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Chez Clarabel
10 mai 2009

L'homme barbelé ~ Béatrice Fontanel

homme_barbeleFerdinand était un mari et un père. Ferdinand a connu deux guerres, il est sorti en héros de la première et a été résistant durant la seconde. Ferdinand a été dénoncé, arrêté et déporté. Ferdinand est mort à Mauthausen. La famille de Ferdinand a poussé un soupir de soulagement.
Car cet homme avait du Mr Hyde en lui, c'était un tyran domestique, un monstre familier. Il hurlait, il jetait le rôti par la fenêtre, il empochait le salaire des enfants, il ne souriait jamais, il ne parlait pas, il était cet inconnu qu'on retrouve après la mort, soudain auréolé de louanges et de marques d'affection qui laissent ses proches dans l'indifférence.
La narratrice, bien des années après, décide d'écrire un livre qui ressemblerait à un documentaire mais de façon romancée sur cet homme aux deux visages. Elle rencontre les enfants de Ferdinand. Ils ont maintenant plus de quatre-vingt ans mais ils n'ont rien oublié et font revivre ce passé, en traversant les rues, les quartiers, en roulant toujours plus à l'est, sur les pas de Ferdinand.
« Ferdinand, monstre familier, marchait en nous, de son pas rude, infatigable. »
Au bout de 100 pages de lecture, hélas, j'avais le sentiment d'avoir déjà tout lu. Les 200 pages suivantes m'ont paru une répétition de faits et d'anecdotes pour aboutir à une conclusion déjà entendue. Ferdinand et ses deux facettes, la terreur domestique et le camarade jovial, un héros de guerre. Et à côté, il y a la famille qui n'est même pas surprise, mais soulagée. Les enfants ne semblent plus étonnés, la mécaniques des catastrophes, dit-on.
La construction du roman semble avoir dérapé accidentellement : au début, on comprend que le livre traite d'un drame familial, puis finalement il ne parle plus que de guerre. A ce sujet, il est très bien documenté, il retrace bien l'horreur des camps et la guerre des tranchées, la campagne de Syrie, etc. En tant que lectrice, toutefois, je n'ai pas été emballée plus que ça.
De plus, je n'ai pas le sentiment d'avoir trouvé la réponse à ma question : pourquoi Ferdinand maltraite-t-il sa famille ? Je suis donc déçue, j'avais lu des critiques tellement positives au sujet de ce premier roman de Béatrice Fontanel, que j'apprécie pour sa série des Bogueugueu (ça n'a strictement rien à voir, je sais !), le résultat n'a vraisemblablement pas été à la hauteur de l'attente. Tant pis.

« C'était ça, son truc : nourrir les étrangers. Pas sa famille qui voyait s'envoler les rôtis par les fenêtres. Crever pour l'inconnu, incognito. Pas pour les siens. C'est la conclusion à laquelle ils sont arrivés. La privation et le don, il en connaissait un rayon, le grand maître d'oeuvre en méchanceté, qui dessinait si bien le tracé des voies ferrées, dans leur harmonie de rouille et de tristesse. »

Grasset, 2009 - 290 pages - 17,90€   

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9 mai 2009

Unis pour la vie ~ Guus Kuijer

unis_pour_la_vieUn roman qui vous parle d'amitié, d'amour et de vie. Pauline a onze ans, elle voudrait devenir poète, elle a déjà le talent pour exprimer en quelques mots ce qu'elle ressent, et croyez-moi sa vie n'est pas rose : elle vit seule avec sa maman, une femme de caractère, qui vient de s'enticher de l'instituteur de sa fille. La honte ! A l'école, Pauline vient de rompre avec son amoureux, Mimoun, parce que ses parents l'ont promis à une autre. Une histoire de religion. C'est compliqué, absurde et archaïque. Pauline réfléchit... Chez ses grand-parents, à la ferme, elle apprend la prière mais n'y croit pas du tout. Elle préfère se cacher dans le foin et dormir contre sa vache qui a mis bas un veau qu'on baptise... Pauline. Drôle d'idée. Le papa de la jeune fille, Spiek, est un original. Il a refait sa vie mais n'a pas renié ses vieilles habitudes de junkie et de loser, du coup il se fait la malle, c'est un pauvre type. Il saoûle franchement, il embobine sa petite fille, elle a du mal à tourner le dos à ce papa qu'elle aime bien. Bah oui. C'est aussi un poète mais il est incompris et maudit. Pauvre chou. Sa mère aussi est en pleine crise, elle a des mots avec son cher Walter, qui est prié de prendre la porte. La fin d'une belle aventure ? La suite est à lire dans La vie, ça vaut le coup.
Un livre avec des illustrations et des poèmes, pour les enfants qui savent déjà lire comme des grands.
Au début, c'est drôle et charmant. Les sujets abordés sont multiples, sensibles pour la plupart (séparation, famille recomposée, racisme, drogue, homosexualité, amitié, fugue...), c'est peut-être le point faible de ce petit livre qui s'éparpille trop. Toutefois la légèreté et la gravité nous offrent un joli pas de danse pour dérider les mines fâchées.
Ai bien aimé le ton. Ze poursuis ma belle lancée !

