On s'est juste embrassés ~ Isabelle Pandazopoulos
"Je m'appelle Aïcha Boudjellal. Mais c'est seulement mon nom qui est arabe. Moi, je ne le suis pas." Adolescente de quinze ans, Aïcha partage un petit appartement avec sa mère, qui l'élève seule depuis le départ du père sept ans auparavant. Elle fréquente également le collège du quartier où toute la cité voisine est inscrite, de même elle a pour meilleure amie Sabrina, contre l'avis de sa mère qui ne souhaite pas que sa fille se mélange avec les habitants de cette cité. Mais chez Sabrina, Aïcha apprécie l'ambiance familiale, vive, bruyante, animée. Elle est aussi secrètement amoureuse du grand frère, un type sûr de lui, machiste et autoritaire, quand le scandale lui éclate en pleine figure. Son amie Sabrina l'insulte au collège, devant tout le monde, alors que la question d'honneur et de réputation est primordiale dans le quartier. Elle est accusée d'avoir couché avec Walid ! Aïcha se défend du contraire, "on s'est juste embrassés", mais la machine infernale est en marche.
Le roman raconte plus généralement la crise d'identité de l'adolescente, en mal de repères, qui a longtemps souffert des silences de sa mère, fâchée avec sa famille, séparée du père. Tant de questions n'ont jamais trouvé leurs réponses, et Aïcha s'est nourrie de ces non-dits, à tel point qu'elle est aujourd'hui désarçonnée par l'attaque surprise de sa meilleure amie, qui signifie autre chose, on l'apprendra plus tard. En attendant le cataclysme est énorme, cela déclenche une révolte entière, un ras-le-bol général. Et Aïcha va aller de mal en pis. Sa haine au corps est déconcertante, à plus d'un titre, toutefois le roman y a puisé sa force. Profond, subtil, qu'on ne peut plus lâcher et qui reste dans le coeur. Voilà pour le roman. L'histoire d'Aïcha est, quant à elle, touchante et agaçante, je ne cache pas mes soupirs au fil des pages, parce que j'avais du mal à la suivre, à la comprendre, enfin... à expliquer ses sursauts d'orgueil, ses mensonges. La pilule peut être amère, elle reste cependant douce à avaler grâce à la plume d'Isabelle Pandazopoulos, pour moi, une formidable révélation. Un uppercut qui vous met k-o. Pour un livre authentique, pudique et positif, qui plaira aux filles et aux garçons, adultes compris !
Gallimard, coll. Scripto, 2009 - 155 pages - 8,00€