de Frédérique Clémençon est nette, précise, habile car elle jongle sans trembler entre longues phrases et rythme syncopé pour un résultat étonnant, mais séduisant. 

Editions de l'Olivier, 2009 - 160 pages - 16€

A été lu (après un vernissage arrosé) pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   logo

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