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2003 - 150 pages - 9€
Traduit du néerlandais par Maurice Lomré.
Illustrations de Alice Hoogstad

Illustration de couverture : Anaïs Vaugelade

En savoir plus sur l'auteur

9 mai 2009

Albert le toubab ~ Yaël Hassan

Premières phrases :

Un oeil rivé à l'écran, l'autre sur le ciel rougeoyant, son chat Hector sur les genoux, Albert tempêtait :
- Regarde-les, ces petits crétins ! Ah ! c'est intelligent de brûler les voitures de ses voisins ! Voilà qui va arranger les choses, tiens !
Il se leva brusquement.
- Mais ce n'est pas possible ! Tu n'as pas fini de me péter dans la tronche ? Me manquait plus que ça : un chat pétomane !
Hector, mécontent, poussa un miaulement strident.
" Si tu n'étais pas aussi radin, pensa l'animal, tu m'emmènerais chez le vétérinaire ! "
Albert se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et se mit à battre l'air de sa large main pour évacuer l'odeur.

 

albert_le_toubab

Depuis la mort de sa femme, Albert ne sort plus de chez lui et ne supporte plus le quartier où il habite. Un jour, une femme de la cité se présente à sa porte, à la demande de la regrettée disparue, car elle était persuadée qu'Albert seul n'aurait jamais pu gérer le ménage et les courses. Un an après, Zaïna a pris l'habitude de venir chez Albert qui l'ignore superbement. Mais la jeune femme fait un malaise chez lui et est hospitalisée en urgence. Arrive alors un boulet de canon de neuf ans, des papillottes sur la tête et la langue bien pendue. Mémouna est la petite fille de Zaïna, qu'elle élève toute seule, depuis que le père s'est fait la malle dix ans auparavant, mais le bougre tente des coups de force en cherchant à s'inscruster dans l'appartement de son ex et d'enlever la fillette pour l'expédier au Sénégal, son pays d'origine. Il faut donc être très vigilant, ne pas baisser sa garde et protéger l'enfant à tout bout de champ. La fillette et l'ours mal léché vont entamer une cohabitation forcée, explosive mais réjouissante. Les échanges ne manquent pas d'envergure, les deux personnages en deviendraient presque épuisants à suivre.
C'est un roman destiné à un lectorat junior (dès 10 ans), agréable à lire, drôle et intelligent. Il montre aussi qu'il faut combler le fossé générationnel et culturel, en échappant aux bananaries d'usage (le langage de Mémouna déteint sur le lecteur !). Pour y rémedier, l'auteur n'a nullement recours à un discours pompeux ou moralisateur, et ça passe comme une lettre à la poste !

« Un héritage commun qui doit servir à comprendre et construire, et non pas à ignorer et punir. »
Voilà qui résume tout.

Casterman junior, 2008 - 130 pages - 7,75€

a été lu par Gaëlle

8 mai 2009

L'enfant sans nom ~ Amy MacKinnon

 

enfant_sans_nom

Clara Marsh travaille au funérarium de Linus Bartolomew où elle s'occupe des morts avec une minutie rare et exemplaire. La mort ne lui fait pas peur, elle la rassure. Elle se sent davantage mal à l'aise lorsqu'elle fréquente les vivants, sauf s'il s'agit d'une petite fille, comme cette Trecie qu'elle rencontre au funérarium, venue là pour jouer car sa mère ne prête aucune attention à elle. Cet enfant lui rappelle une autre petite fille dont le corps découvert trois ans auparavant n'a jamais été identifié et qui est aujourd'hui enterrée sous le nom d'Aimée X.
Un jour qu'elle effectue son travail de récupérer un corps, une sinistre découverte est faite : une cachette de documents pornographiques, parmi lesquels on retrouve des fillettes comme la petite disparue ou Trecie. Bien malgré elle, Clara va être mêlée à cette enquête, poussée par la compassion et la ténacité de l'inspecteur Mike Sullivan.

C'est une histoire singulière, pas facile à pénétrer, en plus d'être étrange, elle possède un charme envoûtant. L'ambiance est sombre, un peu oppressante et très inquiétante, il y règne un calme clinique guère surprenant, et pourtant c'est paralysant, tant de silence, tant de questions, mais que de sérénité dans cette dédramatisation de la mort, une routine quotidienne, un refuge pour le personnage central. Incidemment, la préciosité prodiguée par l'héroïne, qui est thanatopracteur, ne permet pas de sympathiser avec son personnage. Clara est froide, renfermée, porteuse d'un passé assez lourd. Elle est émotionnellement très fragile, mais impossible de compatir, je suis restée en retrait de son histoire. Par contre j'ai été littéralement fascinée par l'aura et par la particularité de son travail. (Et pas seulement parce que j'aime beaucoup la série Six Feet Under, ça n'a rien à voir ! mais alors vraiment rien !!! dommage, aussi.) C'est un roman particulier, qui ne peut laisser indifférent, avec quelques défauts, j'en conviens, mais ce fut une découverte marquante, je suis toute chamboulée à son sujet.
Point final, je trouve la couverture superbe
.

Fleuve Noir, 2009 - 290 pages - 18,90€
traduit de l'anglais (USA) par Carine Chichereau

A écouter, parce que c'est possible de voir vos oreilles sourire (si ! si !)

7 mai 2009

C'était pas prévu, et pourtant c'est déjà la fin !...

sablier_3

Quelle surprise, amis lecteurs, fans de la série Le Sablier, mais quelle surprise en découvrant ce tome 8 ! Parce qu'il vous apprend une nouvelle qui n'était pas prévue ... du moins j'étais passée totalement à côté. Une série en 10 volumes, voilà ce que je m'étais imaginée. J'étais préparée, et je voyais l'histoire qui commençait à s'étirer en longueur, grr, attention à la redondance, comme pour C'était Nous (une série qui n'en finit plus de finir, ou bien qui ne sait plus comment finir !?). Le Sablier est une série que j'affectionne depuis le début, j'ai été attendrie par l'histoire d'An, une fille fragilisée par le suicide de sa maman, à tel point qu'elle a porté en elle ce boulet, comme une croix ou une chaîne, et cela lui a compliqué la vie, ses relations avec les autres, sa peur d'être seule ou rejetée, pas aimée, ou pas assez... Parce que un garçon compte énormément pour elle, il s'agit de Daigo, son ami d'enfance, son premier amour. On connaît l'histoire, la séparation, les années qui passent... pfff, et nous (le lecteur qui pleurniche) nous croisons les doigts comme des malades pour souhaiter que ces deux-là se retrouvent, tss, ce n'est pas possible autrement. Alors donc ce tome 8 apporte la réponse à notre grande question. Ayé l'histoire est finie. Au bout du 8ème tome, donc. Il y a en fait deux chapitres dans ce volume, l'un s'intitule la prière, et d'après la mangaka c'était le point final de la série (argh !!!), le second chapitre sert comme un épilogue (ouf). Je ne vous raconte pas le nombre de pulsations à la minute, mais à la fin j'étais comme une étoile de mer, paf, étalée sur mon lit, j'avais besoin de réfléchir. C'est vraiment une très, très belle série. Pleine de sensibilité, de poésie, de justesse. Avec de belles choses dites et pensées, des personnages bancals, qui tentent toujours de faire de leur mieux, un peu comme nous. Ce fut une rencontre (ou une lecture) mémorable, et j'ai bien envie de tout relire depuis le début (les larmes et le stress en moins, vous croyez ?).

« Celle que je suis aujourd'hui est composée de la somme de tous ses souvenirs »

sablier_4

NB : Il y aura bien 10 tomes comme convenu, simplement les tomes 9 et 10 seront des histoires annexes, comme pour Emma ! Le volume 9, par exemple, évoque la jeunesse de la mère d'An, de celle de Daigo et de celle de Fuji. (Je suis d'ailleurs déçue par ce qu'il devient... c'est juste trop flou, trop vide. Mouaip.)

sablierLe Sablier, tome 8 par Hinako Ashihara
version française éditée chez kana - 2009 - 6,25€

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7 mai 2009

^ mon artiste du moment ^

Ariane Moffatt

ariane_1

Arianne Moffatt est « La bonne étoile » de M, un duo qui a lui a permis de gagner la France en 2007. Mais cette jeune artiste née en 79 au Québec n'est pas une débutante puisqu'elle est déjà auteur-compositeur et interprète de deux albums, Aquanaute et Le coeur dans la tête. Le petit dernier vient de sortir, il s'appelle Tous les sens, et c'est un album que je chéris.

Elle revient irradiée d’une lumière de l’été indien. Un soleil couleur d’orange brille sur ses sillons. Ariane Moffatt a tourné le dos à l’introspection vitale de ses deux premiers disques. La voici physique, prenant toutes ses chansons à bras-le-corps, avec le besoin de créer dans une sorte de frénésie mentale. Elle réalise que sa vie n’est pas seulement un paquet de tourments nécessaires à la création. L’aquanaute est sortie de l’eau, le coeur dans la tête est revenu à sa juste place. L’album a été créé dans un shoot d’oxygène. Et à l’écoute le plaisir est jubilatoire.
source : http://www.arianemoffatt.fr/

7 mai 2009

Nueva Königsberg ~ Paul Vacca

« Ici, je vis un cauchemar. Je suis tombé dans une communauté du genre des Amish. Oui, ces sectes qui ont arrêté le temps et vivent comme au XVIIIe siècle. Ces fous se sont enfuis de Königsberg où les bombes tombaient du ciel et ont décidé de vivre à la manière de Kant. Oui, Immanuel Kant, l'austère philosophe allemand...
Quand je dis vivre "à la manière de", c'est vivre exactement comme lui. Oui, tu as bien lu : ils ont arrêté le temps en 1771 ! On se déplace en calèche. Exit les transistors, le téléphone, l'eau chaude, les voitures, les cigarettes, le jazz, l'électricité... Et même - excuse ce détail trivial - les toilettes et les bidets !
Il y a une statue de Kant au centre de la communauté. Chaque fois que je passe devant elle, j'ai l'impression qu'il m'épie.
Et puis tu verrais comment on est habillé... Je porte, comme tous les hommes ici, la tenue de Kant : bas, pantalon, chemise à jabot, veste et perruque !
Quant aux femmes, elles ressemblent toutes à des servantes avec leur grande robe couleur taupe, une bagnolette plaquée sur les cheveux. Et pas une once de fond de teint, de rouge à lèvres ou de khôl. Pas vraiment sexy ! Bref, le cauchemar. »

nueva_konigsberg

Vous avez peut-être eu le coeur gros en lisant La petite cloche au son grêle, vous allez sourire et rire en lisant cette aventure philosophico-burlesque, avec dans les rôles de Pangloss et Candide, Botul, le philosophe français, et Sébastien, un jeune zazou des beaux quartiers de la rive gauche. « Pourquoi pas le Paraguay ? » lui a glissé le philosophe, le garçon a dit banco et tous deux ont traversé les océans pour s'installer à Nueva Königsberg, une communauté d'exilés qui revit à l'identique les préceptes de Kant. Un détail risque de mettre en péril cette douce utopie : le sexe. Faut-il ou non le pratiquer, si l'on considère la chasteté légendaire de Kant ? En suivant cette logique, l'avenir de la communauté est vouée à s'éteindre.
En huit causeries, Botul va donc amener les disciples à réfléchir sur les contributions et motions sexuelles ; parallèlement, Sébastien, en plein supplice existentiel, vit une passion nouvelle et naissante avec une maîtresse d'école, portant collerette, fichu et tablier, le verbe en bouche, les idées sûres et arrêtées.

C'est très drôle, et même si je fais allusion à Candide, le texte de Paul Vacca reste beaucoup plus digeste (j'ai détesté Candide !), le contenu philosophique de cette intrigue se boit comme du petit lait, pas besoin de se creuser les méninges. Le comique de situation n'est jamais lourdingue, c'est fin, spirituel, enlevé, cocasse.
J'ai beaucoup aimé !

Philippe Rey, 2009 - 215 pages - 17€

 

A déjà été lu par Lily, Keisha et Cathulu ... & Amanda

6 mai 2009

Un hiver avec Baudelaire ~ Harold Cobert

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C'est l'histoire d'un homme qui vient de divorcer, perd son logement et son boulot, ne voit plus sa petite fille et finit par se retrouver à la rue. Un résumé qui ne donne pas du tout envie, je le conçois, dans un climat social déjà frileux, c'est normal d'avoir besoin de lire pour se divertir ou chasser les idées noires.
Et pourtant ce serait dommage, vraiment dommage de passer à côté. Il ne s'agit pas du roman de l'année, c'est simplement un rendez-vous émouvant. Très émouvant. Qu'est-ce que j'ai pu pleurer, du début à la fin, je n'arrêtais plus, mais je ne pouvais pas reposer le livre ni le refermer, c'était comme si j'allais tourner le dos au personnage, le laisser dans sa galère, et ça me fendait le coeur.
Donc, gorge nouée et larmes aux yeux, j'ai suivi la descente en enfer de Philippe, qu'une rencontre va permettre de sortir la tête de l'eau. Un jour il croise Baudelaire, un chien au pelage rongé et irrégulier, et grâce à lui le parcours de Philippe va se teinter de jolies couleurs, s'élever pour toucher quelques étincelles de bonheur.
Car c'est un roman sur l'espoir, qui déborde de combativité et de courage. Il plonge sans fard dans le quotidien des plus démunis, en mêlant romanesque et vérité sociale, poésie et âpreté. C'est vraiment triste, cela vous rappelle les histoires de tous les jours, l'équilibre précaire sur lequel repose nos petites vies. Mais heureusement l'histoire montre de belles, belles choses aussi, des gens extraordinaires et la conviction que le chien reste le meilleur ami de l'homme (j'ai d'ailleurs souvent pensé à
Far Ouest le roman de Fanny Brucker).
J'ai beaucoup aimé, même si cela m'a fait énormément pleurer.
Avec un petit goût de boulettes de viande, de conte pour enfants avant de s'endormir et de Charles Baudelaire, car tout poète est immortel.

Editions Héloïse d'Ormesson, 2009 - 270 pages - 19€

La couverture est splendide !

Il faut lire ou relire Le Spleen de Paris ... dont est extrait ce passage intitulé Les bons chiens (en épigraphe du roman de Harold Cobert):

   Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences!
   Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l'homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels "Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur!"2463420849_14f8d898e7

6 mai 2009

La fée coquillette et le croco-baigneur

Par Didier Lévy et Benjamin Chaud

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J'ai dans le coeur et la tête une comptine, qui dit ceci :

Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles
sur les bords du Nil ils sont partis n'en parlons plus
Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocodiles
sur les bords du Nil ils sont partis tout est fini

(pour vous la rappeler, cliquez ici)

Je n'aime pas les crocodiles, j'ai été traumatisée quand j'étais petite en regardant les films de Tarzan avec Johnny Weissmuller, il y avait toujours ces vilaines bestioles qui filaient vers un radeau en détresse et croquaient un petit africain, ou s'il survivait celui-ci finissait victime d'un gorille ou d'un lion, c'était récurrent dans Tarzan !

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*****

Bon heureusement dans la Fée Coquillette, nous sommes loin des images sanglantes et tortionnaires ! ;o)

Notre croco a l'oeil sympathique, la gueule fermée et la queue basse ! Son dilemme : il ne sait pas nager, il a peur de l'eau et il ne veut pas que ses camarades l'apprennent. Serviable et attentionnée, la fée coquillette compatit et lui offre un super pédalo rutilant et technique, mais le croco se fâche. Il VEUT apprendre à nager, comment faire ? La fée coquillette non plus ne sait pas. Serait-ce sa première colle dans sa jeune carrière ?

Solution immédiate : se rendre dans la Grande Bibliothèque de la Jungle. Emprunter un manuel de natation. S'exercer sur un tabouret. (Au diable le ridicule !) Suivre à la lettre les consignes. Mais peu à peu toutes sortes de bestioles viennent profiter du spectacle, pouffent et ricanent sans se retenir. Bien entendu le crocodile s'agace. Il peste et il menace. Vous croyez que ça fait peur un croco avec un bonnet de bain sur la tête ? Non.

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Imperturbable fée Coquillette...

L'entraînement va se poursuivre, on rigole toujours autant. Le crocodile, cette immonde créature qui d'habitude sème la terreur, devient le point de mire des petites animaux de la jungle qui s'en donnent à coeur joie. Vengeance, vengeance. Moi aussi, j'ai bien ri. (Je me venge de mes longues années de terreur !) ;o)  Le croco patauge dans une bassine, il a sorti tout l'attirail (bouée, frite, brassards) et la semaine passe, toujours aucun résultat. C'est un gros nul, nous sommes d'accord. La fée coquillette est prête à jeter l'éponge, puis pense qu'un meilleur professeur pourrait aider le croco qui a peur de l'eau. La rencontre est explosive : le crapaud a peur du croco ! La fée coquillette commet une bourde du tonnerre, et là ...

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Il faut découvrir les albums de la fée Coquillette, c'est bourré de couleurs, les couvertures ont des petites paillettes et des étoiles (attraction fatale pour certaines demoiselles !) et les aventures ne manquent ni d'humour ni de rencontres étonnantes. Il faut regarder les détails, surtout la trombine de la fée coquillette, ça vaut le détour !

* Albin Michel jeunesse, 2009 / 12€ *

l'avis de gaëlle

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La fée coquillette figure parmi les personnages fétiches de la maison, au même titre que Pomelo, Rita et Machin, l'inspecteur Lapou, Apolline et M. Munroe, Bogueugueu, Oscar et Arabella, et Zoé tout court ... C'est un cercle très prisé. Pour s'y inscrire, merci de déposer les demandes et de prendre patience.

**********

5 mai 2009

Vendredi soir chez les Becker ~ Alain Teulié

 

vendredi_soirCe sont deux couples que tout oppose : Pierre et Julia, quarante ans, mariés, profs, parfait petit couple bobo ; Tom et Sarah, bientôt trente ans, des losers de première, ils crèchent en banlieue, n'ont jamais un sou en poche et vivent de leurs charmes. Oups, le sujet s'annonce glissant lorsqu'au début du roman, Pierre rentre de sa journée et prévient sa blonde épouse de la venue d'un couple ce soir, comme convenu. La belle Julia est glacée, mécontente, plus du tout partante. L'homme s'est inscrit sur un site de rencontres, sa femme et lui en avaient discuté, ils voulaient assouvir leurs fantasmes, mais l'heure du dégrisement est venu. Les pendules de l'horloge tournent, pendant ce temps le couple s'engage dans une longue discussion.
De l'autre côté, Tom et Sarah ont la même conversation venimeuse, animée par la rancune, la frustration, la jalousie, l'incertitude. Les deux couples ont en point commun de se poser des questions mortifiantes, sur leurs désirs, sur la vie faite de faux-semblants, sur leur rencontre, sur leurs attentes et pourquoi ils en sont arrivés là.
La soirée s'annonce chaude, tendue, explosive.
Si vous pensiez vous rincer l'oeil, laissez courir. Cette soirée d'échangisme met finalement en avant tous les loupés du couple actuel, « une soirée bancale à l'image même d'une vie où les désirs avaient été rarement exaucés, les ambitions peu satisfaites, et les prières lancées vers un ciel sans fin ».
Cela peut paraître très verbeux, et pédantesque. Au contraire, j'ai eu le sentiment de goûter à une pièce de théâtre. La mise en scène est impeccable, offre un miroir de deux couples au bord de la crise de nerfs, avec la perspective d'une soirée qui va chambouler toutes les données. Dans cette atmosphère étouffante, la vision du couple est écornée. Qu'ils soient des intellectuels branchés ou des exclus des cités, les couples d'aujourd'hui ne sont pas jolis à décrypter à la loupe ! Mariage, désirs, argent, fidélité, réussite : ils essaient de voir clair dans tout cela sans y parvenir.
C'est une radiographie dérangeante, qui mêle un humour grinçant à une franche ironie. La tension y est fort perceptible, et tout vole dans les plumes. Pour un résultat effarant.
J'ai bien aimé !

Plon, 2009 - 232 pages - 18€

extrait :

    « Ils vivaient à une époque étrange, où la culture n'était plus la marque de repères et de traditions, mais une incontournable obligation destinée à donner de soi une image valorisante. Autrefois, l'identité faisait la culture. Désormais, c'était la culture qui forgeait une identité. Le résultat, c'était que chacun se forçait à lire des livres, voir des films, courir des expos ou visiter certains pays, juste pour dire qu'ils l'avaient fait. Juste pour avoir l'air d'être quelqu'un de bien. »

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